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| Total des votes : 4 |
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| | Les chemins de la vie | |
| | Auteur | Message |
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Hématite Incontinent verbal
Nombre de messages : 330 Date d'inscription : 19/10/2004
| Sujet: Les chemins de la vie Ven 29 Oct - 23:01 | |
| Bonsoir tout le monde! La morveuse que je suis aurait une question un peu personnelle à poser, essentiellement à tous ceux qui ont dépassé les 30, 35 ans ici et que ça intéresserait de répondre. Lorsque vous étiez plus jeunes (mon âge, peut-être? ou un peu moins?) vous aviez sûrement des rêves, des projets, des espoirs, peut-être aussi des peurs ou du pessimisme. Ma question est la suivante: quel chemin avez-vous pris depuis ces rêves? Etes-vous devenu ce que vous vouliez ou espériez alors devenir? Votre chemin s'est-il déroulé de la façon que vous aviez prévue? Avez-vous pris finalement une autre voie, que ce soit par choix ou contraint et forcé? Quand vous vous retournez que pensez-vous de votre parcours, avez-vous des regrets, ou estimez-vous que la vie vous a apporté plus que ce que vous n'en attendiez quand vous étiez plus jeune? Il va de soi que quand je pense à des "projets", ça n'est pas forcément de carrière qu'il s'agit... devenir père/mère de famille ou s'acheter un bateau par exemple peuvent faire partie des rêves de jeunesse réalisés ou non. J'attends vos réponses avec curiosité... Le but ne serait pas de s'extasier devant les uns ou de compatir à la vie éventuellement "ratée" des autres, juste de partager votre expérience. Enfin, si vous êtes d'accord. | |
| | | Anti Phrasophile averti(e)
Nombre de messages : 1439 Localisation : sur l'enterprise Date d'inscription : 20/10/2004
| Sujet: Re: Les chemins de la vie Sam 30 Oct - 3:01 | |
| Comme je viens de dépasser la trentaine, je pense pouvoir rentrer dans le cadre de l'échantillon représentatif.
Ma réponse est, sans sourciller, on croit perdre ses illusions, arriver à se faire croire que les chevaux de bataille sont inexistants alors qu'ils pullulent, et puis on se prend à rêver à nouveau. Après..., c'est l'à venir... | |
| | | Fulmi Prolixe infatigable
Nombre de messages : 5214 Age : 69 Date d'inscription : 16/10/2004
| Sujet: Re: Les chemins de la vie Sam 30 Oct - 14:11 | |
| - Hématite a écrit:
- Lorsque vous étiez plus jeunes (mon âge, peut-être? ou un peu moins?) vous aviez sûrement des rêves, des projets, des espoirs, peut-être aussi des peurs ou du pessimisme. Ma question est la suivante: quel chemin avez-vous pris depuis ces rêves?
Quel âge as-tu, morveuse ? Peu importe. Sans rentrer dans les détails de ma vie, disons qu'en 1975, je suis arrivé à Paris, à 21 ans, pour étudier l'architecture, sans trop savoir ce que c'était après deux années aux Beaux-Arts de Marseille et Montpellier. En fait, je venais de procéder au premier renoncement d'une longue série qui constitue le dur chemin de la vie d'adulte : je ne serai pas artiste. Je n'avais pas trop idée de ce que serait l'architecture, à vrai dire, mais elle n'a pas été un beau métier. Je l'ai abandonnée quinze ans après. Je ne désirais pas avoir d'enfants, j'en ai deux que j'aime beaucoup et dont je suis très fier. J'ai vécu presque vingt ans avec une femme, en homme fidèle, sauf vers la fin, et je m'en suis bien porté. Je n'ai jamais aimé travaillé et je n'ai jamais beaucoup travaillé, sauf quelques périodes courtes. Je ne peux même pas dire que j'aie raté ma carrière n'ayant jamais eu vraiment en vie d'en faire une. J'aimais voyager, mais rapidement j'ai découvert que j'aimais surtout voyager en Scandinavie et que la découverte de pays lointains m'ennuyait ; et surtout que je n'aimais pas le sous-développement qui me déprimait. J'ai aimé l'opéra à peu près vers cette vingt-et-unième année et j'ai bien profité de cet amour, en fréquentant assidûment les salles d'opéra, au détriment du cinéma, ce que je regrette un peu mais pas trop, et en collectionnant des enregistrements, pendant trente ans, en explorant un domaine délaissé du public : l'opéra français, qui est devenu mon jardin secret. De ma période adolescente (l'immédiat après soixante-huit), j'ai gardé un goût de la révolte et du bordel ambiant, et j'ai bien profité de la chute des pays de l'est, en m'y rendant souvent, surtout en Allemagne dont je parle la langue. C'était impressionnant et passionnant. Cela m'a consolé d'avoir raté la révolte des œuillets au Portugal, faute d'argent. Mais si l'architecture ne m'a pas été un bon métier, elle m'a appris à voir le monde, et j'en ai bien profité : lors de mes innombrables voyages (qui est encore bien l'activité que je préfère), je fais fruit de tout : banlieues, campagnes, zones industrielles, autant que des centres historiques ou des paysages merveilleux. J'ai le regret de n'avoir pas été plus tôt en Sibérie, au Groënland, en Antarctique, mais je ne suis qu'à un demi-siècle de vie et tout reste à faire. À vingt ans, j'étais timide, mais, lorsque j'ai vu au théâtre le Dom Juan de Mozart, je me suis promis d'être, non pas un dom-juan, mais séducteur à quarante ans, ce que j'ai réussi à devenir, pas tout-à-fait à quarante ans, mais quelques années après, ce qui m'a satisfait (et la démonstration faite, je me suis dispensé de persévérer, c'était trop de travail).
Dernière édition par le Sam 30 Oct - 14:48, édité 1 fois | |
| | | Clair Obscur Clavieriste confirmé(e)
Nombre de messages : 1737 Localisation : Nulle part ailleurs Date d'inscription : 21/10/2004
| Sujet: Re: Les chemins de la vie Sam 30 Oct - 14:43 | |
| C'est un sujet d'enfer, ça ! Bilan obligé... Intéressant en tout cas.
Des rêves, y'en a eu plein. Des tonnes. Mais vraiment des tonnes. C'était le temps de l'enfance, avant de savoir... avant de comprendre... C'est quand je suis devenue adulte, que je suis morte. J'ai pas envie de raconter pourquoi. Pas envie de raviver ce merdier et les blessures. Et donc, je vais habilement contourner ces funérailles en disant simplement que mes rêves sont morts en même temps que moi, comme ça, pof, en bloc, en un seul jour. J'ai vécu vingt ans avec un homme, sans rien faire d'autre que deux enfants. Vingt ans à remplir sans remplir. Apparence remplie, mais fond vide, plus exactement. En région parisienne aussi, tout ce temps là. C'était le temps du métro boulot dodo, et cinéma, et bouquins, mais pas l'essence du cinéma et des bouquins. Des trucs qui ne laissent pas de trace, sinon un silence où y'a rien à dire. Au bureau, avec ma collègue et amie, on en pouvait plus, chacune à notre manière. Je me souviens qu'on arrivait le matin avec une gueule déconfite, à se demander ce qu'on foutait là, tout simplement. On avait fini par avoir des conversations acharnées sur ce qui nous intéressait, et qui forcément se vivait ailleurs. On a même fini par énumérer les spécialités culinaires du Périgord ou du Gard, du Gers et de la Savoie, comme deux affamées de la vie, ventre creux qu'on se remplissait d'éclats de rire à notre manière. Puis un jour, elle me pose la question fatidique : tu vas faire quoi, toi, quand tu seras à la retraite ? Pof ! Comme ça ! Je l'ai pris en pleine poire. Renversée, moi ! J'ai pas répondu tout de suite. Il m'a fallu 15 jours pour comprendre que je ne pouvais pas continuer comme ça. En deux moi, j'ai perdu 17 kg. Ce que ça peut engendrer, hein, les prises de conscience ! Bref, quand on a commencé à me demander ce que j'avais, si j'étais pas malade, si j'allais continuer à fondre longtemps, ben j'ai pris ma décision : Vivre ! J'ai tout recommencé à zéro. A zéro. Je suis partie de tout. De Lui, de mon boulot, de ma ville, de ma région. Et voilà. Deuxième vie. Cette fois, tous mes rêves sont revenus, tous sans exception. Putain, je ne croyais pas qu'ils étaient encore vivants ! Ça fait drôle de se retrouver en face de ses propres fantômes, après si longtemps ! Reconversion totale. Art de vivre. Communication incessante. Tout explose, tout jaillit, tout renaît. Et moi avec. Je plais, je plais pas... je m'en fous : Je suis ! Je vis ! Bordel, que c'est bon ! Théâtre ! Il sommeillait sans croire qu'un jour j'y plongerais les mains, les bras, moi toute entière... Non seulement je crée les textes, mais je mets en scène, je joue, je suis public, tout. La totale après le rien, ça fait drôle... L'écriture démarre donc en même temps, un peu anarchique. Je me cherche, je tâtonne, j'essaye... et puisqu'on m'encourage je me demande si je ne vais pas creuser un peu... Les tiroirs pleins, je vais peut-être en faire quelque chose. Me faut du temps encore. Me faut toujours du temps. Mais quand j'arrive aux pieds du mur, de mon mur à moi, je peux dire que ça déménage sacrément, j'y vais à fond les manettes. Donc me voilà installée dans ma nouvelle vie, avec en plus la découverte des associations, mon investissement dans quatre d'entre elles, et forcément des amitiés fortes, une implication dans la ville. Des liens se tissent, se nouent, forts, éclatants, chaleureux. La vie, quoi ! Je n'arrête plus d'aller de l'avant. Parfois, j'ai encore des hésitations, mais c'est par rapport à moi même. Est ce que je vaux que... est ce que je serais capable de... des défis me sont lancés. Je ne peux plus m'arrêter. Construire est devenu mon but. Sinon, c'est même pas la peine de continuer. J'ai mes deux enfants. Et avec eux, une très forte relation qui n'a rien d'étouffant mais au contraire épanouissante, celle qui donne la liberté d'être, la liberté et la conscience. Oui, tous mes rêves se réalisent, dans une drôle d'anarchie, dans une drôle d'alchimie... Je ne sais pas ce que sera demain, mais plus jamais l'enfermement. Avec l'âge et l'expérience, une certitude : l'urgence de vivre et d'aimer. La mort me fauchera au beau milieu de ça... | |
| | | Dona Invité
| Sujet: Re: Les chemins de la vie Lun 1 Nov - 3:12 | |
| Si je réponds à ça, je commence une cure. Donc je vais faire simple.
Je voulais écrire comme Colette. J'ai toujours voulu écrire comme Colette. Je n'ai jamais pu écrire comme Colette. C'est terrifiant.
Colette...un mot, une phrase de Colette...ça sent le pré, ça sent la botte de marguerites et le goût de l'odeur du pain que Sido faisait cuire. La moitié de mon âme pour écrire comme Colette...Une fois dans ma vie je voudrais écrire une page que je ferais lire à quelqu'un et ce quelqu'un, spontanément, comme une langue maternelle, dirait: "C'est Colette qu'a écrit ça."
Je veux ça depuis petite. Des fois j'oublie, ce soir j'y pense. Ca vaut un somnifère ces trucs-là. |
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| Sujet: Re: Les chemins de la vie | |
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| | | | Les chemins de la vie | |
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