Layer Cakede Matthew Vaughn avec Daniel Craig, Colm Meaney, Kenneth Graham, George Harris, Jamie Foreman
Cliquer pour voir la bande annonceBritish way of shootingLe personnage principal – dont on ne connaîtra jamais le nom – se veut homme d’affaires. Il fait du commerce de cocaïne. Un jour, dit-il, on en trouvera dans les rayons de supermarchés comme excitant sexuel, comme remontant, comme autre chose, mais en attendant, il s’agit de profiter de la prohibition et d’assumer le risque de ce commerce. Pour ça, quelques règles d’or : équipe réduite, fiable et satisfaite, ne jamais être en contact avec les usagers, éviter comme la peste les flambeurs qui se la jouent grands caïds, ne pas sous-estimer la police, ne pas prendre les clients pour des andouilles. En un mot, être pro et honnête. Ne pas être trop gourmand, le héros prépare déjà sa retraite ; il déteste les armes, ne supporte pas la violence. Il n’est pas très différent du tueur à gages qu’il sera amené à engager ; ce dernier, plus préoccupé par l’examen de français qu’il va passer une semaine plus tard que par le boulot, qu’il semble trouver quelque peu barbant, il n’a pas moins à cœur de satisfaire honnêtement son client.
Seulement, par ce qui semble une lubie irrationnelle de son fournisseur, auquel, hiérarchie maffieuse oblige, il est tenu d’obéir, il va avoir le droit à tout ce qu’il s’était promis d’éviter : les usagers, les flambeurs, les armes et la violence.
Ce film britannique vaut vraiment le détour. Nous sommes habitués aux machines américaines bien huilées à la précision d’horlogerie prévisibles. A force d’appliquer des méthodes d’écriture de scénarios éprouvés, on en vient à ne plus jamais être surpris, à ne guetter que des variations dans la partition, à suivre un fil déjà vu des milliers de fois. Un exemple est celui de
la fille, qui dans un film américain classique est chargée d’apporter un peu de romantisme – et accessoirement un peu de sexe soft – indépendamment du sujet de l’histoire. Dans Layer Cake,
la fille est prestement évacuée de l’action. Le héros est trop occupé à rester en vie pour s’occuper de ça. De façon générale, le film respire, les personnages, auxquels Matthew Vaughn épargne les figures imposées américaines, vivent. Les relations entre les personnages restituées et jouées avec finesse. Le tout dans un style qui n’est pas sans évoquer le réalisme de Ken Loach. Quand le héros s’enfonce toutes les dix minutes un peu plus dans une merde noire, on sent que le réalisateur ne nous trahira pas par une pirouette, il ne le fera pas. On pourrait peut-être regretter le ton un peu dérisoire que le film prend à un moment donné, mais ce sentiment ne dure pas longtemps.
Daniel Craig, qu’on a déjà vu dans des films britanniques
Sylvia ou
The mother, ou hollywoodiens comme
Les sentiers de la perdition ou
Lara Croft, est excellent dans le rôle de ce héros dont on ne connaîtra jamais le passé et qui s’efforce de rester pro et froid tout du long.
Pour amateurs de policiers, et pour ceux qui aiment voir des choses un peu différentes.