Je m'adresse surtout à Fulmi ze connaisseur
Voici l'extrait d'une lettre que Rilke écrivait en 1919 à la Comtesse Stauffenberg, où le poète décrit les textes qu'il vient de publier (notamment "Aventure I")
"Tous ces textes, chacun à sa manière, comportent des approches de sensations-limites de l'existence, et tendent tous à cet équilibre augurable dont j'ai trouvé une figuration sans pareille dans un fragment de musique antique. Romain Rolland, qui me le joua, l'avait découvert dans une messe grégorienne. Comme je l'écoutais et l'écoutais encore, j'avais l'impression de deux plateaux de balance atteignant par de sourdes oscillations au repos l'un en face de l'autre. Je décrivis à Rolland mon impression, et alors seulement, il m'avoua qu'il s'agissait
d'une épitaphe antique, d'une épitaphe en notes ; dont la plus saisissante confirmation était de pouvoir être accueillie et comprise à travers une telle comparaison..."
Un commentaire de Philippe Jaccottet :
"... l'image de la balance étend encore son rayonnement jusqu'au royaume des morts, comment l'équilibre suprême augurable pour le chant célèbre, en définitive, tel ou tel de ces jeunes morts dont la trace est cherchée dans la "Première Elégie et qui ont accès, plus qu'aucun vivant peut-être, à l'espace des anges."
Bon, à présent je suis plus que curieuse, et j'aimerais savoir s'il existe des sortes d'épitaphes musicales ou des équivalences, si on ressent instinctivement cette sorte d'embarquement entre deux eaux, si si si...
Merci à qui pourra me renseigner