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| | Le froid descend, les nuits s'étirent et la pluie tombe... | |
| | Auteur | Message |
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Hématite Incontinent verbal
Nombre de messages : 330 Date d'inscription : 19/10/2004
| Sujet: Le froid descend, les nuits s'étirent et la pluie tombe... Mer 3 Nov - 12:16 | |
| On est déjà le trois novembre... on vient de changer d'heure et on entre à grands pas dans la saison des froids, des pluies et des nuits toujours plus longues... Personnellement j'aime beaucoup cette période de l'année. Dans un fil poésie, c'est peut-être aussi l'occasion de sortir quelques poèmes nocturnes ou hivernaux? Brumes et Pluies Ô fins d'automne, hivers, printemps trempés de boue, Endormeuses saisons! je vous aime et vous loue D'envelopper ainsi mon cœur et mon cerveau D'un linceul vaporeux et d'un vague tombeau. Dans cette grande plaine où l'autan froid se joue, Où par les longues nuits la girouette s'enroue, Mon âme mieux qu'au temps du tiède renouveau Ouvrira largement ses ailes de corbeau. Rien n'est plus doux au cœur plein de choses funèbres, Et sur qui dès longtemps descendent les frimas, Ô blafardes saisons, reines de nos climats, Que l'aspect permanent de vos pâles ténèbres, – Si ce n'est, par un soir sans lune, deux à deux, D'endormir la douleur sur un lit hasardeux. Baudelaire, Les Fleurs Du Mal | |
| | | Hématite Incontinent verbal
Nombre de messages : 330 Date d'inscription : 19/10/2004
| Sujet: Re: Le froid descend, les nuits s'étirent et la pluie tombe... Mer 3 Nov - 12:26 | |
| Cauchemar
J'ai vu passer dans mon rêve -Tel l'ouragan sur la grève,- D'une main tenant un glaive Et de l'autre un sablier, Ce cavalier
Des ballades d'Allemagne Qu'à travers ville et campagne, Et du fleuve à la montagne, Et des forêts au vallon, Un étalon
Rouge-flamme et noir d'ébène, Sans bride, ni mors, ni rêne, Ni hop! ni cravache, entraîne Parmi des râlements sourds Toujours! Toujours!
Un grand feutre à longue plume Ombrait son oeil qui s'allume Et s'éteint. Tel, dans la brume, Eclate et meurt l'éclair bleu D'une arme à feu.
Comme l'aile d'une orfraie Qu'un subit orage effraie, Par l'air que la neige raie, Son manteau se soulevant Claquait au vent,
Et montrait d'un air de gloire Un torse d'ombre et d'ivoire, Tanids que dans la nuit noire Luisaient en des cris stridents Trente-deux dents.
Paul Verlaine, Poèmes Saturniens
Dernière édition par le Mer 3 Nov - 12:40, édité 1 fois | |
| | | Hématite Incontinent verbal
Nombre de messages : 330 Date d'inscription : 19/10/2004
| Sujet: Re: Le froid descend, les nuits s'étirent et la pluie tombe... Mer 3 Nov - 12:39 | |
| Chauves-souris
La nuit s’use à force de servir. Elle ne s’use point par le haut, dans ses étoiles. Elle s’use comme une robe qui traîne à terre, entre les cailloux et les arbres, jusqu’au fond des tunnels malsains et des caves humides. Il n’est pas de coin où ne pénètre un pan de nuit. L’épine le crève, les froids le gercent, la boue le gâte. Et chaque matin, quand la nuit remonte, des loques s’en détachent, accrochées au hasard. Ainsi naissent les chauves-souris. Et elles doivent à cette origine de ne pouvoir supporter l’éclat du jour. Le soleil couché, quand nous prenons le frais, elles se décollent des vieilles poutres où, léthargiques, elles pendaient d’une griffe. Leur vol gauche nous inquiète. D’une aile baleinée et sans plumes, elles palpitent autour de nous. Elles se dirigent moins avec d’inutiles yeux blessés qu’avec l’oreille. Mon amie cache son visage, et moi je détourne la tête par peur du choc impur. On dit qu’avec plus d’ardeur que notre amour même, elles nous suceraient le sang jusqu’à la mort. Comme on exagère ! Elles ne sont pas méchantes. Elles ne nous touchent jamais. Filles de la nuit, elles ne détestent que les lumières, et, du frôlement de leurs petits châles funèbres, elles cherchent des bougies à souffler.
Jules Renard, Histoires naturelles | |
| | | ours impatient Drôle de zèbre
Nombre de messages : 2800 Localisation : Marseille Date d'inscription : 15/10/2004
| Sujet: Re: Le froid descend, les nuits s'étirent et la pluie tombe... Mer 3 Nov - 13:22 | |
| ben Baudelaire comme d'hab Verlaine aussi et Jules Renard charmant, le verbe délicat, la touche légère, j'aime bcp..." du frôlement de leurs petits châles funèbres, elles cherchent des bougies à souffler." | |
| | | Hématite Incontinent verbal
Nombre de messages : 330 Date d'inscription : 19/10/2004
| Sujet: Re: Le froid descend, les nuits s'étirent et la pluie tombe... Mer 3 Nov - 14:06 | |
| Allez ourse tu n'en as pas un petit à nous filer?
voui je sais j'ai pô été gentille, j'ai mis du Verlaine... m'enfin | |
| | | ours impatient Drôle de zèbre
Nombre de messages : 2800 Localisation : Marseille Date d'inscription : 15/10/2004
| Sujet: Re: Le froid descend, les nuits s'étirent et la pluie tombe... Mer 3 Nov - 15:21 | |
| passer de Jules Renard à Agrippa d'Aubigné, plaisirs d'automne Voici la mort du ciel en l'effort douloureux Qui lui noircit la bouche et fait saigner les yeux. Le ciel gémit d'ahan, tous ses nerfs se retirent, Ses poumons près à près sans relâche respirent. Le soleil vêt de noir le bel or de ses feux, Le bel oeil de ce monde est privé de ses yeux ; L'âme de tant de fleurs n'est plus épanouie, Il n'y a plus de vie au principe de vie : Et, comme un corps humain est tout mort terrassé Dès que du moindre coup au coeur il est blessé, Ainsi faut que le monde et meure et se confonde Dès la moindre blessure au soleil, coeur du monde. La lune perd l'argent de son teint clair et blanc, La lune tourne en haut son visage de sang ; Toute étoile se meurt : les prophètes fidèles Du destin vont souffrir éclipses éternelles. Tout se cache de peur : le feu s'enfuit dans l'air, L'air en l'eau, l'eau en terre ; au funèbre mêlé Tout beau perd sa couleur.
Agrippa d'Aubigné, Les Tragiques, 1616
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le froid descend, les nuits s'étirent et la pluie tombe... Mer 3 Nov - 16:24 | |
| Paul VERLAINE (1844-1896)
( Poèmes saturniens)
Chanson d'automne
Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon coeur D'une langueur Monotone.
Tout suffocant Et blême, quand Sonne l'heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure
Et je m'en vais Au vent mauvais Qui m'emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le froid descend, les nuits s'étirent et la pluie tombe... Mer 3 Nov - 16:27 | |
| Alphonse de Lamartine
L'automne
Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure ! Feuillages jaunissants sur les gazons épars ! Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature Convient à la douleur et plaît à mes regards ! Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire, J'aime à revoir encor, pour la dernière fois, Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois !
Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire, A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits, C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !
Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie, Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui, Je me retourne encore, et d'un regard d'envie Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui !
Terre, soleil, vallons, belle et douce nature, Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ; L'air est si parfumé ! la lumière est si pure ! Aux regards d'un mourant le soleil est si beau !
Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie Ce calice mêlé de nectar et de fiel ! Au fond de cette coupe où je buvais la vie, Peut-être restait-il une goutte de miel ?
Peut-être l'avenir me gardait-il encore Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ? Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore Aurait compris mon âme, et m'aurait répondu ? ...
La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ; A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ; Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu'elle expire, S'exhale comme un son triste et mélodieux. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le froid descend, les nuits s'étirent et la pluie tombe... Mer 3 Nov - 16:37 | |
| Baudelaire
Chant d'automne
Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ; Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres Le bois retentissant sur le pavé des cours.
Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère, Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé, Et, comme le soleil dans son enfer polaire Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé.
J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ; L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd. Mon esprit est pareil à la tour qui succombe Sous les coups du bélier infatigable et lourd.
Il me semble, bercé par ce choc monotone, Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part. Pour qui ? - C'était hier l'été ; voici l'automne ! Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.
II
J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre, Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer, Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre, Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.
Et pourtant aimez-moi, tendre coeur ! soyez mère, Même pour un ingrat, même pour un méchant ; Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant.
Courte tâche ! La tombe attend; elle est avide ! Ah ! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux, Goûter, en regrettant l'été blanc et torride, De l'arrière-saison le rayon jaune et doux !
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le froid descend, les nuits s'étirent et la pluie tombe... Mer 3 Nov - 16:41 | |
| Guillaume Apollinaire
Automne malade.
Automne malade et adoré Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies Quand il aura neigé Dans les vergers
Pauvre automne Meurs en blancheur et en richesse De neige et de fruits mûrs Au fond du ciel Des éperviers planent Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines Qui n'ont jamais aimé
Aux lisières lointaines Les cerfs ont bramé
Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs Les fruits tombant sans qu'on les cueille Le vent et la forêt qui pleurent Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille Les feuilles Qu'on foule Un train Qui roule La vie S'écoule |
| | | sapotille Incontinent verbal
Nombre de messages : 486 Localisation : pour venir me rendre visite? mp Date d'inscription : 16/10/2004
| Sujet: Re: Le froid descend, les nuits s'étirent et la pluie tombe... Lun 22 Nov - 23:42 | |
| Apollinaire! Ce chemin Personne ne le prend que le couchant d'automne. Bashô Le vent d'automne fait fureur mais haut dans le ciel les nuages sont immobiles. Rogetsu | |
| | | Hématite Incontinent verbal
Nombre de messages : 330 Date d'inscription : 19/10/2004
| Sujet: Re: Le froid descend, les nuits s'étirent et la pluie tombe... Lun 22 Nov - 23:49 | |
| Nuit d'hiver Comment dormir Quand la mer ne dort pas?
(c'est mon haïku d'hiver préféré mais je ne me souviens plus du nom de l'auteur, ça se trouve quelque part dans mon anthologie de haïku) | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le froid descend, les nuits s'étirent et la pluie tombe... Sam 27 Nov - 22:04 | |
| "Dans le jour finissant de la terre Le souffle de l'automne long Est venu jaunir le sol. Erre un vent indécis, Tel dans le sommeil un mauvais rêve, Dans la livide solitude.
Il soulève les feuilles, dépose Les feuilles, vire et virevolte, Se dissipe à nouveau, encore. Mais la feuille ne repose pas Et livide, le vent tourbillonne, tout expirant dans sa lividité.
Je ne suis plus ce que j'étais; J'ai mis à mort ce que j'ai rêvé; Et même celui qu'aujourd'hui je suis, Demain j'en dirai, que ne puis-je Le devenir à nouveau!...Encore plus froid, Revient déjà le vent indécis."
Fernando Pessoa (Cancionneiro) |
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| Sujet: Re: Le froid descend, les nuits s'étirent et la pluie tombe... | |
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