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 Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic)

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vilain
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vilain


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MessageSujet: Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic)   Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic) EmptyMar 9 Nov - 14:00

On va vers l'interdiction d'être malade...Ou quoi ?!


Peugeot produit et réprime la maladie
Mulhouse (Haut-Rhin),
envoyée spéciale.
« Une entreprise mo-derne ne peut pas fonctionner avec des gens malades », a déclaré un jour le sous-directeur de Peugeot Mulhouse à un délégué CGT. Dans cette immense usine « en forêt », où 12 000 salariés en CDI et 1 600 en intérim travaillent à la fabrication des modèles 307, 206 et C4, mieux vaut ne pas être malade. Pour limiter au minimum les arrêts maladie, qui « désorganisent la production », la direction a mis en place un arsenal gradué d’avertissements et sanctions, pouvant aller jusqu’au licenciement. Et le fait que la majorité des problèmes de santé des salariés soit due aux conditions de travail n’y change rien.
Pas plus de 6 jours d’absence par an
Alors que le taux d’absence se situe autour de 3,3 % pour l’ensemble de l’usine, la direction estime, conformément au credo patronal, que le taux « normal » est de 2,5 %. Pour un salarié, cela correspond à 40 heures, soit à peine six jours d’absence par an. « Dès qu’un salarié dépasse ce taux de 2,5 %, il reçoit un courrier de la direction lui reprochant ses absences », explique Jean-Luc Jenny, délégué CGT au CHSCT. Le cour- rier, rédigé toujours sur le même modèle, accuse : « Votre absentéisme personnel est incompatible avec l’organisation industrielle et perturbe de façon inacceptable la production et le fonctionnement de votre unité de fabrication. Il provoque des retards dans le démarrage des installations ; l’obligation d’assurer des remplacements, avec l’insatisfaction du personnel entraînée par cette mobilité ; la nécessité de formation supplémentaire pour assurer ces remplacements ; des retou- ches accrues pour les non-titulaires de postes, mettant en cause le niveau de qualité de nos produits. » Reprochant au salarié de ne pas « exécuter de façon satisfaisante ses obligations contractuelles » - ce qui vaut menace de licenciement -, la direction lui « demande de modifier son comportement de façon notable et durable », comme si les arrêts maladie étaient un choix de sa part.
« En plus des courriers, le salarié qui dépasse les 2,5 % va subir un ensemble de pressions, explique Jean-Luc Jenny. Tout de suite, il est sûr de ne plus recevoir d’augmentation individuelle annuelle, de ne pas avoir de mutation vers un poste moins dur, et ne pas pouvoir prendre ses jours de congé quand il veut. S’il est de nuit, on va le passer en journée, pour lui faire perdre les 22 % de prime de nuit. Comme les chefs sont eux-mêmes évalués en fonction du taux d’absence dans leur équipe, ils mettent la pression. Ils convoquent le salarié à son retour de maladie pour lui faire la leçon et le culpabiliser sur les conséquences de son absence. Parfois, ils lui font signer un engagement écrit à ne plus être absent pendant tant de mois. » La pression passe aussi par les collègues, que le chef essaie de monter contre les vilains canards malades. Sur les plannings affichés, les absences pour maladies sont signalées en rouge, à côté du nom et de la photo du salarié. « Lors des briefings quotidiens, les chefs parlent de plus en plus de la maladie, raconte Julien Wostyn, délégué CGT au montage. Ils disent que si le médecin nous arrête cinq jours, il faut essayer de revenir avant. Quand ils refusent un congé à quelqu’un, ils disent que c’est à cause de tel autre qui est en maladie. » « Les gens viennent travailler alors qu’ils sont malades », s’indigne un salarié cariste, qui a failli perdre sa prime de nuit après une absence d’un mois pour une opération. « Peugeot pratique l’intimidation, et ça marche, car les salariés ont peur. Avec tout ce chômage, ils travaillent dans la peur, la peur d’être sanctionnés, d’être licenciés. De temps en temps, Peugeot prend un salarié pour faire un exemple. »
Culpabiliser
les malades
Si le licenciement en raison de l’état de santé est interdit par le Code du travail, la jurisprudence considère en effet que les « absences prolongées ou répétées » constituent un motif valable de licenciement, à condition qu’elles désorganisent l’entreprise au point de nécessiter le remplacement définitif du salarié. D’où la formulation des lettres types de Peugeot, préparant le terrain à cette éventualité. « Quand on est malade, on ne peut pas changer son comportement, et au bout de quelques mois la direction finit par déclencher le licenciement », raconte Jean-Luc Jenny, qui défend aux prud’hommes des salariés dans ce cas. « Il y en a probablement plusieurs dizaines par an, mais nous ne sommes au courant que si le salarié veut se défendre et vient nous voir, complète Vincent Duse, délégué CGT. Certains laissent tomber. Sous la pression de Peugeot, certains ont fini par culpabiliser, par se reprocher de ne pas pouvoir tenir les postes de travail, et par être presque d’accord avec le licenciement. » « Quand on est au courant, on peut mobiliser, faire une pétition, une prise de parole dans l’atelier, un défilé, envahir le bureau de la direction », raconte Bertrand Dubs, un autre délégué, qui regrette le licenciement récent d’un collègue, malgré cette mobilisation.
Le bilan social fait état de 80 licenciements par an pour motif individuel, regroupant les « absences répétées » et les « fautes », qui recouvrent parfois une même réalité : « La direction camoufle de plus en plus les licenciements pour absences répétées en licenciements pour faute, pour des prétextes bidon, car c’est mieux pour son image », note Jean-Luc Jenny, qui doit défendre aujourd’hui aux prud’hommes le dossier d’un salarié de vingt-cinq ans licencié pour faute. « Cet ouvrier travaillait sur un poste de préparation hors chaîne. Ce poste ayant été supprimé, il a été mis sur la chaîne, où son dos a lâché. Tous les jours, avant de prendre son poste, il passait 15 minutes à l’infirmerie pour se faire soigner. Il demandait une mutation sur un poste moins dur, mais les chefs lui répondaient qu’il devait d’abord faire un effort sur les arrêts maladie. À la fin, ils lui ont dit que, s’il continuait, ils allaient le liquider. » Il a finalement été licencié pour avoir « à plusieurs reprises agressé verbalement l’infirmier de service ». « C’est un motif bidon, conteste Jean-Luc Jenny. La direction a produit un témoin qui s’est rétracté et a avoué être commissionné par un chef. » Cet été, un salarié turc, souvent en maladie, a été licencié pour un banal retard de dix minutes à son poste.
Des effectifs calculés au plus juste
Pour les militants CGT, ces pressions sont d’autant plus insupportables que les problèmes de santé sont liés à des conditions de travail qui ne cessent de se dégrader. L’organisation du travail use de plus en plus, de plus en plus jeune, et laisse de moins en moins de place pour les salariés abîmés. « Après la mise en place des 35 heures, après 1999, la direction a lancé un changement complet d’organisation du travail, raconte Vincent Duse. L’objectif était d’augmenter la productivité en réduisant au minimum le nombre de postes de travail. Pour cela, elle mène en permanence une chasse aux temps morts et charge au maximum les postes de travail. Il y a dix ans, quand la production augmentait, on créait des postes. Aujourd’hui, on rajoute du travail aux postes existants, ce qui aggrave les conditions de travail. Par ailleurs, les effectifs sont calculés au plus juste, d’où les problèmes pour faire démarrer la chaîne dès qu’un salarié est absent. Il n’y a plus d’effectifs de remplacement, c’est tout un cirque pour se faire remplacer, pour aller à l’infirmerie ou tout simplement aux toilettes. » Pour le cégétiste, l’augmentation des arrêts maladie, à cause du stress et des problèmes d’articulations et de dos, est un indicateur de cette dégradation. « Quand on a un poste trop dur, qu’on n’en peut plus, c’est la solution individuelle qu’on trouve pour récupérer. Les gens sont en bonne santé quand ils arrivent chez Peugeot. Mais ils sont détruits par l’organisation du travail, qui veut plus de profit, plus de production, avec toujours moins de salariés. »
Le problème est accentué par la suppression, toujours à des fins d’augmentation de la productivité, des postes à capacité restreinte réservés autrefois aux « anciens » et aux salariés ayant des restrictions médicales. « Arrivés à quarante-cinq ans, après vingt ans de travail sur la chaîne, les gens commencent à avoir des problèmes de dos, d’articulations, une bonne partie a des restrictions médicales, expli- que Serge Schmitz, un ancien. Autrefois, ces postes permettaient de terminer sa carrière dans de bonnes con- ditions. » Les postes de soudure ont été supprimés. Les postes de préparation des pièces ont été intégrés à la chaîne ou bien alourdis à tel point qu’ils ne sont plus tellement moins pénibles. Leur nombre est de toute façon dérisoire : une dizaine dans le secteur du montage, qui compte 3 900 salariés. Au ferrage, ce que la direction appelle aujourd’hui « poste à capacité restreinte » comprend le port de charges et des déplacements équivalant à 13 kilomètres dans la journée, d’après les calculs de la CGT. De même, les travaux de balayage et nettoyage des ateliers, où les anciens terminaient leur carrière, viennent d’être sous-traités par Peugeot à Sense, une filiale de Veolia. Les médecins du travail reconnaissent avoir de plus en plus de mal à recaser des salariés handicapés sur des postes adaptés. « Les médecins du travail devraient exiger la création de postes tenant réellement compte de l’état de santé des salariés, estime Vincent Duse. Mais ils ne sont pas indépendants de la direction de Peugeot, qui est leur employeur. Certains font tout pour maintenir en chaîne les salariés. Et leur avis prévaut sur celui du médecin traitant. » « Maintenant, les ouvriers vieillissent, et on ne sait pas où les mettre, alors on les pousse à la porte », déplore Serge Schmitz. « Et avec la loi sur les retraites, il faudra travailler plus longtemps. Comment ils vont faire pour nous garder ? » s’inquiète un salarié.
Tout pour
la productivité
« Le problème va se poser très rapidement pour les nouvelles générations aussi, estime Vincent Duse. Avec l’intensification du travail, elles sont de plus en plus rapidement touchées par les trou- bles musculo-squelettiques (TMS) liés au geste répétitif. Au bout de quelques mois sur la chaîne, un jeune peut commencer à avoir des problè- mes, surtout qu’avec le travail du samedi le corps n’a souvent que le dimanche pour récupérer. La seule réponse de la direction, c’est de faire tourner les ouvriers sur les postes. La rotation est rarement effectuée, et ce n’est pas une réelle solution. » L’intérim, utilisé massivement, masque en partie le problème. Les intérimaires écopent des postes les plus difficiles, mais l’impact sur leur santé est moins visible puisque Peugeot les garde onze mois puis les jette. Leur droit de se soigner encore plus limité que pour les salariés en CDI : « Un intérimaire qui passe à l’infirmerie, ou s’arrête pour maladie, et même pour accident du travail,
est quasiment sûr de ne pas être gardé », déplore Jean-Luc Jenny.
Fanny Doumayrou
( source : "L'Humanité du 9/11/04)
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MessageSujet: Re: Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic)   Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic) EmptyMar 9 Nov - 23:21

eek C'est tellement scandaleux que ça laisse sans voix !
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MessageSujet: Re: Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic)   Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic) EmptyMer 10 Nov - 0:09

Vu la source, on comprend le processus d'information à l'oeuvre.
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MessageSujet: Re: Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic)   Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic) EmptyMer 10 Nov - 0:59

ouaiche! Même en étant à fond dans la logique profit, c'est un peu nigaud leur tactique! Après tout, et même en mettant de côté la dimension humaine, syndicale et j'en passe, un employé qui se rend au boulot avec 40 de fièvre, les yeux vaseux et une tension minable, ou avec une gastro qui l'oblige à courir aux toilettes deux fois par demi-heure, il n'est pas très rentable, c'est le moins qu'on puisse dire...
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Croustine
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MessageSujet: Re: Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic)   Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic) EmptyMer 10 Nov - 1:47

arsen-ik a écrit:
Vu la source, on comprend le processus d'information à l'oeuvre.
`
Même vu la source, il y a certainement un fond de vrai. Que celui qui n'a jamais eu un chef qui faisait la gueule parce que (cocher au choix)
- on a la grippe
- on lui annonce une grossesse
- on a un petit qui a 40° de fièvre
-...
me dise le contraire.

Ensuite, que la source enjolive, c'est inévitable. Quelque soit la source...
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MessageSujet: Re: Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic)   Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic) EmptyJeu 11 Nov - 12:06

La vengeance du capital
par Jean-Marie Harribey (1),

économiste.

Depuis qu’il a mis en oeuvre une politique calamiteuse pour la condition salariale et mirifique pour les classes supérieures, le gouvernement français, avec l’aide des « penseurs » du libéralisme, a inauguré une méthode de communication pour masquer la violence faite aux plus pauvres et sa complicité avec la France d’en haut. Communiquer par antiphrases, c’est-à-dire appeler une chose par son contraire, comme la novlangue stigmatisée par Orwell dans 1984. « Réhabilitons le travail » en le précarisant. « Sauvons la retraite par répartition » en créant des fonds de pension. « Préservons le système de santé collectif » en l’ouvrant au marché. « Protégeons les services publics » en les offrant à la concurrence. Et bouquet final : on assiste à « la revanche du travail » (Nicolas Baverez, le Monde du 24 septembre 2004) pour signifier celle du capital.

Le stratagème est habile : il consiste à partir d’une prémisse juste et ensuite à délivrer un message prenant à contre-pied ceux dont la vigilance a été endormie par ladite prémisse. Il faut travailler davantage, entend-on de tous côtés, car « seul le travail crée la richesse ». Les patronats et gouvernements européens, le FMI, l’OCDE auraient-ils redécouvert l’économie politique allant de Smith à Marx ? Avec le zèle des nouveaux convertis, M. Raffarin affirme que « seul le travail peut financer le social ». Oubliées les âneries sur les fonds de pension prétendument capables d’engendrer de la richesse et de faire fi de l’évolution démographique ! Balayés les propos lénifiants sur les miracles attendus de la « création de valeur » en Bourse. Les libéraux ne rêvent plus au septième ciel virtuel, ils ont dorénavant les pieds sur terre : « Pour avoir plus, travailleurs, travaillez ! »

Les 35 heures auraient mis la France par terre à cause de l’alourdissement du coût salarial et, pire pour l’imaginaire capitaliste, auraient habitué les Français à l’idée que travailler moins était mieux. Or, de l’aveu des chefs d’entreprises, celles-ci ont récupéré en productivité horaire ce qu’elles ont concédé en RTT. Les 35 heures auraient-elles empêché les créations d’emplois et généré du chômage ? Le passage aux 35 heures représentait une RTT de 10 %, et donc un potentiel de 1,8 million d’emplois nouveaux par rapport à 18 millions de salariés. Mais 8 millions d’entre eux, travaillant dans les entreprises de moins de 20 salariés, ont été exclus de la mesure, gommant 800 000 emplois potentiels. Comme la seconde loi Aubry a enlevé l’obligation contenue dans la première de créer au moins 6 % d’emplois pour pouvoir bénéficier des aides de l’État et qu’en trois ans les entreprises ont gagné environ 6 % de productivité, elles ont ainsi évité 6 % de 10 millions = 600 000 embauches. Total : les 35 heures ont permis de créer 1 800 000 - 800 000 - 600 000 = 400 000 emplois. C’est insuffisant, mais la RTT a été efficace à 100 % dans le cadre des contraintes exorbitantes qui lui ont été imposées. Il ne reste plus alors aux libéraux que de porter la polémique au niveau symbolique : la France, championne de la paresse, « décroche ».

Comme nous travaillons moins longtemps que les Américains, nous produisons moins qu’eux (retour à la prémisse ci-dessus). Et les libéraux de gloser sur la productivité par tête plus élevée aux États-Unis, tout en étant plus discret sur le fait que c’est l’inverse pour la productivité horaire, véritable mesure de l’efficacité économique. Qu’est-ce à dire ? Que seule la RTT introduit un écart entre les évolutions des deux productivités, dégageant ainsi une marge de manoeuvre pour la création d’emplois. Ce n’est donc pas la RTT pour tous qui est malthusienne, c’est la mise à l’écart définitive du « banquet » de 10 % de la population active au chômage et de 16 % à temps partiel imposé, deux formes injustes de RTT avec rationnement. Si les propagandistes du travail forcé avaient lu le rapport du CAE signé par Gilbert Cette (Productivité et croissance), ils sauraient que « le niveau du PIB par habitant d’un pays ne peut être considéré comme le seul indicateur pertinent de son développement et de son niveau de vie. De nombreux autres facteurs influencent le niveau de vie. La perte de PIB associée à un ralentissement de la productivité peut néanmoins être associée à une amélioration du niveau de vie si ce ralentissement est lui-même source d’un meilleur confort de vie et s’il est perçu comme tel par la population concernée. Il peut par exemple en être ainsi dans le cas d’une réduction de la durée du travail ».

La prétendue « revanche du travail » consiste à : 1) « augmenter le volume du travail » (de ceux qui ont déjà un emploi, mais en laissant au chômage ceux qui voudraient participer à la « hausse du volume ») ; 2) « baisser le prix relatif du travail » (par rapport à celui du capital, qui n’est autre que sa rémunération) ; 3) « améliorer la qualité du travail » (dont chacun pourra apprécier l’ampleur si les salaires baissent). Ainsi, l’économie sera prospère lorsque les détenteurs de capitaux, qui ont connu au cours des années 1980-1990 une amélioration de 8 à 10 points de PIB de leur part relativement à celle des salariés, verront la marche en avant de leurs profits reprendre son cours.

La problématique réelle du capitalisme néolibéral est aux antipodes de l’affichage médiatisé. Devant la difficulté à poser des bases solides d’une accumulation durable, à cause des exigences faramineuses de rémunération financière qui pèsent sur les salaires et l’emploi, à cause aussi des contraintes écologiques croissantes, le capital a besoin de légitimer une baisse généralisée du coût salarial pour tirer parti des opportunités que lui offre l’arrivée sur le marché mondial de régions où les conditions d’extraction de la plus-value sont meilleures, et ainsi mettre en concurrence toutes les forces de travail du monde.

Après avoir aboli les obstacles à la circulation des capitaux, le capital veut démolir tout ce qui reste des systèmes sociaux et le droit du travail. La loi sur le dialogue social a remis en cause le principe de faveur en accordant aux entreprises la possibilité de déroger aux accords de branches et interprofessionnels. Le rapport Virville proposait des contrats de mission à durée limitée. Raffarin et Seillière veulent introduire la notion de licenciement pour raison de compétitivité. Et le rapport Camdessus préconise « d’en finir avec l’idée que le travail se partage », de travailler plus longtemps, d’instituer un contrat de travail unique assurant une protection « progressive » des salariés au prorata de leur ancienneté : gageons que les employeurs comprendront qu’il ne leur faudra pas les garder trop longtemps !

Communiquer par antiphrases, c’est habiller de blanc les noirs desseins d’un capitalisme incapable d’offrir à l’humanité un autre projet que la marchandisation infinie et dont les idéologues pressentent peut-être que celle-ci risque de buter sur trois obstacles inédits. Le progrès technique fait se rapprocher bon nombre de productions de la gratuité et plonge dans le désarroi les industries correspondantes, qui ameutent la Terre entière au sujet du « vol » de choses qui ne coûtent rien. La connaissance, inséparable de l’être humain, sera plus difficilement appropriable qu’une matière première. D’autant plus, et c’est ce qui doit faire enrager les « maîtres » et leurs penseurs, si les citoyens du monde mondialisé faisaient barrage à cette entreprise. Frappé par le boomerang qu’il a lui-même lancé, le capital crie vengeance.

(1) Dernier livre paru : le Développement a-t-il un avenir ? Éditions Mille et Une Nuits, 2004, 256 pages, 10 euros.
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alejandro
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MessageSujet: Re: Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic)   Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic) EmptyJeu 11 Nov - 15:44

Je voudrais rajouter un petit truc :

Au lendemain de la guerre, le monde était plongé dans le désarroi. Un pays, les Etats Unis, s’en sont sortis plutôt très bien, mais avaient fonctionné depuis plusieurs années dans une économie de guerre et tous les autres pays, notamment les pays européens, étaient ruinés et leur appareil de production en lambeaux.

La question alors a été de savoir comment remettre tout ça sur pied. Au centre de toute réflexion, comment donner à chacun la possibilité de se construire une vie digne de ce nom. On peut se demander pourquoi, une raison était que la guerre était due au nazisme et le nazisme lui-même était né et avait prospéré sur le désarroi des Allemands ; veiller au bien-être de chacun était une façon d’éviter que ça se reproduise. On peut aussi penser que la menace soviétique y était pour quelque chose. Quelle qu’en soit la raison, le fait est que la question du bien-être de chacun était au centre et tout le reste, les considérations économiques, par exemple, n’avaient de sens que par rapport à ce bien-être.

Aujourd’hui, on a tout renversé, et par un glissement de sens c’est l’économie qui se retrouve au centre et tout le reste qui n’a plus de sens que par rapport à cette économie. Et une économie comprise de façon assez particulière ; on nous sérine sans cesse l’état du CAC40, l’évolution de la cotation en bourse des quarante entreprises françaises les plus importantes. Peu importe que ces entreprises ne pèsent pas plus lourd qu’une petite crotte à coté des autres entreprises cotées en bourse, ou à coté de la fonction publique, ou à coté de l’artisanat. Le CAC40 monte ? tout va bien et il faut tout mettre en œuvre pour que ça continue. Le CAC40 diminue ? Catastrophe ! et on passera des heures à discuter pourquoi cette catastrophe a eu lieu. Et dans tout ça, la possibilité de construire une vie digne de ce nom et le bien-être de chacun devient un problème qu’il devient nécessaire de sacrifier afin que le CAC40 et tout un tas d’indicateurs économiques devenus une abstraction totale se retrouvent à des niveaux jugés satisfaisants.

Si on garde à l’esprit ce que tu disais, Vilain, et ceci, on ne peut que s’incliner ; ils sont très forts. A méditer pour un prochain Pour ou Contre.
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MessageSujet: Re: Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic)   Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic) EmptyJeu 11 Nov - 22:11

Ces quelques mots sur la façon de donner des noms au choses me rappellent une autre idée liée au concept d’inflation. On en parle plus beaucoup mais c’était quelque chose qui préoccupait pas mal les gens il y a quelques décennies.

L’inflation, donc, qui est un indice sur l’augmentation des prix, est, dit-on, quasiment nul ; genre 1%. Ce n’est jamais une bonne idée de se fier à ce qu’on vit et ce qu’on voit autour de soi pour en tirer des conclusions générales, mais comme je ne suis pas un expert en la matière, j’y suis bien contraint. Qu’est-ce que je vois ? D’abord, une augmentation du prix immobilier faramineux. Lorsque « l’immobilier est en crise », l’augmentation se contente d’être forte, mais le reste du temps, c’est-à-dire presque tout le temps, cette augmentation est ahurissante. A part ça, comme je n’ai pas de voiture depuis une dizaine d’années, je ne me rends pas trop compte de l’augmentation de l’essence, mais avant même la guerre en Irak, quand je jetais un coup d’œil sur les panneaux des stations essence, je trouvais que les prix avaient bien augmenté depuis l’époque où je m’en préoccupais. En revanche, ce que je vois, c’est que le prix des transports en communs augmentent d’un bon euro deux fois par an, ce qui nous fait du 4% annuel. Par ailleurs, si les cochonneries alimentaires stagnent ou peut-être même baissent, ce qui nous sert à nous nourrir, fruits, légumes viande et produits de la mer, eux, ils augmentent.

Pour qui le salaire couvre tout juste ses dépenses, et même, ne les couvrent pas, tout l’argent qu’il gagne part en loyer, en transport et en alimentation. Il n’y a peut-être pas d’inflation, mais l’augmentation des prix, lui, il se les prend en plein dans les gencives. Je veux bien croire, en revanche, que le prix de la Rolls n’a pas beaucoup bougé au cours des années. Pour celui qui en fait la collection, sans doute propriétaire de son logement (ou de ses logements), le prix de l’essence et les frais de bouche ne doivent pas peser bien lourd ; quant au ticket de métro, il n’est même pas sûr qu’il en ait vu un de sa vie. Ce qui amène à penser que l’inflation n’est pas la même pour tous.

Je rappelle quand même que c’est la lutte contre l’inflation qui justifie un « prix de l’argent » prohibitif, ce qui fait les affaires de la finance et de l’épargne mais pas ceux de l’industrie et du commerce, qui sont ainsi tout doucement étouffés. C’est ce qui justifie la pression (à la baisse, évidemment) sur les salaires, les limitations de la dépense publique, la privatisation de l’émission de l’argent* désormais émis par une banque européenne qui n’a des comptes à rendre à personne et dans l’intérêt de qui bon lui semble, etc. Ce qui permet de dire aux responsables de l’action publique « Voyez, nous faisons des sacrifices (un jour il faudrait quand même que quelqu’un leur rappelle qui fait des sacrifices ou, plutôt, qui sacrifie qui) mais voilà la récompense : il n’y a pas d’inflation ». Ca permet aussi de baisser les taux de l’épargne populaire (« puisqu’on vous dit qu’il n’y a plus d’inflation » serinent-ils) ; comme quoi, mais on s’en serait douté, le bénéfice de l’épargne n’est pas non plus le même pour tout le monde.

Rien de nouveau sous le soleil, me direz vous. Si j’avais eu l’occasion de m’exprimer en public, par exemple, si la sortie de Le Saut de Sandra m’avait amené chez Ardisson, et sur ce raisonnement avais proclamé que le pouvoir d’achat des salariés est rongé d’année en année, ça aurait eu comme un air de réchauffé.

Ce qui a changé depuis la sortie de Le Saut de Sandra** c’est que la grande distribution s’est mise à dire, et même à l’afficher dans le métro, comme je viens de le faire, que l’augmentation des prix est trop élevée pour les plus démunis. Mieux, le ministre des finances leur a emboîté le pas et a pris des mesures pour que cette inflation sélective diminue, ce qui laisse supposer un travail de lobbying important en amont. Etant donné la coloration politique du ministre des finances en question et que nous sommes en droit d’éprouver une certaine méfiance quant aux ambitions sociales de la grande distribution, on peut se demander ce que cela signifie.

Nous savons qu’il est interdit à la grande distribution (en fait à tout le monde, mais ça vise eux et tous ceux qui sont susceptibles de se retrouver en situation de monopole) de vendre à perte ; autrement dit, il leur est interdit d’investir dans l’euthanasie du petit commerce. Le petit commerce crèvera tout seul, de mort naturelle, et il faudra se montrer patient ; il y a quand même une morale dans la vie. Seulement, par un de ces retournements de sens qu’évoquait Vilain, entraver la liberté de qui que ce soit à investir dans quoi que ce soit ne saurait être autre chose qu’une violation de droit fondamental de l’homme, rien ne justifie l’interdiction de la liberté d’euthanasier le petit commerce pas plus que la liberté de mettre en servitude des producteurs de produits alimentaires ou autre. Entre le producteur et les locaux du distributeur il y a le transporteur à qui il lui faudra également s’adapter, comme on dit, qui demandera à son mécanicien de faire de même « vous comprenez, la vie de nos jours » qui à son tour demandera un effort au restaurateur chez qui il casse la croûte « la vie étant devenue ce qu’elle est devenue » qui lui même, demandera aux maçons venus retaper son restaurant de bien vouloir s’adapter. Et s’ils ne veuulent pas, eh bien il ira chez un autre qui lui veut bien. Il n’y aura peut-être plus d’inflation mais il y aura baisse des salaires, ce qui revient au même, sauf pour ceux pour qui les salaires n’auront pas cessé d’augmenter.

Ce à quoi je voulais en venir est la chose suivante : la tendance à détourner le sens d’un mot ou d’une expres​sion(le chef-d’œuvre en la matière c’est quand même plan social, qui désigne l’ensemble de mesures « licenciement massif », « recaser dans des conditions à la limite de l’acceptable » et « gel, si ce n’est baisse de salaires ») n’a pas pour intérêt seulement de vendre au public quelque chose en l’appelant par son contraire. Ni même son intérêt principal. Si c’était seulement ça, ce ne serait pas beaucoup plus grave qu’une escroquerie à la petite semaine. Ce dont il est question est de reconstruire une société.

Le monde existe parce que nous lui donnons un nom (il existerait de toute façon mais il nous échapperait). Une grande part de notre pensée repose sur la mythologie grecque, mais comment faut-il comprendre « au début était le verbe » ? Donner des noms aux choses, les décrire, les classer, nous permet de le comprendre et d’agir sur lui. Les scientifiques consacrent beaucoup de temps à donner des noms et à décrire, et savent à quel point cette nomenclature et cette description sont importantes pour construire des théories cohérentes, c’est-à-dire des théories capables de rendre compte des phénomènes de la nature qui permettent de prévoir les évènements. La différence entre la nature et une société est que la nature fonctionne selon une logique qui lui est propre alors que la société c’est nous qui l’inventons. Nous vivons dans la société dans laquelle nous voulons vivre. Bien évidemment, cette société, pour pouvoir agir sur elle il nous faut la décrire et donner des noms à tout ce qui la compose, et la façon dont elle fonctionnera dépendra de la façon dont nous l’avons décrite.

Plus fort encore, ce serait de donner un caractère inéluctable au fonctionnement de cette société. Au lendemain de la guerre, l’économie, la science de l’économie, à laquelle Keynes avait énormément contribué, avait été un outil qui avait permis de construire la société que l’on avait alors souhaité. « Décidons, l’intendance suivra », disait De Gaule. Aujourd’hui, la science économique se pose en arbitre de la société ; elle en arrive à se prendre pour une science de la nature. Il y a un prix Nobel d’économie … comme en chimie, comme en physique ? Oui, aimerait-on qu’on croit. Non, en fait, parce que les prix en sciences naturelles sont attribués par la fondation Nobel conformément aux souhaits de l’inventeur de la dynamite, mais le prix Nobel d’économie l’est par la Banque de Suède pour, paraît-il, honorer sa mémoire. On ne peut pas continuer à avoir des déficits, on ne peut pas avoir une sécu avec un trou, on ne peut pas continuer à avoir des retraites par répartition, on ne peut pas avoir de hauts salaires, on ne peut pas ne pas donner des hauts salaires aux dirigeants d’entreprises, on ne peut pas, on ne peut pas, on ne peut pas … Et pourquoi est-ce qu’on ne peut pas ? On ne peut pas parce que dans cette société décrite par la science économique, la science de l’économie nous dit qu’on ne peut pas.

Il me semble que l’exemple de la grande distribution illustre le genre de situation avec laquelle on va se retrouver de plus en plus souvent. Quelque soit l’augmentation de prix et quelque soit la situation insoluble dans laquelle cela plonge bien des gens, il n’y a pas d’inflation parce que la science économique dit qu’il n’y a pas d’inflation. Jusqu’au jour où un acteur économique, comme on dit, décide qu’en fait si, il y a de l’inflation et propose une solution, mais cette solution nous met tout autant dans une situation insoluble. Quoi qu’on fasse, quelque soit la direction dans laquelle on avance suivant le plan de la ville tracé par la science économique, le seul que nous connaitrons, la situation se dégradera pour tous à l’exception de quelques uns. Le monde est désormais ainsi fait, et seule la science économique sera habilitée à en parler et à agir sur lui.

Je me demande bien ce qui nous retient tous de péter collectivement un plomb et de proclamer que le foutage de gueule ça commence à bien faire.

Suis-je bête. Il y a la télé. Que demande le peuple ?

* Quand l’argent était émis par une Banque de France aux ordres de l’état, l’état n’avait pas plus ou moins d’argent ; il décidait de la quantité d’argent qu’il devait y avoir en circulation et s’en attribuait la part qui lui semblait nécessaire. La banque de France émitrice d’argent, avant la guerre, était privée et aux mains des fameuses deux cents familles, puis mise sous tutelle publique par Laval en 34 et Blum en 36, puis nationalisée par De Gaule en 45 ; il y avait un pays à reconstruire, le communisme menaçait et l’avenir de chacun des Français, ce n’était pas de la rigolade. Il fallait donc que des gens sérieux s’occupent sérieusement de l’économie française. Désormais, avec l’euro, privé du pouvoir d’émettre de l’argent, l’état se fait traiter comme une entreprise quelconque, et s’il a besoin d’en emprunter, et bien il qu’aille l’emprunter sur le marché comme tout le monde, dans les mêmes conditions que tout le monde. N’avez-vous pas déjà entendu un dirigeant d’organisme public se vanter de diriger son organisme comme on dirige une entreprise ?

** Ce n’est pas que je considère la sortie de Le Saut de Sandra comme un moment incontournable de l’Histoire de France, c’est tout simplement que pour moi, à titre tout à fait personnel, j’espère que vous comprendrez, c’est un repère chronologique marquant.


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MessageSujet: Re: Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic)   Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic) EmptyJeu 11 Nov - 22:34

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MessageSujet: Re: Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic)   Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic) EmptySam 13 Nov - 11:18

Les emplois discount de la grande distribution : « Accepte ou dégage ! »
Coup de projecteur sur les conditions de travail des employé(e)s des hypermarchés. Sur ces personnes, des femmes surtout, qui subissent de plein fouet la dérégulation du travail.

« La plupart des femmes préfèrent exercer un travail à temps partiel, pour garder un contact avec le monde du travail, sans pénaliser la vie familiale. Et continuer à accumuler des points de retraite ! Le temps partiel est largement plébiscité par les salariés, notamment par les femmes au travail. Nous entrons dans l’ère du temps choisi. » Mais par qui ? Michel-Édouard Leclerc se garde bien de l’expliciter dans son livre la Fronde des Caddies. Mis à part le rôle de gestion de la sphère familiale imputée aux femmes par le PDG du groupe qui a instauré les hypermarchés en France, Michel-Édouard Leclerc prétend ainsi que les caissières, pour ne parler que d’elles, sont demandeuses d’un emploi de précarité, engendrant flexibilité quotidienne et bas salaires.

Samira travaille dans un hypermarché d’un quartier nord de Marseille, sa journée est coupée en deux : de 10 heures à 12 h 30 et de 17 heures à 22 heures.« Les jours où je bosse, je suis absente 13 heures de chez moi pour un travail effectif de 7 heures, je perds mes journées pour à peu près 760 euros par mois. » Dans cet exemple, révélateur du travail quotidien de nombre de caissières, le temps partiel s’apparente plus à une vie écartelée. Comment trouver un autre emploi, accéder à une formation, ou encore par exemple prendre rendez-vous chez des médecins spécialistes ?

Aujourd’hui, plus de deux tiers des salariés de la grande distribution sont des femmes. Depuis la fin des années 1980, la féminisation de ce secteur peu valorisé et peu qualifié est allée de pair avec la généralisation du temps partiel. Selon Irène Pêtre, secrétaire nationale du syndicat belge CNE Distribution, 79 % des salariés du groupe Carrefour (hors administration et logistique) occupent par exemple un emploi à temps partiel. En fonction des hypermarchés et des personnes concernées, les types de contrat varient : 10 (surtout pour les étudiants), 15, 22, 26 ou 30 heures hebdomadaires. « La plupart des salariés acceptent le temps partiel dans l’espoir qu’il débouche sur un temps complet, mais cela n’arrive qu’exceptionnellement, surtout pour les hôtesses de caisse ; la réalité c’est "Accepte ou dégage !". Je n’appelle pas cela du temps partiel choisi », s’insurge Charles Dassonville, responsable national de la CGT commerce pour la grande distribution. Dans un hypermarché, un salarié doit être disponible à tout moment dans la fourchette des horaires d’ouverture du magasin, entre 9 h 30 et 22 heures. Les caissières sont généralement prévenues quinze jours à l’avance de leurs horaires et de leurs jours de travail (notamment le dimanche), mais ce délai est parfois écourté. Les horaires changent toutes les semaines avec souvent des coupures de plusieurs heures en milieu de journée.

En 1995 est votée la loi sur l’annualisation du travail à temps partiel. Par ce biais, ce dernier connaît une modification substantielle de sa définition : le temps partiel peut désormais renvoyer à un calcul de temps annuel et non plus seulement hebdomadaire. Une caissière travaillant sur la base d’un contrat de 22 heures hebdomadaires peut, en fonction des prévisions d’affluence de la clientèle, travailler 26 heures une semaine, 18 heures une autre avec, dans tous les cas, un délai de prévenance de quinze jours, et ce sans modification de son salaire. Tout en renforçant la flexibilité des personnes à temps partiel, cette nouvelle législation réduit d’autant les possibilités d’effectuer des heures supplémentaires, mieux rémunérées. « Les caractéristiques du travail à temps partiel font apparaître une corrélation entre emplois tertiaires, emplois sous-qualifiés, emplois flexibles et secteurs féminins de l’emploi », rappelle la sociologue Tania Angeloff. « Le travail à temps partiel a présidé au développement d’un marché de l’emploi précaire et flexible et, en raison d’une concurrence commerciale et internationale accrue, il ne permet guère aujourd’hui à ces emplois de sortir de cette impasse. Il apparaît comme une chausse-trape idéale de la pauvreté, de la précarité professionnelle et d’une segmentation du marché du travail dont les principaux laissés pour compte sont les femmes, les jeunes, en particulier les jeunes femmes. »

La grande distribution symbolise un terreau fertile de multiplication des travailleurs pauvres. En France, 3,5 millions de personnes, dont 80 % de femmes, touchent un salaire inférieur au SMIC. « Les études montrent que la progression des bas salaires constatée depuis une vingtaine d’années est intimement liée au développement des emplois à temps partiel, explique l’économiste Christian Jacquiau. Se développe ainsi toute une frange de salariés pauvres, qui travaillent sans parvenir à gagner leur vie. » Précarité, bas salaires, flexibilité, absence d’équipe de travail fixe : cette accumulation ne permet que rarement la mobilisation collective des salariés. « Dans la grande distribution, à peine 7 % du personnel appartiennent à un syndicat. Avec un turnover important et des pressions patronales officieuses, il est difficile de sensibiliser les employés de la grande distribution, d’autant que les délégués syndicaux subissent souvent des menaces et des attaques illégales », affirme Charles Dassonville. Ceci explique peut-être en partie les résultats d’une enquête réalisée par 40 médecins de la région Centre en 2002 : 32 % de caissières étaient atteintes d’un trouble psychique, plus de la moitié se plaignait de douleurs au dos et au cou, 18 % d’arythmie et 15 % d’hypertension, résultats d’autant plus préoccupants que 70 % des caissières avaient moins de trente ans.

Au service de la course à la rentabilité des magasins, la flexibilité des emplois sert de socle au succès de la grande distribution, et ce au mépris de la vie, de la santé et de la dignité de ses employés. Or, contrairement à l’intérim ou aux CDD, il n’existe toujours pas en France de régulation juridique pour le travail à temps partiel, cette forme d’emploi atypique touchant en grande majorité des femmes.

Christelle Chabaud

( l'Humanité du 13/11/04)

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MessageSujet: Re: Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic)   Dans la série "Vive le néo-liberalisme!" (sic) EmptyMer 17 Nov - 10:22

ÉCONOMIE AMÉRICAINE - La reprise, une catastrophe pour les salariés


http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=30714&provenance=accueil&bloc=20

rale
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