Réalisé par Anne Fontaine
avec Isabelle Carré, Benoît Poolvoerde, Jonathan Zaccaï
Synopsis :
Claire travaille à Lille dans une compagnie d'assurances. Elle mène une vie sans histoire avec son mari et sa petite fille.
Laurent, lui,est vétérinaire.
Un jour, il vient au cabinet d’assurance consulter pour un problème de dégât des eaux. A partir de ce jour-là, il trouve toutes les occasions possibles pour revoir Claire qui en est sérieusement troublée.
Laurent ne lui cache pas qu’il est un « chasseur de femmes »… Mais avec Claire, tout pour lui différent…et tous deux semblent exercer l’un sur l’autre une fascination réciproque.
Au même moment, dans la région, un tueur en série égorge plusieurs femmes au scalpel…
« Entre ses mains » est l'adaptation cinématographique du roman « Les Kangourous » de Dominique Barbéris.
Anne Fontaine avait découvert le manuscrit du livre car Prune Berge, responsable chez Gallimard du département cinéma, avait en fait confié ce texte à l'intention de la réalisatrice à une petite fille qui fréquentait la même école que son petit garçon.
"L'insolite de ma rencontre avec ce document a attiré ma curiosité, explique Anne Fontaine. J'ai été immédiatement intéressée par l'héroïne, une femme à la fois effrayée et fascinée par le même homme. Dans le livre, l'homme est abstrait, il n'existe pas vraiment. J'ai rencontré l'auteur pour lui demander si elle acceptait que je la trahisse. Elle m'a fait confiance. Ce qui m'intéressait, c'était de traiter, à partir d'une banale rencontre amoureuse, le glissement insensible du quotidien jusqu'à la folie et le tragique."
J’ai eu, avant de voir ce film, bien des doutes concernant le choix de l’acteur : Benoît Poolvoerde. Comment l’imaginer en séducteur crédible ? J’ai eu un peu de mal, je l’avoue…Face à l’adorable et extraordinaire comédienne qu’est Isabelle Carré,toujours parfaite, ce choix me paraissait étrange et peu convainquant. Isabelle Carré, fragile, bouleversante et passionnée, toujours crédible. Pourtant, Poolvoerde réserve ici la surprise de jouer dans un registre bien différent de celui dans lequel on l’attend. Séducteur, à mon avis, non…Mais misérablement fragile, douloureux ,trouble, oui, il l’est…
Sans excès d’hémoglobine, mais dans une atmosphère toujours très tendue faite de nombreux silences, de regards, de temps morts, il faut reconnaître que le jeu du chat et de la souris fonctionne fort bien entre deux personnages. On se croirait parfois dans un film de Hitchcok…mais c’est aussi une bien grande comparaison car trop d’indices, dès les premières images nous laissent entrevoir la fin un peu prévisible…Et l’on comprend assez mal pourquoi Claire s’attache de plus en plus à Laurent, à mesure que ses soupçons se précisent.
Anne Fontaine, réalisatrice de l’incroyable « Augustin, roi du kung-fu », reste sans conteste l’une des cinéastes françaises les plus brillantes du moment. On remarque à chacun de ses films son beau style, ses sujets noirs. Elle aime à fouiller les recoins les moins avouables de l’âme humaine. Les personnages qu’elle met en scène sont complexes, soumis à leurs pulsions incontrôlables, à leurs blessures (le fils mal dans sa peau : Charles Berling dans « Comment j’ai tué mon père » ; le couple : Miou-Miou et Charles Berling, dont la sexualité est bouleversée par un jeune homme : Stanislas Mehrar, dans « Nettoyage à sec » ; « Nathalie »: Emmanuelle Béart, la femme qui demande à une prostituée d’avoir des relations sexuelles avec son mari).
J’ai été très sensible à la musique du film. Il faut dire qu’Anne Fontaine l’a confiée à Pascal Dusapin l'un des plus grands compositeurs français de musique contemporaine. C’était sa première musique de film. Ses disques « Medeamaterial », « Extenso », « Apex », « La melancholia » ne sont jamais très éloignés de mon lecteur de CD…