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| Total des votes : 4 |
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| | Tristan Corbière | |
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Auteur | Message |
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Dona Invité
| Sujet: Re: Tristan Corbière Lun 22 Nov - 21:56 | |
| - ours impatient a écrit:
- bon ben ça pionce ici qd chu pas là
pour la Tildée particulièr'ment , Leconte de Lisle
Tous les démons de l'Atlantique, Cheveux épars et bras tordus, Dansent un sabbat fantastique Autour des marins éperdus.
Merci! J'adore ça: Leconte de Lisle et tous les parnassiens réunis. Et puis cette strophe est réellement incroyable (tout le poème en entier aussi bien sûr): cette personnification est extraordinaire! Quand on a vécu ou qu'on vit au bord de la mer, qu'on connaît bien ses rythmes et ses tempêtes, c'est vraiment ça. Une image apocalyptique...Une merveille! |
| | | ours impatient Drôle de zèbre
Nombre de messages : 2800 Localisation : Marseille Date d'inscription : 15/10/2004
| Sujet: Re: Tristan Corbière Lun 22 Nov - 22:10 | |
| et la dernière ! Mais, dans cet antre, à pleines voiles, Le navire, hors de l'enfer, S'élance au-devant des étoiles, Couvert des baves de la mer. | |
| | | Hématite Incontinent verbal
Nombre de messages : 330 Date d'inscription : 19/10/2004
| Sujet: Re: Tristan Corbière Lun 22 Nov - 23:05 | |
| superbe!!!
Un que j'adore aussi est "paysage polaire" du même Leconte de Lisle... | |
| | | Fulmi Prolixe infatigable
Nombre de messages : 5214 Age : 69 Date d'inscription : 16/10/2004
| Sujet: Re: Tristan Corbière Lun 22 Nov - 23:22 | |
| - Hématite a écrit:
- superbe!!!
Un que j'adore aussi est "paysage polaire" du même Leconte de Lisle... Paysage polaire Un monde mort, immense écume de la mer, Gouffre d'ombre stérile et de lueurs spectrales, Jets de pics convulsifs étirés en spirales Qui vont éperdument dans le brouillard amer. Un ciel rugueux roulant par blocs, un âpre enfer Où passent à plein vol les clameurs sépulcrales, Les rires, les sanglots, les cris aigus, les râles Qu'un vent sinistre arrache à son clairon de fer. Sur les hauts caps branlants, rongés des flots voraces, Se roidissent les Dieux brumeux des vieilles races, Congelés dans leur rêve et leur lividité ; Et les grands ours, blanchis par les neiges antiques, Çà et là, balançant leurs cous épileptiques, Ivres et monstrueux, bavent de volupté. Juste un détail : c'est visuel, très fort, mais il y manque qu'on n'y sent pas le froid. | |
| | | Dona Invité
| Sujet: Re: Tristan Corbière Lun 22 Nov - 23:28 | |
| - Fulmi a écrit:
Paysage polaire
Un monde mort, lueurs spectrales, Jets de pics convulsifs le brouillard amer.
Un ciel rugueux un âpre enfer les clameurs sépulcrales,
Qu'un vent sinistre
Sur les hauts caps branlants Se roidissent les Dieux brumeux Congelés leur lividité ;
Et les grands ours, blanchis par les neiges antiques,
Juste un détail : c'est visuel, très fort, mais il y manque qu'on n'y sent pas le froid. Moi je trouve que si, ça sent le froid, ça sent la mort. M'enfin tout le monde dédale pas dans les fjords en plein été ici... Ah la la...la moitié de mon âme pour rimer comme Leconte de Lisle. L'autre moitié étant pour écrire comme Colette. |
| | | ours impatient Drôle de zèbre
Nombre de messages : 2800 Localisation : Marseille Date d'inscription : 15/10/2004
| Sujet: Re: Tristan Corbière Mer 23 Fév - 20:41 | |
| oh je n'sais pas, ça m'a prise comme ça, Baudelaire ça vous a un ptit côté compulsif Au lecteur
La sottise, l'erreur, le péché, la lésine, Occupent nos esprits et travaillent nos corps, Et nous alimentons nos aimables remords, Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ; Nous nous faisons payer grassement nos aveux, Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux, Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.
Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste Qui berce longuement notre esprit enchanté, Et le riche métal de notre volonté Est tout vaporisé par ce savant chimiste.
C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent ! Aux objets répugnants nous trouvons des appas ; Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas, Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.
Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange Le sein martyrisé d'une antique catin, Nous volons au passage un plaisir clandestin Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.
Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes, Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons, Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.
Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie, N'ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins Le canevas banal de nos piteux destins, C'est que notre âme, hélas ! n'est pas assez hardie.
Mais parmi les chacals, les panthères, les lices, Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents, Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants, Dans la ménagerie infâme de nos vices,
Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde ! Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris, Il ferait volontiers de la terre un débris Et dans un bâillement avalerait le monde ;
C'est l'Ennui ! - l'oeil chargé d'un pleur involontaire, Il rêve d'échafauds en fumant son houka. Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat, - Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère ! | |
| | | Dona Invité
| Sujet: Re: Tristan Corbière Mer 23 Fév - 20:46 | |
| Même l'amour c'est ouf avec Tristan. Mais quitte à déchoir et périr d'ennui, autant se servir.^^
A l'éternel madame Mannequin idéal, tête-de-turc du leurre, Eternel Féminin ! ... repasse tes fichus ; Et viens sur mes genoux, quand je marquerai l'heure, Me montrer comme on fait chez vous, anges déchus.
Sois pire, et fais pour nous la joie à la malheure, Piaffe d'un pied léger dans les sentiers ardus. Damne-toi, pure idole ! et ris ! et chante ! et pleure, Amante ! Et meurs d'amour !... à nos moments perdus.
Fille de marbre ! en rut ! sois folâtre !... et pensive. Maîtresse, chair de moi ! fais-toi vierge et lascive... Féroce, sainte, et bête, en me cherchant un coeur...
Sois femelle de l'homme, et sers de Muse, ô femme, Quand le poète brame en Ame, en Lame, en Flamme ! Puis - quand il ronflera - viens baiser ton vainqueur ! |
| | | Dona Invité
| Sujet: Re: Tristan Corbière Mer 23 Fév - 21:01 | |
| Il est trop...Je pars en touriste demain, j'veux pas qu'on me grise le moral, donc je la dépose ici.
De Tristan @ autres:
Steam-boat
A une passagère. En fumée elle est donc chassée L'éternité, la traversée Qui fit de Vous ma soeur d'un jour, Ma soeur d'amour ! ...
Là-bas : cette mer incolore Où ce qui fut Toi flotte encore... Ici : la terre, ton écueil, Tertre de deuil !
On t'espère là... Va légère ! Qui te bercera, Passagère?... Ô passagère [de] mon coeur, Ton remorqueur ! ...
Quel ménélas, sur son rivage, Fait le pied ?... - Va, j'ai ton sillage... J'ai, - quand il est là voir venir, - Ton souvenir !
Il n'aura pas, lui, ma Peureuse, Les sauts de ta gorge houleuse !... Tes sourcils salés de poudrain Pendant un grain !
Il ne t'aura pas : effrontée ! Par tes cheveux au vent fouettée !... Ni, durant les longs quarts de nuit, Ton doux ennui...
Ni ma poésie où : - Posée, Tu seras la mouette blessée, Et moi le flot qu'elle rasa..., Et coetera.
- Le large, bête sans limite, Me paraîtra bien grand, Petite, Sans Toi ! ... Rien n'est plus l'horizon Qu'une cloison,
Qu'elle va me sembler étroite ! Tout seul, la boîte à deux ! ... la boîte Où nous n'avions qu'un oreiller Pour sommeiller.
Déjà le soleil se fait sombre Qui ne balance plus ton ombre, Et la houle a fait un grand pli... - Comme l'oubli ! -
Ainsi déchantait sa fortune, En vigie, au sec, dans la hune, Par un soir frais, vers le matin, Un pilotin. |
| | | ours impatient Drôle de zèbre
Nombre de messages : 2800 Localisation : Marseille Date d'inscription : 15/10/2004
| Sujet: Re: Tristan Corbière Mer 23 Fév - 21:48 | |
| quelle simplicité quelle pudeur quelle énergie | |
| | | Dona Invité
| Sujet: Re: Tristan Corbière Mer 23 Fév - 22:12 | |
| - ours impatient a écrit:
- quelle simplicité quelle pudeur quelle énergie
Et que d'interférences avec le lecteur. Tous passés par là...mais tout le monde ne sait pas le dire. |
| | | Dona Invité
| Sujet: Re: Tristan Corbière Dim 6 Mar - 19:46 | |
| @ M'sieur Tristan , avec bien du respect et tout autant de rire. C'est le genre de poème qu'on déclame, moitié ivre, lors d'une soirée entre amis, organisée pour remonter le moral du cocu de service dont la moitié vient (enfin) de partir et que son autre ex-moitié, agonisante, se noie dans le vin, de n'importe quelle couleur. :lol: A une camarade Que me veux-tu donc, femme trois fois fille ?... Moi qui te croyais un si bon enfant ! - De l'amour?... - Allons : cherche, apporte, pille ! L'aimer aussi, toi ! .., moi qui t'aimais tant. Oh ! je t'aimais comme.. un lézard qui pèle Aime le rayon qui cuit son sommeil... L'Amour entre nous vient battre de l'aile : - Eh ! qu'il s'ôte de devant mon soleil ! Mon amour, à moi, n'aime pas qu'on l'aime ; Mendiant, il a peur d'être écouté... C'est un lazzarone enfin, un bohème, Déjeunant de jeûne et de liberté. - Curiosité, bibelot, bricole ?... C'est possible : il est rare - et c'est son bien - Mais un bibelot cassé se recolle ; Et lui, décollé, ne vaudra plus rien ! ... Va, n'enfonçons pas la porte entr'ouverte Sur un paradis déjà trop rendu ! Et gardons à la pomme, jadis verte, Sa peau, sous son fard de fruit défendu. Que nous sommes-nous donc fait l'un à l'autre ?... - Rien... - Peut-être alors que c'est pour cela ; - Quel a commencé? - Pas moi, bon apôtre ! Après, quel dira : c'est donc tout - voilà ! - Tous les deux, sans doute... - Et toi, sois bien sûre Que c'est encor moi le plus attrapé : Car si, par erreur, ou par aventure, Tu ne me trompais.., je serais trompé ! Appelons cela : l'amitié calmée ; Puisque l'amour veut mettre son holà. N'y croyons pas trop, chère mal-aimée... - C'est toujours trop vrai ces mensonges-là ! - Nous pourrons, au moins, ne pas nous maudire - Si ça t'est égal - le quart-d'heure après. Si nous en mourons - ce sera de rire... Moi qui l'aimais tant ton rire si frais ! |
| | | ours impatient Drôle de zèbre
Nombre de messages : 2800 Localisation : Marseille Date d'inscription : 15/10/2004
| Sujet: Re: Tristan Corbière Jeu 24 Mar - 22:01 | |
| Mimile Verhaeren Chanson du fou, issue des Campagnes hallucinées, 1893 Le crapaud noir sur le sol blanc Me fixe indubitablement Avec des yeux plus grands que n'est grande sa tête; Ce sont les yeux qu'on m'a volés Quand mes regards s'en sont allés, Un soir, que je tournai la tête.
Mon frère ? - il est quelqu'un qui ment, Avec de la farine entre ses dents ; C'est lui, jambes et bras en croix, Qui tourne au loin, là-bas, Qui tourne au vent, Sur ce moulin de bois.
Et celui-ci, c'est mon cousin Qui fut curé et but si fort du vin Que le soleil en devint rouge; J'ai su qu'il habitait un bouge, Avec des morts, dans ses armoires.
Car nous avons pour génitoires Deux cailloux Et pour monnaie un sac de poux, Nous, les trois fous, Qui épousons, au clair de lune, Trois folles dames, sur la dune.
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| | | Dona Invité
| Sujet: Re: Tristan Corbière Mar 29 Mar - 6:34 | |
| Toujours efficace. Et sobre: "Fais de toi ton oeuvre posthume." "L'amour est un duel : - Bien touché ! Merci." Les amours jaunesJe m'applique la première citation. Pour quand que j'aurai écrit mon livre. |
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| Sujet: Re: Tristan Corbière | |
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| | | | Tristan Corbière | |
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