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 La Canta 2002

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Clair Obscur
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Clair Obscur


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MessageSujet: La Canta 2002   La Canta 2002 EmptyDim 24 Oct - 18:24

La Canta 2002 - (Extrait de la Cantatrice Chauve de Ionesco, revu et corrigé par Clair Obscur)


Elle :
complètement azimutée, habillée en vrac, un énorme chapeau, un sac en peau de vache, l’air aux anges, regard étincelant.
Lui :
le parfait dragueur, cheveux gominés, veste négligemment tenue par-dessus son épaule, roule les mécaniques.
Une petite chaise d’enfant, bleue en centre scène.

Musique : un slow italien, bien évocateur.

Elle entre et s’assoit sur la petite chaise bleue, centre avant-scène, ouvre son sac, sort un torchon, le déplie, l’étale à ses pieds, sort une serviette, puis le pot qu’elle dévisse et plonge sa main dans son sac pour attraper une cuiller. Elle déguste une première cuiller de confiture et jette la cuiller sur le torchon. Pour chaque bouchée, elle prend une nouvelle cuiller dans son sac, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de cuillers (13 en tout… j’ai compté !). Il entre, la remarque et tourne autour, séducteur, mais, absorbée, elle ne le remarque pas et continue de se goinfrer.

Lui
Psssst !… (Pas de réaction) Psssst !… (Pas de réaction) Madame !… (Pas de réaction) Mademoiselle ?… (Elle frémit) Jeune Fille…

Elle
Ah ! Moi, donc ! (elle se tourne vers lui) Ouiiiii ?

Lui
Puis-je me permettre, s’il vous plaît, je vous en prie, à peine un peu, et très discrètement… puis-je me permettre d’engager la conversation ?

Elle
(Au public) C’est déjà fait. (à lui) Ça dépend de ce que vous allez me dire. Et comment vous allez le dire. En général, les hommes disent peu, mal et stupide.

Lui
(en se pavanant, très séducteur) Ils ne sont que des hommes. Moi, je suis différent. Très. Grave, délicat, sensible, tout en finesse… et surtout sans arrière-pensée.

Elle
Seigneur, Marie… Euh… le pape c’est quoi déjà… Ah oui… Jean-Gabin XXI ! Et tous les saints… C’est mon jour de chance… Un pas comme les autres… (elle revisse précipitamment le pot et le range dans son sac)

Lui
Puis-je vous poser une question ?

Elle
Attendez !… Vous voyez bien que j’ai déjà posé les cuillers !… (Elle pousse ses cuillers et montre le torchon) Un pas comme les autres, mais qui a pas encore compris qu’y’a pas de place si je ne range pas…

Lui
Non, non, non ! Je vous en prie, pas de ménage entre nous ! Le ménage, c’est pour après le mariage. Dites-moi… Belle Oisive ? … vous permettez que je vous appelle Oisive ? (Elle acquiesce, ravie.) d’où venez-vous ?

Elle
(fait un vague geste de la main en ôtant son chapeau) Oh ! De là-bas, je crois. Il me semble. Peut-être…

Lui
Mon Dieu, j’en étais sûr ! Vous ne pouviez pas venir d’ailleurs. Moi aussi (Il fait le même geste vague de la main) je viens de là-bas je crois, peut-être, il me semble… Je me demande même si je ne vous y ai pas déjà aperçue. Mais oui… oui… puisque je m’en souviens, c’est que je vous y ai vue !

Elle
Evidemment bien sûr, puisque vous le dites, je l’entends !

Lui
N’était-ce pas, même, dans cet endroit charmant et quelque peu désuet, entre la Centrale Nucléaire et le terrain vague ?

Elle
(très surprise) Mais que oui ! J’ai toujours aimé cet endroit précisément celui-là… vague… vague… parce qu’il est propice à la méditation (sur le ton de la confidence) Je médite, ça aide à penser… (aguicheuse) Vous m’avez vue méditer ? (il fait oui de la tête) C’est beau, n’est-ce pas ? (il fait oui de la tête)

Lui
Mais comment de là-bas vîntes-vous jusqu’ici ?

Elle
Par le dernier Ferry-boîte de 4 h 73. J’aime beaucoup les boîtes. C’est poétique. Sauf que j’ai le mal de mer. Alors deux jours avant mon aller-retour, je me mets à la diète et en arrivant… en arrivant je compense. Et là (elle montre les cuillers) je fais la vaisselle.

Lui
Ô Gourmande, que la vaisselle vous sied !… Mais, j’en suis certain… savez-vous que nous prîmes le même Ferry et que nous fumes du même voyage ?

Elle
Nous prîmes et nous fumes ? Ensemble ? Vous êtes sûr ? Je ne me souviens pas…

Lui
Mais si… Nous sifflâmes ensemble, aussi ! N’était-ce pas au bar ? Voyons… il me semble, je crois…

Elle
Ça, ma foi, un bar me semble on ne peut plus convenable et approprié pour y… comment vous dites, déjà ?

Lui
Pour y siffler. Un verre, surtout. Gourmande, vous m’en demandâtes sept, les uns après les autres. Pour soigner votre mal de mer…

Elle
Ouais. La mer, c’est de l’eau. Rien ne vaut le liquide, pour guérir de l’eau… Nous sifflâmes ensemble, vous dites ? Oh là là… J’ai oublié… C’était donc vous ?

Lui
C’était moi. Ce fut un plaisir que celui de vous accompagner dans votre guérison, Gourmandoisive.

Elle
(le toise de la tête aux pieds) Euh… vous, mais flou… euh… brumeux…(son regard s’arrête au niveau de la braguette ) peut-être même ténébreux !

Lui
Eh bien voilà, c’est cela ! Beau ténébreux ! Vous voyez, vous y êtes !

Elle
J’y suis, mais je ne vois rien, rien, rien !

Musique. Il déambule autour d’elle, se planque pour se rafraîchir l’haleine à coup de pshit, vérifie qu’il a bien un préservatif dans sa poche, se lisse les cheveux, bref, parade. Elle brique les cuillers et les range, à peu près indifférente, puis entame le grand nettoyage de printemps, avec le torchon, chaussures, sac à main, chaise, bref, elle fait le ménage)

Lui
Me diriez-vous, Belle Gourmandoisive, si je vous le demande, où vous demeurez ?

Elle
Derrière, là-bas… La 17ème impasse en partant du virage. Vous ne pouvez pas vous tromper, c’est une voie sans issue.

Lui
Me croirez-vous Gourmandoiselle ? Je demeure entre la 16ème et la 18ème impasse en partant du virage. Je suis certain de vous y avoir aussi rencontrée !

Elle
Peut-être bien… Je ne sais pas. En tous cas, je suis propriétaire du troisième étage du troisième mobile-homme.

Lui
Ah bien voilà ! Troisième-troisième ! Le même, en somme. (elle et lui se regardent, visiblement surpris) Je l’ai acquis en 1789, lors de la révolution, pendant la dégringolade des grosses têtes immobilières !

Elle
(incrédule) Ça alors… je me doutais bien que je l’avais acheté avec quelqu’un ! (d’un air méfiant) L’ascenseur aussi ?

Lui
Evidemment, Oiselle ! Savez-vous que la sortie de mon ascenseur donne directement sur mon lit à baldaquin délicieusement recouvert d’un jeté en raphia d’Asie du nord.

Elle
Mais c’est MON lit ! Et MON raphia ! Et ça, c’est Mon chapeau ! (elle se le remet vivement sur la tête)

Lui
Eh bien, belle Oisive, nous rêvons peut-être sous le même jeté ! Quelle aventure !

Elle
(très très confuse) Si ça se trouve… alors c’était avec vous que… oh là là ! Quelle nuit… ! Je n’en suis pas encore remise… (amnésique) c’est curieux, parce que je ne pense pas du tout vous connaître !

Lui
Nous devons sûrement partager le même mobile-home !

Elle
Vous croyez ? Pas de souvenir… le même mobile-homme… Ah là là ! Le mien, il est très très mobile. D’ailleurs, il ne tient pas en place. Les hommes, c’est toujours comme ça. Ça vous épouse, ça vous présente la vaisselle et le plumeau, et pfffft ! Ça disparaît sans prévenir ! Le mien, il a disparu ce matin. Sans raison. Il a même pas laissé un mot sur la table !

Lui
Je vous l’accorde, Belle Gourmandoisive, les hommes sont d’une inconscience… euh… monstrueuse ! Enfin… ces hommes-là ! Moi je suis différent. Très. Grave, délicat, sensible, tout en finesse… et surtout sans arrière-pensée. (Il se précipite vers elle, un genou à terre, très chevaleresque, lui prend la main et l’embrasse) Jamais je n’aurais abandonné ma perle rare ! Quel gâchis ! Mais c’est insupportable !

Elle
(Précipitamment, en lui tendant même son bras, des fois que…) Insupportable… Oui… Rien ne saurait m’en consoler… Et d’ailleurs, voyez, je ne suis plus qu’une ombre déprimée… Je marche vers les ténèbres de l’oubli… (horrifiée) Si ça se trouve, je suis peut-être déjà morte ! Seigneur, Marie, Jean-Gabin 21 et tous les Saints ! (béatitude, parce qu’il sème un tas de bisous sur sa main) ce que la mort est douce tout de même…

Musique - Baisers sur la main, le tour du poignet, puis lentement, en remontant le long du bras. Elle se laisse totalement faire, béate. Il poursuit et achève son cheminement au bout de l’autre main.

Lui
Grave, délicat, sensible, tout en finesse… et surtout sans arrière-pensée… Si j’osais… si j’osais…

Elle
Osez… osez… sans arrière-pensée…

Lui
Je vous dirais, Belle Oisive, que vous avez des yeux… des yeux… Et puis il y en a deux !

Elle
(changement de ton : très pratique) Je peux pas faire avec un seul. Ça coûte plus cher pour les lunettes. Remarquez, je ne les mets pas. (elle montre ses lunettes accrochées à son décolleté) C’est juste pour décorer.

Lui
Si j’osais… si j’osais… sans arrière-pensée…

Elle
Osez… osez !

Lui
Je vous dirais, Damoiselle, que votre chapeau cache une opulente chevelure dans laquelle, si j’osais, je plongerais bien… (il fait signe d’avancer ses doigts)

Elle
Plongez pas, vous allez abîmer ma salade !(il ne sait plus où mettre ses mains) Elle était fanée, il a fallu que je la fasse tremper trois heures dans l’eau vinaigrée pour la requinquer ! Vous la mangez d’abord, vous plongerez après ! Sans arrière-pensée… !

Lui
Je vous dirais, Ô, Gourmandoisive, que vous avez un décolleté… un décolleté… suggestif, si je peux me permettre. On se demande comment c’est, en dessous.

Elle
(désabusée) Très en dessous. Avant, c’était beaucoup plus haut. Ils tiennent encore un peu à la vie, vous savez. L’instinct de survie, c’est quelque chose…

Lui
Je vous dirais, Gourmandoisive, que vous avez des jambes magnifiques. Superbement galbées.

Elle
(elle est en pantalon sur lequel sont imprimées des maisons : elle regarde pivote sur elle-même) Vous avez vu ? C’est un architecte qui a fait les plans. Il y a plein de maisons, elles sont toutes pareilles… ben… y a un plan par maison. !

Lui
Et elles remontent jusqu’où, comme ça ?

Elle
Ben jusque là ! Jusqu’où voulez-vous qu’elles aillent ! C’est pas Manhattan, ici !

Lui
Grave, délicat, sensible, tout en finesse… et surtout sans arrière-pensée, je rêve, comme un enfant…

Elle
(soudain affolée) Ciel ! Mon fils ! Mais qu’est-ce que j’ai bien pu en faire ? Je ne me souviens pas, mais alors… pas du tout… Vous ne l’auriez pas vu, par hasard ? Il a cinq ans. Parfois brun, parfois blond, toujours souriant. Il mesure 83 centimètres et parle couramment sa langue natale (le Français), en plus du Vercors, évidemment ! Il s’appelle PPDA…

Lui
PPDA ?

Elle
Ben oui… Petit Pierre D’Alouette !

Lui
Ô Gourmandoiselle… est-ce possible ? Vous me décrivez mon propre fils, semblable et pareil ! Ôtez-moi ce doute, là, soudainement : aurions-nous fait cet enfant ensemble ? C’était un quinze avril…

Elle
(rêveuse) Un quinze avril… oui… le jour du petit brin de mai !

Lui
Je m’en souviens comme si c’était à l’aube ! Mais alors… (il s’approche timidement) mais alors… (elle s’approche timidement et curieuse, ils se regardent vraiment) Tu es là… enfin ! Ma régulière !!!

Elle
Mon légitime! C’est toi, mon chéri !

Musique slow italien.
Au ralenti, ils se prennent dans leurs bras et entament un slow langoureux qui les emporte en coulisses.

Noir
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