de Régis Debray. (Collection Café Voltaire. Flammarion)
Régis Debray est revenu très énervé du Festival d’Avignon de cette année …N’y étant pas allée, je n’ai que l’idée que je me suis faite à travers les médias et les remarques d’amis qui s'y sont rendus…("Triomphe de l’audace et de l’irrévérence pour les uns, victoire de la subversion sous subvention pour les autres, le 59ème Festival d’Avignon n’a pas seulement scandalisé une partie du public et des milieux du théâtre, il a aussi semé la zizanie dans les médias." France Culture)
Régis Debray a vu dans cette dernière édition, conçue par Jan Fabre, un scandale et une preuve de plus de l’effondrement culturel.
Ce passage résume assez bien le livre (très intéressant) :
« Le dernier Avignon nous a libérés d’une panoplie de mots boulets, les maîtres-mots qui, de Romain Rolland à Jean Vilar, de Maurice Pottecher à Ariane Mnouchkine et de Bussang dans les Vosges à la Cartoucherie de Vincennes ont « ponctué l’histoire d’un rêve et d’un défi » : Joie. Lutte. Désintéressement. Générosité. Combat. Partage. Résistance. Exigence. Action. Indépendance d’esprit. Pionniers. Semeurs. Respect. Lucidité. Conscience. Dignité. Ce sont ceux que Pascal Ory a relevé dans le vocabulaire du « théâtre citoyen » (Du citoyen du peuple au théâtre du Soleil) A nouvelle liberté, nouveau lexique :Effroi.. Risque. Exploration. Radicalité. Dégoût. .Excès. Fureur. Violence. Agressivité. Extrême. Pulsion. Aventure. Sensation. Sauvagerie. »
En prime, une évocation, par comparaison, de la belle époque Jean Vilar.
« On est passé, écrit-il, « de la noblesse pour tous aux déjections partout ».
« Ces abstraites brutalités, ces cruautés LVMH disent au mieux la violence du crack et du gang, nullement les choses de la Cité, disons le chômage, l'identité, la religion, la frontière, l'assassinat préventif ou l'ignoble magnifique qu'on appelle kamikaze ».
« D'où vient qu'un vers de Racine ou de Mallarmé peut nous donner la chair de poule quand ces suintements et dégoulinades nous laissent de marbre ? »