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 Souad, "Brûlée vive"

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Hématite
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Hématite


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MessageSujet: Souad, "Brûlée vive"   Souad, "Brûlée vive" EmptySam 23 Oct - 3:32

Alors oui, je sais, c'est le genre de bouquin archi-médiatisé dont on a entendu parler à tout bout de champ... en plus certains d'entre vous vont peut-être croire que je veux ramener sur le tapis les polémiques islam-pour-ou-contre qui incendiaient notre ancien lieu de discussion... je vous assure que ce n'est pas le cas, j'ai simplement lu aujourd'hui la première moitié de ce petit livre de 220 pages environ et je me sens indignée jusqu'à la gerbe. Du coup, je viens lâcher mon amertume parmi vous.

Souad, la narratrice de ce livre, a aujourd'hui dans les 45 ans. Elle témoigne de sa "première vie", puisque, comme elle le dit elle-même, elle est "morte" jadis dans son pays natal, et "née" à nouveau en Europe par la suite.

Souad naît dans une famille cisjordanienne de paysans aisés, avec pour point de départ LE handicap le plus merdique qui soit en ce coin arriéré : être une fille. Ceci dit, elle devrait être reconnaissante au ciel de n'être "que" la quatrième fille, cette ingrate rejetonne, parce que sinon, elle aurait fini comme les filles numéro 6 à 13 de la famille: étouffée très discrètement à la naissance sous une peau de mouton. Il faut dire que la mère de Souad s'est particulièrement mal démerdée progéniteurment parlant: depuis son mariage, à 14 ans, elle n'a pondu qu'un seul héritier mâle, Assad (je vous laisse imaginer la situation du bienheureux jeune homme, choyé comme le précieux trésor de la famille), et 4 filles, Noura, Kaïnat, Souad herself et Hanan; or, ainsi que le doux géniteur de ces 4 demoiselles se plaît à le leur cracher à la figure à longueur de journée (et de préférence quand elles rentrent crevées du taf journalier aux champs, transpirantes sous un panier d'olives ou de figues cinq fois plus gros que leur tête) une fille, c'est moins utile qu'une vache ou qu'un mouton et ça fait une bouche de plus à nourrir. En conséquence, la mère des 5 jeunes gens, en sage personne qu'elle est, décide de s'arrêter après la 4e fille, et d'étrangler tous les nourrissons qui auraient le malheur de naître femelle, comme ça plus d'emmerdes. N'était une phrase surprise dans la bouche de son grand-père "heureusement que sur 14 enfants, t'as eu au moins UN garçon", la naïve Souad n'eût jamais soupçonné le sort de ses soeurettes inconnues (elle aura un aperçu visuel plus que gore par la suite des étouffements posts-nataux pratiqués par sa tendre maman).

Quittons ces exquises données d'obstétrique pour en revenir au peu folichon quotidien de notre narratrice. L'univers de Souad, c'est son travail aux champs (crevant à souhait, m'enfin c'est une fille, il faut bien qu'elle serve à quelque chose puisque le frère bien-aimé partage son temps entre les promenades équestres, l'école et les sorties cinoches en ville. On peut pas tout faire bordel). C'est aussi sa famille, dominée par le tyran de service: le père. Une goutte de lait par terre, un thé trop long à chauffer, une tomate un peu verte dans la récolte, et c'est la rouste, administrée à coups de ceinture ou de canne ou parfois pimentée de réjouissances tortionnaires plus inventives, comme attacher la fautive dans l'étable la nuit entière, lui cogner la tête contre le rebord de la baignoire ou coller cette même tête dans des cendres chaudes.

Alors forcément, Souad, qui hait son père de toutes ses forces, n'aspire qu'à une chose: se barrer. La petite villageoise cisjordanienne n'a pas l'embarras du choix, au moins: le seul moyen pour quitter le domicile paternel, c'est le mariage. Le fait de voir sa soeur aînée, Noura, revenir peu après son mariage à la maison, pleurant et couverte de coups en se plaignant de la brutalité de son mari, ne change rien à la résolution de Souad: tout, même un joug marital, plutôt que sa vie actuelle. (D'ailleurs, la soeur aînée n'emmerde pas longtemps son monde, elle est revirée aussi sec chez son époux avec insultes et coups-de-pieds-au-cul, genre "tu te déshonores en revenant chez nous!!!!" bref). Cependant, se marier n'est pas si simple. Si une fille se fait traiter comme moins qu'un chien pour avoir renversé du lait (voir paragraphe ci-dessus), vous imaginez bien évidemment ce qui lui pend au nez si elle papillote du regard auprès d'un jeune homme un tant soit peu pubère. De fait, au village, la bonne fille est celle qui ne sort jamais, qui ne lève jamais le regard en direction d'un homme. La fille qui lève les yeux vers un homme (au sens le plus bêtement concret de l'expression: elle lève les yeux devant elle, et manque de bol, il y a un homme dans son champ de vision) est cataloguée "charmuta", autrement dit "putain" ou "salope". Elle porte son péché comme une lèpre: si on lui parle ou qu'on traîne avec elle, on est déshonoré; si une charmuta est dans une famille, il faut la tuer pour ne pas que cette lèpre invisible contamine la famille entière. Ainsi Souad surprend un jour son propre frère étranglant Hanan, la soeur cadette, avec le cordon du téléphone. Cela, avec l'assentiment des parents, partis en ville pour que leur fils ait le champ libre. Qu'a fait Hanan pour mériter une mort pareille? Souad ne le saura jamais.

On pourrait croire que la pauvre petite a eu le malheur de naître dans un nid à psychopathes (dans la famille Landru, je voudrais le père...) hélas, il n'en est rien. Chaque maison du village de Souad abrite une famille en tout point semblable à la sienne, avec un père tyran, des fils coq-en-pâte, une mère qui étouffe en toute discrétion l'excédent des naissances femelles, des filles muettes et terrorisées que l'on enferme jalousement avant mariage afin qu'au lendemain de la nuit de noces, l'heureux mari puisse afficher triomphalement, sur le linge nuptial tendu à la fenêtre, le sang de l'hymen de sa jeune épousée, visible par tout le village, pour qu'on voie que celle-ci a su se garder intacte jusqu'au jour J et n'a point, par conséquent, déshonoré sa famille. Comme le dit Souad elle-même, il n'y a là-dedans aucune notion de bien, de mal, d'injustice ou de révolte, c'est la loi, c'est comme ça depuis des millénaires et ça ne changera pas. Les hommes se transmettent leur violence de père à fils, les femmes, leur soumission d'esclave. Y aurait-il une famille assez aimante ou intelligente pour épargner à l'une de ses filles un de ces fameux "crimes d'honneur" (assassinats à la sauvage, quoi, comme celui de Hanan) qu'elle serait aussitôt rejetée par le village entier, qui se chargerait lui-même d'exécuter la "coupable". Ce que Souad stigmatise, c'est moins le poids d'un dogme religieux (l'islam est bien moins présent que je ne me l'imaginais avant lecture) qu'un mode de vie étouffant, basé sur une autorité patriarcale toute-puissante, entretenu par la terreur, le silence et la honte des victimes, et aussi par une société figée et analphabète (il n'est même pas sûr qu'ils aient lu le Coran, pour une bonne partie d'entre eux).

La catastrophe se produit le jour où Souad s'éprend de Faiez, le voisin. Elle sait que Faiez l'a demandée en mariage, mais son père, selon la coutume, refuse de marier Souad avant sa soeur aînée Kaïnat - laquelle, pour quelque obscure raison, n'est pas demandée en mariage du tout. Impatiente néanmoins de quitter l'enfer de la maison paternelle, Souad cherche à parler à Faiez, le suppliant d'insister auprès de son père. Au passage, et bien que cela n'ait aucun rapport apparent, le chapitre où Souad raconte les précautions invraisemblables qu'elle et son mari espéré sont obligés de prendre pour se parler m'a semblé digne de "1984", la naissance de la relation Winston-Julia. Si éloigné que soit le témoignage cisjordanien de Souad du roman d'anticipation d'Orwell, on y retrouve cette peinture d'une société où tout lien de tendresse est une hérésie digne de la mort. Dans "1984", Winston et sa maîtresse ne pouvaient échanger une seule parole en public sous peine de mort. Dans cette campagne aux coutumes archaïques, le moindre échange de regards tendres surpris par un observateur malveillant pourrait valoir la mort à Souad, en ruinant à jamais sa réputation. D'où développement de tout un langage de gestes et de petits stratagèmes anodins de la jeune fille pour entrer en contact avec celui qu'elle aime. Je crois qu'on a peine à imaginer, du haut de notre liberté occidentale, le degré de courage et d'astuce qu'il faut à Souad pour ébaucher ces tentatives, en apparence insignifiantes, de s'extraire du carcan pour aller à la rencontre du monde extérieur.

Après quelques rendez-vous, Faiez incite Souad à coucher avec lui, en la menaçant de la laisser tomber si elle ne se laisse pas faire. La jeune fille, terrorisée à l'idée de perdre son seul espoir de quitter son chez-elle, et confiante dans les promesses de mariage de son fiancé, cède.

Elle tombe enceinte et, voulant hâter le mariage, en avertit son "fiancé", qui, décidément aussi courageux qu'il s'est montré galant homme au paragraphe précédent, quitte la ville. Souad se retrouve livrée à elle-même, avec un ventre qui s'arrondit de mois en mois et une "faute" de plus en plus difficile à dissimuler. Bientôt la famille n'est plus dupe. Derrière un mur, la jeune fille entend prononcer son propre arrêt de mort: son père, sa mère, et d'autres proches, la condamnent à être exécutée pour purifier l'honneur de sa famille. Le beau-frère, Hussein, est désigné pour cette tâche (mais si, le beauf, vous vous souvenez, le brave gars qui avait tellement battu la soeur aînée qu'elle était revenue chez elle en pleurant à corps perdu). Le lendemain, les parents partent en ville et Hussein rend visite à Souad. Tout se passe très vite: la jeune fille sent un liquide froid lui couler sur la figure (de l'essence...) et se retrouve tout d'un coup transformée en torche humaine. Affolée de douleur, elle s'enfuit dans la rue et s'évanouit dans une fontaine - avant de se réveiller à l'hôpital.

A l'hôpital, la jeune fille est traitée comme une lépreuse: on ne lui apporte pas de quoi boire ou s'alimenter, quant à l'infirmière chargée de lui prodiguer ses soins, elle prend un malin plaisir à arracher des lambeaux de peau meurtrie et douloureuse à cette espèce de traînée enceinte jusqu'aux sourcils et brûlée au 3e degré, brûlée, n'en doutons pas, parce qu'elle l'a bien cherché. Le clou est atteint quand les parents de Souad viennent la visiter à l'hôpital (dire que ce maladroit de Hussein a tout salopé, même pas capable de faire crever proprement sa belle-soeur) et que la mère éplorée, vérifiant qu'il n'y a personne, sort un verre d'eau empoisonnée en disant "tu sais, ma fille, tu nous as tous déshonorés, il vaut mieux pour toi et pour nous que tu meures, bois ceci" - la catastrophe est évitée par une intervention providentielle du médecin qui flanque la mère dehors et le verre par terre.

Quant à Faiez, il ne sera jamais inquiété, bien que la famille de Souad sache qui est l'heureux géniteur du foetus. S'il l'a engrossée, c'est qu'elle l'a bien cherché. L'eût-il même violée qu'elle l'aurait bien cherché quand même. On considère que les filles sont seules gardiennes et responsables de leur propre honneur, et gare à elles si leur hymen est rompu avant le jour J; mais le mec, lui, n'est ni souillé ni fautif.



Voilà... c'était la première partie. Mignon, nan?


Dernière édition par le Sam 23 Oct - 10:57, édité 1 fois
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CONSTANT
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MessageSujet: Re: Souad, "Brûlée vive"   Souad, "Brûlée vive" EmptySam 23 Oct - 4:09

Hématite a écrit:
Voilà... c'était la première partie. Mignon, nan?

Boulet
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MessageSujet: Re: Souad, "Brûlée vive"   Souad, "Brûlée vive" EmptySam 23 Oct - 12:00

Pareilles arriérations sont ... à traiter de la même manière. Ce village cisjordanien est bourré de psychopathes visiblement obscurantistes !

C'est un livre que je n'ai pas lu et j'avoue hésiter à le faire. C'est terrible, comme récit. :grr:

Etouffer ses enfants !!!! Mon Dieu ! Moi qui suis incapable d'étouffer des chatons nouveaux-nés !!! ... :puker:
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Hématite
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MessageSujet: Re: Souad, "Brûlée vive"   Souad, "Brûlée vive" EmptyMer 27 Oct - 10:54

J'ai fini l'ouvrage hier... la deuxième partie, plus optimiste, raconte le sauvetage et la reconstruction de Souad. Un jour Jacqueline, une dame travaillant pour des associations humanitaires, voit Souad et décide de les sauver, elle et son fils, en les emmenant en Europe (si Souad reste à l'hôpital, il ne fait aucun doute qu'on va l'y laisser crever à petit feu. Quant au fils dont elle a accouché, Marouan, un destin infect l'attend ici, même si on le retire à sa mère: toute sa vie, il portera l'étiquette de fils de "charmuta", ou fils de pute.) Pour emmener la mère et l'enfant, Jacqueline est forcée de recourir à une ruse peu agréable: elle fait croire aux parents de Souad (seuls à pouvoir signer les papiers permettant d'expatrier la jeune fille) non qu'elle va sauver leur enfant, mais au contraire que son état est désespéré et qu'elle l'emmène crever très loin pour qu'elle ne leur cause plus d'embarras. Après des jours de négociations éprouvantes, Jacqueline obtient les signatures désirées et emmène Souad en Suisse.

Après une convalescence difficile, la jeune fille trouvera du travail, et un époux dont elle aura deux filles. Bien qu'heureuse, son physique mutilé la contraint toute sa vie aux vêtements longs et fermés, pour masquer les atroces cicatrices laissées par le feu. Il lui faudra également de longues années avant de pouvoir enfin réintégrer son fils, Marouan, au sein de son foyer (à son arrivée en Europe, elle a, faute de moyens pour lui assurer un avenir décent, dû le laisser aux mains d'une famille d'accueil qu'elle connaissait bien).

Elle prendra également le risque de témoigner de ce qu'elle a vécu auprès d'un public européen. J'ai bien dit "risque" car, comme Souad le dit elle-même, la nécessité du crime d'honneur est telle aux yeux de ses compatriotes, qu'il est déjà arrivé à des jeunes femmes d'être retrouvées par leur famille et froidement exécutées, des années après, dans un pays étranger, à des milliers de kilomètres de leur lieu d'origine. Briser le silence, même en pays libre, demande donc beaucoup de courage.

Il y a aussi un intéressant petit chapitre sur les lois concernant les crimes d'honneur dans les pays arabes. Ainsi, en Jordanie (me semble-t-il) les meurtres sont punis, mais deux petits articles viennent préciser en douce que dans le cas de crimes d'honneur, le juge peut faire preuve d'indulgence.

J'ai fait de mon mieux pour vous faire partager ce petit document, si toutefois vous souhaitez le lire vous-mêmes, n'hésitez pas, c'est un témoignage très important et il faut compter environ, vu la taille du livre, je dirais 4 heures de lecture à jet continu.
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MessageSujet: Re: Souad, "Brûlée vive"   Souad, "Brûlée vive" EmptySam 30 Oct - 22:22

Il y aurait beaucoup à dire sur des agissements tels que ceux-là. La lecture des codes pénaux arabo-musulmans est également des plus révélatrices.

Malheureusement.

Hématite, je vous salue. chinese
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alejandro
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MessageSujet: Re: Souad, "Brûlée vive"   Souad, "Brûlée vive" EmptyLun 1 Nov - 16:35

Je vivais en Norvège dans une relativement petite ville qui s’appelle Kristiansand. Au moment de passer du collège au lycée on a déménagé de quartier, ce qui fait que je me suis retrouvé avec des élèves que je ne connaissais pas ; dans le lycée, il y avait deux filles pakistanaises.

Kristiansand avait accueilli beaucoup de Vietnamiens (c’était l’époque des boat-people) et ils formaient une forte communauté qui avait tendance à rester entre eux. Pour les Pakistanais, c’était un peu la même chose dans la région d’Oslo, mais à Kristiansand, comme ils étaient peu nombreux, ils se mélangeaient beaucoup plus avec la population locale.

Les familles des deux filles pakistanaises, pour des raisons qui m’ont toujours échappé, se détestaient mutuellement, et les deux filles faisaient de même ; mais la situation des deux était semblable : un peu délicate. Elles avaient le choix entre suivre la tradition de leur pays, ce qui était hors de question, adopter les mœurs occidentales, ce qui les mettait en porte-à-faux par rapport à leur famille, ou alors, essayer de trouver un équilibre entre les deux. Elles avaient choisi cette dernière option. Si elles sortaient avec des garçons, elles le faisaient en toute discrétion ; je sais les acrobaties que cela entraînait, pendant une période, je sortais avec l’une d’elles.

Alors qu’elles étaient au collège, avant que je les connaisse, donc, il y avait une troisième Pakistanaise qui, elle, avait choisi l’adoption des mœurs occidentales. Elle se maquillait, sortait, faisait la fête, buvait, fumait, n’hésitait pas à s’affirmer. Pour l’été qui séparait le collège du lycée, elle a été envoyée au Pakistan assister à un mariage, qui s’est avéré être son propre mariage arrangé par sa famille.

Sachant que le Pakistan est un pays où le crime « d’honneur » est particulièrement pratiqué, j'ai encore la chair de poule à l’idée de ce qu’elle a pu devenir, même si je ne l’ai pas connue.
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MessageSujet: Re: Souad, "Brûlée vive"   Souad, "Brûlée vive" EmptyLun 1 Nov - 19:20

Au Pakistan, de façon générale, règnent depuis 1992 les lois contre le Blasphème. Mais il faut préciser que ces lois ne concernent que le blasphème contre l'Islam. Vous pouvez dire pis que pendre des autres religions, vous ne serez pas inquiété pour cela.

On use et on abuse de ces lois pour régler non seulement leur compte aux opposants politiques mais aussi pour se débarrasser d'un voisin qui possède plus de terre, par exemple. En bref, c'est admirable. :x :grr:

En Malaisie actuellement, les Associations féminines s'agitent énormément pour faire revenir l'opinion publique sur l'application de la Sharia, laquelle fixe l'âge du mariage à 9 ans pour les filles et à 15 pour les garçons.

Si une femme a été enlevée, c'est à elle qu'il appartient de faire la preuve du rapt dont elle a été victime. Encore ne peut-elle faire appel à des témoignages de femmes (les femmes ne peuvent témoigner) : le témoignage de quatre hommes, et seulement s'ils sont reconnus comme "bons Musulmans", lui est indispensable.

Si la malheureuse ne parvient pas à prouver ce qu'elle avance, elle sera mise en accusation pour diffamation et condamnée à 80 coups de fouet.

Une femme non-mariée et qui se retrouve enceinte sera, même si elle a été enlevée, déclarée coupable de s'être livrée à l'adultère. Auquel cas elle recevra 100 coups de fouet. Si elle est mariée, elle sera lapidée.

Un nombre aussi élevé de coups de fouet peut provoquer des lésions telles que, si elles ne produisent pas la mort du sujet, elles peuvent le rendre invalide.

Quant à la lapidation, la Sharia recommande d'utiliser les pierres coupantes pour viser le visage et les grosses pierres rondes pour le corps. grey
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CONSTANT
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MessageSujet: Re: Souad, "Brûlée vive"   Souad, "Brûlée vive" EmptyMar 2 Nov - 5:54

Alejandro a écrit:
Sachant que le Pakistan est un pays où le crime « d’honneur » est particulièrement pratiqué, j'ai encore la chair de poule à l’idée de ce qu’elle a pu devenir, même si je ne l’ai pas connue.

Probablement une sorte de femme à tout faire et à supporter les mauvaises humeurs à moins qu'elle ne se soit enfuie et soit par conséquent morte depuis longtemps des suites de la prostitution.

Boulet


Dernière édition par le Mar 2 Nov - 5:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Souad, "Brûlée vive"   Souad, "Brûlée vive" EmptyMar 2 Nov - 5:56

Ame Damnée a écrit:
Quant à la lapidation, la Sharia recommande d'utiliser les pierres coupantes pour viser le visage et les grosses pierres rondes pour le corps. grey

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Hématite
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MessageSujet: Re: Souad, "Brûlée vive"   Souad, "Brûlée vive" EmptyMar 2 Nov - 12:09

Merci à tous pour vos apports... vu la conjoncture actuelle et le nombre d'affaires de type "Souad" révélées au grand jour, vu le nombre de débats sur certains abus religieux, on est hélas tenté de se dire plus ou moins "je connais tout sur le sujet, inutile d'en apprendre davantage". C'était un peu mon propre état d'esprit quand j'ai piqué ce bouquin à ma collègue pour passer le temps jusqu'au soir (je travaille dans un centre téléphonique où l'on reçoit des appels, lorsqu'il y a des périodes d'accalmie, entre deux sonneries, je bouquine). Malheureusement même quand on croit connaître l'essentiel, on découvre qu'il y a d'autres atrocités qu'on ignorait. C'est affreux, affreux. J'ai passé une très sale après-midi en lisant "Souad", pourtant je ne regrette pas.
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MessageSujet: Re: Souad, "Brûlée vive"   Souad, "Brûlée vive" EmptyMar 2 Nov - 12:51

Comme tu le dis, il faut souligner les faits et évoquer ceux dont on n'aurait même pas idée.

Ainsi, saviez-vous que le Code pénal marocain - le Maroc étant tout de même un pays arabo-musulman très ouvert sur l'Occident - prévoit une peine de prison assortie d'une forte amende pour toute personne, musulmane ou pas, qui tenterait de convertir un Musulman soit à l'agnosticisme, soit à une autre religion ? De même, ceux qui prêchent l'athéisme sont passibles de la même peine. cool
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CONSTANT
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MessageSujet: Re: Souad, "Brûlée vive"   Souad, "Brûlée vive" EmptyMar 2 Nov - 20:26

Hématite a écrit:
Malheureusement même quand on croit connaître l'essentiel, on découvre qu'il y a d'autres atrocités qu'on ignorait. C'est affreux, affreux.

Même s'il n'y avait pas d'autres atrocités que nous ignorions ...


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