Votre bibli et vous

Je crois que quand on est un mordu de bouquins (quoi y a des mordus de bouquins ici??? non sans blague... ) le contenu de notre bibli nous reflète un peu: comme un édifice que nous avons patiemment complété au fil des années, il reflète un peu notre histoire, nos goûts, nos préoccupations, et nous rappelle certains moments de notre vie.

Et votre bibliothèque à vous, quelle(s) histoire(s) raconte(n)t-elle? de quoi garde-t-elle le souvenir? en quoi rappelle-t-elle ce que vous êtes vous-mêmes?

Hématite a écrit:

Et votre bibliothèque à vous, quelle(s) histoire(s) raconte(n)t-elle? de quoi garde-t-elle le souvenir? en quoi rappelle-t-elle ce que vous êtes vous-mêmes?

Ma bibliothèque est en deux étages : quelques livres dans le séjour, le reste à la cave (qui est une cave très saine et très propre et bien aménagée, tout de même). Il faut dire que les livres doivent partager la vedette avec les disques (33 tours) et les Cds.

Sont dans le séjour les livres que j'aime le plus, donc tous les Guenot, les Bojer, les Laxness, les Gracq, quelques Pléiades, les Céline, et une ribambelle d'autres livres d'auteurs divers, souvent seul mon préféré de chaque auteur. Ça manque de place, le rez-de-chaussée.

Le reste va en dessous, et, tous les deux ans, en général, subit une épuration draconnienne. Les bons chez Gibert, les autres chez un bouquiniste, le reste à la poubelle.

Ma vraie sédimentation, ce sont mes trente-trois tours et mes cds, et mes cassettes et mes bandes, tout d'opéra, pas mes livres.

La bibliothèque occupe le centre de la maison; vu la configuration de la pièce, c'était le seul pan de mur entier qu'on pouvait mettre à disposition.
D'années en années, il a fallu rajouter étagères et rayons et quelques débordements au haut des fenêtres.

En bas, pour le poids, les gros livres: encyclopédies médicales d'une ancienne vocation, livres de bricolage pour la passion, de décoration pour un similaire usage.

L'étagère d'élite se situe toutefois, au dernier étage: ici, éditions de prestige: atlas volumineux, ouvrages de peinture, livres illustrés, de voyage et d'histoire.

A gauche, et sur trois alignages: la bibli du patron (enquêtes judiciaires, témoignages de guerre, périodes révolutionnaires).
Tout autour et à droite, c'est moi. Les Rougon-Macquart occupent l'étage du bas. Tout l'ensemble est en édition de poche et partant, facilement classifiable par ordre alphabétique mais aussi très interchangeable: parfois donc, au gré des saisons, rangement par titre, époque, thème etc...
En haut, inacessibles voire cachés, les livres de la honte que je n'ose pas jeter: Editions France-Loisirs, Le Grand Livre du mois et autres pitreries.
Et encore, au milieu, une rangée que j'aime: une série d'imprimés que j'ai sauvés, de justesse, du feu: bouquins des années 20, fanés par la poussière, romans à l'eau-de-rose dénichés au hasard donc d'un autodafé dans un vieux jardin d'une vieille maison.
Ailleurs, livres des citations, dictionnaires gros et petits. Aux deux autres angles, des revues, magasines, revues de presse et autres éditions de cet acabit.

Je confirme : chez nous, les livres sont bien partout. Quand j'étais célibataire, j'en avais un certain nombre et, comme je déménageais souvent, je me plaignais parce que, finalement, je n'en avais pas assez.

Aujourd'hui, je ne me plains plus. Je dis seulement : "Mais où vas-tu caser encore ceux-là ? ..."

Parfois, j'en reçois un ou deux, ou toute une pile, sur le crâne. Ce sont ceux qui débordent de tout au dessus des étagères ou encore de celle sur laquelle je suis censé avoir des pantalons pliés et repassés, dans l'armoire conjugale. Ces temps-ci pourtant, une variante s'installe : les DVD envahissent cette étagère-là et prennent donc mon crâne comme objectif. Devant ma stupeur et mon énervement, une seule réponse : "Le petit fait sa crise. C'est normal, c'est son développement qui veut ça. C'est même très bien : cet enfant est déjà cinéphile ! Dans six mois, on pourra les remettre à leur place. Patiente un peu : est-ce que je m'énerve, moi, quand je reçois un livre ou un DVD sur la tête ? "

L'heure est venue d'envisager un déménagement. Vers un lieu plus spacieux, infiniment.

J’ai déménagé pas mal de fois dans ma vie, laissant à chaque fois plein de livres dans des cartons dans l’espoir de revenir un jour les récupérer. Ce n’est pas maintenant que je vais pouvoir le faire, j’habite une petite chambre que je loue chez une famille, j’ai donc vraiment très peu de place.

J’ai deux bibliothèques. Dans l’une, la littérature, grosso-modo, les romans en espagnol et en norvégien ensemble, ceux en français, les plus nombreux, sur les autres étagères ; et une annexe roman policier sur l’autre bibliothèque.

La deuxième bibliothèque comporte tous les autres livres. Tout en haut, les romans policiers et les dictionnaires. Plusieurs étagères de sciences, descendant par ordre de durcissement : histoire en haut, physique chimie en bas. Plus bas encore, les BD, encore plus bas les livres de cinéma et tout en bas les alphabétiques autres que dictionnaires.

Voilà pour le principe que j’essaye de suivre. Pour ce qui est de la réalité, c’est un peu la même chose mais en version bazar.

Ma bibliothèque occupe la place disponible dans la pièce que j'appelle mon bureau. Mais comme il n'y a pas assez de place pour tous mes livres je monte au grenier - ce qui n'est pas triste - des cartons, toujours les mêmes, très solides car pouvant supporter le poids d'une bonne quarantaine de kilos ( de pommes normalement mais 40 Kg de pommes ou 40 Kg de bouquins, cela revient au même ).

Dans le reste de la maison il n'y a aucun livre pour cause de lutte contre l'invasion des objets et afin d'éviter les commentaires d'amis susceptibles de passer à l'improviste. La plupart de mes amis ignore en effet ma propension à lire.

Hématite a écrit:

Je crois que

Moi je trouve que vous posez beaucoup de questions auxquelles vous ne répondez pas vous-même.

Anti

Fulmi a écrit:

Hématite a écrit:

Je crois que

Moi je trouve que vous posez beaucoup de questions auxquelles vous ne répondez pas vous-même.

Anti

Allo ? c'est Fulmi ou Anti ?

Croustine a écrit:

Fulmi a écrit:

Hématite a écrit:

Je crois que

Moi je trouve que vous posez beaucoup de questions auxquelles vous ne répondez pas vous-même.

Anti

Allo ? c'est Fulmi ou Anti ?

Ben c'est anti, qui revient sous son pseudo. Mille excuses.

Anti

Les livres sont partout, sauf, comme dirait Croustine, dans la salle de bains.
S'il y a bien quelque chose que je ne classe jamais, ce sont les livres. En déballant les cartons, il fallait parer au plus pressé, je les avais rangés d'avantage par taille que par catégorie, en me disant "plus tard, j'y reviendrai..."
Plus tard ayant trop tardé, je n'y suis pas revenue, pour la simple raison que j'ai plutôt une mémoire visuelle et que je sais exactement où se trouve tel ou tel livre.
J'ai continué, au fil des achats, à entasser.
Ce qui fait que la bibliothèque croule sous le poids (l'étagère du bas s'est un jour affaissée, et pour l'alléger avant de la remettre en place, renforcée - remplie de bonnes résolutions - j'ai retiré en tout et pour tout deux papiers qui y traînaient).
Sous l'escalier, près de la cheminée, les étagères regorgent dangereusement. Dans la chambre du fiston, c'est la même chose ; une catastrophe.
A l'étage, la maison est pourvue d'étagères immenses, elles aussi bondées, d'autant que je viens d'y ajouter le contenu de 13 nouveaux cartons de ma belle-soeur décédée.
Sur mon bureau, les quelques 70 bouquins en attente, dictionnaires, bescherelle et guides pratiques, qui me mangent bientôt toute la place.
Tables de nuit, étagère dans les toilettes (tout pour le jardin), cartons dans le grenier, sans compter les livres de cuisine (deux étagères et un carton dans le cellier, je me demande pourquoi puisque je suis en période anti-gamelles)...
Ce qui m'inquiète, c'est qu'il reste à rapatrier de la maison familiale désormais inhabitée, un pan de mur entier de bouquins, dans une des grandes pièces. Je n'ai pas l'intention de me débarrasser d'un seul livre et... je n'ai pas encore la solution.
Je cogite.

Je suis incapable de me débarrasser d'un livre. Je les ai tous gardés, depuis ma plus tendre enfance, ce temps où je crayonnais des signes incompréhensibles.
Livres de poche, collections anciennes (le plus vieux, c'est "Contes de La Fontaine", édité en M. DCC. XLIII.
J'ai tenté de décortiquer les chiffres romains, peut-être pourrez vous confirmer ou infirmer mon calcul :

M = 1000

DCC = (D = 500) + 2 x (C = 100) = 700

XL = (L = 50) - (X = 10) = 40

III = 3 x (I = 1) = 3

Donc : 1743

(je suis archi nulle en maths, merci de votre indulgence)

Livres d'art, Codes (civil, du commerce, etc) et très vieux et très lourds Dalloz (datant d'environ 1800 je crois), revues datant de la seconde guerre mondiale, encyclopédies médicales, Histoire de France et du monde, de la mode, de l'architecture espagnole, histoire de la littérature grecque (en grec, ce qui ne m'avance à rien, mais ces livres appartenaient à un arrière grand-oncle professeur de grec...) bible, oeuvres poétiques complètes, pièces de théâtre... et j'en oublie à force !

Des êtres chers qui s'en sont allés, je suis gardienne d'oeuvres superbes et rares.
Il m'est arrivé de me servir dans certaines brocantes, mais la plupart du temps, je file chez mes libraires habituels.
Je répugne à me servir en bibliothèque, car il faut rendre les ouvrages...

Envahie, mais j'assume...

Mes excuses Anti, ce n'était pas tant par refus de répondre que par crainte de me répéter par rapport à "île déserte". Mais la remarque n'est pas fausse.

Pour trouver les bouquins à la maison: ce n'est pas dur, ils sont tous dans ma chambre, hors les livres d'enfance (du genre "Martine en vacances") qui sont dans un petit placard; des trois personnes que compte mon foyer, je suis la seule bibliomaniaque. Ils prennent beaucoup de place (ma chambre étant un petit cube douillet de 9m2 de superficie et relativement encombré par ailleurs) mais je préfère les garder dans ma pièce. Pas forcément par possessivité (du genre "pas touche à mes bouquins, les parents!" :grr: ) plutôt parce que je suis une reliseuse de livres assez compulsive. De même qu'il y a des gens qui tout d'un coup, par pulsion, sont pris d'une irrésistible envie de carré de chocolat ou de fromage et courent au frigo quelle que soit l'heure, de même il m'arrive parfois, paf, d'avoir une "envie" de me relire le début de "Salammbô" ou tel poème que j'aime bien, parfois à une heure du mate ou plus. Alors si le stock de bouquins est à côté, c'est quand même beaucoup mieux (ça évite toujours de rester sur sa faim, ou pire, de faire une fouille à la lampe de poche dans tout l'appartement en jurant entre ses dents "mais où est passé ce fichu Flaubert!!!!")
Je me souviens d'un garçon, bibliomane lui aussi et très méticuleux (du genre tous les bouquins classés par collection, afin de former des groupes de tranche de couleur ou d'aspect semblable: les Garnier-Flammarion blancs, les Pocket SF argentés, les livres reliés-dorés ensemble, etc) qui s'était exclamé que ma bibliothèque était rangée de façon vraiment très moche, avec toutes les couleurs de collections et de reliures mélangées. C'est fort possible et, étant peu soucieuse de déco, je suis bien la dernière à prétendre pouvoir porter un jugement de valeur en la matière. En fait j'ai essayé de classer selon une certaine logique de genre: les essais ou livres de savoir général (du genre peinture, histoire, etc), les contes-nouvelles, le théâtre, la poésie, les romans. Pour les romans, puisqu'il y en a pas mal par rapport au reste, j'ai essayé de faire certains regroupements assez souples: la SF, l'épouvante, et une étagère en particulier où sont tous mes livres et auteurs "fétiches" (notamment les bouquins du XIXe français du genre Zola, Flaubert, Huysmans etc; puis aussi Ellis, Fante...). Alors forcément, de loin, ça donne une impression de chaos visuel (du genre les 20 Rougon-Macquart en poche, alignés par ordre chronologique mais dans des éditions complètement dépareillées). Cependant, je m'y retrouve à la perfection.
Il y a très peu d'ouvrages de prix dans ma bibliothèque, énormément de bouquins de poche ou d'occasion. J'ai presque tout acheté moi-même, et hors folies dépensières comme pour le bouquin sur Goya qui m'a coûté un demi-mois de salaire, je me devais généralement d'être assez prudente sur le plan financier, compte tenu de mes revenus. Donc, le moins cher possible. Et aussi (vu l'espace disponible) le format le plus petit possible. Je me retrouve avec beaucoup de petits livres jaunis et très moches (la couverture de "1984", acheté pour 1 franc dans une brocante quand j'étais au lycée, est particulièrement laide) mais ça ne me dérange pas (je sais que pour certains lecteurs que j'ai connus, le fait d'avoir - ou non - un "beau" livre joue beaucoup sur le plaisir de lecture). La plupart des petits-bouquins-jaunis-et-moches ("1984", "Le Satiricon", plusieurs Zola, un Stendhal, un Bradbury, etc) me rappellent la période lycée-prépa, pendant laquelle je devais me débrouiller avec un budget personnel minime. Plusieurs de mes livres sont imprégnés d'un curieux voile noir-grisâtre: ça, c'est un souvenir de l'incendie de mon studio quand j'étais étudiante à Toulon, toute la bibli a pris la suie. Certains portent le souvenir de mes copains, comme ce bouquin étudié en cours où mon meilleur ami s'était amusé à parapher quelques pages de dessins salaces à mon insu (et devinez sur quelle page dudit livre le prof de français a choisi d'interroger votre humble servante??? la honte...). D'autres ont été dédicacés par des auteurs pour qui j'avais de la sympathie.
Tous mes livres me sont personnels et indispensables d'une manière ou d'une autre. Quoique, les Werber... euh si, même les Werber, parce qu'il n'est parfois pas mauvais d'avoir un repoussoir en se disant "plus tard, j'éviterai de faire la même chose".

Et votre bibliothèque à vous, quelle(s) histoire(s) raconte(n)t-elle?

Elle raconte mes déménagements, mes questionnements et leurs tentatives de réponse. Un goût recherché de la détente et un côté vicieux à me prendre la tête, à essayer de comprendre le monde qui m'entoure.

de quoi garde-t-elle le souvenir ?

De l'évasion, de l'abstraction que permettent aussi bien la lecture que l'écriture.
Souvenir surtout d'une curiosité toujours présente et pourtant encore à ses balbutiements.

en quoi rappelle-t-elle ce que vous êtes vous-mêmes ?
En rien. C'est comme une machine complexe dont on aurait pas le mode d'emploi.

Anti