Dona Invité
| Sujet: Autobiographique: Duras Sam 16 Oct - 11:19 | |
| J'ai lu" La Douleur" de Duras et j'ai eu bien du mal à en revenir. Il s’agit de cinq récits autobiographiques sauf le dernier, dédiée à une petite fille juive ; Duras voulait en faire une pièce de théâtre, le projet a avorté. Un des récits narre sa relation intime avec un colloborateur, Pierre Rabier, la tenant sous sa coupe du temps où Robert Antelme, son époux, séjournait à Fresne ; un autre récit montre Duras en résistante, en train de torturer un homme. Pas de psychologie, pas de chemin intérieur, juste une approche brutale du fait- un récit bien dégueulasse parce que banal à la Libération. L’absence de sentiments intérieurs et surtout de l’analyse intérieure éventuelle qu’il pourrait susciter chez un auteur de cette trempe témoigne de l’état d’esprit d’alors : sorte de représailles nécessaires ? Bien-fondé de la vengeance collective ? Le texte prête à polémique. Le premier récit est terrifiant, désolant, désespéré quoiqu’il se termine à peu près de façon inespérée. Ce texte narre la manière dont Duras attend le retour de son mari, Robert Antelme, l’auteur de l’Espèce humaine- à la libération. Ecriture suffocante, affolée, litanique. C’est avec le style qu’on lui connaît- quelque chose de fragmentaire et répétitif qui ne s’accomplit que bien plus tard dans la narration- que l’auteur nous met au près de sa déroute, de ses angoisses, de sa douleur, une sorte de mort mentale provoquée par l’attente et le fait de ne rien savoir. Puis un jour, on apprend que le mari se trouve à Dachau. Les américains l’ont placé dans la partie mouroir craignant qu’il ne contamine les quelques survivants qu’on rapatrie avec la croix rouge. Typhus. Hors des voies administratives et donc officielles, deux amis parviennent à ramener rObert Antelme chez lui. L’horreur qui suit est très difficile à lire. Il s’agit de la description d’une agonie puis d’une résurrection mais plus encore que l’écrivain, c’est une épouse qui écrit et son cri rejoint toute la douleur que fait hurler l’Holocauste à une époque où l’on commence juste à en prendre conscience. Pas de procès encore, pas de règlements de compte excepté quelques réflexions vilipendaires à l’égard de De Gaulle , seulement le témoignage de la souffrance, physique, psychique. Très douloureux à lire. |
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