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| | Pierre Michon | |
| | Auteur | Message |
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coline Invité
| Sujet: Pierre Michon Sam 4 Fév - 15:13 | |
| Vies minuscules
En 1984, paraissait, chez Gallimard, un livre étrange, inclassable : Vies minuscules. C’était le premier livre de Pierre Michon, un auteur né en 1945 dans la Creuse.
« Pierre Michon crée alors l'événement. Il a 37 ans; il n'est rien, il ne possède rien, il veut tout et joue sa vie. Tout le monde tombe d'accord: ces huit vies dont la succession dessine en creux le visage hâve et farouche du narrateur, sont un chef-d'œuvre. Dans une langue où chaque mot sonne et tonne, Pierre Michon enlumine, exécute, pleure et transfigure les pauvres bougres admirables qui lui tinrent lieu de passé. »
Pierre Michon raconte les vies obscures, les destins ordinaires de personnages oubliés de l’Histoire : un prêtre défroqué, deux anciens camarades d’étude, quelques piliers de bars, des parents éloignés. Car il s’agit de la vie de ses parents, deux voire trois générations plus haut,de ses proches… pour arriver à nous parler de sa vie à lui. « Mais parlant de lui, c'est de moi que je parle ... » (Vies minuscules)
Ces Vies minuscules ne sont ni un roman, ni une véritable autobiographie, ni une biographie... un mélange de tout ça…
« Une façon unique de magnifier les vies bousillées » a-t-on dit. C’est que la plume de Pierre Michon est unique : élégante, magnifique,recherchée,poétique et précise. France Culture ne s’y trompa pas qui lui attribua, pour ce brillant coup d’essai, son Prix littéraire
Pierre Michon, « ce barbare au phrasé princier, au tumulte épuré »,sera sans doute adulé par les générations futures. On organise des colloques à son sujet. Il est tenu en haute estime par le milieu littéraire. Et par lui seul. Preuve en est la publication en poche des Vies minuscules …près de treize ans après sa publication ! Critiques, écrivains et intellectuels du moment le rangent parmi les auteurs les plus importants des deux dernières décennies.
« Il y a du Faulkner là-dedans, du Jean Genet aussi. » ai-je pu lire.
Ce livre est à lire sans précipitation, en prenant son temps. |
| | | coline Invité
| Sujet: Re: Pierre Michon Sam 4 Fév - 15:14 | |
| Extraits de Vies des frères Bakroot (Vies minuscules, Editions Gallimard)
"Il avait beaucoup neigé cette année-là ; il ne neigeait plus, mais de lourdes congères égalisantes, érodantes comme le temps lui-même et comme lui grisâtres, estompaient les déclivités de ce pays déclive. Quand, vers Faux-la-Montagne, nous abordâmes le plateau de rocs effondrés et de sapins démâtés sur lequel les nuages rapides toujours fomentent quelque perte, ce plateau désastreux auprès de quoi le vieux Saint-Goussaud même paraît riant, les congères s’épaissirent encore : la base des rocs s’y perdait, leur vieille colère y rendait les armes, et, maugréeuses sous la vermine des lichens, plus naufragées encore que devant, leurs quilles renversées flottaient sur cette mer sale. »
« Notre machine poussive bord sur bord roulait entre ces monstres déchus comme une baleinière dans Melville ; et pas de feu Saint-Elme à nos mâts ni, sur la capote de la 2 CV, un dieu parsi féroce, mais traitable peut-être." |
| | | coline Invité
| Sujet: Re: Pierre Michon Sam 4 Fév - 15:16 | |
| Extraits d'une interview de Pierre Michon:-LIRE.
-Vos Vies minuscules sont reconnues comme un classique de la littérature contemporaine. Vous restez cependant un auteur confidentiel. Aspirez-vous à la notoriété? -Pierre Michon. Lorsque j'ai publié mon premier livre il y a quatorze ans, je pensais que toutes les machines allaient s'arrêter de tourner, que tout le monde dirait: «Celui-là, il faut lui donner sur le champ une fortune», une belle somme avec laquelle je me serais acheté un palais. J'attendais de l'écrit son poids d'or. Je me suis trompé. Je ne savais pas que la littérature est fille de la démocratie, au sens où c'est la loi du plus grand nombre qui prévaut, la tyrannie de la majorité. Je pensais que la littérature était l'un des derniers domaines hiérarchisés où la valeur faisait sens et triait. Eh bien, la valeur a fait sens, et elle a trié: je suis presque aussi pauvre qu'avant d'avoir écrit.
-Vous avez écrit un premier livre épais, fulgurant, suivi de sept autres denses et menus. Et maintenant, qu'advient-il? -P.M. J'ai mis dix-huit ans à sauver ma peau, à écrire mon premier livre, Vies minuscules, et je suis encore dessous. Les suivants ne sont que des notes en bas de page, des gloses, des chambres d'écho. Ce texte-là, le premier, était trop capiteux pour être suivi tout de suite d'un autre qui infléchisse ma vie de la même façon. Mais je ne peux pas rester celui qui a écrit Vies minuscules. Le narrateur était un écrivain qui n'écrit pas, ce ne peut plus être moi puisque justement j'ai écrit. Celui qui l'a écrit est mort et je ne sais pas, à ce jour, si de ce cadavre sortira une nuée de mouches ou une œuvre phénoménale.
-Comment est né Vies minuscules? D'un coup? Dans un grand cri? -P.M. Il s'est présenté par la tête.
-Mais par quelle mystérieuse alchimie ce texte qui ne venait pas a-t-il fini par apparaître? -P.M. Divers facteurs ont joué. J'ai vécu une enfance campagnarde, reléguée. A vingt ans, la bibliothèque me faisait défaut. A trente-huit ans, j'étais enfin mûr culturellement. Je pouvais écrire dans le non-savoir après avoir acquis le savoir, m'y adosser. La littérature est un acte de non-savoir mais qui doit savoir. Il m'a fallu en passer par là. Autre chose: j'étais, à trente-huit ans, assez jeune encore pour porter en moi la violence d'un écrit presque juvénile. Et puis, ce livre, c'était ma première et dernière chance. N'ayant jamais travaillé, je coulais vers la clochardisation. J'éprouvais vis-à-vis de ce livre un sentiment de nécessité absolue; il y avait aussi une femme que j'aimais et à qui je pouvais donner ce texte comme une justification.
-Que vouliez-vous justifier? -P.M. De m'en aller tout doucement vers l'état de clodo, d'avoir cassé des tables et des vitres entre vingt et trente ans, de m'être demandé alors en lisant les faits divers dans le journal si ce n'était pas moi qui avais fait le coup. Ce sont les Vies minuscules qui m'ont délivré de ça: au fur et à mesure de son énonciation, ce texte dément ce qu'il dit. Les Vies minuscules, c'est un constat d'échec et une délivrance de l'échec, un désastre qui se transforme en prouesse |
| | | le Veilleur Phrasophile averti(e)
Nombre de messages : 1024 Localisation : ici Date d'inscription : 01/05/2005
| Sujet: Re: Pierre Michon Dim 5 Fév - 11:48 | |
| - coline a écrit:
- Extraits de Vies des frères Bakroot (Vies minuscules, Editions Gallimard)
"Il avait beaucoup neigé cette année-là ; il ne neigeait plus, mais de lourdes congères égalisantes, érodantes comme le temps lui-même et comme lui grisâtres, estompaient les déclivités de ce pays déclive. Quand, vers Faux-la-Montagne, nous abordâmes le plateau de rocs effondrés et de sapins démâtés sur lequel les nuages rapides toujours fomentent quelque perte, ce plateau désastreux auprès de quoi le vieux Saint-Goussaud même paraît riant, les congères s’épaissirent encore : la base des rocs s’y perdait, leur vieille colère y rendait les armes, et, maugréeuses sous la vermine des lichens, plus naufragées encore que devant, leurs quilles renversées flottaient sur cette mer sale. » C'est un assez beau style qui gagnerait certainement à être moins verbeux, moins recherché. Par exemple, que veux dire des "sapins démâtés"? On comprend qu'ici les sapins sur le plateau sont comparés à des mâts sur un navire : sur un navire ce n'est pas le mât qui peut se trouver démâté mais le navire; dans la comparaison de Michon c'est donc le plateau qui devrait être "démâté". La dernière phrase, avec son emphase, me donne une impression de confusion : "la vieille colère" des rocs qui "rendait les armes"; des quilles "maugréeuses"! "sous la vermine des lichens" ("sous les lichens" ne suffisait pas ?); on nous dit, par ailleurs, que les rocs ont leur "base" sous les congères et leurs "quilles renversées" dessus, ce qui crée dans l'esprit du lecteur une image assez compliquée. | |
| | | coline Invité
| Sujet: Re: Pierre Michon Dim 5 Fév - 23:06 | |
| Personnellement, je me sens bien petite pour reprocher à Pierre Michon tel ou tel choix lexical ou sémantique, de même je ne me verrais pas déplacer ou supprimer une virgule maupassante…Mais je n’écris pas et n’apprécie la littérature qu’en simple lectrice. Mon sentiment est qu’il y a comme une volonté de tendre à la perfection dans l’écriture de Pierre Michon. Cette écriture poétique peut sembler parfois précieuse. Elle n’a rien à voir en tout cas avec la langue d’usage commun et c’est d’autant plus surprenant que, justement, elle parle dans Vies minuscules de « petites gens ». Pierre Michon parle d’eux mais ne leur donne pas la parole. Il parle d’eux en esthète, exigeant, en des phrases complexes mais dont le sens est toujours limpide. |
| | | coline Invité
| Sujet: Re: Pierre Michon Dim 5 Fév - 23:09 | |
| Pas encore lu mais j'en ai bien l'intention:
Vies minuscules de Pierre Michon Gallimard, coll. "Foliothèque", 2004
Présentation de la collection: Etude approfondie d'un grand texte classique ou contemporain par un spécialiste de l'oeuvre : approche critique originale des multiples facettes du texte dans une présentation claire et rigoureuse. Bibliographie, chronologie, variantes, témoignages, extraits de presse. Eclaircissements historiques et contextuels, commentaires critiques récents. Essai et Dossier réalisés par Dominique Viart. |
| | | le Veilleur Phrasophile averti(e)
Nombre de messages : 1024 Localisation : ici Date d'inscription : 01/05/2005
| Sujet: Re: Pierre Michon Lun 6 Fév - 17:39 | |
| - coline a écrit:
- Personnellement, je me sens bien petite pour reprocher à Pierre Michon tel ou tel choix lexical ou sémantique,
Il n'est pas besoin d'être très grand pour constater que dire d'un sapin qu'il est démâté, c'est comme dire qu'un mât est démâté et donc qu'on a enlevé le mât du mât, ce qui est un non-sens. Il n'est pas besoin d'être plus grand pour vérifier que l'adjectif "maugréeuses" n'existe pas et que, de toute façon, dire que des quilles manifestent leur mauvaise humeur ou qu'elles marmonnent des injures (ce qui est le sens de "maugréer") est un comportement étonnant de la part de quilles qui, en fait, sont des rocs, dont on ne comprend pas plus pour autant leur raison de maugréer. - Citation :
- Mon sentiment est qu’il y a comme une volonté de tendre à la perfection dans l’écriture de Pierre Michon.
Raison de plus pour en relever les imperfections. - Citation :
- des phrases complexes mais dont le sens est toujours limpide.
Si tu le dis... manifestement, tu ne supportes pas la moindre réserve au sujet des écrivains que tu nous présentes, ce qui m'amène à m'interroger sur les raisons qui te poussent à le faire? Si tu ne veux pas notre avis ou si tu ne veux que des avis positifs, dis-nous le clairement. | |
| | | coline Invité
| Sujet: Re: Pierre Michon Lun 6 Fév - 20:55 | |
| - le Veilleur a écrit:
- .
[ manifestement, tu ne supportes pas la moindre réserve au sujet des écrivains que tu nous présentes, ce qui m'amène à m'interroger sur les raisons qui te poussent à le faire? Si tu ne veux pas notre avis ou si tu ne veux que des avis positifs, dis-nous le clairement. Je n'ai pas dit que je ne supportais pas les réserves...j'ai juste dit que je ne me permettrais pas d'en émettre, moi, à propos de Michon ou Maupassant... Pourquoi est-ce que je viens poster à propos des livres qui me plaisent? Mais parce qu'il y a ici un forum "Romans, Nouvelles"!...Tout simplement par désir altruiste de faire partager mes découvertes quand elles ont été intéressantes. Je ne me donne pas cette peine pour ce qui ne vaut pas le coup à mes yeux. Je lis en moyenne 2 à 3 livres par semaine. Je poste à propos de mes coups de coeur car je suis heureuse de trouver ça et là des gens qui me font découvrir aussi des auteurs. Bon...j'y retourne...
Dernière édition par le Lun 6 Fév - 21:01, édité 1 fois |
| | | coline Invité
| Sujet: Re: Pierre Michon Lun 6 Fév - 20:59 | |
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| | | Dona Incontinent verbal
Nombre de messages : 419 Date d'inscription : 09/02/2006
| Sujet: Re: Pierre Michon Ven 31 Mar - 0:18 | |
| Décidément, cela fait bien trois fois que j'ouvre Vies minuscules dans le désir de l'emprunter et que je repose le volume, chaque fois que je l'ai ouvert, sans me décider à me farcir cette prose bien chargée. Côté campagne et son lot de sensations scandées au rythme de métaphores et images aussi troubles que peuvent l'être certaines voies d'eau de la Presqu'île de Guérande, je préfère Julien Gracq. En voici donc un extrait, ce sont les chapitres initiaux:
"Ce fut, si je me souviens bien, dix jours après avoir franchi la Crête que nous atteignîmes l'entrée du Perré; l'étroit chemin pavé qui conduisait sur des centaines de lieues de la lisière des Marches aux passes du Mont-Harbré- la dernière ligne de vie, vingt fois tronçonnée et ressoudée, qui joignent encore par intervalles le Royaume à la Montagne cernée et lointaine. L'étrange- l'inquiétante route! le seul grand chemin que j'aie jamais suivi, dont le serpentement, quand bien même tout s'effacerait autour de lui de ses rencontres et de ses dangers- de ses taillis crépusculaires et de sa peur- creuserait encore sa trace dans ma mémoire comme un rai de diamant sur une vitre. On s'engageait dans celui-là comme on s'embarque sur la mer. Au travers trois cent lieues de pays confus, courant seul, sans noeuds, sans attaches, un fil mince, étiré, blanchi de soleil, pourri de feuilles mortes, il déroule dans mon souvenir la traînée phosphorescente d'un sentier où le pied tâtonne entre les herbes par une nuit de lune, comme si, entre ses berges de nuit, je l'avais suivi d'un bout à l'autre à travers un interminable bois noir." ----------------------------------------------------- | |
| | | Usurpateur Incontinent verbal
Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 15/07/2005
| Sujet: Re: Pierre Michon Ven 31 Mar - 0:48 | |
| Ouais... les voies de la littérature sont impénétrables. Pédant ça l'est sûrement. Plaisant à lire... pas à mon goût. | |
| | | Dona Incontinent verbal
Nombre de messages : 419 Date d'inscription : 09/02/2006
| Sujet: Re: Pierre Michon Ven 31 Mar - 0:51 | |
| - cricri a écrit:
- Ouais... les voies de la littérature sont impénétrables. Pédant ça l'est sûrement. Plaisant à lire... pas à mon goût.
Oh? Pourquoi pédant? | |
| | | Usurpateur Incontinent verbal
Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 15/07/2005
| Sujet: Re: Pierre Michon Ven 31 Mar - 1:06 | |
| Pédant dans le style il me semble... On dirait que l'auteur cherche à en mettre plein la vue avec des phrases tarabiscotées... Ce n'est qu'un avis perso d'après les maigres extraits postés ici bien sûr...
Un auteur, dont j'oublie jusqu'au nom, a dit à la télé qu'il était plus difficile d'écrire des choses simples que des choses complexes. Je crois que c'est exact. Du moins, transcrire en mots simples des idées complexes me semble la chose la plus ardue. Après avoir passé des années de ma vie à écrire, je constate que perfectionner un texte, revient souvent à le rendre plus lisible, et donc plus simple généralement
Je crois que faire des phrases alambiquées n'est pas le plus difficile en littérature.
Oui je sais, c'est pédant aussi de dire ça. | |
| | | Fulmi Prolixe infatigable
Nombre de messages : 5214 Age : 69 Date d'inscription : 16/10/2004
| Sujet: Re: Pierre Michon Ven 31 Mar - 12:54 | |
| - cricri a écrit:
- Pédant dans le style il me semble... On dirait que l'auteur cherche à en mettre plein la vue avec des phrases tarabiscotées... Ce n'est qu'un avis perso d'après les maigres extraits postés ici bien sûr...
C'est le style universitaire français. Chargé, ostensiblement beau, un peu (parfois beaucoup) abscons, qui cherche à épater les collègues. | |
| | | Dona Incontinent verbal
Nombre de messages : 419 Date d'inscription : 09/02/2006
| Sujet: Re: Pierre Michon Sam 1 Avr - 12:04 | |
| - cricri a écrit:
- Un auteur, dont j'oublie jusqu'au nom, a dit à la télé qu'il était plus difficile d'écrire des choses simples que des choses complexes. Je crois que c'est exact.
Du moins, transcrire en mots simples des idées complexes me semble la chose la plus ardue. Après avoir passé des années de ma vie à écrire, je constate que perfectionner un texte, revient souvent à le rendre plus lisible, et donc plus simple généralement Ca peut être plus difficile parfois d'expliquer en mots simples des choses simples: par exemple ce qu'est une table par rapport à un tabouret ou à un guéridon ou à une table de nuit -à une personne qui n'aurait aucune idée de ce que c'est- parce que le message est informatif. Du coup il pourrait paraître plus facile d'exprimer, en termes complexes, ce que l'imagination ou la sensibilité perçoivent subjectivement car après tout ce n'est qu'affaire d'intériorité et les associations sémantiques que l'on peut choisir d'écrire n'ont pas à être interpénétrables immédiatement -à moins que ce soit un crédo d'auteur ou académique comme c'était le cas à l'époque classique-, c'est un travail de suggestion. Cependant, c'est le travail stylistique d'un écrivain que de retranscrire, par un sytème d'analogies qui lui est propre, sa manière de ressentir un paysage, de décrire un personnage. Le plus difficile c'est sûrement de forger, par les mots, une nouvelle manière de raconter le monde et les êtres et libre au lecteur de tenter de les imaginer. Si on ne travaille pas sur la création sémantique, que reste-t-il de l'art d'écrire? Je ne crois pas que les lecteurs de Gracq ont envie d'être informés sur les arbres, les chemins, les marais qui peuplent Guérande. Gracq c'est plutôt un géographe inspiré, un poète géographe en somme: son matériau d'inspiration est transcendé par sa manière d'écrire. Dans cet extrait, il me semble aisé de s'aventurer dans le paysage qu'il décrit associant un sentiment d'inquiétude et de solitude. La presqu'île de Guérande, lorsqu'elle n'étouffe pas de ses touristes, ressemble à ce qui est décrit là. Il y a de belles correspondances au sujet des sensations évoquées et je trouve, une forte richesse dans les associations de mots: le sentier phosphorescent à travers le bois noir par exemple tant c'est une réalité visuelle quand on se promène dans cet espace. Quant à simplifier un texte pour le rendre plus lisible, cela semble aller de soi. Il est vrai que la surcharge et une trop grande complexité métaphorique sont rebutantes car à trop être travaillées, elles peuvent paraître totalement superficielles mais ce n'est pas une généralité, juste une question de dextérité.
Dernière édition par le Sam 1 Avr - 15:15, édité 1 fois | |
| | | Dona Incontinent verbal
Nombre de messages : 419 Date d'inscription : 09/02/2006
| | | | Fulmi Prolixe infatigable
Nombre de messages : 5214 Age : 69 Date d'inscription : 16/10/2004
| Sujet: Re: Pierre Michon Sam 1 Avr - 13:58 | |
| - Dona a écrit:
- Dans cet extrait, il me semble aisé de s'aventurer dans le paysage qu'il décrit associant un sentiment d'inquiétude et de solitude. La presqu'île de Guérande, lorsqu'elle n'étouffe pas de ses touristes, ressemble à ce qui est décrit là. Il y a de belles correspondances au sujet des sensations évoquées et je trouve, une forte richesse dans les associations de mots: le sentier phosphorescent à travers le bois noir par exemple tant c'est une réalité visuelle quand on se promène dans cet espace.
Quant à simplifier un texte pour le rendre plus lisible, cela semble aller de soi. Il est vrai que la surcharge et une trop grande complexité métaphorique sont rebutantes car à trop être travaillées, elles peuvent paraître totalement superficielles mais ce n'est pas une généralité, juste une question de dextérité. J'aime lorsque tu nous écris des choses intéressantes dans une langue présise et claire. Merci ! | |
| | | Dona Incontinent verbal
Nombre de messages : 419 Date d'inscription : 09/02/2006
| Sujet: Re: Pierre Michon Sam 1 Avr - 14:01 | |
| - Fulmi a écrit:
- Il est vrai que la surcharge et une trop grande complexité métaphorique sont rebutantes car à trop être travaillées, elles peuvent paraître totalement superficielles*
*artificielles, pardon. - Fulmi a écrit:
- J'aime lorsque tu nous écris des choses intéressantes dans une langue présise et claire. Merci !
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| | | | Pierre Michon | |
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