Y'a des moments, comme ça, où rentrer en soi ressemble à un pélerinage, à un naufrage, à l'inconnu...
Silence et descente. J'ai tourné les yeux de l'autre côté, à l'intérieur, dans l'en-dedans. Ce n'est jamais anodin.
Par dessous ce que tu vois, je garde à l'ombre le monde. Monde de toi, de lui, d'elle, de vous... Monde familier, monde inconnu, monde perdu...
Dis-moi, Moi, que me donneras-tu aujourd'hui ?
Son visage est là, mi vivant, mi mort. Il m'assomme encore, il m'écrase dans le sol, m'enfonce à creuser le sol comme ils creusèrent sa tombe. Une flamme rousse danse devant mes yeux de l'en-dedans, douce, suave, chaude, elle danse comme dansaient l'éclat de ses yeux d'or.
On peut pleurer de l'intérieur. Rire dehors et pleurer dedans.
De mes yeux de dedans, coulent mes larmes, intarissables, abondantes, mes larmes de tristesse infinie...
On peut hurler de l'intérieur. Rire dehors et hurler dedans.
Long, aussi long et sauvage qu'un cri du ciel désespéré. Onde de choc, rebondissements, ce hurlement de mon moi-intérieur s'échappe en flots puissants, se cogne partout et me heurte de plein fouet. Il faudra qu'il sorte autrement, à l'air libre, qu'il se délivre et me délivre...
J'ai pris le pinceau de ma main d'en-dedans, et j'ai peint tes yeux. Je leur ai donné la flamme, les larmes et le cri, dans l'or de tes cheveux et de tes yeux verrouillés.
Faudrait sortir un peu... il fait beau dehors. Il paraît.
Clair Obscur - 30 avril 2005