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 Et si les voyages forment la jeunesse...

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Anti
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MessageSujet: Et si les voyages forment la jeunesse...   Et si les voyages forment la jeunesse... EmptyMer 3 Aoû - 1:48

J’aime les trains, les gares, ces lieux de passages qui sont autant de lieux de rencontres.
Avril 2005. Je suis dans la voiture bar du TGV qui nous emmène les enfants et moi chez leur papa. Une dame avec son enfant passe commande et puis s’en va. Le garçon de la voiture est absolument charmant. Il me raconte, quand je remarque que ce n’est pas la même que d’habitude, que ce sont celles habituellement sur la ligne Lyon-Paris qui ont été mises en circulation exceptionnellement pour les vacances sur les lignes du grand ouest.
Je suis donc avec les enfants. Nous goûtons. Un monsieur d’un certain âge s’installe près de nous. Visiblement il nous écoute. Il a de jolis yeux bleus, de grosses lunettes, il porte un costume. Ses petits yeux sont pétillants, il a le regard vif et le visage souriant. Il engage la conversation, je ne sais plus sous quel prétexte. Les enfants je crois. Il me parle alors de sa vie, de ses enfants, deux grands garçons de 43 et 45 ans adoptés à 9 et 5 mois. L’un est informaticien à Paris, le second exerce je ne sais plus quel métier et habite Bordeaux. Lui vit depuis 14 ans à Pornichet. Il travaillait dans l’industrie nucléaire, dans le chimique.
- Vous savez quoi ?
- …
- J’ai 80 ans, m’annonce-t-il fièrement, mais je ne les fais pas. Je ne bois pas, je ne fume pas, je fais beaucoup de sport et surtout, surtout, j’aime la vie.
- J’ai beaucoup voyagé… Il s’interrompe, me regarde, finalement poursuit : Vous êtes charmante, vous avez le regard sincère et la poignée de main honnête. J’ai fait de la morphopsychologie dans le cadre de mon travail. Vous l’avez remarqué, j’aime parler. Je m’appelle Jean. C’est banal. Les prénoms sont vraiment une question de mode. Je suis passionné d’histoire. Ah les femmes ! Je peux vous le dire à vous, nous ne sommes pas voisins, j’ai une amie à Paris, on s’est connus pendant 7 ans 3 mois et 3 jours. Irène, une italienne. Vous aussi êtes d’origine italienne n’est-ce pas ? Bretonne ! Ah ! les bretonnes, elles sont comme les italiennes – Sourire charmeur – Maintenant, elle et moi, c’est fini. Elle me sert de chauffeur lorsque je vais à Paris. On va dîner ensemble, prendre le thé rue de Rivoli, on s’engueule même ! comme un vieux couple ; et puis, bien sûr il y a le souvenirs des moments charnels…

La phrase reste en suspend sur son sourire rêveur.

- Vous êtes charmante, vraiment et si jolie dans votre robe longue. Vous pouvez le dire à votre mari. Vous êtes très agréable et gentille. Il doit le savoir bien sûr, mais dites le lui quand même ! Un homme, il faut émoustiller sa jalousie même un peu, même avec un vieux monsieur. Un homme ne doit jamais oublier…

Qu’il est charmant ce monsieur Jean et malin comme un singe. Je suis bien heureuse de l’avoir rencontré. Plus d’une heure nous sommes restés ainsi à discuter de femmes, de voyages, de l’Allemagne où il a lui aussi vécu, de la Roumanie, de la mer où nous sommes arrivés bien plus vite qu’à l’accoutumée.

Anti, parce Jean le vaut bien
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MessageSujet: Re: Et si les voyages forment la jeunesse...   Et si les voyages forment la jeunesse... EmptyMer 3 Aoû - 1:55

Citation :
vous avez le regard sincère

C'est vrai ça. On a même l'impression que tu ne peux rien dissimuler.
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Anti
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Anti


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MessageSujet: Re: Et si les voyages forment la jeunesse...   Et si les voyages forment la jeunesse... EmptyMer 3 Aoû - 2:00

Capitaine Flam a écrit:
On a même l'impression que tu ne peux rien dissimuler.

C'est mon côté exhibitionniste ;-)

Anti
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le Veilleur
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MessageSujet: Re: Et si les voyages forment la jeunesse...   Et si les voyages forment la jeunesse... EmptyJeu 4 Aoû - 15:14

@ Anti.

Je te trouve douée pour l'écriture. Ce charmant et court récit me semble prometteur. Tu pourrais peut-être, dans le même esprit mais en approfondissant un peu plus, te lancer dans une véritable nouvelle ?
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coline
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MessageSujet: Re: Et si les voyages forment la jeunesse...   Et si les voyages forment la jeunesse... EmptyJeu 4 Aoû - 22:22

C'est vrai que tu écris bien Anti-Fraise-des-bois...J'ai eu du plaisir à te lire...(Mais n''en parle pas à Fulmi, il dit que je n'y connais rien! ;)
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MessageSujet: Re: Et si les voyages forment la jeunesse...   Et si les voyages forment la jeunesse... EmptyVen 5 Aoû - 0:45

Exercice de correction :

J’aime les trains, les gares, ces lieux de passages qui sont autant de lieux de rencontres.
Avril 2005. Je suis dans la voiture bar du TGV qui nous emmène les enfants et moi chez leur papa. Une dame avec son enfant passe commande puis s’en va. Le garçon de la voiture est charmant. Il me raconte, quand je remarque que ce n’est pas la même que d’habitude, que ce sont celles habituellement sur la ligne Lyon-Paris qui ont été mises en circulation exceptionnellement pour les vacances sur les lignes du grand ouest.
Je suis donc avec les enfants. Nous goûtons. Un monsieur âgé s’installe près de nous. Visiblement, il nous écoute. Il porte un costume et de grosses lunettes devant ses jolis petits yeux bleus qui pétillent. Il a le regard vif, le visage souriant. Il engage la conversation, je ne sais plus sous quel prétexte. Les enfants je crois. Il me parle alors de sa vie, de ses enfants, deux grands garçons de 43 et 45 ans adoptés à 9 et 5 mois. L’un est informaticien à Paris, le second exerce je ne sais plus quel métier et habite Bordeaux. Lui vit depuis 14 ans à Pornichet. Il travaillait dans l’industrie nucléaire, dans le chimique.
- Vous savez quoi ?
- …
- J’ai 80 ans, m’annonce-t-il fièrement, mais je ne les fais pas. Je ne bois pas, je ne fume pas, je fais beaucoup de sport et surtout, surtout, j’aime la vie.
- J’ai beaucoup voyagé… Il s’interrompt, me regarde, finalement poursuit : Vous êtes charmante, vous avez le regard sincère et la poignée de main honnête. J’ai fait de la morphopsychologie dans le cadre de mon travail. Vous l’avez remarqué, j’aime parler. Je m’appelle Jean. C’est banal. Les prénoms sont vraiment une question de mode. Je suis passionné d’histoire. Ah les femmes ! Je peux vous le dire à vous, nous ne sommes pas voisins, j’ai une amie à Paris, on s’est connus pendant 7 ans 3 mois et 3 jours. Irène, une italienne. Vous aussi êtes d’origine italienne n’est-ce pas ? Bretonne ! Ah ! Les bretonnes, elles sont comme les italiennes – Sourire charmeur – Maintenant, elle et moi, c’est fini. Elle me sert de chauffeur lorsque je vais à Paris. On va dîner ensemble, prendre le thé rue de Rivoli, on s’engueule même ! Comme un vieux couple ; et puis, bien sûr il y a le souvenirs des moments charnels…

La phrase reste en suspend sur son sourire rêveur.

- Vous êtes charmante, vraiment, et si jolie dans votre robe longue. Vous pouvez le dire à votre mari. Vous êtes très agréable et gentille. Il doit le savoir bien sûr, mais dites le lui quand même ! Un homme, il faut émoustiller sa jalousie même un peu, même avec un vieux monsieur. Un homme ne doit jamais oublier…

Qu’il est charmant ce monsieur Jean, et malin comme un singe. Je suis bien heureuse de l’avoir rencontré. Plus d’une heure nous sommes restés ainsi à discuter de femmes, de voyages, de l’Allemagne où il a lui aussi vécu, de la Roumanie, de la mer où nous sommes arrivés bien plus vite qu’à l’accoutumée.


(J'ai pas trouvé grand chose à modifier wink )
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MessageSujet: Re: Et si les voyages forment la jeunesse...   Et si les voyages forment la jeunesse... EmptyDim 29 Jan - 1:06

Ca n'est ni une suite, ni une fin, ni un début. J'apporte seulement ma capitation semestrielle.


Il avait la douceur du soir. Il y avait les ombres de cette végétation qui avait poussée au fil de ces dernières années. Il y avait l’odeur des plantes, du bois et du tabac. Il y avait le silence, le calme et les lueurs des veilleuses. Il y avait ces souvenirs qui étaient en passe de se ternir.

- Maman ! Maman ! Je sais ! m’avait-il dit un jour les yeux pétillants du chercheur d’or ayant une pépite dans son tamis : tu seras brodeuse de mots ! Comme travail ! insista l’enfant, tu seras brodeuses de mots !

Brodeuse de mots… Mais ce soir, dans l’absence et le silence, les mots me fuyaient ; ils voletaient devant moi sans que je ne puisse en attraper aucun. Le fils et la fille n’était plus là ; pire ils n’avaient plus leur place dans la douce cage dorée que je m’étais construite. L’amour m’avait fait détruire au lieu de construire la famille que nous avions crée.

- Ils partent demain ! Je suis désemparé. Viens !

J’avais alors tout plaqué pour venir le consoler. Je me sentais l’âme forte, capable de donner bien plus que ce que je possédais. J’allais de mes frêles mains édifier un monument qui nous abriterait tous, un monument inébranlable de tendresse et de bonheur. La peur souvent salutaire ne s’était manifestée. Aujourd’hui la parole ne circulait plus, je n’étais ni contente, ni satisfaite, pire, j’étais déçue, comme exclue d’un monde dont la complexité me rejetait. Dans le lointain, déjà, j’entendais le galop de la réalité de plus en plus précis. Elle arrivait drapée d’une grande cape noire ; son regard emplie de haine semblait me dire : « Ah ! Tu as voulu m’évincer ! L’heure a sonnée pour toi de payer ! »
Je promenais mon regard alentours. Tout était là, pourtant il ne restait plus rien. Le temps sacré, celui immobile qui amplifie les heures intenses, je l’avais perdu. Je reprenais dès lors ma marche inexorable de mortelle.


Anti
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MessageSujet: Re: Et si les voyages forment la jeunesse...   Et si les voyages forment la jeunesse... EmptyDim 29 Jan - 3:03

antillaise a écrit:
Ca n'est ni une suite, ni une fin, ni un début. J'apporte seulement ma capitation semestrielle.


Il avait la douceur du soir. Il y avait les ombres de cette végétation qui avait poussée au fil de ces dernières années. Il y avait l’odeur des plantes, du bois et du tabac. Il y avait le silence, le calme et les lueurs des veilleuses. Il y avait ces souvenirs qui étaient en passe de se ternir.

- Maman ! Maman ! Je sais ! m’avait-il dit un jour les yeux pétillants du chercheur d’or ayant une pépite dans son tamis : tu seras brodeuse de mots ! Comme travail ! insista l’enfant, tu seras brodeuses de mots !

Brodeuse de mots… Mais ce soir, dans l’absence et le silence, les mots me fuyaient ; ils voletaient devant moi sans que je ne puisse en attraper aucun. Le fils et la fille n’était plus là ; pire ils n’avaient plus leur place dans la douce cage dorée que je m’étais construite. L’amour m’avait fait détruire au lieu de construire la famille que nous avions crée.

- Ils partent demain ! Je suis désemparé. Viens !

J’avais alors tout plaqué pour venir le consoler. Je me sentais l’âme forte, capable de donner bien plus que ce que je possédais. J’allais de mes frêles mains édifier un monument qui nous abriterait tous, un monument inébranlable de tendresse et de bonheur. La peur souvent salutaire ne s’était manifestée. Aujourd’hui la parole ne circulait plus, je n’étais ni contente, ni satisfaite, pire, j’étais déçue, comme exclue d’un monde dont la complexité me rejetait. Dans le lointain, déjà, j’entendais le galop de la réalité de plus en plus précis. Elle arrivait drapée d’une grande cape noire ; son regard emplie de haine semblait me dire : « Ah ! Tu as voulu m’évincer ! L’heure a sonnée pour toi de payer ! »
Je promenais mon regard alentours. Tout était là, pourtant il ne restait plus rien. Le temps sacré, celui immobile qui amplifie les heures intenses, je l’avais perdu. Je reprenais dès lors ma marche inexorable de mortelle.


Anti
C'est joliment écrit, mais ça reste bien mystèrieux.
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MessageSujet: Re: Et si les voyages forment la jeunesse...   Et si les voyages forment la jeunesse... EmptyDim 29 Jan - 3:10

le Veilleur a écrit:
C'est joliment écrit, mais ça reste bien mystèrieux.

Merci Le Veilleur, venant de vous, c'est touchant. Quant au mystère n'oublions pas que je suis née le même jour que Virginia Woolf...

Anti vague souvenir de Orlando en tête
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