Merci énormément pour ce lien Coline
Kim fait partie de la mémoire et l'imaginaire collectif, je rêve souvent de cette image... Je ne résiste pas à l'envie de citer quelques monologues du documentaire collectif "Loin du Vietnam" (Resnais, Klein, Ivens, Varda, Lelouch, Godard etc.)
"C'est la première guerre de l'Histoire que tout le monde peut voir en même temps, personne n'a jamais vu une guerre d'aussi près, personne ne peut dire "si j'avais su : maintenant ils savent et ils voient !", une vraie saloperie cette guerre !
C'est pas seulement le Pape qui l'dit, c'est Zitrone, ils savent, ils voient, les bombes font de vrais morts, les balles font de vrais trous (...) Et puis quoi, la pitié, la peur, mais çà se passe dans un meuble ! Pas au Vietnam, pas dans la tête, pas dans la rue, dans un meuble ! On ne peut pas avoir peur d'un meuble ! On a la guerre au Vietnam dans son salon !
Tiens, pendant la Guerre du Pacifique, ya eu un plan-choc : un jap' brûlé au lance-flammes, qui tendait la main vers la caméra, à Manille. Tout un symbole. Depuis, on n'a pas cessé d'le voir ! Les monteurs le connaissent si bien qu'ils lui ont trouvé un p'tit nom gentil, ils l'appellent Gustave. Il a servit toutes les causes ce brave, on l'a vu dans tous les films. Il a représenté l'impéralisme japonais victime de sa folie, les peuples asiatiques victimes de l'impérialisme blanc, et l'éternel victime de la gueeeeerre éterneeeeelle ! Comme il est nu, en flammes, il rapporte toujours, on dit, "tiens, encore Gustave" !
On peut toujours montrer les massacres aux gens en leur donnant l'idée que çà les guérira de la guerre, mais on n'arrête pas d'en montrer, on les confond tous, on a l'impression que c'est le même plan mis en boucle qu'on nous présente tous les soirs depuis 20 ans, et çà n'arrête rien du tout...
Faut choisir, c'est comme la Bourse, le Vietnam est côté au plus haut, les soudanais au plus bas, le kurde est un peu mou. Vous dites que vous êtes du côté des victimes, mais c'est pas vrai, vous les choisissez vos victimes, vous avez des victimes à la mode..."