L'île déserte

Vous connaissez ce topic bateau? :-)

Imaginez, plutôt que d'aller en prison, vous allez en détention sur une île déserte. Conditions extrêmes réunies:

- très chaud
- pas de canot
- pas d'espoir qu'on vienne vous chercher
- pas de portable, pc, tv, minitel, radio, magnéto, frigo
- pour les filles, pas de miroir
- plein de temps

Choisissez sept (symbole du chiffre 7) livres...mais choisissez bien...Combien de temps resterez-vous? Que lirez-vous?

A demain.

Bon...je vois que le sujet ne mord pas donc nous pourrions ajouter aux conditons extrêmes, la venue d'un nouvel arrivant: un apollon évidemment:

- Antonio Banderas
- Brad Pitt
- Keanu Reeves
- Mel Gibson
- Gorges Clooney
- Robert Redfort...

Bien entendu, eux aussi ont sept livres à emmener et se chargent de monter aux cocotiers. Faut bien se nourrir...



Attention, ceci n'est pas le remake lettré de L'Ile de la tentation mais une docte discussion sur la lecture...
Eh oui les filles! vous fantasmiez déjà...comme moi...

Dona a écrit:

- Antonio Banderas
- Brad Pitt
- Keanu Reeves
- Mel Gibson
- Gorges Clooney
- Robert Redfort...

Ils apportent leur vaseline avec eux, ou bien faut leur cracher dans le cul avant ?

Dans une île déserte, avec ou sans acteurs américains, j'emporterais des livres gros et excellents, indépendament de mes goûts personnels :

- La Recherche du temps perdu,
- Le journal de Léautaud,
- Le journal des Goncourt,
- La Bible,
- Les Démons, de Heimito von Doderer
- Une année dans la vie de Gesine Cresspahl, d'Uwe Johnson,
- la Comédie humaine

Je précise que je n'en ai lu aucun, auparavant.

Fulmi a écrit:

des livres gros et excellents, indépendament de mes goûts personnels

Comme quoi, la détention sur une île, ça aide quand même...:-))


Pour ma part, je dois réfléchir. Supposons que j'emmène des livres que j'ai déjà lus, je m'ennuierais peut-être mais des livres que je n'ai pas lus, je pourrais regretter ces choix...
A fortiori si le temps est très long à occuper, la Bible est forcément un excellent choix. Je ne l'ai jamais lue intégralement...

Ben tu sais Dona, c'est une question que je commence déjà à redouter:

si j'ai le fichu concours (argh) et que je monte à Paris, il est évident que je ne pourrai pas emmener toute ma bibliothèque (pas aussi pleine je pense que la plupart des vôtres, mais plutôt respectable pour quelqu'un qui vient de griller sa 24e bougie) d'autant que je serai au départ hébergée et que je ne peux pas me ramener comme une fleur avec 10 cartons sous chaque bras, ça ne se fait point, que diable...d'autre part, partir dans une ville inconnue sans bouquins, pour moi, c'est comme partir dans le désert sans eau... donc il va falloir faire des choix snif faire des choix vous vous rendez compte??? eurk

alors aujourd'hui je dirais:
-"Ecrire" de Jean Guenot (pas parce que c'est le Marquis qui me l'a envoyé , mais parce que c'est passionnant, qu'il me reste plein de pages et que plus je le lis, plus je me dis que ça me sera d'une aide précieuse pour mon futur job...)
- le bouquin sur Goya. Goya est un de mes deux peintres préférés et ce bouquin est le plus beau et le plus précieux de toute la bibliothèque (pour la plupart bourrée de livres de poche). Je me souviens encore de l'émotion que j'ai ressentie en tombant dessus, de tous les livres que j'avais consultés sur ce peintre, c'était celui qui consignait le plus de belles oeuvres. J'ai claqué sans hésiter le demi-mois de salaire qu'il représentait pour moi (mais je reconnais toutefois que ledit salaire est petit) . Quand on sait le temps que l'on peut passer à admirer une oeuvre, imaginez les milliers de minutes béates contenues dans un bouquin de mille pages farcies d'oeuvres du maître... c'est un livre qui peut tenir compagnie toute une vie!
- "Les Fleurs du Mal". Certes, je l'ai lu, relu, épluché dans tous les sens, et le bouquin est aujourd'hui dans un état merdique, mais je ne m'en vais nulle part sans Baudelaire. Hors de question.
- "Les Mille et Une Nuits". Du merveilleux et de la beauté à toutes les pages. Très bon ça, pour garder la pêche et pour rêver un peu.
- "Les Frères Karamazov" de Dostoïevski. Je ne l'ai pas lu mais c'est du bon gros pavé, qui durera un certain temps, et auquel j'ai de fortes chances d'accrocher compte tenu du fait que j'ai adoré "Crime et châtiment" du même.
- "La Divine Comédie". Parce que le livre de Dante est beau, pur et intemporel et qu'il me reste des chants à lire.
- "La Comédie Humaine". Plus de 90 romans en une seule oeuvre: même si on en a lu quelques-uns, le volume (et la qualité, parce que, Balzac quand même) reste l'idéal pour combler à long terme les soirées solitaires sur l'île.


Je précise que tous ces oeuvres et auteurs que je cite ne sont pas systématiquement mes préférés mais si on va sur une île, il faut penser à avoir de quoi tuer le temps (en n'oubliant pas ce que tu dis Dona sur le risque qu'il y a à emporter des livres non lus...); un livre comme "Cyrano de Bergerac", je l'ai tellement relu que, même si je prends encore aujourd'hui du plaisir à parcourir certaines pages, j'ai l'impression de l'avoir plus ou moins intégré à ma substance. Idem "American Psycho" ou d'autres.

Hématite a écrit:

-"Ecrire" de Jean Guenot (pas parce que c'est le Marquis qui me l'a envoyé , mais parce que c'est passionnant, qu'il me reste plein de pages et que plus je le lis, plus je me dis que ça me sera d'une aide précieuse pour mon futur job...)

Ah! depuis le temps qu'on en entend parler, j'aimerai bien avoir ton avis dessus.

Moi je ne suis pas une idéaliste et à cas concret, je déploie un attirail pragmatique. Donc, j'emmènerais:

- mon Encyclopédie du bricolage (un monstre de technique mais tous les savoir-faire y sont comme: assembler du bois sans pointes par exemple -juste un peu de colle qu'on peut obtenir avec de la résine d'arbre; bon, encore faut-il le tailler donc j'aurais apporté, en catimini et sous le nez des geôliers, deux, trois limes, un couteau à bois et une lame de scie)


- "Robinson Crusoë" de Defoe (évidemment, il s'y prête) et en vertu du fait qu'il évoque très bien de quelle manière, imprégné de civilisation et de la culture qu'il s'y est forgée, le personnage tente de reconstruire les actes basiques et éthiques d'une société (la nécessité de survivre, de protéger ses vivres, de se rationner, d'aménager son lieu de vie, d'ensemencer des terres pour les faire fructifier, alterner semences et récoltes pour gérer les denrées alimentaires, s'équiper en outillage, se préserver de tomber à l'état sauvage en continuant de penser, méditer, prier...)


- Et son corrélaire: "Vendredi ou les limbes du Pacifique" de Tournier qui est tout le contraire du premier: se défaire, après l'avoir instaurée, de toute tentative d'imitation de la civilisation; privilégier le rapport à la nature, la relation mystique qu'on peut instaurer avec elle lorsqu'on est à sa merci- comme une divinité- virer Vendredi à tout prix qui fait sauter toute la grotte des réserves avec de la dynamite...D'ailleurs, une chance, il prend le seul bateau qui parvient à accoster cette baie hostile. Le Tournier ou comment revenir à l'état sauvage et prendre son pied? :-) Belle leçon de philosophie: pouvons-nous vivre seul? De quelle manière et à quel usage, sommes-nous toujours tentés de "construire" un autre, et même un alter-ego pour la nécessité de s'y refléter et s'y confronter...


- la Bible: que je n'ai jamais lue en entier. Excepté quelques rudements de catéchèse à l'école privée que je n'ai jamais fait perdurer ensuite, je crois que je la connais bien peu et que j'aimerai la connaître mieux. Pour ne pas faire de prosélythisme, j'emmènerais bien le Coran et le Talmud et la Véda et...


- Une dictionnaire: le plus gros possible et pas le plus récent. J'ai un plaisir délectable à me plonger dans les dictionnaires. J'y découvre autant de termes que je connais mal ou que j'utilise peu. J'ai découvert récemment et pour un usage textuel, des vocables qui m'ont enchantée. Il y en a tant que je ne peux tous les nommer mais vraiment, les vibices (meurtissures sur la peau que laisse une maladie), l'épanorthose (procédé de rhétorique avoué par celui qui l'emploie), le lazaret (la mise en quarantaine en cas d'épidémie), l'oukase (édit promulgué par un tsar)...me plaisent beaucoup.


- Comment choisir un roman? Il y en a tant...Un Gracq alors peut-être: Le Rivage des Syrtes ou Un Balcon en forêt, mon préféré, livre de chevet.


- Pour le dernier, je crois que je m'arrangerais pour obtenir dans un seul ouvrage les nouvelles et contes noirs du 19ème siècl, genre: "Les Histoires extraordinaires" d'Allan Poe, "Les Diaboliques" de Barbey d'Aurevilly, "Les Contes" (tous les contes) de Villiers-de l'Isle-Adam, ceci pour le cynisme, l'atmosphère fantastique et la langue ouvragée.


Enfin, je choisirais d'emmener Redfort, le plus vieux donc le plus habile. Et puis on dirait qu'il ne ferait pas seulement, cette fois, que murmurer à l'oreille des chevaux...:-)

Hématite a écrit:

d'autre part, partir dans une ville inconnue sans bouquins, pour moi, c'est comme partir dans le désert sans eau... donc il va falloir faire des choix

T'es excellente, toi, dans le rôle de la provinciale qui monte à Paris : elle craint de manquer de lecture dans cette ville coupée de toute vie littéraire !
N'oublie pas aussi d'emporter des conserves. On ne sait jamais : il n'y a peut-être rien dans les magasins !

Je te rasssure, on trouve des livres par milliers, à partir d'un euro pièce, chez les bouquinistes ! Et il y a des bibliothèques publiques immenses un peu partout. Et puis il y a les miens (J'ai tout Guenot. J'ai même un Huysmans, c'est dire !).

C'est le post du mois, celui-ci ! Bravo ! génial !

Dona a écrit:

Enfin, je choisirais d'emmener Redfort, le plus vieux donc le plus habile. Et puis on dirait qu'il ne ferait pas seulement, cette fois, que murmurer à l'oreille des chevaux...

Pis, en plus, ça t'obligera à apprendre l'anglais.

Fulmi a écrit:

Pis, en plus, ça t'obligera à apprendre l'anglais.

Susurrer l'anglais, oui, c'est une bonne idée pour apprendre... :lol:

Fulmi a écrit:

T'es excellente, toi, dans le rôle de la provinciale qui monte à Paris : elle craint de manquer de lecture dans cette ville coupée de toute vie littéraire !
N'oublie pas aussi d'emporter des conserves. On ne sait jamais : il n'y a peut-être rien dans les magasins !

Je te rasssure, on trouve des livres par milliers, à partir d'un euro pièce, chez les bouquinistes ! Et il y a des bibliothèques publiques immenses un peu partout. Et puis il y a les miens (J'ai tout Guenot. J'ai même un Huysmans, c'est dire !).

C'est le post du mois, celui-ci ! Bravo ! génial !

Je me doute bien... :lol: mais enfin

1) les premiers jours, en admettant que je monte, je ne vais pas forcément aller chez les bouquinistes, j'aurai d'autres choses à faire, déménagement etc... ce qui me laissera au minimum quelques jours avant les achats que tu évoques... or j'insiste: pour moi, un jour sans bouquin, c'est intellectuellement aussi peu envisageable qu'un jour sans boire pour le corps. Et, pour reprendre ta comparaison avec les conserves, ça n'est pas parce que je m'alimente tous les jours, que j'ai le temps de faire les courses tous les jours...

2) et il s'agit pas seulement de bouquins, mais de MES bouquins: ceux qui m'ont émerveillée quand j'étais petite et ne m'ont pas quittée depuis des années, ceux que des personnes chères m'ont offert (avec souvent un mot de l'intéressé(e) dedans), quelques-uns que j'ai réussi à faire dédicacer par des auteurs que j'admirais, ceux que j'ai eu du mal à dénicher, ceux sur lesquels j'ai inscrit des citations (j'ai eu une période où j'aimais bien "taguer" mes bouquins en inscrivant sur la page de garde ou la fin des mots qui allaient bien avec) ceux qui m'ont fidèlement servi pendant mes études, etc. Un livre, ce n'est pas seulement un outil de divertissement ou un apport culturel, c'est aussi, pour les sentimentaux de mon espèce, un objet personnel. J'ignore si pour toi c'est pareil, mais je comparerais un peu ma bibliothèque à un édifice: chaque livre est une pierre acquise progressivement en rapport plus ou moins avec un épisode de ma vie. (<=== les modos, ça vous dit, un sujet là-dessus? du genre que représentent vos bouquins et votre bibliothèque?) Il est sûr que mes bouquins sont facilement remplaçables à Paris: mes Baudelaire, Huysmans, Ellis et autres, que j'ai achetés pour la plupart en poche et pas cher, parfois d'occasion (je ne suis pas, comme certains de mes amis, une passionnée des beaux livres reliés), je pourrai sans doute ravoir leurs répliques à un prix minime (sauf exceptions du genre le Goya). Mais ça ne remplacera pas le caractère "personnel" qu'avaient leurs devanciers entre mes mains.

Un truc parmi d'autres, pour ceux qui comme moi aiment bien relire ou reparcourir les bouquins aimés... Vous avez sans doute remarqué que les livres s'ouvrent facilement aux pages qu'on a lues le plus souvent?

Croustine a écrit:

=>les modos @ Héma : oui oui oui. Tu le rédiges ? ou Dona peut-être ?

C'est le sujet d'Héma, on la laisse le lancer

Et un abrégé de citations ou proverbes latins voire grecs. Histoire de me refaire une santé avant de réapparaître dans le monde des lettrés.

Alea jacta est conviendrait fort à la chose.

Ane Sacré a écrit:

je me connais : je les laisserais aux requins.

Si tant est qu'ils te laissent le loisir d'en décider.

Un petit site sur les requins (des mers ) :

http://membres.multimania.fr/ailerons/

Fulmi, c'est l'heure du programme adoucissant... Tu veux fermer le hublot et retenir ta respiration le temps qu'il faudra, s'il te plait?

... Bon, j'arrive avec un peu de retard sur cette foutue île déserte... Ils ont vraiment trouvé ce qu'il fallait pour me faire ch.. Je ne crois pas aux vertus de la solitude, en tout cas pas pour des personnalités creusasses comme moi! Enfin
J'ai mon arc et mes pinceaux, je me suis exercée à l'ascèse littéraire, mes enfants ont l'air heureux de ce châtiment qu’on m’inflige, mon compagnon trouve que çà lui fait des vacances… et les juges voyant ma saine constitution et sur avis médical, m'ont promis un rendez-vous bi-hebdomadaire avec… (çà vous regarde ? non mais des fois ! ) .
Aucune raison de m’inquiéter, je pourrai donc lire tranquille : La bible, le zohar, La comédie humaine, tout Baudelaire en un seul tome (çà existe?), Missa sine nomine, le Yi King , et...on verra , m'ont pas encore attrapée, hein!

Coucou fleurette, Baudelaire en un seul tome, ça doit exister... je crois que l'un de mes camarades de terminale avait une telle édition...

perso je l'ai lu en Pléiade le tout Baudelaire, deux tomes, c'est une belle édition et c'est truffé de notes, par contre, vu le format des caractères, on se pète les yeux dessus!

sapotille a écrit:

J'ai mon arc et mes pinceaux, je me suis exercée à l'ascèse littéraire, mes enfants ont l'air heureux de ce châtiment qu’on m’inflige, mon compagnon trouve que çà lui fait des vacances… et les juges voyant ma saine constitution et sur avis médical, m'ont promis un rendez-vous bi-hebdomadaire avec… (çà vous regarde ? non mais des fois ! )

:lol: :lol:

Pour toi, on voit que les conditions extrêmes sont un peu allégées;
N'oublie pas, pour autant, l'étalon qu'on emmène...Faut bien une torture à infliger quelque part pour éprouver le châtiment de quelque chose.

ouaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiisssssssss!!!!!!!!!!!!!!!!

Eh bien voilà! Je me barre à Paris dans 10 jours... et je ne vais pas pouvoir emporter ma bibliothèque (arf vu sa taille) et je ne sais même pas si je vais pouvoir emmener tous les livres auxquels je pensais ci-dessus! Pourtant, jouant le jeu, je n'en avais mis que 7...


(Les 1001 Nuits, le Goya et la Divine Comédie ont hélas, trois fois hélas, des chances d'être beaucoup trop gros pour mes bagages... déjà que je suis obligée d'emmener mon armada de dicos et que ces derniers prennent de la place... mmmmph... quant à La Comédie Humaine, je n'en ai que 5 romans, pas l'oeuvre entière.)

Au fait, si je vous dis la liste des bouquins de poche que je n'ai pas lus (ou toujours pas lus en entier) et que j'hésite à emmener ou non pour me faire des réserves de lecture une fois là-haut, vous accepteriez de me dire lesquels valent le plus le coup, selon vous?

Hématite a écrit:

Eh bien voilà! Je me barre à Paris dans 10 jours... et je ne vais pas pouvoir emporter ma bibliothèque (arf vu sa taille) et je ne sais même pas si je vais pouvoir emmener tous les livres auxquels je pensais ci-dessus! Pourtant, jouant le jeu, je n'en avais mis que 7...


(Les 1001 Nuits, le Goya et la Divine Comédie ont hélas, trois fois hélas, des chances d'être beaucoup trop gros pour mes bagages... déjà que je suis obligée d'emmener mon armada de dicos et que ces derniers prennent de la place... mmmmph... quant à La Comédie Humaine, je n'en ai que 5 romans, pas l'oeuvre entière.)

Au fait, si je vous dis la liste des bouquins de poche que je n'ai pas lus (ou toujours pas lus en entier) et que j'hésite à emmener ou non pour me faire des réserves de lecture une fois là-haut, vous accepteriez de me dire lesquels valent le plus le coup, selon vous?

Bonne chance à paname !

Tu pourras faire tout livrer plus tard ! non ? Un conseil prends des livres ensolleillés ! A une copine qui quittait le sud pour Paris avec le moral dans les chaussettes, je lui ai fait cadeau d'une lampe UV