"Une réunion publique, ce jeudi soir à Paris, devait regrouper des producteurs et collaborateurs de France Inter, des auditeurs, des journalistes, des syndicalistes, des chercheurs, autour du thème "Où va Inter ?".
Cette soirée-débat est organisée à l'initiative de Daniel Mermet, producteur et animateur de l'émission "Là-bas si j'y suis", qui doit être déplacée de 17 heures à 15 heures dans la nouvelle grille de rentrée.
Jugeant "totalement incompréhensible" le déplacement de l'horaire de son émission de la tranche 17h-18h à celle de 15h-16h envisagé par Frédéric Schlesinger, le nouveau directeur de France Inter, Daniel Mermet a lancé, il y a une dizaine de jours, une pétition intitulée "'Là-bas si j'y suis' ne reprendrait pas en septembre !".
M. Mermet se défend d'avoir induit en erreur les 150 000 personnes qui auraient déjà signé sa pétition : "Je réserve ma réponse sur cette proposition, dit-il. A 17 heures, "Là-bas si j'y suis" est suivi par 500 000 auditeurs. Ils ne seront pas là à 15 heures. Alors, pourquoi, au nom de l'audience qui préoccupe tant le directeur d'Inter, placer l'émission en début d'après-midi ? D'autant qu'elle a encore gagné des auditeurs cette année, alors que l'écoute globale de la station déclinait ! Si ce n'est pas une mise au placard, qu'est-ce que c'est ?" Sa démission de France Inter n'est pas exclue. "J'y songe très sérieusement", affirme Daniel Mermet.
Le producteur ne cache pas qu'il interprète la proposition de la nouvelle direction comme "une reprise en main politique". Son émission est connue pour relayer les idées des mouvements altermondialistes, anticapitalistes, et pour avoir soutenu le non au référendum sur la Constitution européenne en 2005. "Déplacer une émission à un horaire d'écoute creuse, arguer ensuite de sa baisse d'audience pour la mettre en difficulté voire la supprimer, le processus est trop connu pour leurrer qui que ce soit", ajoute M. Mermet.
Martine Delahaye
Article paru dans l'édition du 30.06.06"
Je trouve inadmissible :
1) qu'un journaliste du service public se conduise comme "propriétaire" d'une tranche horaire
2) qu'une station de service public donne une tranche horaire à un courrant de pensée politique ...