Nuits Blanches

Nuit Blanche, éclatante, éblouissante à crever les yeux,
A étouffer l'ombre pour en extraire l'enfer.
De l'autre côté de la vitre au couperet glacé,
La lune imperturbable a coulé son sang de marbre,
Lourde à plomber le froissement des draps
Comme autant de baisers qu'on ne donnera plus.

* * * * *

Nuit pourpre en robe de femme à dénuder,
Lascive, alanguie, prête à feuler de ses armes sanguines.
Il pleut des chevelures étoilées depuis le boléro du ciel,
Inondant le glissement des soies sur le grand lit défait.
Saxo de parade amoureuse, l'obscurité, rauque,
Blues un ralenti d'ébène aux moiteurs éveillées.

Clair Obscur - 25 Avril 2005

C'est joooliii ! Mais j'ai rien compris Vous me direz, je suis pas très culturé

Ben tu relis, paske j'ai pas bien compris non plus...

Clair Obscur a écrit:

Ben tu relis, paske j'ai pas bien compris non plus...

C'est post-René Char. Du charabia rimé.

Peut-être, mais y'a quelque chose qui me plaît. C'est la liberté.
L'insaisissable anarchie de ce qui précède "la pensée" (la pensée révèle déjà un semblant de mise en ordre, en forme)

Clair Obscur a écrit:

Peut-être, mais y'a quelque chose qui me plaît. C'est la liberté.
L'insaisissable anarchie de ce qui précède "la pensée" (la pensée révèle déjà un semblant de mise en ordre, en forme)

ouh la, parler d'anarchie ou de liberté dans c'cas, ça fait désordre

ours impatient a écrit:

ouh la, parler d'anarchie ou de liberté dans c'cas, ça fait désordre

La liberté d'aller dans cette anarchie-là, ours. :lol:

Clair Obscur a écrit:

Peut-être, mais y'a quelque chose qui me plaît. C'est la liberté.
L'insaisissable anarchie de ce qui précède "la pensée" (la pensée révèle déjà un semblant de mise en ordre, en forme)

La mise en forme est écrasante, dans ce prétendu poème. On sent le travail, au sens médiéval, qui a contraint les mots à rentrer dans le moule. C'est un lit de Procuste littéraire, ce travail-là. La liberté n'est nulle part, et encore moins l'anarchie, ce sont des valeurs porteuses de sens. Ici, des mots arrangés sans bon sens, sans même un alibi esthétique, sont rentrée au marteau-pilon dans un moule trop étroit pour eux. Ils dépassent.

Bref, tu es insominaque. Autant le dire simplement : «Je suis insomniaque et je m'ennuie la nuit. »

Clair Obscur a écrit:

ours impatient a écrit:

ouh la, parler d'anarchie ou de liberté dans c'cas, ça fait désordre

La liberté d'aller dans cette anarchie-là, ours. :lol:

c'est pas d'l'anarchie, et dès qu't'alignes trois mots, c'est déjà plus d'la liberté

Fulmi a écrit:

Bref, tu es insominaque. Autant le dire simplement : «Je suis insomniaque et je m'ennuie la nuit. »

Oui, et ça me faisait plaisir de lui tenir compagnie, quand elle écrivait pas des poèmes.

Je parle avec les anges dans une langue obscure
Que seul je peux comprendre, les autres n'en ont cure
La nuit porte conseil et refroidit les murs
Mes pieds sont mal comptés mais je n'en ai cure

Côté obscur a écrit:

Fulmi a écrit:

Bref, tu es insominaque. Autant le dire simplement : «Je suis insomniaque et je m'ennuie la nuit. »

Oui, et ça me faisait plaisir de lui tenir compagnie, quand elle écrivait pas des poèmes.

Je parle avec les anges dans une langue obscure
Que seul je peux comprendre, les autres n'en ont cure
La nuit porte conseil et refroidit les murs
Mes pieds sont mal comptés mais je n'en ai cure

c'est pas des pieds, c'est des syllabes

Fulmi a écrit:

des mots arrangés sans bon sens, sans même un alibi esthétique, sont rentrée au marteau-pilon dans un moule trop étroit pour eux. Ils dépassent.

Liberté de "mon" anarchie.

ours impatient a écrit:

dès qu't'alignes trois mots, c'est déjà plus d'la liberté

Parfaitement d'accord avec toi.
Tu diras que je joue avec les mots, mais je dis : liberté de les aligner comme ils me hantent dans cet instant là (et celui-là seulement)

Fulmi a écrit:

Clair Obscur a écrit:

Peut-être, mais y'a quelque chose qui me plaît. C'est la liberté.
L'insaisissable anarchie de ce qui précède "la pensée" (la pensée révèle déjà un semblant de mise en ordre, en forme)

La mise en forme est écrasante, dans ce prétendu poème. On sent le travail, au sens médiéval, qui a contraint les mots à rentrer dans le moule. C'est un lit de Procuste littéraire, ce travail-là. La liberté n'est nulle part, et encore moins l'anarchie, ce sont des valeurs porteuses de sens. Ici, des mots arrangés sans bon sens, sans même un alibi esthétique, sont rentrée au marteau-pilon dans un moule trop étroit pour eux. Ils dépassent.

Bref, tu es insominaque. Autant le dire simplement : «Je suis insomniaque et je m'ennuie la nuit. »

Hé bé je l'ai trouvée, la définition de dégueulasse

Clair Obscur a écrit:

Liberté de "mon" anarchie.

Certes mais dès lors que l'expression de cette « liberté » est proposée en lecture, elle s'expose à la critique.
C'est bien dommage que la liberté produise n'importe quoi. C'est ce qui empêche l'anarchie d'être viable. D'où la nécessité de la tyrannie.

Fulmi a écrit:

Certes mais dès lors que l'expression de cette « liberté » est proposée en lecture, elle s'expose à la critique.

Ça ne me dérange pas. Au contraire. La brosse à reluire, c'est pas marrant. Beaucoup ne fonctionnent que comme ça. Ça empêche d'avancer, c'est pas constructif. J'aime bien savoir ce qui dérange et pourquoi. Continue, je te prie.

Fulmi a écrit:

C'est bien dommage que la liberté produise n'importe quoi. C'est ce qui empêche l'anarchie d'être viable. D'où la nécessité de la tyrannie.

Comment l'anarchie pourrait-elle se laisser canaliser ?
Ta remarque sur la tyrannie m'enchante, me fait rire. Mais développe ce qui précède, ça m'intéresse.

mawie a écrit:

Hé bé je l'ai trouvée, la définition de dégueulasse

Ben non, pourquoi tu dis ça, mawie ? Chacun pense ce qu'il veut. Le truc dégueulasse aurait été de ne pas me le dire et de radoter par derrière.

Clair Obscur a écrit:

Ta remarque sur la tyrannie m'enchante, me fait rire. Mais développe ce qui précède, ça m'intéresse.

Bien que n'étant pas anarchiste moi-même, je suppose que l'anarchie qui est la négation de toute tyrannie impose que chacun soit son propre tyran, ce qui n'advient jamais et l'anarchie ne règne jamais bien longtemps.

Transposé à ton pseudo-poème, puisque tu n'as pas été ton propre tyran et que tu ne t'es pas imposée de règles d'écriture viables, fussent les tiennes ou les règles établies, le résultat n'est pas viable (comme texte). C'est du charabia (équivalent littéraire de la cacophonie).

Citation :

mawie a écrit:

Hé bé je l'ai trouvée, la définition de dégueulasse

Ben non, pourquoi tu dis ça, mawie ?

Parce que la réponse à la question, posée par Jean Deberg au flic qui vient de tuer Belmondo, c'est « — Vous ». cf. J.-L. Godard, À bout de souffle. C'est parce que Jean Seberg a dénoncé son amant aux flics que ceux-ci l'ont tué. Auparavant, Belmondo, agonisant, a dit : « C'est dégueulasse ». Seberg, étrangère, ignore le sens de ce mot. Elle demande : « C'est quoi, dégueulasse ? ». Le flic répond : « C'est vous ».

Mawie elle se la pète grave, au cinoche. Mais se prendre pour Jean Seberg, ce n'est pas si mal. Elle fut une belle actrice. Faut pas l'imiter en tout, néanmoins. Elle a mal fini.

Fulmi a écrit:

Mawie elle se la pète grave, au cinoche.

Non, je t'assure... Désolée d'avoir donnée cette impression...

Fulmi a écrit:

Seberg, étrangère, ignore le sens de ce mot.

Non, elle sait, je crois...

Mawie a écrit:

Fulmi a écrit:

Seberg, étrangère, ignore le sens de ce mot.

Non, elle sait, je crois...

Tu le crois, donc tu ne sais pas, puisque croire est antinomique de savoir. Ce que l'on croit, c'est que, précisément, on l'ignore.

Sauf erreur, rien dans le dialogue du film ne suggère que Seberg sait ce que veut dire "dégueulasse". Il me semble que tu interprètes ce qui ne demande pas à l'être. Il n'y a aucun sous-entendus, dans À bout de souffle. À moins que tu ne fasses référence au remake avec Richard Gere et Valérie Kaprisky, mais je ne te soupçonne pas de cette infâmie.

Mawie a écrit:

Fulmi a écrit:

Mawie elle se la pète grave, au cinoche.

Non, je t'assure... Désolée d'avoir donnée cette impression...

meuh non t'affole pas, il doit pas avoir digéré son humiliation sur l'art mineur

ours impatient a écrit:

meuh non t'affole pas, il doit pas avoir digéré son humiliation sur l'art mineur

Humiliation ? Heu… Je viens de voir Brice de Nice. J'ai pas eu l'impression d'un art majeur, franchement.

j'ai ajouté "je crois", en pensant que tu allais dire que je récitais mes cours de TD...

Fulmi a écrit:

ours impatient a écrit:

meuh non t'affole pas, il doit pas avoir digéré son humiliation sur l'art mineur

Humiliation ? Heu… Je viens de voir Brice de Nice. J'ai pas eu l'impression d'un art majeur, franchement.

ne t'en prends qu'à toi si tu vas voir des conn'ries

Mawie a écrit:

j'ai ajouté "je crois", en pensant que tu allais dire que je récitais mes cours de TD...

Ah. Parce que tu as vu À bout de souffle, en vrai, au ciné ?

Ta critique, Fulmi, m'intéresse notamment parce que je ne connais pas bien la poésie libre, laquelle semble difficile à manier, selon ce que j'entends dire un peu partout.
J'ai été contactée pas plus tard qu'hier par quelqu'un :

http://perso.wanadoo.fr/cypris/index.htm
(cliquer sur "Activités Artistiques" notamment)

J'ai saisi l'occasion au vol, pour soumettre "Nuits Blanches" et demander s'il était possible d'obtenir un commentaire. Cette personne ne me connaît pas, c'est l'idéal (comme le public. C'est toujours plus parlant, un public non acquis)
Voici un copier coller de sa réponse :

Superbe poème avec images, choix des mots et ambiance bien amenée.
Ma seule remarque serait le manque de vers courts, qui pourraient
augmenter le relief des notions importantes. Un simple exemple, trop
vite écrit et trop personnel :

Nuit Blanche, éclatante, éblouissante
à crever les yeux, A étouffer
l'ombre
pour en extraire
l'enfer.
...

En poésie libre, on croit souvent qu'on a la pleine liberté, mais il
n'en est rien. Il faut pouvoir placer du rythme, être assez novateur
dans le style. Le poème a déjà beaucoup de qualités en tout cas !

Si quelqu'un peut m'en dire davantage sur la construction des vers libres, je suis bien sûr preneuse.
De même je trouve intéressant qu'une personne se serve de mes mots pour les agencer autrement.