Ma chère Anti, mes hommages. Ma femme vous fait la bise.
Sachez que j'aurais été extrêmement heureux de faire votre connaissance et aussi, même si cela paraît étrange, celle de Fulmicoton (sans compter les Vocabuliennes et Vocabuliens qui se déplaceront). Mais l'homme propose et le Dieu du Net dispose !
Vous avez un problème. Je suis obligé de tenir compte des deux suivants :
1) Ane Sacré (ma femme) est bretonne (= têtutissime)
2) Depuis qu'elle a consommé deux tasses de chocolat avec vous-même et Fulmicoton, dans un café que je connais bien puisqu'il est voisin de mon bureau, elle souffre de ce que j'appelle "le syndrome de la Tasse."
Le raisonnement d'Ane Sacré, notez-le bien, est aussi simple que votre problème. Elle part du principe que, depuis qu'elle a consommé ces deux chocolats en parlant voyages et livres avec Fulmicoton, celui-ci n'arrête pas d'accumuler à son égard les messages négatifs. Qu'en serait-il donc, se demande-t-elle, si j'absorbais un repas tout entier en présence de Fulmi ? Surtout que, vu l'époque, il risque d'y avoir de la bûche, glacée ou pas, au dessert ...
Une catastrophe, c'est bien certain. Laquelle, je l'ignore, Ane Sacré aussi bien qu'elle ait envisagé successivement l'explosion de sa tension artérielle, puis celle du Kanapoutz. Entre nous, cette dernière évocation a été dévastatrice pour son moral.
De plus, je vous le certifie, en pareilles circonstances, Ane Sacré ne touche pas à un seul plat, fût-ce le plus délicieux. Qui pis est, elle ne dit plus un seul mot sauf "oui, non" et "merci". Or, je suis bien placé pour vous garantir que, lorsqu'Ane Sacré ne mange plus rien et surtout se mure dans un silence quasi absolu, il y a de quoi bousiller non seulement un repas mais tout un restaurant cinq étoiles.
Tout cela vous placerait dans une situation délicate. Si, d'autre part, Fulmi refusait de paraître "par bonté", je ne doute pas un seul instant qu'il ne se déguise en SDF et ne soit capable de guetter notre arrivée au bas de son domicile (sans vous mettre au courant, bien entendu).
Je ne suis qu'un homme comme les autres, parfois plus faible qu'eux. Je ne puis assumer pareille situation où seul Fulmi se délecterait vraiment et où tous les autres participants seraient a) exaspérés b) gênés c) brusquement atteints de cécité et de surdité ou encore d'une hilarité nerveuse et intarissable.
Tous mes regrets, une fois encore. Qui sait, un jour, peut-être ... Et tous nos remerciements sincères pour votre gentillesse et votre amabilité.