Le Pavé originel, d'Adam Pianko (La Martinière). Une construction du temps en peu spéciale, un style fuide et narquois, les 180 et quelques pages se laissent lire en quelques heures et tout d'un trait.
Le Pavé originel est cousu (l'image d'un patchwork multicolore traîne quelque part dans ma tête, d'ailleurs il est question du commerce du tissu dans le livre) sur un arbre généalogique. Mais alors, n'allez pas vous imaginer qu'un arbre généalogique, c'est pyramidal, non, l'arbre de Samuel Opianski est tout sauf sagement diachronique, les origines et les genèses sont ailleurs et là, embrouillées, renvoyées dans l'autre camp.
"Les anciens de Varsovie la croyaient de Vilno, ceux de Vilno de Cracovie, et ceux de Cracovie avaient la certitude ancrée quoique un peu vague, qu'elle arrivait tout droit de l'Amérique latine, quelque part entre l'Uruguay et la Patagonie."
Les ancêtres, barbus aux cheveux frisottés, se baladent dans le présent, en l'occurence la vie sentimentale et "militante" de Samuel Opianski, considérant (ou prétextant ?) que s'agissant du passé et du présent, l'un et l'autre ne font qu'un, la dualité étant fondamentalement une illusion.
Ce qui à défaut d'amuser Samuel, fait sourire le lecteur, en tout cas m'a fait sourire. Cela m'a donné l'impression de parcourir un album photo "de famille" orné de portraits jaunis, certains placés de travers, chacun prétendant abreuver le présent des méandres improbables de sa vie...
Là-dessus, j'ai décidé d'enchaîné sur le premier "pavé" que l'auteur a écrit, et comme il est désormais épuisé l'écrivain a bien voulu me le prêter, ce qui me met encore plus l'eau à la bouche (je dois avoir un côté groupie) : il s'agit de La Mélodie d'Alzenheimer. Voici en tout cas ce que dit la quatrième de couverture : Varsovie années 30 : le pauvre Moïse aime la très riche Marysia. Roméo et Juliette, version yiddish. A peine surmontés tous les interdits, leur amour se trouve confronté et la guerre éclate.
Ils vont alors entreprendre un incroyable parcours qui les mènera en France en passant pas un camp soviétique, un wagon russe, un séjour à Téhéran et à Monte Cassino bombardé par les obus allemands. Partout Moïse fait du commerce avec un égal succès (et Marysia ne rêve que de dépenser). A Paris, son entregent l'amène à la fortune, tandis qu'un événement inattendu empêche Marysia d'en profiter.
La Mélodie d'Alzenheimer mêle réalité et imagination dans ce combat pour la vie qui pourrait être tragique, mais dont le seul vainqueur est l'humour.