Dans la quinzaine de longs-métrages que je viens de voir dans un festival, ce film restera mon coup de coeur.
Après un Ours d’argent à Berlin pour « Samaria », après un prix de la mise en scène à Venise pour « Locataires »,
« L’ARC » a été présenté en Sélection Officielle(Section Un Certain Regard) au Festival de Cannes 2005. C’est le douzième film du Coréen Kim Ki-duk (réalisateur-producteur-scénariste-monteur)
Avec :-Le vieil homme : Jeon Sung-hwan qui campe un bouleversant vieillard.
-La jeune fille : Han Yeo-reum, une splendide jeune fille au sourire énigmatique.
-L'étudiant : Seo Ji-seok
Kim Ki-Duk est né dans bourgade coréenne montagneuse et charmante, mais assez peu tournée vers le cinéma. D’ailleurs, sa voie semble toute tracée: école d'agriculture puis travail à l'usine dès 17 ans. Un peu violent et d’humeur changeante, il s'engage dans les Marines trois ans plus tard, puis pense à devenir prêtre les deux années suivantes. Ce n'est que dans son amour pour la peinture qu’il garde une certaine constance. Une passion qui date de l'enfance, et qui le pousse à tenter un pari, à l'âge de 30 ans: celui de débarquer en France, avec son seul billet d'avion à la main, pour peindre, gagnant sa vie grâce à ses oeuvres après avoir fait quelques études à Montpellier. La peinture marque d’ailleurs fortement sa filmographie et la composition de ses plans donne à penser parfois à des peintures.
Le Synopsis du film :
Le cinéaste coréen évoque dans ce film les affres de l'amour et de la jalousie à travers les yeux d'un vieil homme.
Amoureux fou d'une jeune fille, qu'il compte épouser à ses 17 ans, un sexagénaire vit avec elle (l’a-t-il enlevée ? l’a-t-il recueillie ?) sur un vieux chalutier amarré en haute mer, avec son arc aussi. Ce dernier lui permet, entre autres, d'effrayer les nombreux prétendants qui louent son bateau pour venir tendre leurs lignes en haute mer, tous avides de séduire la ravissante jeune fille. Elle s’en sert, elle-même, très bien, de l’arc. Mais lorsque elle s'éprend d'un étudiant, le vieil homme ne supporte pas de la perdre.
Entre poésie et fantastique, « L’Arc » ne ressemble à rien d’autre, comme nombre d’œuvres qui nous arrivent d’Asie.
Il pourrait ouvrir une polémique sur la pédophilie. Kim Ki-duk résumeson film en déclarant :« Puissance et beauté sonore, comme un arc bandé, je veux vivre ainsi jusqu'à mon dernier souffle ».
L’arc est plus qu’un instrument de mort rapide. Il incarne l'autorité. Son apparence est d'une grande simplicité, mais sa force est extraordinairement variable et dépend de la manière dont l'arc est bandé.
Pour le réalisateur Kim Ki-duk, l'arc permet de préserver un monde menacé des influences extérieures, mais s'avère aussi un instrument de musique rituel créant la musique pour la fille qu'il aime. En fait, il avait l'intention d'utiliser l'arc comme source musicale mais étant donné la difficulté de ce projet, il employa un violon coréen traditionnel car le son qu'il produit est proche de celui d'un arc qu'on gratte.
L’arc permet également de prédire l'avenir à la manière d'un talisman chamanique.
Mais c’est aussi un symbole sexuel…
Il s'agissait bien entendu de l'accessoire du film exigeant la plus grande attention. L'accessoiriste envisagea au départ de confier la fabrication d'un arc à un artisan, mais le réalisateur se contenta d'un arc banal acheté dans le commerce auquel il attacha plusieurs chiffons de couleur. Puis il le bricola pour qu'il ait l'air vieux et robuste.
La mer et un vieux bateau de pêche ont servi de décor à « L'ARC » .
Le plateau du film se résume au chalutier. Le spectateur est porté à admirer les images du ciel, de l'océan et du bateau sur lequel les chiffons colorés s'agitent au gré du vent… et sur la coque duquel est représentée une peinture de Bouddha.
La dernière partie, qui semble ne pas vouloir finir, passe, on le regrette, du naturalisme au fantastique.
L’esthétique du film évoque les estampes japonaises . Kim Ki-duk compose de magnifiques images. Par exemple quand la jeune fille se balance au raz de l’eau et que le vieil homme tire ses flèches depuis une seconde embarcation, sur l’effigie de Bouddha peinte sur la coque. Le procédé qui lui permet de connaître l’avenir…
L’atmosphère est délicieusement poétique et sensuelle.