Pluyette : Les béquilles

« Les béquilles » de Patrice Pluyette.

A l’occasion de « La Nuit des Libraires », j’ai rencontré le jeune écrivain Patrice Pluyette. Dans la même librairie, ce soir-là, je faisais une lecture de « Laissez-moi », le livre de Marcelle Sauvageot, et lui était venu pour rencontrer les lecteurs de son premier roman « Les béquilles » paru à l’automne aux Editions Maurice Nadeau.
Patrice Pluyette (27 ans) a renoncé à la carrière d’enseignant à laquelle il s’était préparé pour se dédier exclusivement à l’écriture. Je dois dire que le jeune homme très sympathique, plein d’humour et de charme, a séduit son auditoire et que nombre des personnes présentes sont reparties avec son livre entre les mains. J’en fis autant…
Je découvrais donc, le lisant d’une traite, ce curieux petit livre de 107 pages dont le sujet pourrait paraître bien insignifiant.

Un cascadeur, spécialiste des chutes, se casse le petit orteil…en le heurtant contre un mur, chez lui, dans sa précipitation pour aller répondre au téléphone !...Le voilà donc condamné pour un mois à renoncer à ses activités professionnelles et surtout à porter des béquilles.
Ce qui aurait pu le rendre grincheux et mélancolique va soulever chez lui des élans d’enthousiasme, une vraie passion.
Très vite il mesure les avantages que présente le fait de porter des béquilles : c’est une porte qu’on vous tient, une place assise qui se libère pour vous dans le bus, c’est le regard et l’attention des autres qui se portent sur vous…Et pour le cascadeur ce sera même l’installation de sa charmante voisine à son domicile . Becky, une artiste-peintre, viendra en effet installer pinceaux, peintures et chevalet dans sa cuisine pour mieux pouvoir l’aider au quotidien…
[« Béquilles » ?... « Becky » ?...Patrice Pluyette jure dans un sourire qu’il n’avait même pas remarqué la ressemblance de ces deux mots…Non, non, …lui il a choisi le nom de Becky en souvenir de la petite amie de Tom Sawyer !...]
Bref !...Outre les avantages déjà cités, les béquilles donnent au cascadeur l’occasion d’une rêveuse et attentive observation de lui-même tandis qu’il entreprend un voyage intime.
Elles changent son regard sur son environnement.
Elles l’obligent à prêter attention à chaque geste, chaque déplacement…
Et Patrice Pluyette le raconte de façon séduisante, avec une bonne dose d’humour, de malice même, sur un ton un peu décalé.

La critique a salué très favorablement ce premier roman. A son propos, on pouvait lire dans Le Monde que « le lecteur ralentit volontiers sa marche pour goûter l’art et la manière subtile du jeune romancier ».
Patrice Pluyette fut l’invité d’Alain Veinstein dans son émission « Surpris par la Nuit » sur France Culture. Le livre a reçu le label « France Culture ».
J’ai vu qu’il était aussi dans les « Coups de cœur » chez Virgin…

Petit extrait : (contre toutes ses habitudes, il prend goût à aller s’entraîner à marcher en forêt)
« Chez certaines personnes, la forêt est le lieu de l’ennui par excellence, de la petite mort. Je le pensais aussi. Le mouvement perpétuel de la ville éclatait sa rumeur au-devant de la mienne, moins puissante, me laissant libre, pour un temps, de ne plus penser, de m’oublier. Du moins le croyais-je. La forêt nous grandit. Elle ne nous impose rien. Son silence s’abat et se mesure au nôtre, exhibant sous nos yeux la plaie qui en s’ouvrant nous effraie : le vide. On en sort chaque fois plus puissant. J’ai éprouvé tout cela. »

Je fais remonter ce message que j'avais posté pour annoncer parmi les livres de cette rentrée (il n'y a pas que Houellebecq!)...le second livre de Patrice Pluyette: "La lettre à Anna"... (Fayard)

Quatrième de couverture: "Samuel, un jeune violoniste, hante le Paris des années folles. Il a le swing dans le sang. Avec Anna, une pianiste, sa compagne, ils partent en tournée. C'est la gloire.
Sa vie paraît toute tracée et comme réglée sur du papier à musique: elle aura la forme d'un violon et il la traversera en smoking.
Mais c'était sans compter l'Histoire et ses fausses notes. Raflé durant l'Occupation, comme tant d'autres, c'est armé de son instrument et de son seul archet qu'il va devoir aller jusqu'au bout de l'enfer.
De ce voyage naîtra une oeuvre, l'oeuvre ultime, la plus intime qui puisse être: La lettre à Anna.
Après tant de mots et d'images qui ont tenté d'évoquer l'inexprimable, le récit de Didier Goupil résonne comme un point d'orgue. A mesure, la blancheur envahit les pages, comme la neige et les cendres, là-bas, ont enseveli les morts.

Il m'avait bien plu ce jeune écrivain drôle et modeste...
De lui aussi, "Femme du monde"...et "La Mie des Livres"

[quote="Anonymous
Mauvaise manoeuvre...Excuse-me Impatient Bear!

Ouh la!..J'étais perturbée le jour où j'ai posté ...
J'ai confondu Patrice Pluyette et Didier Goupil!...
Il faut dire que j'ai rencontré ces deux auteurs l'an dernier à des moments assez rapprochés et dans des circonstances un peu semblables...J'ai aussi acheté leur nouveau livre en même temps, cette rentrée...et enfin, je doisavouer que je suis un peu étourdie...
Bref...Les amateursde littérature de ce forum (qui ne laissent généralement rien passer)n'ont rien remarqué...
Ils n'ont jamais dû lire ce post toutaccaparés qu'ils étaient par le livre de Houellebecq...
Je rends à César...
"La lettre à Anna" est de Didier Goupil...Le livre de patrice Pluyette, c'est "Un vigile".

UN VIGILE. Patrice Pluyette

Un récit de Patrice Pluyette sélectionné par Télérama et France Culture. Elu roman français préféré de la rentrée sur le forum de Télérama.fr (1)
(1) Un vigile a recueilli 27 % des voix à l'issue du vote départageant les dix romans français sélectionnés par les rédactions de Télérama et France Culture.

(2) Exrait : "En somme, je dois garder une concentration à toute épreuve. Cela dit, en posant le fait que certains moments d'attente sont longs et que, avant qu'ils soient longs, je ne peux savoir qu'ils seront longs, je me suis permis de me donner ce droit de relâcher ma concentration. J'ai donc mis au point une conduite dite de somnolence dynamique où tout est présentable, irréprochable, néanmoins réduit de moitié, de sorte que l'autre moitié permet de récupérer en même temps que l'effort se produit : une concentration moyenne laisse sous un même crâne deux fois plus de place à la rêverie qu'une concentration totale."

Vigile, le narrateur travaille dans une tour abritant une salle de sports où il passe sa journée debout près d'une porte à contrôler des badges... Travail ennuyeux ? Pas pour le vigile silencieux de ce court roman dont l'univers est très riche.
« Je ne parle pas (on ne parle pas aux portes). Je ne bouge pas. Ma vie est ainsi faite : droite, plate. Je suis en quelque sorte une porte mais une porte qui pense. »
Il a acquis une maîtrise assez poussée de sa pensée et a fini par trouver une réelle excitation à s'ennuyer. Le temps passe et il apprend a transformer les petits riens en sujet de rêverie : un clou sur le mur, le couinement d'une paire de baskets, la trotteuse de sa montre... tout est bon pour que le temps paraisse moins long.
Sa vie aurait pu continuer ainsi des années durant, mais un jour la porte qu'il est censé garder, se ferme pour une période indéterminée. Des travaux commencent et la tour se vide ...Voici le vigile livré à lui-même, sans plus de nécessité d'être là …
Que devient un vigile chargé de surveiller une porte que plus personne n'emprunte?

Critiques :
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"On peut être surpris et dérouté par la banalité de l'histoire, mais il ne faut pas s'y tromper : le style de l'auteur se cache derrière ces apparences. Patrice Pluyette signe un deuxième roman pur et rigoureux." (FNAC)

« Un vigile est une formidable réussite, un objet inclassable, cocasse, aussi drôle qu'inquiétant par son flirt avec l'absurde, porté par une plume caméléon, d'une plasticité virtuose. Après Les Béquilles, l'histoire d'un cascadeur victime d'un banal accident, qui trouvait grâce à une paire de béquilles une nouvelle façon d'exister, Patrice Pluyette, né en 1977, spécialiste du théâtre de Ionesco, impose un talent décidément très personnel. » (Télérama)




Biographie Patrice Pluyette

Né en 1977 à Chevreuse, dans les Yvelines, Patrice Pluyette a fait des études de lettres (Mémoire de maîtrise sur Le Merveilleux dans l'oeuvre théâtrale d'Eugène Ionesco) avant de renoncer à la carrière d'enseignant pour celle d'écrvain.


Bibliographie
- Un vigile, août 2005,
- Les béquilles, août 2004

http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/dossiers/2005/rentree_litteraire/fr_pluyette.php

Citation :

certains moments d'attente sont longs et que, avant qu'ils soient longs, je ne peux savoir qu'ils seront longs,

Citation :

Patrice Pluyette a fait des études de lettres

Comme quoi, Guenot a raison, les études de lettres nuisent à l'écriture. «Et que, avant qu'… », c'est franchement laid. Moi, j'aurais corrigé mon manuscrit avant de le publier.

Ca démarre bien pour lui en tout cas...Le Monde, France Culture, Télérama, etc...lui ont déjà consacré des articles et interviews...
Invité chez Veinstein, c'est pas mal tout de même!

coline a écrit:

Ca démarre bien pour lui en tout cas...Le Monde, France Culture, Télérama, etc...lui ont déjà consacré des articles et interviews...
Invité chez Veinstein, c'est pas mal tout de même!

Télérama et Le Monde, c'est le même journal. LM a racheté Télérama. LM des Livres, c'est le plus pourri de tous les journaux possibles. Si tu n'es pas au courant, c'est que tu vis sur Mars ! France-Cul, c'est bien.

Je l'avais remarqué, because il est chez Nadeau, ce qui n'est pas rien (comme le premier Houellebecq, d'ailleurs). Je suis d'autant plus étonné de trouver ce «Et que, avant qu'…» si laid. Vraiment, on n'apprend même plus le français basique (l'élision) aux études de lettres ? Pfff… Déjà la suite des que, ce n'est pas terrible !

Fulmi a écrit:

Télérama et Le Monde, c'est le même journal. LM a racheté Télérama. LM des Livres, c'est le plus pourri de tous les journaux possibles. Si tu n'es pas au courant, c'est que tu vis sur Mars !

Oui...d'ailleurs je repars...L'Auvergne, c'est tout à côté de Mars...N'arrivent chez moi que Le Monde et Télérama...Pauvre de moi!...C'est pourquoi je prends quotidiennement mon vaisseau pour descendre sur Vocabulis afin d'y prendre des enseignements indispensables...
Merci Fulmi! Chiao...

J'aime bien le "chiao", c'est rigolo.

coline a écrit:

Ca démarre bien pour lui en tout cas...Le Monde, France Culture, Télérama, etc...lui ont déjà consacré des articles et interviews...
Invité chez Veinstein, c'est pas mal tout de même!

Tout ça ne prouve rien, c'est accorder trop d'importance à des choses futiles.

Quant aux extraits que tu nous proposes, je ne les trouve guère probants non plus et trop courts, surtout quand ils sont entâchés de fautes de style comme ceux que Fulmi relève avec raison.

...Rien n'est à la hauteur de vos exigences, vous vous sentez supérieurs à tout le monde...
Vous jugez un livre sur une phrase...une personne sur un post...

Définitivement, je suis très fière de mon goût pour ce jeune auteur, Patrice Pluyette, il promet...En cela, je rejoins le choix de Maurice Nadeau...C'est tout de même une référence plus sûre que Le Veilleur et Fulmi (ce dernier encense qui il aime d'une façon si exagérée qu'elle en est, à la longue, fastidieuse et ridicule!...de la même façon, il condamne...)
Et merde!...vous avez remarqué que vous êtes presque tout seuls maintenant sur ce forum?...
Heureusement qu'il y a les blagues de Canaillette!...

A propos de Pluyette, je lisais tout à l'heure ceci concernant Prévert, et je trouve que cela pourrait s'appliquer tout aussi bien à lui:
"Une sensibilité souvent anarchisante, une attention systématique à tout ce qui, dans la réalité la plus quotidienne, recèle un ferment actif de liberté. "

Mais libre à vous de cracher dessus sans savoir de quoi vous parlez puisque vous ne l'avez pas lu...

coline a écrit:

Et merde!...vous avez remarqué que vous êtes presque tout seuls maintenant sur ce forum?...

Oui, j'ai remarqué. Les forums qui marchent bien sont ceux où tout le monde aime tout le monde, ce qui n'est guère intéressant, en vérité.

coline a écrit:

Vous jugez un livre sur une phrase...une personne sur un post...

C'est marrant, cette manie qu'on les gens de croire qu'on juge lorsque, simplement, on émet un avis, surtout un avis sur un détail.

coline a écrit:

...Rien n'est à la hauteur de vos exigences, vous vous sentez supérieurs à tout le monde...

S'il est vrai que la médiocrité en matière d'art et de littérature m'ennuie, je ne me sens pas supérieur pour autant ; d'ailleurs, je n'ambitionne pas de publier un livre, si tant est que je sois capable d'en écrire un. Mais ce n'est pas parceque je suis un mauvais écrivain potentiel que je dois approuver le règne de la mauvaise littérature.

Citation :

Vous jugez un livre sur une phrase...une personne sur un post...

Je n'ai jugé ni un livre ni une personne mais plutôt ta façon maladroite de nous vanter un livre en t'appuyant sur un extrait aussi dérisoire. Je ne m'enthousiasme pas aussi facilement ; si tu veux me donner envie d'en savoir plus, offre-moi quelque chose de plus consistant et de plus convaincant.

Citation :

Et merde!...vous avez remarqué que vous êtes presque tout seuls maintenant sur ce forum?...

Ah, non, je n'ai pas remarqué ; du reste, je n'ai pas été très présent ces derniers jours et il m'a semblé au contraire que les débats avaient été assez animés entre plusieurs intervenants dont je ne faisais pas partie.

Citation :

Heureusement qu'il y a les blagues de Canaillette!...

Je ne les lis pas. Heureusement que ce forum a d'autre intérêt qu'une compilation de blagues (soit dit sans vouloir offenser le moins du monde Canaillette).

Citation :

A propos de Pluyette, je lisais tout à l'heure ceci concernant Prévert, et je trouve que cela pourrait s'appliquer tout aussi bien à lui:
"Une sensibilité souvent anarchisante, une attention systématique à tout ce qui, dans la réalité la plus quotidienne, recèle un ferment actif de liberté. "

On pourrait l'appliquer tout aussi bien à des centaines d'auteurs, bons ou mauvais.

Citation :

Mais libre à vous de cracher dessus sans savoir de quoi vous parlez puisque vous ne l'avez pas lu...

Je ne crache pas, et je n'en parle pas : c'est toi qui en parles.

le Veilleur a écrit:

soit dit sans vouloir offenser le moins du monde Canaillette

pas de souci !

Canaillette a écrit:

le Veilleur a écrit:

soit dit sans vouloir offenser le moins du monde Canaillette

pas de souci !

...Canaillette, en t'y prenant comme ça, tu ne crains rien...Tu as tout compris, c'est comme cela qu'il faut faire (mais je ne sais pas!) pour que ces messieurs ne t'offensent pas...

coline a écrit:

Canaillette a écrit:

le Veilleur a écrit:

soit dit sans vouloir offenser le moins du monde Canaillette

pas de souci !

...Canaillette, en t'y prenant comme ça, tu ne crains rien...Tu as tout compris, c'est comme cela qu'il faut faire (mais je ne sais pas!) pour que ces messieurs ne t'offensent pas...

Il n'y avait pas lieu de s'offenser et elle ne s'est pas offensée : ce qui prouve qu'elle est moins susceptible que toi.

le Veilleur a écrit:

soit dit sans vouloir offenser le moins du monde Canaillette

...
[quote=Le Veilleur]Il n'y avait pas lieu de s'offenser et elle ne s'est pas offensée : ce qui prouve qu'elle est moins susceptible que toi.[/quote]

Pourquoi avais-tu pris ces précautions alors?

Je ne suis pas susceptible mais maladivement hypersensible et émotive...Ce n'est pas tout à fait la même chose...Bref...C'est un état de fait qui ne s'explique pas intellectuellement...Je me soigne...

coline a écrit:

le Veilleur a écrit:

Il n'y avait pas lieu de s'offenser et elle ne s'est pas offensée : ce qui prouve qu'elle est moins susceptible que toi.

Pourquoi avais-tu pris ces précautions alors?

Par politesse, au cas où elle aurait été susceptible ; mais je sais maintenant qu'elle ne l'est pas.