Le livre de Jérémie
De et avec Asia Argento
Une jeune femme d’une vulgarité extrême vient récupérer son petit garçon de sept ans chez sa famille d’accueil, la seule qu’il connaisse. Commence alors un road-movie au cours duquel cette mère, qui s’enfonce dans la drogue et dans une prostitution de plus en plus glauque, alterne entre des attitudes possessives et un je-m’en-foutisme total à l’égard de son enfant.
Adaptation du livre de JT Leroy qui, semble-t-il, est une autobiographie (je ne l’ai pas lu, en tout cas, pas pour l’instant), on aurait pu craindre de cette histoire un récit dégoulinant de bons sentiments où, après un début où elle se montre indigne de son rôle de mère, les deux personnages se retrouveraient dans un sain amour mère-fils.
Le traitement est clinique, une photographie crue, une camera à l’épaule bien utilisée (c’est rare), parsemé d’images oniriques ; en cours de route des liens se tissent entre les deux personnages, des liens qui deviendront de plus en plus solides, pour le meilleur et, surtout, pour le pire. Fort heureusement, Argento joue peu sur les sentiments (cf. le viol du garçon), elle construit ses personnages et leur évolution, et les plonge dans un univers trash avec beaucoup d’intelligence, avec une mise en scène troublante, dérangeante, très fort. La scène où la mère habille et maquille son fils en lolita (qui a donné l’image de l’affiche) est extraordinaire.
A titre personnel, j’ai beaucoup aimé, mais je comprendrais que d’autres aiment moins.