Les orages menaçants alourdissent l'atmosphère, agitée sur son lit elle ne dort pas.
La fenêtre grande ouverte, ses yeux mis-clos attendent l'éclair fulgurant, le dernier, celui qui vient juste avant la pluie, celui qui se confond avec le tonnerre, celui qui fait craquer la toiture à presque la pourfendre. Ses yeux se voilent comme pour cacher sa nudité, des perles salées couvrent sa peau, elle l'attend.
Dans le calme relatif annonçant le tumulte, le firmament s'écaille d'argent, et presque simultanément, le claquement sec ouvre une plaie béante dans le silence. Trois grosses gouttes mouillent le pavé, une à une elles se regroupent, s'amplifient, se multiplient. La pluie devient drue et fracassante, frappant le sol avec puissance, comme poussée par une envie de dominer le monde.
Elle se lève, s'approche de la fenêtre et tend sa main à la colère du ciel. L'eau ruisselle le long de son bras, descend sur le sol de la ruelle, et va rejoindre ce torrent qui s'enfuit vers on ne sait où, vers on ne sait qui. La rivière, le fleuve, la mer, une larme, le rejoindre là-bas... où est-il ?
Reviendra-t-il un jour ?