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 "De guerre lasses"

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AuteurMessage
coline
Invité




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MessageSujet: "De guerre lasses"   "De guerre lasses" EmptyMar 15 Mar - 18:20

« DE GUERRE LASSES »

Un film documentaire de Laurent Becue-Renard

Prix du film de la Paix au Festival de Berlin.

Laurent Bécue-Renard n’est pas réalisateur de formation. Après avoir fait Sciences Po, il s’est orienté vers l’écriture.

.« J’ai été chargé, dit-il, par Libération de m’occuper d’un magazine à Sarajevo pendant la dernière année de la guerre, qui s’appelait Sarajevo online, et dont j’ai été le rédacteur en chef jusque dans les premières semaines de la paix.
C’était un travail de rédacteur. Je constituais la matière pour le magazine, je récoltais les informations. Je ne me suis jamais intéressé à l’actualité, je ne suis pas un journaliste d’actualité. C’était donc un travail d’organisation éditoriale pour un magazine intéractif entre Sarajevo et le reste du monde, puisque c’était une manière d’établir un pont entre la ville assiégée et des lecteurs en-dehors de la ville. Il y avait une espèce de forum en direct animé par une journaliste que j’avais recrutée là-bas. Mais moi, personnellement, je n’écrivais que des nouvelles, qui s’appelaient « Chroniques de Sarajevo », basées sur des personnages réels que j’avais rencontrés, mais écrites de manière fictionnelle à la première personne.
J’ai cherché à un moment donné un mode d’expression pour transmettre mon ressenti de cette guerre, et le cinéma s’est imposé à moi le jour où j’ai rencontré Fika l’une des figures principales de ce film, qui est une thérapeute, et qui est le pivot de cette expérience. » I
En accord avec Fika, le réalisateur a planté sa caméra dans la maison de Tuzla, où l'on panse la mémoire encore à vif de quelques femmes (un seul centre comme celui de Tuzla existe en Bosnie ; 15 places par an, 15 femmes seulement qui peuvent s’inscrire volontairement pour « quatre saisons » de thérapie.)
« Le travail de la thérapeute consiste, à travers la parole, à faire évacuer la souffrance, les souvenirs, les hantises découlant de ce passé proche, et de redonner un sens ou du moins un visage à des vies ruinées par la guerre dit Laurent Becue-Renard..
Pour ces femmes-là, c’est quelque chose d’entièrement nouveau, qui n’est pas du tout dans leur culture : parler d’elles-mêmes, de leurs sentiments. Ca ne leur a jamais été demandé avant : c’est la première fois, même en dehors du cadre de la guerre, qu’on s’intéresse à ce qu’elles ressentent »
La caméra a filmé en plan séquence les séances de thérapie dans leur intégralité. Elle est placée derrière la thérapeute. Ainsi le spectateur a l'impression d'être vraiment face à ces femmes et d'entendre leurs paroles, comme si elles s'adressaient directement à lui. Laurent Bécue-Renard transforme donc le spectateur en témoin direct de ces confessions, mais il le fait avec pudeur et discrétion, sans voyeurisme.
Les femmes vont au cours d'une année passée ensemble chercher et trouver les mots, leurs mots, qui diront leur souffrance et atténueront la violence des images dont elles sont prisonnières
« Ces femmes vivent, pleurent, chantent,
dansent et rient,
le temps d'un travail thérapeutique.
Elles tentent,
à travers une parole simple et intime,
de faire le choix de la vie »

Le propos de Laurent Bécue-Renard est de briser le silence qui s'abat sur les victimes quand les armes se sont tues et que les télévisions ont plié bagage.

« Quand on rencontrait des gens pendant la guerre,dit-il, on pouvait ressentir chez chacun que cette guerre, qui est une agression extérieure vers les individus, s’était muée en une guerre intérieure. Une guerre intérieure entre tout ce qui entraînait la personne vers le néant et l’abîme, et ce qui au contraire la maintenait en vie ; et c’est une guerre intime d’une violence inouïe, que l’on pouvait ressentir en chacun… Je voulais également évoquer le fait que cette guerre intime, c’est pour la vie : elle ne s’arrête pas le jour où les armes se taisent. Elle continue et se transmet de génération en génération. Cela me renvoyait à des choses que nous portons plus ou moins consciemment tous en nous : des guerres anciennes, qu’ont vécues nos ancêtres, et dont les femmes, que j’ai rencontrées, se faisaient l’écho : comment on vit avec la guerre, après la guerre…
On a montré le film dans le monde entier, et à des gens qui avaient parfois suivi de très loin ce conflit européen ; et l’approche pour le spectateur est partout la même : elle est très humaine, et elle renvoie chacun à ses propres sentiments et à sa propre humanité. »
« Le mode choisi, celui du cinéma documentaire, insiste sur un travail sur un cheminement extrêmement lent de la parole qui s’étale dans le temps, cheminement qui n’est pas du tout celui de la parole dans le cadre de l’image d’actualité.
Dans le cadre du journal télévisé, les victimes sont au milieu d’un dialogue de sourds, puisque les questions du journaliste sont des questions lourdes : qui ? quand ? quoi ? comment ? Mais la victime n’est pas du tout préparée à une analyse rationnelle ; elle n’a même pas les mots pour décrire ses sentiments, alors elle va balbutier quelque chose, qui va étoffer l’information. Mais au bout du compte ils n’ont rien à se dire, puisque le journaliste cherche des informations tandis que la victime cherche à exprimer ce qu’elle a ressenti, et elle ne sait pas comment le faire. Au mieux, ça fait des icônes, au pire ça fait des marionnettes médiatiques, et là ça devient grave, parce qu’on n’est plus dans le cadre de la représentation de personnes humaines. »

« Il est prévu de présenter le film en Bosnie ou à des Bosniaques. Pour l’instant ça ne s’est pas fait, mais ça se fera d’une manière ou d’une autre. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles la thérapeute a accepté de faire ce film : bien qu’elle ne savait pas véritablement comment j’allais le réaliser, elle avait l’intuition que c’était un moyen de parler aux Bosniaques d’eux-mêmes après la guerre. Parce que fondamentalement, dans toutes les familles de Bosnie, on parle de la guerre tous les jours. On en parle de manière assez rationnelle : la manière dont ça s’est passé, la manière dont on l’a vécue, quelquefois on pleure ensemble, mais on ne parle pas de sa guerre. Chacun reste seul avec sa guerre, au sens de cette guerre intérieure dont je parlais tout à l’heure. En famille, personne n’exprime ses sentiments profonds et la manière dont il ou elle est affecté et a été détruit par la guerre. Et cela crée une forme de complot du silence, comme le dit la thérapeute dans le film, qui n’est pas un silence parce qu’il n’y a pas de parole, mais parce qu’il n’y a pas de parole sur les sentiments, et que chacun reste tout seul avec sa guerre. Certainement qu’elle espérait, plus ou moins intuitivement, que les Bosniaques qui verraient le film s’interrogeraient sur la manière dont ils restent seuls, chacun avec leur guerre. »

« La mémoire sentimentale,dit le réalisateur, celle qui m’intéresse le plus, est transmise intacte, sauf que c’est à l’insu des personnes qui la reçoivent. Donc le travail qui peut être intéressant, et qui moi m’intéresse beaucoup, c’est justement de savoir quels sentiments on a reçu en héritage, ce qu’on en a fait, et comment au final ça nous structure, ça fait ce que nous sommes. C’est ça l’objet de la mémoire. Parce que la mémoire rationnelle elle est là, vous la trouvez dans les livres, ou dans les familles, mais ce n’est pas la plus intéressante parce que ce n’est pas elle qui nous constitue »
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