Mardi 20 mars 2007
Une autoroute française fera bosser des chômeurs genevois
Emploi - L’A41 est aussi le chantier test de l’emploi régional.
Vous êtes un chômeur sans qualifications et aimez les métiers du génie civil? Le chantier français de l'A41 entre Annecy et Genève vous tend les bras! L'Office cantonal de l'emploi (OCE) et l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE) viennent d'ailleurs de mettre au concours 20 postes d'aides-coffreurs et de maçons pour travailler sur cet ouvrage. «Cette coopération transfrontalière est une première suisse», souligne Jean-Paul Vergerès, responsable du service aux entreprises de l'OCE.
Gagnant gagnant
Faire travailler des chômeurs suisses en France? On aura tout vu! «C'est un peu paradoxal, admet Patrick Schmied, le directeur de l'OCE. Mais Genève comme la France manquent de personnel qualifié dans certains secteurs comme la construction ou l'hôtellerie.» Le conseiller d'Etat François Longchamp, en charge du Département de la solidarité et de l'emploi, ne se laisse pas non plus démonter: «L'A41 est le plus grand chantier régional. Il offre un lieu de travail pour des chômeurs peu qualifiés et leur permet de valider une formation.»
Les partenaires joueraient donc gagnant. Genève forme ses chômeurs; l'entreprise Bouygues, responsable du chantier, aura les employés dont elle a besoin. Même l'ANPE est satisfaite, puisqu'elle a fourni à Bouygues, via l'OCE, les employés que l'entreprise voulait.
Mais le chômage français ne craint-il pas de donner du boulot à des ouvriers qui retourneront travailler à Genève dès que possible? Dans ce cas, assure en substance Patrick Schmied, l'ANPE fait le calcul que les entreprises genevoises siphonneront un peu moins les entreprises françaises de leur personnel qualifié.
Mais cet accord a également une portée symbolique: «L'espace régional se construit. La concurrence effrénée sur le marché du travail n'est pas inéluctable», relève le député-maire de Divonne, Etienne Blanc.
Questions intéressantes
Cette expérience soulève toutefois quelques questions. Le salaire des heureux élus ne sera pas celui des ouvriers français: «Ils recevront un surplus, ce qui leur permettra de toucher davantage qu'au chômage», se félicite Franco Scolari, secrétaire syndical à Unia. «Cette différence peut poser un problème de cohabitation sur le chantier, avertit Nicolas Rufener, secrétaire général adjoint de la Fédération des métiers du bâtiment (FMB)».
En fait, ce qui irrite la FMB, c'est qu'elle estime que «Bouygues aurait pu sous-traiter une partie du travail à des entreprises suisses» au lieu d'embaucher des chômeurs. Deuxième question, les chômeurs pourront-ils revenir travailler à Genève sans être pénalisés par le chômage, s'ils trouvent un emploi d'ici à 2008? C'est le cas, assure Franco Scolari.
Source : Tribune De Genève / Marc Bretton
http://a-41.over-blog.com/article-6083329.html