La France est moins innovante que ses concurrents
LEMONDE.FR | 15.06.06 | 08h14 • Mis à jour le 15.06.06 | 08h18
La France dépose moins de brevets et fait bien moins d'efforts de recherche et développement que les autres pays industrialisés comme les Etats-Unis, le Japon ou même ses concurrents européens, souligne une étude de l'Insee sur l'innovation des entreprises publiée jeudi 15 juin.
Le nombre de dépôts de brevets est trois fois plus important en Allemagne qu'en France (23 310 contre 7 175), selon des chiffres de 2001 de l'Office européen du brevet, repris par l'Insee. Par rapport aux Etats-Unis, la France a déposé quatre fois moins de brevets (28 515), note encore l'Insee, relevant "une capacité à breveter insuffisante". Au Japon, le nombre de brevets est également largement supérieur à celui de la France, avec 18 844 dépôts.
EFFORT DE RECHERCHE INSUFFISANT
Même constat du côté de l'effort en recherche et développement (R&D) des entreprises françaises, jugé "inférieur" à la moyenne des pays de l'OCDE. L'Insee mesure ces efforts grâce à un ratio dépenses intérieures brutes de R&D en pourcentage du PIB pour l'année 2003.
La Suède et la Finlande caracolent en tête avec des ratios de 3 % et 2,5 %, suivies par l'Allemagne (1,78 %). La France n'a qu'un ratio de 1,36 % inférieur à la moyenne des pays de l'OCDE (1,51 %).
Le Groupe des fédérations industrielles (GFI) avait estimé en février que l'industrie française "continuait à subir une réelle crise de compétitivité". Les dépenses d'investissement dans l'industrie auraient ainsi régressé de 4 % en 2005, portant à 20 % la contraction des budgets d'investissement dans l'industrie depuis 2001, selon le GFI.
Au moment de la mise en place des pôles de compétitivité en France fin 2005, des économistes s'étaient inquiétés du "décrochage" de la France en matière d'innovation et de recherche et développement.
L'Insee estime pourtant que les entreprises dites innovantes "semblent être à l'origine d'une part importante de la croissance sur la période récente et surtout en être devenues l'un des moteurs les plus stables". "Mais la contribution de ce moteur resterait néanmoins plus faible qu'ailleurs et le positionnement de la France à la frontière technologique resterait donc fragile, fragilité dont témoignerait également le fléchissement des dépenses en R&D", déplore l'Institut. "Seules les entreprises réellement innovantes [53 % des entreprises en France se déclarent innovantes] peuvent espérer des gains de productivité", plaide encore l'étude.