Création et manifestation

Article de R. Guénon, premier paragraphe :

Citation :

Nous avons fait remarquer, en différentes occasions, que l'idée de "création", si l'on veut l'entendre dans son propre et exact, et sans lui donner une extension plus ou moins abusive, ne se rencontre en réalité que dans les traditions appartennt à une ligne unique, celle qui est constituée par le judaïsme, le christianisme et l'islam ; cette ligne étant celle des formes traditionnelles qui peuvent être dites spécifiquement religieuses, on doit conclure de là qu'il existe un lien direct entre cette idée et le point de vue religieux lui-même. Partout ailleurs, le mot de "création", si on tient à l'employer dans certains cas, ne pourra rendre que très inexactement une idée différente. pour laquelle il serait bien préférable de trouver une autre expression ; du reste, cet emploi n'est le plus souvent, en fait, que le résultat d'une de ces confusions ou de ces fausses assimilations comme il s'en produit tant en Occident (ndc : nous sommes en 1937) pour tout ce qui concerne les doctrines orientales. Cependant, il ne suffit pas d'éviter cette confusion, et il faut se garder tout aussi soigneusement d'une erreur contraire, celle qui consiste à vouloir voir une contradiction ou une opposition quelconque entre l'idée de création et cette autre idée à laquelle nous venons de faire allusion, et pour laquelle le terme le plus juste que nous ayons à notre disposition est celui de "manifestation" ; et c'est sur ce dernier point que nous nous proposons d'insister présentement.

Deuxième paragraphe du même article :

Citation :

Certains, en effet, reconnaissent que l'idée de création ne se trouve pas dans les doctrines orientales (à l'exception de l'islam qui, bien entendu, ne peut être mis en cause sous ce rapport), prétendent aussitôt, et sans aller plus au fond des choses, que l'absence de cette idée est la marque de quelque chose d'incomplet ou de défectueux, pour en conclure que les doctrines dont il s'agit ne sauraient être une expression déquate de la vérité. S'il en est ainsi du côté religieux, où s'affirme trop souvent un fâcheux "exclusivisme", il faut dire qu'il en est aussi qui, du côté antireligieux, veulent, de la même constatation, tirer des conséquences toutes contraires : ceux-là, attaquant naturellement l'idée de création comme toutes les autres idées d'ordre religieux, affectent de voir dans son absence même une sorte de supériorité (ndc : ce que Guénon fait d'ailleurs lui-même dans son livre intitulé Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues) ; ils ne le font d'ailleurs également que par esprit de négation et d'opposition, et non point pour prendre réellement la défense des doctrines orientales dont ils ne se soucient guère. Quoi qu'il en soit, ces reproches et ces éloges ne valent pas mieux et sont pas plus acceptables les uns que les utres, puisqu'ils procèdent en somme d'une même erreur, exploitée seulement suivant des intentions contraires, , conformément aux tendances respectives de ceux qui la commettent ; la vérité est que les uns et les autres portent entièrement à faux, et qu'il y a dans les deux cas une incompréhension à peu près égale.

Troisième paragraphe du même article :

Citation :

La raison de cette commune erreur ne semble d'ailleurs pas très difficile à découvrir : ceux dont l'horizon intellectuel ne va pas au-delà des conceptions philosophiques occidentales s'imaginent d'ordinaire que, là où il n'est pas question de création, et où il est cependant manifeste, d'autre part, qu'on n'a pas affaire à des théories matérialistes, il ne peut y avoir que du "panthéisme". Or on sait combien ce mot, à notre époque, est souvent employé à tort et à travers : il représente pour les uns un véritable épouventail, à tel point qu'ils se croient dispensés d'examiner sérieusement ce à quoi ils se sont hâtésde l'appliquer (l'usage si courant de l'expression "tomber dans le panthéisme" est bien caractéristique à cet égard), tandis que, à cause de cela même plus que pour tout aute motif, les autres le revendiquent volontiers et sont tout disposés à s'en faire come une sorte de drapeau. Il est donc assez clairque ce que nous venons de dire se rattache étroitement, dans la pensée des uns et des autres, à l'imputation de "panthéisme" adressée communément aux mêmes doctrines orientales (ndc : il me semble que Guénon a surtout l'hindouisme et l'ésotérisme islamique en vue dans ces lignes), et dont nous avons assez souvent montré l'entière fausseté, voire même l'absurdité (puisque le panthéisme est en réalitéune théorie essentiellement antimétaphysique), pour qu'il soit inutile d'y revenir encore une fois de plus.

Dans la suite, Guénon, après avoir comme de coutume émis de sévères critiques à l'encontre de la majorité de ses contemporains occidentaux, explique en résumant au maximum ce qu'il entend par l'idée de manifestation, et en quoi elle ne s'oppose pas nécessairement avec celle de création. Je posterai la suite de l'article un peu plus tard.

He bien je te remercie de cette entrée en matière, qui me laisse toutefois un peu sur ma faim. Allez René, arrête d'être aussi vague et allusif !

Baptiste a écrit:

Allez René, arrête d'être aussi vague et allusif !

Dis Baptiste, que penserais-tu de la photo de Céline Dion en guise d'avatar pour le Capt'ain ?

Anti

Baptiste a écrit:

He bien je te remercie de cette entrée en matière, qui me laisse toutefois un peu sur ma faim. Allez René, arrête d'être aussi vague et allusif !

La suite au prochain épisode.

Il est trop vague pour toi?

Bon, la suite sera moins évasive et plus centrée sur le sujet.

Il faut juste attendre que mon clavier aie à nouveau envie de fonctionner.

Anti : ze veux garder mon pitit Yoda, moi

Hello. Je remonte ce fil pour le trouver plus facilement quand j'aurais le temps de le compléter. Merci.

Fais comme chez toi, je te prie....