mardi 13 septembre 2005, 20h24
Plus de 200 médicaments menacés de déremboursement en France
PARIS (AFP) - Le remboursement futur de plus de 200 médicaments paraît compromis, à l'heure où le gouvernement cherche par tous les moyens à faire des économies pour endiguer le déficit persistant de l'assurance maladie.
Jeudi, la Haute autorité de santé (HAS) rendra public un avis dans lequel elle se positionnera sur la pertinence du remboursement de plus de 220 médicaments à service médical rendu (SMR) jugé insuffisant. Une première piste pour le ministre de la Santé Xavier Bertrand, qui réfléchit actuellement à de nouvelles recettes afin que le déficit de l'assurance maladie, ramené de 11,6 mds d'EUR en 2004 à 8,3 mds d'EUR cette année, ne dérape pas l'an prochain.
Car la réalisation du plan de route fixé par la réforme de l'assurance maladie, notamment sur le poste médicaments, ne serait pas à la hauteur des espérances, selon plusieurs observateurs.
"Il manque cette année 900 M EUR à 1 milliard de recettes dans les caisses de sécu", a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
Aujourd'hui remboursés à 35% par le sécu, les 221 médicaments sur lesquels se prononcera la HAS sont pour l'essentiel "des veinotoniques, des fluidifiants bronchiques ou des plantes à visée sédative", a indiqué à l'AFP le secrétaire général de la Commission de la transparence - l'instance chargée de l'évaluation du SMR de ces produits - François Meyer.
Parmi les plus connus, l'Efferalgan vitamine C, le Locabiotal ou le Daflon, en font notamment partie, selon lui.
Ces médicaments étaient initialement au nombre de 245, mais 10% ont été "sauvés" par la deuxième évaluation de la Commission, a expliqué M. Meyer.
M. Bertrand peut décider ou non de dérembourser ces produits et, le cas échéant, de façon totale, pour une économie de 430 M d'euros par an, ou partielle, certaines sources évoquant la création d'un taux de remboursement à 15%.
La question est hautement politique: la mesure risque d'être impopulaire auprès des assurés, de certains médecins et bien sûr des laboratoires pharmaceutiques.
Si le gouvernement déremboursait, "cela aurait des conséquences très graves pour l'ensemble des Français et particulièrement pour les familles rencontrant déjà de graves difficultés", a réagi le PS.
La Mutualité française (98% des mutuelles) a une autre position. "Si les scientifiques dans leur grande majorité disent que des produits n'ont plus d'effets sur la santé de nos concitoyens, alors ce ne sont plus des médicaments et en cela ils ne doivent plus être remboursés", a expliqué à l'AFP son président Jean-Pierre Davant.
Une autre piste concerne la pénétration des médicaments génériques sur le marché, encore insuffisante selon le ministre.
Depuis 2003, certains médicaments de référence ne sont plus remboursés sur la base de leur prix de vente mais selon un tarif correspondant à la moyenne des prix des génériques existants. Il s'agirait d'étendre ce tarif à d'autres médicaments.
Par ailleurs, selon une source proche du dossier, le gouvernement réfléchit à un déremboursement partiel (de 35% à 15%) des médicaments pris en charge par la sécu pour les personnes souffrant d'une affection de longue durée (diabète, cancer, etc.). L'économie serait alors de 400 M d'euros.
Enfin, l'idée ancienne de créer un forfait à charge du patient sur les boîtes de médicaments est à l'étude, a indiqué lundi le Premier ministre, ce à quoi la CFTC s'est "fortement" opposée.
Toutes ces mesures, si elles étaient appliquées - sans doute dans le cadre du Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2006 - pourrait rapporter entre 1 à 1,5 mds d'euros d'économies, selon des sources concordantes.
source:http://fr.news.yahoo.com/050913/202/4kza7.html