Dans la matinée du lendemain, devant la maison de la mère Roger. Arrive le camion de l'épicier qui fait sa tournée. Il klaxonne, Marie Patinette, la Mère Roger et Madame Clarisse sortent chacune de leur maison.
L'EPICIER: Bonjour Mesdames, le temps de m'installer et je suis à vous...
MERE ROGER: Allez-y Monsieur Pecoeur, prenez votre temps, je ne suis pas préssée. Bonjour Marie. Bonjour Madame Clarisse.
MADAME CLARISSE: Bonjour Madame Roger. Si ça ne vous ennuie pas, je passerais la première. Je n'ai pas que ça à faire, moi.
MERE ROGER: Mais bien sûr, Madame Clarisse. Nous avons de la chance, Marie, de ne pas avoir de parquet à cirer, nous autres !
MARIE: Oh ! J'en voudrais pas, moi. Ca me suffit largement de les cirer chez les autres.
MERE ROGER: ( A l'épicier qui vient d'ouvrir son camion) C'est vous qui nous apportez ce beau temps, Monsieur Pecoeur ?
PECOEUR: Le beau temps et un tas de beaux produits ! Allons qui c'est la première?
MADAME CLARISSE: C'est moi, Monsieur Pecoeur, c'est moi ! J'ai un tas de choses à faire aujourd'hui, c'est pas rien de tenir une maison propre !
MERE ROGER: Surtout quand on a un homme qui met de la graisse partout en bricolant...
MADAME CLARISSE: N'empêche que vous êtes bien contente de le trouver pour réparer tout ce qui ne marche pas chez vous, Madame Roger... Bon, vous me donnerez une demie de beurre, Monsieur Pecoeur.
PECOEUR: Et avec ça, Madame Clarisse ? ( il lui tend le beurre.)
MADAME CLARISSE: Mais c'est du supérieur que vous me donnez là... Vous n'en avez pas un moins cher ?
PECOEUR: Si, bien sûr, Madame Clarisse, mais il est moins bon forçément.
MADAME CLARISSE: C'est pas grave.... Bon, il me faut aussi des pâtes, du riz et du saucisson... Pas trop frais...Ca part trop vite... Un camenbert...Pas fait....Si je le prends trop fait, Monsieur Clarisse me le finit en un seul repas. C'est pas économique....Qu'est-ce que vous avez comme fruits ?
PECOEUR: J'ai des pommes, de belles poires....Je vous les recommande....
MADAME CLARISSE: Elles sont encore trop chères. Non, donnez-moi un kilo de pommes....Voilà, ce sera tout. Je vous dois combien?
Pecoeur fait la note. Madame Clarisse lit le total.
MADAME CLARISSE: Tant que ça ! C'est incroyable ce que la vie augmente....Enfin... Bon, je vous quitte, j'ai à faire. Bonsoir Monsieur Pecoeur, bonsoir Madame Roger, bonsoir Marie.
LES AUTRES: Bonsoir Madame Clarisse.
Ils la regardent entrer chez elle.
MERE ROGER: Ah ! Je me demande comment on peut être aussi radine....Enfin, il faut de tout pour faire un monde ! A force de briquer ses parquets, elle va finir par passer au travers....
PECOEUR: Bof ! Chacun ses petits défauts, Madame Roger. Qu'est-ce que je vous sers ?
MERE ROGER: N'empêche que, pour avoirune maison avec du parquet quand on habite à la campagne, faut avoir la folie des grandeurs.....(En lui tendant une longue liste) Donnez-moi ce que j'ai écrit sur ma liste, ça ira plus vite pour vous comme pour moi.
( A la Marie) J'écris au fur et à mesure que j'y pense ; comme ça j'oublie rien et j'ai mes courses pour la semaine. C'est que je commence à vieillir, moi. J'ai plus le courage d'aller jusqu'à chez Angèle. Alors, comment ça va, la Marie ? Vous ne vous ennuyez pas trop sans le Patinette ?
MARIE: Oh ! J'ai pas bien le temps, Madame Roger. C'est le soir, bien sûr, ça fait un peu vide, mais on s'habitue, pas vrai ?
MERE ROGER: Sûr qu'on s'habitue. Et puis, si vous voulez mon avis, vous êtes bien plus tranquille comme ça.
MARIE: Ca, pour sûr.... Remarquez, il était pas méchant Patinette... C'était le vin...
MERE ROGER: Oui bien sûr, mais quand même... Moi, j'aurais pas permis à un homme de me taper dessus, vin ou pas vin.
Il buvait le Père Roger, mais j'aurais voulu voir qu'il essaie de me cogner...Boire un coup, ça oui, je lui laissais faire. Mais, à la maison, il fallait qu'il file droit. Vous avez été trop faible, ma fille ! Si on les laisse pas faire, y peuvent rien, les bonshommes !
Ah, elles me font rire les jeunesses avec leur libération de la femme ! Ca fait beau temps que j'suis libérée, moi.... Mais forçément, avec toutes ces mijorées qui se laissent taper dessus sans rien dire, y sont pas fous, les bonshommes, y z'en profitent. Enfin ! C'est plus de mon âge tout ça...Qu'elles fassent leurs expériences commee j'ai fais la mienne. Ca sert à rien de dire quoi que ce soit, elles en tiennent pas compte.
PECOEUR: Voilà, Madame roger. Vous voulez rien d'autre ? J'ai des fraise, si vous voulez...Elles sont un peu chères évidement, c'est les premières, mais elles sont bien bonnes.
MERE ROGER: C'est une idée ça....Donnez-m'en une livre....C'est pas que j'ai les moyens...Mais de là à se conduire comme l'autre avare là....(Elle montre la maison de Clarisse)
Sur ces entrefaites, arrive Frère Gérome en vélo. Il met pied à terre un peu à l'écart et avance lentement vers le groupe.
PECOEUR: ( A la Mère Roger)....Et quarante qui font deux cents ! Voilà Madame Roger, à la prochaine et bonne journée !
MERE ROGER: Bonne journée à vous aussi ! Bonne journée Marie et à tantôt.
MARIE: C'est ça Madame Roger, à tantôt.
La Mère Roger se dirige vers sa maison. Frère Gérome l'aborde alors...