Les contes et nouvelles que vous aimez?

Incontinent verbal Nombre de messages : 330 Date d'inscription : 19/10/2004

Quels sont les contes, nouvelles ou courts récits que vous avez le plus aimé? et au passage, est-ce que vous pouvez m'en conseiller de bons, je suis preneuse... j'ai besoin de lectures allègres, vivantes et rapides pour m'aider à supporter la chiantitude de mon boulot monotone...

En nouvelles je demeure une fan de celui que beaucoup considèrent en France comme LE champion de la nouvelle: Maupassant! avec un faible pour "Le Horla", "La fenêtre", "L'inconnue", "La rempailleuse" (un doute sur le titre pour cette dernière, je vais vérifier, c'est l'histoire d'une petite rempailleuse de chaises qui se consume sa vie durant, jusqu'à la vieillesse et la mort, pour un pharmacien prospère, ingrat et creux) et pas mal d'autres...

Sinon j'ai bien aimé les "Contes cruels" de Villiers de L'Isle-Adam (voir "Véra" en section "nouvelles"), une bonne partie des contes fantastiques de Gautier ("La Morte Amoureuse" et aussi un gros faible pour "Jettatura", une nouvelle où un personnage est taxé par les autres de "jettatore": il lui suffit de regarder quelqu'un avec insistance pour lui jeter le "mauvais oeil". On ne sait jamais vraiment, jusqu'à la fin, si la série d'événements malheureux qui se produisent sur le passage du héros sont dus au hasard ou à une réelle malédiction).

Du côté science-fiction je m'étais régalée en lisant les nouvelles de Robert Silverberg (mais c'était une anthologie, "le livre d'or de la science-fiction"). Beaucoup sont très inventives et il y a souvent pas mal d'humour.

En contes, je reste une fan des "Mille et Une Nuits". C'est vivant, très sensuel et la langue en est délicieuse, poétique, légère et charmeresse (du moins dans la traduction d'Armel Guerne où je les ai découvertes). Il ne s'agit pas juste de contes-à-péripéties-où-le-prince-épouse-la-princesse-à-la-fin (même si ça finit souvent comme ça) mais c'est tout un univers oriental mystérieux, subtil et profond qui y vit: les maléfices des zoroastriens ou adorateurs du feu, les palais somptueux des monarques d'Arabie, les langueurs du thé, des parfums, du chant du luth et de l'encens, les cités mystérieuses enfouies sous le sable des déserts, les danses ensorcelantes des belles esclaves, les charmes des hammams, et tous ces festins bourrés d'épices et de gâteaux dégoulinants de miel (et autres cochonneries hypercaloriques dont des êtres jeunes et miraculeusement beaux s'empiffrent sans prendre un gramme). Ben quoi? on a le droit de rêver...
Et j'ai beaucoup aimé les "contes zen" de Henri Brunel, petits apologues d'Asie souvent simples, légers et touchants, brossés avec subtilité comme de fines estampes.

Et depuis peu, j'ai découvert les nouvelles de Süskind, pour la plupart drôles, vivantes et regrettablement éclipsées, peut-être, par son chef-d'oeuvre "Le Parfum". A lire si vous pouvez: "un combat", "l'exigence de profondeur", "le pigeon"...

Vous, personnellement, vous me conseilleriez quoi? read

Hématite a écrit:: Quels sont les contes, nouvelles ou courts récits que vous avez le plus aimé?
(...)
Il ne s'agit pas juste de contes-à-péripéties-où-le-prince-épouse-la-princesse-à-la-fin (même si ça finit souvent comme ça)
(...)
Vous, personnellement, vous me conseilleriez quoi?

Les contes-à-péripéties-où-le-prince-épouse-la-princesse-à-la-fin sont dits « contes russes », parce qu'un certain Prokop les a étudiés de manière exhaustives. ils servent de modèle à la plus grande partie de la littérature de fiction occidentale (leurs ingrédients sont : le héros, la princesse, le vilain et 1ère partie : la bagarre, 2e partie : les épreuves, enfin : le dénouement).

Dans les auteurs novellistes contemporains éventuellement faciles à trouver en bibliothèque, je te recommande Georges-Olivier Châteaureynault, et Éric Faye. Deux écrivains discrets dont la forme vaut le fond.

À ce propos, tu devrais recevoir la semaine prochaine un gros livre qui devrait de faire de l'usage, non, ce ne sont pas des nouvelles, mais ça t'intéressera quand même - et ça ne te prendra pas inutilement la tête.

Invité

C'est par le fantastique que je suis entrée dans le domaine de la nouvelle, avant même de lire MAUPASSANT qui, ainsi que tu le dis, Hématite, en a écrit d'excellentes. Mais pour ma part, j'ai un faible pour les Britanniques.

Montagu R. JAMES, qui devint en fin de carrière principal du collège d’Eton, est considéré comme l’un des grands maîtres des « spook stories. » « Le Comte Magnus », nouvelle très souvent reprise dans les anthologies, est une variation sur le vampire aristocrate : ici, un érudit sceptique et fanfaron le « rappelle » de l’Au-delà. « Le Numéro 13 » brode sur la coutume qui veut que les hôtels danois n’aient pas de chambre portant ce numéro. Le héros débarque donc dans la chambre 12 mais il ne tardera pas à se rendre compte que la chambre N° 13 n’est pas aussi absente qu’il y paraît. « Le Frêne » évoque la réincarnation d’une sorcière dans un arbre. Quant à « L’ombre sur la Route » - je ne suis pas sûre de ma mémoire pour ce titre – elle reste à mon sens l’histoire la plus abominable de son auteur. Il y est question du manuscrit d’un ouvrage à prétention ésotérique, envoyé à un universitaire dans le but d’obtenir son approbation mais qui, après avoir été taxé de divagations d’un esprit dérangé, est dédaigneusement renvoyé à son auteur. De ce jour, l’universitaire commence à se croire suivi par un être maléfique et un jour, bien entendu, on le retrouve mort. S’ensuit alors une petite enquête pour confondre le coupable et surtout pour déterminer avec exactitude quels moyens il a employé car sa victime est en fait morte de peur.

Ann BRIDGE, pseudonyme de lady Mary DOLLING O’MALLEY, écrivit de nombreux romans dont « L’Herbe aux Magiciennes » et « Printemps d’Illyrie » ainsi que des nouvelles dont certaines traitent des thèmes fantastiques avec un raffinement et une subtilité rarement égalés. Elles sont malheureusement très peu nombreuses. Je n’en ai lu que deux : « La Limousine Bleue », histoire de l’étrange hantise qui se manifeste dans la limousine de la femme d’un diplomate venue rejoindre son mari dans le Quartier des Légations, à Pékin et « L’Accident » dont l’action se déroule à Zermatt et met en scène un frère et une sœur désireux de faire de l’alpinisme et qui n’arriveront jamais à destination. A ma connaissance, « L’Accident » avait été repris par Roger CAILLOIS dans son « Anthologie du Fantastique », parue chez GALLIMARD et malheureusement épuisée.

Si Montagu R. JAMES fit des fouilles à Chypre, Edward Frederic BENSON, lui, devait en faire à Athènes et en Egypte. Troisième fils d’un archevêque anglican et frère d’un dissident qui, converti au catholicisme, devint camérier de Pie X, BENSON, entre deux romans classiques et une biographie de la reine Victoria, écrivit quatre recueils de contes fantastiques. Sa nouvelle la plus reproduite dans les anthologies françaises demeure « La Chambre dans la Tour », récit parfaitement maîtrisé qui mêle le thème du cauchemar récurrent à celui d’un vampirisme inexpliqué.

Autre incontournable anglais : William Hope HODGSON, devant lequel LOVECRAFT lui-même s'inclinait. "Les Canots du Glen Garrig", c'est lui. Obsédé par la mer, il plaça sur celle-ci quelques uns de ses meilleurs récits dont "Les Pirates Fantômes" qui s'apparente tout de même plus au roman, fût-il court, qu'à la nouvelle. Son schéma favori tourne autour de naufragés que la faim contraint à absorber des fruits qui, peu à peu, les transforment en ... Je ne vous dirai pas en quoi. A vous de lire ! :P

Et puis Sheridan LE FANU. Si sa "Carmilla" est probablement le premier récit à mettre en scène, de façon claire, la bisexualité du thème vampirique, il a aussi écrit de véritables petis bijoux noirs et angoissants comme "Le Juge Harbottle" où l'on voit un magistrat implacable et proche du sadisme passer à son tour en jugement devant un mystérieux tribunal ; "Thé Vert" qui semble raconter d'étouffantes hallucinations ; ou "Le Siège de la Maison-Rouge", relation des étranges phénomènes qui se déroulent dans une maison de Dublin.

Viennent ensuite les Américains.

Premier de tous à mes yeux, Ambrose BIERCE, surtout connu pour « Le Troisième Orteil du Pied Droit » - une histoire de maison hantée où la victime revient se venger de son meurtrier. Signalons au passage qu’on ne sait pas exactement comment mourut BIERCE qui, à soixante-et-onze ans, avait eu l’idée de rejoindre l’armée de Pancho VILLA. (Sa disparition devait d’ailleurs inspirer à Gerald KERSH une nouvelle dont l’humour noir aurait certainement ravi le « Maître » : « Le Secret de la Bouteille », relevée dans « Histoires A Faire Peur » présentées par HITCHCOCK dans Le Livre de Poche.)

En-dehors de son mythe des Grands Anciens, LOVECRAFT a rédigé des nouvelles tout bonnement horribles, comme "Le Réanimateur" par exemple. Ces nouvelles-là se retrouvent dans "Dagon."

Parmi ses disciples et amis, trois sortent du lot : Robert Ervin HOWARD, dont la création de Conan le Barbare devait rejeter dans l’ombre des nouvelles fantastiques d’une réelle qualité comme « Le Serpent du Rêve », cauchemar étouffant et meurtrier ; Frank Belknap LONG dont « La Deuxième Nuit en Mer » est d’autant plus abominable que l’auteur ne donne aucune explication, logique ou illogique, au phénomène qu’il décrit ; et bien sûr le fringant Robert BLOCH, touche-à-tout capable du meilleur comme du pire. « La Cape de Soie Noire » appartient sans nul doute à la première catégorie.

Enfin l’inégalé Richard MATHESON qui, dès sa première nouvelle, traduite en français sous un titre (« Journal d’un Monstre ») qui ne rend absolument pas justice au titre original : « Born of man and woman », s’affirme comme un « grand » du genre. Dans le même style, « La Robe de Soie Blanche » présente une vampire d’un nouveau genre. MATHESON devait d'ailleurs produire l'une des variations les plus originales du thème du vampire avec son roman, "Je suis une légende."

Et puis, last but not least, les Français. Hématite a parlé de MAUPASSANT. Il me reste donc à évoquer, sur le plan fantastique uniquement, Prosper MERIMEE avec « Lokis » qui traite d’une forme de lycanthropie en pays russe ou polonais et « La Vénus d’Ille » où la statue d’une déesse antique s’anime pour le pire. Et puis, bien sûr, Jean-Louis BOUQUET, superbe et raffiné, notamment avec son extraordinaire « Alouqa ou la Comédie des Morts. »

Dernier novelliste francophone qu'on ne saurait oublier de citer : Jean RAY. "Le Gardien du Cimetière" m'avait beaucoup troublée quand je l'avais lu pour la première fois - j'avais 14 ans. Elle a quelque chose de Stephen KING. Plus connue est "La Ruelle Ténébreuse", qui reprend le thème de l'aberration temporelle et spatiale et que l'on retrouve dans maintes anthologies. Au contraire, comme "Le Gardien du Cimetière", "L'Assiette de Moustiers" - une assiette hantée, en quelque sorte - ou la mystérieuse et diabolique "Choucroute" ne sont connues que des aficionados.

Mais, bien sûr, ma liste n'a rien d'exhaustif. Et je compte faire un autre post pour les nouvelles pour lesquelles j'ai un faible et qui ne relèvent pas du fantastique ou de l'épouvante. :AD:

Jolie récitation. C'est de la bonne recopie d'encyclopédie. Bravo.

Invité

Tiens ! Le Pollueur de Fils ! ... Comment va, mon cher ? Vos "nerfs" ne sont toujours pas passés ? ... Vous devriez consulter la Faculté : si ce n'est pas trop tard, bien sûr ... Mr green

PS : votre "signature" vous va comme un gant. Quant à savoir si CELINE vous aurait apprécié, c'est une autre histoire ...

Invité

Fulmicoton, je souhaite vous dire ceci : en dépit de la culture et de l'intelligence qui sont les vôtres, je vous tiens pour un rampant particulièrement vil. Vous bavez ici depuis des jours sans que personne n'y comprenne rien. Ecrire que vous passez vos nerfs ou que vous souffrez de troubles hormonaux, c'est peu, trop peu pour une telle débauche de hargne, d'envie et de haine, ce dernier mot n'est pas trop fort.

Je vous prie instamment de cesser de prendre Ane Sacré pour tête de Turc. Vous ne vous étonnerez pas de trouver ce message dans cette rubrique que vous considérez, c'est à croire, comme un déversoir pour les flots de votre bile : vos basses insinuations ayant l'outrecuidance de sortir du caniveau pour ramper au grand jour, il convient de les mettre au pas en public.

Vous n'aimez pas Ane Sacré et vous ne l'avez jamais appréciée ? Ma foi, c'est votre droit mais vous eussiez dû le manifester un peu plus tôt. Alors, de grâce, veuillez cesser de vomir sur chacun de ses messages. Vous parlez souvent de dignité, de ce que vous êtes et de ce que ne sont pas les autres mais c'est bien votre attitude à vous qui, en l'espèce, manque de la plus élémentaire élégance.

Heurtebise a écrit:: Fulmicoton, je souhaite vous dire ceci : ...

Marrant cette chiasse de rancœur qu'ont certains ! Arsen aurait-il raison quant au rapport entre l'Être et le forum ?

Bref, c'était inutile votre dit, je m'en tape.

Merci de votre attention.

@ Fulmi : tu cherches, quand même rolleyes

@ Hématite :
Quelques recueils decontes et nouvelles que j'ai particulièrement appréciés :

Italo Calvino : Les villes invisibles.
Catalogue de villes imaginaires qu'un Marco Polo historique et visionnaire aurait visitées. Voyage exotique et déroutant...

Karen Blixen : Sept contes gothiques.
Un classique. Contes gothiques parce que romanesques, chevaleresques, qui se déroulent dans un Danemark du XIXè s., parfaitement ciselés.

Alberto Moravia : Nouvelles romaines.
Féroces et grinçantes, ces nouvelles décrivent le petit peuple de Rome et une dolce vita qui n'a rien de fellinien.

Hermann Hesse : Une petite ville d'autrefois.
Drames feutrés de la bourgeoisie provinciale allemande, au début du XXè s.

jean Vautrin : Dix-huit tentatives pour devenir un saint
Totalement différentes, huit histoires de pauvres gars ou filles à qui la vie en fait voir des vertes et des pas mûres...

Elias Canetti : Les voix de Marrakech
Beaucoup de sensibilité et de gravité dans ce recueil, fruit d'un voyage au Maroc en 1953.

E.T.A. Hoffmann : Nouvelles musicales
Inventions opétiques d'un musicien écrivain, parmi lesquelles Le chevalier Gluck et Dom Juan.

Boccace : Le décaméron
Parce que c'est incontournable... et drôle

Croustine a écrit:: [color=red]@ Fulmi : tu cherches, quand même

Mieux. Je trouve. Une 'tite ligne de rien du tout de provoc' bien ciblée, et, hop, je me récolte deux pavés de raciocinades bien senties. Quelle moisson ! Et ces gens qui croient que je ne les apprécie pas !

Croustine a écrit:: Italo Calvino : Les villes invisibles.

J'ajoute, encore plus chouette que les Villes invisbles : les Cosmicomics. L'histoire de l'humanité délirante et racontée par le vieux Pfwfp qui était déjà là avant la création du monde...

Fulmi a écrit:

Croustine a écrit:: Italo Calvino : Les villes invisibles.

J'ajoute, encore plus chouette que les Villes invisbles : les Cosmicomics. L'histoire de l'humanité délirante et racontée par le vieux Pfwfp qui était déjà là avant la création du monde...

Oui, j'aurais pu le citer, j'adore tout Calvino...
C'est le problème de picorer, on laisse toujours des grains qui ont l'air meilleurs que les autres ... wink

Incontinent verbal Nombre de messages : 330 Date d'inscription : 19/10/2004

Merci à tous pour vos conseils, je fais peut-être une "razzia bibliothèque" mercredi prochain alors je vais les mettre en pratique... j'ai déjà emprunté Eric Faye, je commence demain!

Croustine pour le Décaméron, tu me fournis une confirmation, ça fait déjà un certain temps que j'avais envie de lire... si je ne me plante pas c'est de cet ouvrage que La Fontaine a tiré plusieurs de ses contes libertins (lesquels contes sont parfois assez sympathiques). Idem Âne Sacré, merci pour "Carmilla" que je voulais lire et que j'avais perdue de vue.

A plus tout le monde! coucou

Hématite a écrit:: j'ai déjà emprunté Eric Faye, je commence demain!

Lequel ?

Des extraits de Cosmicomics, sauvés des oubliettes de Voilà :

« Je préfère ne pas me souvenir du temps de la grande maladie. Jamais je n'aurais cru que j'y échapperais. La longue migration qui me mit à l'abri, je l'accomplis à travers un cimetière de carcasses décharnées, sur quoi une crête, ou une corne, ou un morceau de cuirasse, ou un lambeau de peau toute écaillée rappelaient seuls l'ancienne splendeur de l'être vivant. Et sur ces restes travaillaient les becs, les rostres, les crocs et les ventouses des nouveaux propriétaires de la planète. Quand je ne vis plus trace de vivants ni de morts, je m'arrêtai.

Sur ces hauts plateaux désertiques, je passai des années et des années. J'avais survécu aux embuscades, aux épidémies, à l'inanition, au gel : mais j'étais seul. je ne pouvais pas rester là-haut pour l'éternité. Je me mis en route vers le bas.
Le monde avait changé : je ne reconnaissais plus ni les montagnes, ni les fleuves, ni les plantes. La première fois que j'aperçus des êtres vivants, je me cachai ; c'était une bande de Nouveaux, des individus petits mais puissants. »
(Extrait des dinosaures)

« Des méduses transparentes affleuraient à la surface de la mer, elles vivraient un peu, et prenaient leur vol vers la Lune en ondulant. La petite Xlthlx s'amusait à les attraper en l'air, mais ce n'était pas facile. Une fois qu'elle tentait d'en saisir une avec ses petits bras, elle fit un petit saut et elle se trouva en suspension à son tour. Maigrichonne comme elle l'était, il lui manquait un peu de poids pour que la gravité, l'emportant sur l'attraction lunaire, la ramenât sur Terre : ainsi elle volait parmi les méduses, au dessus de la mer. Aussitôt elle prit peur, elle pleura, puis elle se mit à rire, et à jouer en attapant au vol les crustacés et les petits poissons, en portant à la bouche quelques uns et en les mordillant. Nous ramions de manière à rester derrière elle : la lune s'en allait en suivant son ellipse et traînant cet essaim de faune marine à travers le ciel, et une ribambelle de longues algues qui faisaient des boucles, et la fillette se trouvait donc au milieu de tout ça flottant dans l'air. Elle avait deux fines tresses, Xlthlx, dont il semblait qu'elles volaient pour leur compte, toutes tendues vers la lune ; mais en même temps elle lançait des ruades, elle frappait l'air de ses tibias, comme si elle avait voulu combattre ce mouvement qui l'entraînait, et ses chaussettes — elle avait perdu ses sandales en s'envolant — ses chaussettes lui sortaient des pieds, et elles pendaient, attirées par la force de la terre. Nous, sur l'échelle, nous cherchions à les saisir. » (Extrait de la récolte de lait de lune)

Pour les nouvelles, j'aime particulièrement celles de Virginia Woolf, publiées un peu n'importe comment avec n'importe quoi, mais chez Points c'est "La fascination de l'étang" (25 nouvelles)

Aux Editions L'Age d'Homme - Petite bibliothèque slave, il y a également de petites perles comme "Nouvelle prose serbe", "Titanic, et autres contes juifs de Bosnie" d'Ivo Andric (Motifs) ou "Le jardinier de Sarajevo" de Miljenko Jergovic (Babel). Pour ce dernier, si vous aimez la filmographie de Kusturica, vous devriez herz

ce recueil.

Une des nouvelles est ainsi introduite, je trouve que ça résume bien le livre :
"Je sais quelle est la vitesse de la lumière,
mais on ne nous a pas appris
quelle est celle des ténèbres !"
(Dino, 12 ans, élève de Zenica provisoirement scolarisé à Zagreb.)

tibisou

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