Un long dimanche de fiançailles

Le dernier film de Jean Pierre Jeunet.
Avec Audrey Tautou et Gaspard Ulliel.

Synopsis :
C’est la guerre de 14-18. Les combattants sont embourbés dans les tranchées et leur moral est au plus bas. Certains préfèrent s’automutiler plutôt que de s’exposer au feu de l’ennemi. Cinq parmi ces désespérés seront condamnés pour l’exemple. On les voit cheminer le long des tranchées, les mains liées dans le dos, sous les yeux des autres soldats. Ils vont être fusillés. Mais sous les bombardements, leur trace se perd dans la boue d’une tranchée surnommée « Bingo Crépuscule ». Tous seront donnés pour morts sur le front en 1917.
Mathilde, 19 ans, n’arrive pas à croire, malgré l’avis officiel, au décès de son fiancé, Manech, qui faisait partie des cinq condamnés.
Elle entreprend une difficile contre-enquête pour savoir ce qu’il est réellement advenu de lui. Elle reste persuadée qu’il est encore vivant.
Aidée par un expert en filatures, Germain Pire (le regretté Ticky Holgado), elle multiplie les courriers, recueille les témoignages…

Pour ce rôle de Mathilde, Jean Pierre Jeunet a retrouvé Audrey Tautou . Elle est l’actrice principale de ce film tiré du roman éponyme de Sébastien Japrisot. (Japrisot est décédé au printemps 2003, alors que le scénario des « fiançailles » n’était pas tout à fait bouclé. Une semaine après, il aurait pu le lire.)
Comme un brave petit soldat déterminé qui avance, grave , tendue et délicate, Audrey Tautou « porte » le film .

Autour d’elle, un casting énorme et hétéroclite, pour les nombreux seconds rôles : Ticky Holgado, Tchecky Karyo, Jean Pierre Daroussin, Denis Lavant, Jean Paul Rouve, Julie Depardieu, Jean Claude Dreyfus, Albert Dupontel, André Dussolier, Marion Cotillard, Dominique Pinon, Clovis Cornillac, Rufus, Chantal Neuwirth…et même Jodie Foster !Cette dernière apparaît en vedette américaine, sur le marché aux primeurs (les Halles, reconstituées) .

Jean Pierre Jeunet a su inspirer confiance à Hollywood. La Warner lui a donné carte blanche pour adapter et mettre en scène le roman français de Japrisot qui évoque le premier conflit mondial dans les tranchées de la Somme.
Cette carte blanche lui a permis d’accéder à un budget conséquent (45 millions d’euros). Cela se voit à l’écran dans la qualité, la puissance et la beauté de la reconstitution historique. Six mois de tournage, 1500 figurants, la plupart des décors parisiens reconstitués en numérique, des centaines de costumes, de nombreux décors, des effets mécaniques et des effets spéciaux, La reconstitution de la Grande Guerre est fastueuse et la musique mélancolique est signée Angelo Badalamenti…

La mise en image est très esthétisante. Les couleurs soufrées virent au sépia….C'est de la pure poésie visuelle. C’est grandiose et méticuleux . Un film parfait. De la bel ouvrage.

Mais si ce film séduit… je trouve qu'il n’émeut guère. C'est le reproche majeur qu’on pourrait lui faire. Il y a un vrai déficit d’émotion. Est-ce que l’esthétique, l’enjolivement, nous éloigne du réel ? Il est agréable à regarder mais jamais on ne ressent vraiment l’amour, la souffrance, le chagrin, le manque occasionné par l’absence.

Mince!... Je viens de découvrir que Clair Obscur s'était aussi exprimée sur ce film....Excusez-moi...J'ai posté sans lire ce qu'il y avait déjà...
Ca peut sans doute s'arranger ?...

Ben comme ça, on est sûr de pas le louper :lol:
Ton fil est pas mal, y'a l'affiche en plus !

de Croustine : voici le post de Clair Obscur :

Un long dimanche de fiançailles

Réalisé par Jean-Pierre Jeunet Voir tout le casting...
Avec Audrey Tautou, Gaspard Ulliel, Albert Dupontel
Film français. Genre : Drame, Historique, Guerre
Durée : 2h 14min.

En 1919, Mathilde a 19 ans. Deux ans plus tôt, son fiancé Manech est parti sur le front de la Somme. Comme des millions d'autres, il est "mort au champ d'honneur". C'est écrit noir sur blanc sur l'avis officiel. Pourtant, Mathilde refuse d'admettre cette évidence. Si Manech était mort, elle le saurait !
Elle se raccroche à son intuition comme au dernier fil ténu qui la relierait encore à son amant. Un ancien sergent a beau lui raconter que Manech est mort sur le no man's land d'une tranchée nommée Bingo Crépuscule, en compagnie de quatre autres condamnés à mort pour mutilation volontaire ; rien n'y fait. Mathilde refuse de lâcher le fil. Elle s'y cramponne avec la foi du charbonnier et se lance dans une véritable contre-enquête.
De faux espoirs en incertitudes, elle va démêler peu à peu la vérité sur le sort de Manech et de ses quatre camarades.

Habité par une Audrey Tautou qui, à l'image du cinéaste, creuse plus profond le sillon ouvert par Amélie..., porté comme toujours par un casting original et formidables en tous points, ce film est un passionnant puzzle, d'une humanité chaleureuse, fraternelle et bouleversante.

Meuh non...Cela sera bien mieux s'ils peuvent être rassemblés!

Ben c'est fait : Merci Croustine !

Coline, t'en fais pas, ça aurait pas été grave ! Keep cool Peace and Love

Merci Croustine!

Je viens de le voir le film... un superbe moment... je vous le recommande à tous.

Audrey Tautou émeut du début à la fin, comme d'habitude... elle est géniale en petite fiancée Bretonne boiteuse et fragile (son personnage a été atteint de polio) mais déterminée et vaillante jusqu'au bout.

J'ai aussi beaucoup aimé le personnage interprété par Marion Cotillard (superbe dans ce rôle): une prostituée corse embarquée dans une quête semblable à celle de Mathilde (= Audrey Tautou); elle aussi recherche les moindres indices sur son amant disparu, condamné à mort en même temps que Manech. Son personnage, sombre, passionné, tenace, est un peu l'envers et le complément de celui de Mathilde. Le passage où les deux femmes se font face est poignant.

Un film dont le jeu de piste tient en haleine jusqu'au bout. Images magnifiques, interprétation excellente. En dépit du côté sombre et sans concessions du film (les rappels sur la tragédie de la guerre de 14 sont impitoyables) c'est beaucoup moins mélancolique que je m'y attendais; très dynamique, avec des touches d'humour et d'optimisme qui illuminent ça et là le tableau.

A vos salles obscures, tout le monde!

oui pis au moins, on découvre que les pauv zigues des tranchées ils étaient d'un joli bleu bien léché, ça l'fait.

Hum...moi aussi ça me paraît un peu léché du peu que j'en ai vu: les variances de bleu et sépia, la joile robe d'Audrey qui boite... Peut-être est-ce un apriori que j'ai, détestable peut-être mais entre ceci et le fait que ce soit Jeunet/ Tautou, c'est comme si on remixait, façon pathétique, "Le Fabuleux destin..."

j'avais aimé amélie poulain, les fiançailles, j'ai pas vibré une seconde... c'qu'est qd même chiant pour un truc plein d'bons gros vieux sentiments. Ah ça le mec à la photo il s'est déchiré l'noeil, mais on fait pas du cinoche qu'avec des jolies images, j'pensais qu'tt l'monde le savait moi

Ah... visiblement je suis la seule qui a vibré alors... :lol: Sincèrement je me suis sentie emballée quasiment dès la première scène (où la voix off de Florence Thomassin raconte l'histoire civile de chacun des soldats condamnés, où l'on voit toute leur vie d' "avant".) Le noeud dans la gorge ne m'a pas quittée jusqu'à la fin.

Hématite a écrit:

Ah... visiblement je suis la seule qui a vibré alors... :lol: Sincèrement je me suis sentie emballée quasiment dès la première scène (où la voix off de Florence Thomassin raconte l'histoire civile de chacun des soldats condamnés, où l'on voit toute leur vie d' "avant".) Le noeud dans la gorge ne m'a pas quittée jusqu'à la fin.

Vu l'envergure du bonhomme tout de même (Jeunet), on ne peut ignorer un tel film. Il est souvent très bon ce garçon. Mais j'attends de voir pour y croire

J'espère que tu nous diras ce que tu en auras pensé! et surtout n'hésite pas à y aller...

Dona a écrit:

Vu l'envergure du bonhomme tout de même (Jeunet), on ne peut ignorer un tel film.

J'adore.

Fulmi a écrit:

J'adore.

C'est trop court jeune homme. En position d'argumentateur. Allez, ouste!

Dona a écrit:

Fulmi a écrit:

J'adore.

C'est trop court jeune homme. En position d'argumentateur. Allez, ouste!

J'adore ce genre de phrase : « Vu l'envergure du bonhomme tout de même (Jeunet), on ne peut ignorer un tel film. »
Paske vue l'envergure du bonhomme (Wagner), y'a combien d'opéras de lui que tu ignores ?

À part ça, je ne savais pas que Jeunet était un grand cinéaste. Kon que je suis qui a bêtement acheté un Capra, ce matin, au marché !

Fulmi a écrit:

Dona a écrit:

Fulmi a écrit:

J'adore.

C'est trop court jeune homme. En position d'argumentateur. Allez, ouste!

J'adore ce genre de phrase : « Vu l'envergure du bonhomme tout de même (Jeunet), on ne peut ignorer un tel film. »
Paske vue l'envergure du bonhomme (Wagner), y'a combien d'opéras de lui que tu ignores ?

À part ça, je ne savais pas que Jeunet était un grand cinéaste. Kon que je suis qui a bêtement acheté un Capra, ce matin, au marché !

Tout dépend de l'envergure que l'on jauge. Mais il est vrai que je connais mieux, en termes de production, celle de Jeunet que celle de Wagner.
Jeunet, en deux mots, est un inventeur. Dès qu'il a quitté Caro après "Delicatessen", on a senti tout de suite que cette "patte" fantastique fantaisiste et ces atmosphères assez propres aux BD, étaient de l'invention Jeunet. En effet, ces éléments se sont retrouvés dans "La Cité des enfants perdus", "Alien4" et la cristallisation surprême de la féérie qui transcende la vie ordinaire et en donne cet aspect décalqué se retrouve "Amélie Poulain". Maintenant délavé et émoussé par trop de battages, trop de médiatisation mais...Amélie a été une invention tout comme Delicatessen. Truffé de trouvailles et aussi de "gueules" de ciné: des personnages qui par leur propre physique, gestuelle, jeu marquent le paysage des acteurs français contemporains.
Wagner était un affreux jojo qui couchait avec la fille de Liszt et a abusé, en le sachant, de toute la fortune et folie de Louis II de Bavière, et bercé dans le pangermanisme qui était de mise à l'époque.
Ceci dit, il a eu l'envergure de mettre en opéra les épopées mythiques et légendaires du pays. Et puis, il était créateur de génie. Lui aussi.

Dona a écrit:

Wagner était un affreux jojo qui couchait avec la fille de Liszt

Je comprends que coucher avec une fille qui a un père soit un grand crime. Suis-je bête. Comment n'ai-je pas deviné plus tôt ? Merci !

Fulmi a écrit:

Dona a écrit:

Wagner était un affreux jojo qui couchait avec la fille de Liszt

Je comprends que coucher avec une fille qui a un père soit un grand crime. Suis-je bête. Comment n'ai-je pas deviné plus tôt ? Merci !

:roro:

Fulmi a écrit:

Dona a écrit:

Wagner était un affreux jojo qui couchait avec la fille de Liszt

Je comprends que coucher avec une fille qui a un père soit un grand crime. Suis-je bête. Comment n'ai-je pas deviné plus tôt ? Merci !

Hum... c'est que Wagner était un génie vénal et que Cosima Liszt n'était pas un choix anodin, juste une étape à franchir pour mieux se faire connaître. En plus, en 1851, il a une relation amoureuse avec Mathilde Wesedonck, épouse d'un banquier mécène suisse (tiens donc) qui inspire le poème de Tristan et Isolde. Sans compter que le couple légitime était pourri de dettes.
Affreux jojo, je dis.

Dona a écrit:

Hum... c'est que Wagner était un génie vénal et que Cosima Liszt n'était pas un choix anodin, juste une étape à franchir pour mieux se faire connaître.

Pas vraiment juste une étape : il a vécu avec elle le reste de sa vie. Effectivement, il courait après l'argent. Mais s'il avait voulu être riche simplement pour être riche, il se serait contenté de sa carrière d echef d'orchestre. Bref, c'était un artiste.

Pour l'invention, évidemment, il est dix mille lieues au delà de Jeunet qui doit tout à Wagner car le Gesamtkunstwerk, c'est Wagner qui l'a inventé, et Jeunet qui en profite.

À part ça, Jeunet, c'est un gentil bonhomme qui fait du cinéma à la manière de 1940, les trucages vidéo en plus. Mais Amélie Poulain, c'est vrai, c'est bien ficelé, presque aussi bien ficelé que l'Or du Rhin. Je doute toutefois que l'on joue encore Jeunet dans un siècle. Encore que.. On joue bien encore Claude Autan-Lara, une sorte de Jeunet d'il y a un demi siècle.

Fulmi a écrit:

À part ça, Jeunet, c'est un gentil bonhomme qui fait du cinéma à la manière de 1940, les trucages vidéo en plus. Mais Amélie Poulain, c'est vrai, c'est bien ficelé, presque aussi bien ficelé que l'Or du rhin. Je doute toutefois que l'on joue encore Jeunet dans un siècle.

Moi ça ne m'étonnerait pas. Une invention (technique, thématique ou j'en passe)quand elle redéploie l'appareil de production (pour l'aspect créatif) et redonne à voir une nouvelle vision du monde, d'un art particulier, marque quelque chose dans une époque. Une porte ouverte vers de nouvelles "réécritures" spécifiques aux arts qu'on aura choisis. Le reste n'est que imitations.
Mais la musique a de cela qu'elle n'avance pas aussi vite que les technologies et qu'elle est une sorte de corps d'élite alors que le cinéma, bien qu'art à part entière, se consomme plus facilement en masse et peut-être bien se consume par ce même procédé.

Justement, je ne vois guère où serait l'invention chez Jeunet. Il raconte des histoires de la même manière qu'il y a un siècle, voire moins bien.

Fulmi a écrit:

Justement, je ne vois guère où serait l'invention chez Jeunet. Il raconte des histoires de la même manière qu'il y a un siècle, voire moins bien.

On ne racontait pas, au début du siècle Delicatessen, La Cité, Alien 4 ou Amélie.
Par contre, la jolie patine qu'obtient le dernier sorti semble vouloir s'y référer. Voir s'il s'agit de ou non. C'est aussi l'orientation filmique du moment (prêter ces subtiles jeux photographiques liés à la lumière ou à la mise en lumière de différents éléments), un savoir-faire qu'il faut savoir doser et ne pas emprunter trop souvent. C'est pourquoi Le Long dimanche...me semble bateau. Ouverture violente sur les combats de tranchée (à la Qui veut sauver le soldat Ryan) et alternance avec une douceur mi-sépia, mi-colorisée, le tout pour faire joli. Peut-être que l'invention s'arrêtait juste avant.