« CARNETS DE VOYAGE »
un film de Walter Salles (« Central do Brazil », « Avril brisé »…)
avec : Gaël Garcia Bernal (Guevara) et Rodrigo de la Serna (Granado)…
Le film « Carnets de voyage » s’inspire des notes de voyage écrites par Ernesto Guevara lors d’un périple commencé en 1952 à travers l’Amérique Latine. Il s’inspire aussi du livre de son co-équipier d’alors, Alberto Granado : « Con el Che por America Latina »
Che Guevara écrivait ces lignes, en préambule à ses « Carnets de voyage à motocyclette » : « Entendons-nous bien ! Ce qui suit n’est pas le récit d’exploits fabuleux. C’est un fragment de nos vies parallèles, au temps où nous parcourions ensemble un même bout de chemin, dans une communauté d’aspirations et de rêves. »
« Carnets de Voyage » d’Ernesto Guevara est un livre de souvenirs, rédigé par celui-ci plusieurs années après ce voyage de jeunesse. L’ouvrage mêle aux insertions du journal original, aux descriptions spontanées des lieux découverts et des gens rencontrés, des réflexions plus tardives, qui nous éclairent sur l’évolution de Guevara, sa prise de conscience et sa destinée.
En 1952, deux jeunes argentins, Alberto Granado (biochimiste) et Ernesto Guevara (étudiant en médecine), partent à la découverte de l’Amérique latine.
Ernesto a alors 23 ans. Il appartient à une famille de la bourgeoisie .Son asthme est depuis l’enfance un souci permanent mais il a appris à le combattre. Etudiant en médecine, il n’est qu’à quelques semaines de ses examens lorsqu’il décide de faire ce voyage avec son ami Alberto.
Ils débutent leur périple sur une vieille moto pétaradante baptisée « la vigoureuse ».
Très vite, ce qui ne devait être qu’une expédition rocambolesque va s’avérer être une formidable aventure humaine qui bouleversera le destin des deux jeunes hommes.
Les rencontres qu’ils font leur révèlent la réalité politique et sociale de leur continent : la misère, l’exclusion, les inégalités, les persécutions politiques. Ils observent, échangent, s’interrogent
Ce voyage à travers le continent sud-américain déterminera pour une large part l’avenir des deux hommes.
Le périple fut vraiment un événement déterminant dans la vie du Che. Il a permis la naissance de la conscience sociale de l’un des révolutionnaires les plus idéalisés du XXème siècle.
Dans cet épisode de sa période pré-révolutionnaire, les signes annonciateurs sont là : rejet viscéral de l’injustice, dévouement envers les exclus… Se fait peu à peu son évolution intérieure au rythme des rencontres :un ex-nazi réfugié en Argentine, des lépreux reclus aux confins de la Bolivie…Dans la léproserie, les deux amis passèrent trois semaines à aider les médecins et les religieuses. Ernesto refuse de porter des gants pour toucher les malades. Il traverse à la nage le fleuve qui sépare les malades des bien-portants.
Soucieux d’authenticité, Walter Salles a longuement préparé son film.
D’abord en recueillant à Cuba la parole d’Alberto Granado, partenaire de Guevara lors de ce voyage .
En cherchant aussi à retrouver l’esprit de Guevara et Granado, à moto, puis à pied à travers l’Argentine, le Chili, le Pérou, la Colombie, le Vénézuela…
Le cinéaste a connu parfois des moments de découragement. Et d’autres d’illumination. « Au Brésil, on ne cesse de s’interroger sur notre appartenance à un continent dont nous ne parlons pas la langue. J’ai commencé ce film en doutant du rêve bolivarien d’unité transaméricaine, celui dont parle Guevara. Aujourd’hui, j’y crois. »
« En sillonnant l’Amérique latine sur ses traces, je me suis aperçu que le continent décrit il y a cinquante ans était très proche de celui que je traversais. Du coup, le film s’est sans cesse conjugué au présent, abolissant la frontière entre documentaire et fiction. J’en ai fait un principe de tournage : injecter dans le scénario, perpétuellement réécrit, la vie qui pouvait naître de rencontres de hasard. A Cuzco, par exemple, quatre femmes incas, qui ne parlent pas l’espagnol mais le quechua, ont été intégrées au récit. » Dans des lieux comme Cuzco ou le Macchu Picchu, nous avons encouragé les acteurs à dialoguer avec la population locale, comme l’avaient fait Ernesto et alberto. Ces échanges spontanés furent ensuite incorporés dans le scénario.
Dans ses notes de tournage, Salles cite l’écrivain portugais Fernando Pessoa : « Je n’évolue pas. Je voyage. »
Un an après le tournage, lorsqu’on lui demande ce qu’il a appris en chemin : »Je viens d’un milieu social aisé qui, comme celui de Guevara, était plus tourné vers l’Europe que vers le continent latino-américain. « Carnets de voyage » m’a aidé à aller dans une autre direction. Je pense que c’est le cas pour nombre de ceux qui ont travaillé sur le film. Nous avons vécu collectivement l’expérience d’une révélation : celle que les livres de Guevara nous proposent. »
Ce film est tout simplement une histoire humaine, celle d’une amitié entre deux hommes qui vont aller à la découverte de leur pays et des hommes qui l’habitent pour finalement se découvrir eux-mêmes.
Ce n’est pas une hagiographie du Che. Le mythe s’efface derrière une humanisation du personnage. Guevara apparaît calme et timide, piètre danseur, asthmatique mais plein de vie ,surtout très proche de son prochain
Walter Salles jette aussi un regard plein de tendresse sur un continent, une terre de contrastes, auquel il rend hommage.
Pour l’image, il a choisi un chef-opérateur français, Eric Gautier,( habitué des
Films d’Assayas et Chéreau.). Et la nature est superbement photographiée.
Dans les dernières scènes, le visage d’un vieil homme apparaît. Celui d’Alberto Granado (82 ans) qui a accompagné l’équipe sur le tournage.( Il paraît que l’un des moments les plus émouvants fut lorsque Alberto Granado reconnut dans la léproserie de San Pablo un patient qu’il avait traité à l’époque…)
Un film qui donne envie d’aller au cinéma…et aussi de lire « Les Carnets de voyage » du Che !