Frankenstein au goût du jour?

L'avez-vous lu?Oui. L'avez-vous aimé? Oui.


Résumé copié-collé d'une url aussi anodine que les autres:

"Victor Frankenstein ! C'est l'inventeur, le savant maudit ! A quinze ans, il est témoin d'un violent orage foudre, traînée de feu, destruction d'un chêne... Son destin est tracé. Après des années de labeur, il apprend à maîtriser les éléments ; l'alchimie est pour lui une seconde nature. Bientôt il détient le pouvoir de conférer la vie à la matière inerte. Nuit terrible qui voit la naissance de l'horrible créature faite d'un assemblage de cadavres ! L'oeuvre de Frankenstein. Un monstre ! Repoussant, inachevé mais doté, d'une force surhumaine et conscient de sa solitude. Echappé des ténèbres, il va, dans sa détresse, semer autour de lui crimes et désolation. D'esclave qu'il aurait dû être, il devient alors le maître, harcelant son créateur. Il lui faut une compagne semblable à lui... Pour Frankenstein, l'enfer est à venir... ""

Marie Shelley donc, 1818. Romantisme et vision scientifique et je vous passe les autres détails tant l'oeuvre est connue. A voir peut-être le "Frankenstein" filmé de Kenneth Brannagh dans les années 90, une manchinerie américaine pas bien fine.

Ma question est: ce classique passe-t-il encore de nos jours? Mon constat: ayant voulu partager mon enthousiasme au sujet de cet éminent classique, j'ai récolté un "bide" généralisé..."Forme épistolaire, ça se fait plus; la théorie ne tient pas debout; la créature fait trop pitié; le Seigneur des Anneaux c'est mieux."
Le sondage a été effectué auprès de jeunes gens de ma connaissance entre 16 et 18...
Qu'en pensez-vous, vous?

Dona a écrit:

"le Seigneur des Anneaux c'est mieux."

Au cinéma? Oui. A lire, c'est trop fois plus long. Et c'est un genre à part. La SF version 1818 c'est peut-être un peu dépassé.

"La créature fait trop pitié", vous ont dit vos élèves, ma chère Dona. Mais n'est-ce pas à cause de cela, justement, qu'elle est parvenue à "voler" son nom (et un nom pas facile à retenir) à l'homme qui l'avait créée ? Les hommes que nous sommes n'ont pas atteint pareil résultat avec leur Créateur, réel ou supposé. Il faut dire que, des preuves matérielles de l'existence de Mary Shelley, on en connaît beaucoup. Pour Jéhovah, c'est un peu différent ...

Au cinéma, même phénomène : le Dr Frankenstein est bien falot si on le compare à sa Créature. Il n'y a que Mel Brooks qui ait rétabli la balance avec son "Frankenstein Jr" .

Le roman, c'est vrai, est indigeste. C'est pourtant un incontournable puisqu'il assure la liaison entre le Gothique façon Ann Radcliffe et le Romantisme d'une part et les débuts de la Science-fiction moderne illustrés par Jules Verne en France. Ce roman pille encore les tombes et vole les cadavres mais les réanime par des procédés qui tiennent de la médecine et de la science.

Déjà, en considérant le Dr Frankenstein et sa Créature par rapport à l'existence que mena Mary Shelley, on le lit plus facilement. Après tout, Mary Woolstonecraft était fille de libre-penseur et élevée en tant que tel. Elle vécut en concubinage avec Shelley avant de l'épouser. Je crois même qu'elle perdit au moins un enfant de lui. Enfin, elle connut Byron.

A mon avis, lire "Frankenstein ou le Prométhée moderne" entre 16 et 18 ans, c'est trop tôt. Surtout en notre époque d'effets spéciaux cinématographiques fabuleux ... Il faut avoir un peu vécu. Le Temps arrange bien des choses. Surtout en capacité de lecture.

Merci Heurtebise. Pas trop le temps d'en reparler aujourd'hui mais j'ai copié un petit texte qui me semble bien plaisant pour ce pauvre énergumène, rejeté par les hommes et maudit par eux pour incarner à ce point les limites qu'en humain, on ne doit dépasser.




…) Ses traits se sont creusés, son regard s'est éteint. De nombreuses cicatrices laissées par divers objets contondants émaillent son large crâne lobotomisé.
Il ne s'habille plus qu'en noir, parle peu. Il ne joue plus beaucoup et ses parents ne peuvent plus rien pour lui...
Mais, inlassablement, il veut encore croire à l'Amour, au bonheur, à la complicité, à la douceur, à toutes ces choses qui lui vaudront probablement une nouvelle cicatrice..(...)

Et partant, une fiancée…

Apparemment, c'est bien la forme épistolaire qui semble rebuter. Mais aussi, 372 pages...et ce lyrisme particulier, comme tu le dis Ane Bâté, qui marque certaines scènes de souffrances intimes (on pleure facilement chez les romantiques, même les hommes...) tout comme celui qui parle de la nature, ces paysages de glace évoquant la solitude et la mort avec parfois une certaine emphase dépassée qui fait toute la teinte romantique.
Déclic toutefois au sujet de la différence, du rejet, de la monstruosité donc du handicap etc...Et puis -outre le fait ignominieux d'avoir affirmé que le mercredi après-midi, délesté de cours d'ordinaire, pouvait être pour une fois fort bien utilisé pour une lecture utile et obligée- proposition d'écrire un texte où ils seraient la créature de Frankenstein: "Je suis, je sens, je hais, je souffre": développez... :lol:
A voir dès le jour levé, demain.

Je n'aime pas parler de moi et de ma mère, encore moins de l'ignoble confusion que les marxistes-léninistes tendance maoïstes tentent de maintenir entre mon papa et moi. Gueule de Frankenstein, j'accepte, mais que vous tentiez de dévaloriser l'épistolaire me déplaît. J'ai encore écrit hier à Grignan où réside une de mes grandes amies, heureusement m'a-telle répondu de suite, ils se trompent tous: à preuve, le nombre de SMS envoyé chaque minutes !

Oui l'épistolaire plaît encore et je plaiderai sans relâche, pour, pistolet au point dans chaque main !

signé F, relayé par X.

J'ai du le lire vers 12 ans, et je confirme, la construction narrative m'avait moi aussi rébuté. Si je me souviens bien, c'était une alternance de scènes dans le grand nord et d'analepses racontant les faits, les deux temporalités se rejoignants vers la fin ?
Je m'étais pas fait chier : je lisais juste les flash-backs. ^__^ Ca me plaisait, autant que je m'en souvienne.


Par contre, j'ai lu Dracula de Stoker y a peu. Le romantisme dégoulinant ("aaah, qu'il est bon d'avoir près de soi des hommes d'une si grande valeur" répété toutes les trente pages...) a eu du mal à passer chez moi.

Citation :

aaah, qu'il est bon d'avoir près de soi des hommes d'une si grande valeur"

tout de même... un peu de décence
ou alors file nous l'adresse de cette dame ....

xian a écrit:

Citation :

aaah, qu'il est bon d'avoir près de soi des hommes d'une si grande valeur"

tout de même... un peu de décence
ou alors file nous l'adresse de cette dame ....

Le fait est que la personne que je citais (très approximativement) était un homme, d'un âge assez vénérable.

Ha, le docteur van Helsing, je crois qu'il s'appellait.

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