Comment il ne faut pas écrire

Je possède un exemplaire de Comment il ne faut pas écrire, d'Antoine Albalat. C'est un livre très érudit, d'un abord délicat, mais qu'un écrivain pouura consulter de temps à autre avec étonnement car l'exigence d'Albalat est très supérieure à la nôtre au XXIe siècle.

Néanmoins, en relativisant sa critique on apprend beaucoup.

Par exemple, page 95 (chapitre 6), je m'amuse à trouver ceci :

" Il n’y a rien de si affligeant que les consolations tirées de la nécessité du mal, de l’inutilité des remèdes, de la fatalité du destin, de l’ordre de la Providence et du malheur de la condition humaine."
(Montesquieu, Lettres persanes, lettre XXXIII.)

Ces phrases malheureuses se rencontrent chez les meilleurs écrivains. Ils eussent mieux fait de les corriger.
Voltaire, à son tour, aurait pu choisir une autre tournure que celle-ci :

" On ne peut douter de la vérité de l’authenticité de ce rituel des Barbares. "
(Essai sur les mœurs. Introd. L’Inde.)

Il était facile d’écrire :
" On ne peut mettre en doute la vérité et l’authenticité de ce rituel des Barbares. "
N’imitons pas cependant l’exagération de Flaubert, qui déclarait que sa vie avait été empoisonnée par le remords " d’avoir accolé dans Madame Bovary deux génitifs l’un sur l’autre : " une couronne de fleurs d’orangers. "
C’est pousser un peu loin le purisme.
L’abus du régime indirect est le grand défaut du style contemporain. On lit couramment dans les discours publics des phrases de ce genre :

" La conviction que vous aurez su inspirer à vos lecteurs de la rectitude et de la droiture de votre jugement et de vos recherches, en même temps que de la loyauté de vos critiques envers vos adversaires... "

Cela peut passer une fois ou deux ; mais c’est tomber dans le mauvais style que d’en faire une habitude.


On est très loin de Christine Angot.

Pour ceux que ça intéresse on trouve en ligne Comment il ne faut pas écrire
http://www.uhb.fr/labos/celam/textes_biblio/textes.htm

Fulmi a écrit:

On est très loin de Christine Angot.

Certes.

le Veilleur a écrit:

Fulmi a écrit:

On est très loin de Christine Angot.

Certes.

Ben oui, quoi.
(En bon français : en effet).

La conviction que vous aurez su inspirer de la rectitude de votre jugement...

C'est mieux comme ça, ou bien j'ai pas compris ce qui clochait dans cette phrase ?

Capitaine ad hoc a écrit:

La conviction que vous aurez su inspirer de la rectitude de votre jugement...

C'est mieux comme ça, ou bien j'ai pas compris ce qui clochait dans cette phrase ?

rectitude = droiture.

Fulmi a écrit:

Capitaine ad hoc a écrit:

La conviction que vous aurez su inspirer de la rectitude de votre jugement...

C'est mieux comme ça, ou bien j'ai pas compris ce qui clochait dans cette phrase ?

rectitude = droiture.

Zut, je me disais aussi, ça fait bizarre ce "rectitude" pour parler d'un jugement.

La conviction que vous aurez su inspirer de la justesse de votre jugement...

Non ? C'est pas mieux ?

Droiture = agir de telle sorte qu'un acte paraisse digne d'être recommencé une infinité de fois. Mais c'est la théorie de Nietzsche, et comme je sais que tu as du mal avec Nietzsche, l'infini et les droites...

ça dépend du contexte, la droiture d'un acte. Si le contexte change, il est possible que la répétition du même acte ne soit plus "droite" dans ce nouveau contexte. Non ?

Capitaine ad hoc a écrit:

La conviction que vous aurez su inspirer de la justesse de votre jugement...

Non ? C'est pas mieux ?

Si sans doute. Mais Albalat, si j'ai bien compris (je n'ai pas tout lu), est plus sévère que cela, et ne traque pas que les fautes de vocabulaire, mais aussi celles de style. Or utiliser des mots longs en quantité est une faute de style. Dans ce cas, il fustige surtout l'abus du style indirect. Comme l'exemple qu'il donne n'est pas complet, il est difficile de corriger nous-même.

Mais on peut imaginer quelque chose comme :

Sachez convaincre vos lecteurs de la droiture de votre jugement, de la justesse des critiques que vous infligez à vos adversaires…

Pour (rappel) :
La conviction que vous aurez su inspirer à vos lecteurs de la rectitude et de la droiture de votre jugement et de vos recherches, en même temps que de la loyauté de vos critiques envers vos adversaires...

Capitaine ad hoc a écrit:

ça dépend du contexte, la droiture d'un acte. Si le contexte change, il est possible que la répétition du même acte ne soit plus "droite" dans ce nouveau contexte. Non ?

On ne dit pas si l'auteur de cette phrase alambiquée a raison ou tort, mais comment il s'exprime.

Sachez convaincre vos adversaires de la justesse de votre jugement, et de celle des critiques que vous adresez à vos adversaires...

Ouais, mais c'est dur quand votre adversaire ne veut pas écouter.

Fulmi a écrit:

Capitaine ad hoc a écrit:

ça dépend du contexte, la droiture d'un acte. Si le contexte change, il est possible que la répétition du même acte ne soit plus "droite" dans ce nouveau contexte. Non ?

On ne dit pas si l'auteur de cette phrase alambiquée a raison ou tort, mais comment il s'exprime.

J'ai bien compris. Je répondais à Nietzsche Baptiste

Capitaine ad hoc a écrit:

Sachez convaincre vos adversaires de la justesse de votre jugement, et de celle des critiques que vous adressez à vos adversaires...

Répétition du substantif "adversaires". À l'époque d'Albalat, c'eût été une faute grave. Pas de conjonction de coordination après une virgule.

Deux fautes, Cap'tain.

alejandro a écrit:

Ouais, mais c'est dur quand votre adversaire ne veut pas écouter.

Ne t'obstine pas, Alex. Je t'ai "écouté" (lu) attentivement, et je t'ai répondu très clairement. Tu as même cru (voulu faire croire) que ce que je disais impliquait des contradictions. Or, c'est ce que tu dis à propos de l'infini et du point géométrique qui implique des contradictions, cela est très clair pour tout esprit raisonnable. Je ne reviendrais pas dessus. Inutile de s'obstiner.

Capitaine ad hoc a écrit:

Ne t'obstine pas, Alex. Je t'ai "écouté" (lu) attentivement, et je t'ai répondu très clairement.

Même que, faute d'arguments, tu as abandonné.

Fulmi a écrit:

Capitaine ad hoc a écrit:

Sachez convaincre vos adversaires de la justesse de votre jugement, et de celle des critiques que vous adressez à vos adversaires...

Répétition du substantif "adversaires". À l'époque d'Albalat, c'eût été une faute grave. Pas de conjonction de coordination après une virgule.

Deux fautes, Cap'tain.

Sachez convaincre vos adversaires de la justesse de votre jugement, et de celle des critiques que vous leur adressez.

Pour la conjonction après la virgule, je ne tiens pas compte de cette règle idiote (des profs de français que j'ai eus pensaient la même chose).

Ce n'est d'ailleurs pas une règle, mais un conseil qu'on donne aux gosses qui ne savent pas reconnaître quand il est opportun ou non de mettre une virgule avant une conjonction.

alejandro a écrit:

Capitaine ad hoc a écrit:

Ne t'obstine pas, Alex. Je t'ai "écouté" (lu) attentivement, et je t'ai répondu très clairement.

Même que, faute d'arguments, tu as abandonné.

Pas du tout. Tu extrapoles. Sur tes deux derniers posts au sujet de l'infini, j'aurais beaucoup de choses à dire. Mais avec toi, ce serait une perte de temps.

Nouveauté : après le non-argument, l'argument virtuel.

alejandro a écrit:

Nouveauté : après le non-argument, l'argument virtuel.

Non-argument, c'est toi qui le dit.

Les arguments que j'ai employé dans cette discussion étaient non seulement recevables, mais indiscutables. Que l'ons'obstine quand même à les discuter est symptomatique d'une époque où le sens de la logique est presque entièrement éteint. C'est assez navrant.

Capitaine ad hoc a écrit:

Les arguments que j'ai employé dans cette discussion étaient non seulement recevables, mais indiscutables.

alejandro a écrit:

Capitaine ad hoc a écrit:

Les arguments que j'ai employé dans cette discussion étaient non seulement recevables, mais indiscutables.

Ben oui, on ne peut pas tergiverser avec la rigueur mathématique.

Ton rire est niais. Et toute personne logique peut le vérifier.

Fulmi a écrit:

Capitaine ad hoc a écrit:

La conviction que vous aurez su inspirer de la justesse de votre jugement...

Non ? C'est pas mieux ?

Si sans doute. Mais Albalat, si j'ai bien compris (je n'ai pas tout lu), est plus sévère que cela, et ne traque pas que les fautes de vocabulaire, mais aussi celles de style. Or utiliser des mots longs en quantité est une faute de style. Dans ce cas, il fustige surtout l'abus du style indirect. Comme l'exemple qu'il donne n'est pas complet, il est difficile de corriger nous-même.

Mais on peut imaginer quelque chose comme :

Sachez convaincre vos lecteurs de la droiture de votre jugement, de la justesse des critiques que vous infligez à vos adversaires…

Pour (rappel) :
La conviction que vous aurez su inspirer à vos lecteurs de la rectitude et de la droiture de votre jugement et de vos recherches, en même temps que de la loyauté de vos critiques envers vos adversaires...

Albalat, me semble-t-il, nous donne la piste de ce qu'il reproche à cette phrase très lourde : l'emploi du style indirect qui entraine ici un "empilement" de génitifs ( de).
Comme tu le soulignes, on ignore le contexte de cette phrase. Mais réserve faite de cette ignorance, on pourrait la tourner de cette façon :

Vous aurez su inspirer à vos lecteurs la conviction que votre jugement et vos recherches étaient justes, vos critiques envers vos adversaires loyales.

Capitaine ad hoc a écrit:

Ton rire est niais. Et toute personne logique peut le vérifier.

Ben en fait, à part Fulmi, Alejandro et toi, je ne sais pas si quelqu'un a suivi votre débat.

ça me fait penser qu'un roi birman est mort de rire, quand un marchand italien lui a dit que Venise était une république et n'était pas gouvernée par un roi.

J'aimerais bien mourir de cette manière.