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 Paparazzi (Anne Sophie)

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xian
Volubile
xian


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Date d'inscription : 25/02/2005

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MessageSujet: Paparazzi (Anne Sophie)   Paparazzi (Anne Sophie) EmptySam 14 Jan - 9:17

LE PAPARAZZI
(Nouvelle d’Anne-Sophie)



Elle avait vu le photographe avant lui et dans un grand geste, violent, elle avait soulevé la nappe.
Tout ce qui était sur la table avait dégringolé par terre, assiettes, couverts, la truite saumonée dans son plat d’argent, les verres emplis et la bouteille mi-vide de Bordeaux millésimé.
Le vêtement de Jacques était dégoûtant de sauce et de vin.
Les garçons s’affairaient.

Dans les journaux du matin, une photo : en gros plan, la main de Jacques de Saint Pierre, grand couturier à la mode, très top jet society, derrière, un peu caché, un visage furieux, sur fond de table de restaurant renversée. Une silhouette se distingue en arrière-plan d’une nappe tenue à bout de bras dans la semi-pénombre.
Sous la photo, une légende en caractères gras de près d’un centimètre de haut.
Le photographe avait de la chance. Cette nuit-là, pas d’avion explosant en plein vol, pas de tentative de putch au Lambetwalkland, pas de bulle papale, le cours de l’or normalement en hausse après la baisse provoquée par la condamnation d’un fidèle mandéliste de vingt ans s’étant exprimé dans sa langue maternelle et avec une mitraillette, pour conserver ses droits à la défense, pas d’autocar bondé d’enfants revenant de colonies, au ravin, pas de spectaculaire arrosage au mazout de choux-fleurs, de melons ou de porcs hollandais. Une nuit normale, avec la faim dans le monde, un projet de loi important sur les piquets de barrières de sentiers communaux réservés aux riverains, la défaite du stade de Reims devant le Bayern de Munich (malgré les avertissements de l’entraîneur) , un chauffard radarisé à deux cents kilomètres heure, un juge d’instruction avouant être dealer, un député parlant de démissionner comme déjà il l’avait menacé en mille neuf cent soixante et un, une nuit normale dans l’attente de l’événement important qui bouleversera les colonnes du journal.
Sur la une donc, un bon article de Nestor Westhoek sur les coulisses de la mode et le recyclage des fortunes dans la haute couture… et de multiples sous-entendus sur la personne cachée derrière la nappe, qui ne veut jamais qu’on la photographie mais qui depuis cinq ans hante couloirs et ateliers, bureaux de création et de marketing, restaurants et appartements des Maîtres à vêtir les pauvres femmes riches.

Anne-Sophie Saint André. Elle n’avait pas pu inventer ce nom-là s’était dit le styliste à qui elle venait de se présenter.
- C’est bien dit-il, je vous prends à l’essai.
Mais dans la maison on avait tout de suite compris que c’était plutôt Anne-Sophie qui le prenait à l’essai. Et puis, il y avait eu des coups de génie, des rencontres avec des publicistes, des maquettistes, des marketistes, des idées commerciales de femme d’affaires.

Un an plus tard, Anne-Sophie Saint André entrait chez le grand concurrent de son premier patron, devenait son bras droit, et femme du monde promenant ses habits haute-couture d’un strict impeccable, au tombé parfait, elle s’envolait un jour à Londres, un jour à New-York, une autre fois à Bahrein. Une secrétaire s’occupait des valises en transit entre les taxis et les hôtels. Belle, froide, ingénieuse et séductrice, elle faisait parler d’elle et surtout de la maison de couture qu’elle représentait vraiment, qu’elle était vraiment. Elle était partout et l’on savait d’elle qu’elle était belle comme un iceberg (disaient les méchants), comme un icecream (disaient les gentils).
Elle était partout, voulait bien que ça se sache, ne se fâchait pas si l’on écrivait qu’elle couchait avec Alain Delon, qu’elle était de l’année du serpent, que sa famille était morte d’un triste accident ou qu’elle se mariait demain avec Rainier. Seulement, elle ne voulait pas qu’on la photographie. Et d’empêcher que passe l’image, excitait jusqu’à la hargne les nécessaires pourvoyeurs de la drogue la plus populaire après le tabac et l’alcool : l’image (car comment pourrait-on vivre sans avoir vu ceux dont on parle).
De temps en temps, elle se mettait en colère dans un lieu public, cela donnait de la copie, cela apportait du prestige en plus à son compagnon de l’instant qui avait à se battre avec les photographes.

Anne-Sophie qui n’était pas née de la dernière pluie avait même provoqué un petit esclandre par sa seule présence lors d’un défilé chez un confrère, tous les hebdomadaires n’ayant parlé que de la dispute survenue et non de la nouvelle collection (ou si peu, et les photos montraient des clientes aux prises avec des photographes plutôt que des mannequins sur leur estrade).

Elle était arrivée maintenant chez Jacques de Saint Pierre, et si les journaux et hebdos à leur habitude avaient beaucoup bavardé il est clair que le mariage était réel, Anne-Sophie avait démoli trois concurrents et apportait la majorité des actions de deux autres maisons dans sa valise. Mais le mariage n’était pas vraiment réel. Jacques ne savait pas bien d’où venait sa nouvelle compagne, elle parlait parfois de son génie de père, un ingénieur électronicien travaillant au Japon.

Elle n’avait pas encore voulu vivre vraiment avec lui et bien que les journalistes lui aient prêté tant d’aventures légères, jamais Jacques n’avait pu aller plus loin avec elle que le simple flirt verbal, le baiser sur la joue, sur les lèvres, les caresses ébauchées et retenues.
Ils ne vivaient pas ensemble.
Maintenant qu’elle était célèbre presqu’autant que lui et qu’elle avait bien en main toutes les affaires il aurait voulu, sentiments et coordonnées affairistes mélangés, devenir son mari.
Pour le peuple, c’était une publicité favorable, pour la clientèle c’était un gage de bonne conduite et de désir de stabiliser un monde trop secoué. Cela ouvrirait aussi quelques tables, quelques portes, qui sait la rosette…

Il fallait donc séduire Anne-Sophie. Mais comment faire pour séduire celle qui en tout était la locomotive, celle que rien ne désarçonnait, celle qui avait réponse à toutes les questions.
Anne-Sophie, intelligente, au look dernier cri (de la maison bien entendu) n’a pas l’air d’une sainte nitouche.
Lors de certains essais, avec des modèles et des mannequins elle a démontré qu’elle n’était pas plus spécialement pudique et sous les linges ôtés, son corps révélé par des jeux de miroir ou de tissu est parfaitement désirable. Un corps de femme sportive qui prend bien soin d’elle, qui n’a pas honte de se montrer, de se regarder dans les glaces, de se faire désirable … mais Jacques ne l’entend jamais parler de régime et ne lui connaît la fréquentation d’aucun club. Tiens, à part le maquilleur maison qui parfois l’approche (c’est vrai qu’elle l’a apporté dans ses bagages) il ne lui connaît ni institut de beauté ni coiffeur attitré. Elle ne prend pas de vacances, n’aime pas les parcours qui sont promenades ou concerts, ballades ou réceptions. Elle aime les hommes qui paraissent virils, se laisse faire un brin de cour, déteste les emmerdeurs, les fauchés, … et les photographes, mais seulement s’ils veulent prendre des clichés d’elle, de près.
Trop parfaite Anne-Sophie, comment séduire ?

Et alors, germa l’idée d’une action « ça passe ou ça craque ». Jacques aimait bien les choses nettes et les défis. Alors, se défiant lui-même, il se dit que la chose la plus impossible à faire était de prendre une photo d’Anne-Sophie, nue. Impossible parce que Anne-Sophie avait un petit radar dans la tête qui l’avertissait de la présence du moindre kodak. Impossible parce que le corps d’Anne-Sophie ne semblait jamais devoir être dévêtu devant lui. Pas de solarium, pas de plage, pas de nuits tendres…
Où une femme est-elle naturellement nue ? Dans sa salle de bain.
Et l’idée se précisa donc…
L’idée était folle mais Jacques était un homme de défi ne pouvait plus vivre une minute sans y penser.
L’idée était-elle de génie ? Venant de lui, il était prêt d’y croire.
L’idée, faire à l’improviste, en cachette, n’importe comment une photo d’ Anne-Sophie allant au bain ou en sortant. Une photo qui serait payée cher, faite par un maître de la photographie extraordinaire, un genre de Cartier-Bresson. Une photo qu’il ferait agrandir jusqu’à la taille naturelle du modèle qu’il ferait placer dans un cadre sublime en lapis-lazulli, en céramiques et cristal, quelque chose de formidable, d’étonnant.
Il ferait poser le cadre dans le living, chez lui, et lorsqu’elle viendrait elle serait éblouie par la force de son amour pour elle… ou serait épouvantablement vexée et ce serait la fin. Mais au moins, qu’il y ait une fin ou un commencement à cette histoire d’amour qui pour l’instant d’est rien qu’un élan sans récompense, un miroir sans reflet.
Loopy (dit the loop) fut engagé à prix d’or.
C’était un malabar, un castar, un faux loubard et un vrai champion de la photo. N’avait-il pas eu Steph de Monaco en train de faire pipi derrière un bosquet de la nationale 4, n’avait-il pas été dans la seconde suivant l’impact de la balle qui fit éclater la tête de Salash, n’avait-il pas obtenu une pellicule rare d’une cellule de la Loubianka.

Rien ne pouvait lui être impossible.
Deux semaines passèrent avant que ledit Loopy ne passe son premier coup de fil.
- C’est pour ce soir, dit-il, j’ai tout calculé, je passe par le vide-ordures, je bascule la plaque de la baignoire, j’apparais, je flashe, elle ne peut rien faire, elle sera juste en train de se mouiller le derrière, elle ne me verra pas à cause du flash, je sors en courant par la porte de la salle de bain que je referme derrière moi, elle est bloquée un instant, elle pense qu’elle est nue, elle perd encore quatre ou cinq secondes à enfiler un linge quelconque, j’ai forcément le temps d’être dans l’ascenseur et vogue la galère. Demain matin, je vous apporte le boulot, une image garantie parfaite.


Le Matin de Paris.
D’Alphonse Goddart, notre correspondant, spécialiste des techniques nouvelles….
ETRANGE AFFAIRE CHEZ ANNE SOPHIE SAINT ANDRE.

Vers minuit, un coup de téléphone anonyme me disait de me rendre chez la célèbre Anne Sophie Saint André, Directeur de production et de marketing de la très célèbre maison de couture portant le nom de son patron Jacques de Saint Pierre.
Je me rends à son domicile, je sonne. Pas de réponse par le téléphone intérieur. A ce moment, un locataire de l’immeuble rentre d’une soirée un peu gaie et arrosée, je l’aide à franchir la porte et le dépose avec l’ascenseur à son étage. Me voici sur le palier d’Anne Sophie.
La porte est légèrement entrouverte. Intrigué, je frappe sur le panneau avec vigueur et je lance un « bonsoir » sonore. Aucun de mes deux appels ne reçoit réponse. Je pousse la porte.
J’entre dans un très bel appartement, d’une décoration riche mais froide. Un appartement silencieux qui semble vide de toute vie.
- Madame ? Madame ?
Pas de réponse non plus à mes appels. Je pousse une première porte qui se révèle être une chambre, probablement une chambre d’ami, je pousse une autre porte qui elle, entrebâillée laisse passer un filet de lumière. Je suis dans une magnifique salle de bain, il n’y a pas de trace de vie mais dans la baignoire emplie à ras bord, comme ayant été poussé, un système d’automation électronique complet, une partie sous l’eau, l’autre partie présente des mécanismes comme ayant explosés, brûlés, calcinés, il n’en reste que des tiges métalliques et des articulations, systèmes hydrauliques, rotules pneumatiques etc… si la situation avait prêté à rire, on aurait dit voilà une paire de jambes qui sort de la baignoire.
Je suis extrêmement intrigué. Cependant je continue d’abord à faire le tour de l’appartement vide et quand je suis certain qu’il n’y a ni trace de vol ni trace de meurtre, je retourne dans la salle de bain. J’ôte le bouchon de vidange et lorsque l’eau s’est écoulée, je vois que je ne m’étais pas trompé. Il s’agit effectivement d’un système cybernétique très complexe relié à des séries d’articulations. Lorsque je soulève le tout, cela donne une forme plus ou moins androïde, comme un robot de taille d’homme que serait désarticulé après une sorte de comment dire implosion, oui, c’est ça, comme une débauche d’énergie d’interne soudaine dans les circuits.
Je téléphone à Monsieur de Saint Pierre pour le faire venir.
Il paraît à la fois excité et abattu.
(Suite dans l’édition de quinze heures) A.G.


Monsieur Dong Ling Pinh Shua était en conférence avec l’ingénieur principal du projet et un spécialiste des transmissions de l’armée.
Le secrétaire fit barrage absolu aux visiteurs et le standard téléphonique fut neutralisé pendant la conversation.
Chez Hitachi, Sony, JVC et Mitsubishi, à l’affût, on ne sut rien, il ne filtra aucune information.
Par des recoupements et des ondtis, par des paroles d’ouvrières de la chaîne, on put tout de même savoir que la firme de Monsieur D.L.P. Shua cesserait définitivement les études du projet 38 P(ASSA).
En effet, il a été constaté que l’éclairement brutal de la cellule photosensible est préjudiciable aux circuits intégrés et provoquent la destruction des montages en polychlorure de vinyl par anéantissement des molécules.
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