De la sinistrose et des moyens d'y remédier

Quand vous êtes plutôt déprimé, à moins que ça ne vous arrive jamais, que faites-vous pour y remédier?

Certains se font tirer les cartes, d'autres sont renfermés, quelques-uns ne font plus rien. Et vous?

D'abord je me sens plonger. Plonger vraiment. Chute libre.
Je regarde, les yeux bien ouverts, la dégringolade semblable à l'effondrement de tout ce que j'ai péniblement érigé.
Je m'affole de cette douleur là.
Je me sens perdue, sans repère, sans terre ferme sous les pieds. Dans le chaos.
Mais je n'ai pas le choix.
Puis je réfléchis.
Intensément.
Jusqu'à l'épuisement de l'Etre.
Les yeux bien ouverts.

Ni cartes, ni alcool, ni subterfuges de quelque nature que ce soit.
J'ai appris jadis qu'ils ne servent à rien d'autre que contourner lâchement.
Je hais la lâcheté.
Elle est perverse.

Je regarde de tous mes yeux.
Je me laisse envahir et ne perds rien.
Je fouille, même.
Plus loin.
Plus profond.
Là où tout est sournoisement tapi dans les ténèbres.
J'extirpe.
A deux mains.
Je regarde sans jamais fermer les yeux.

Terreur.
Mais il ne faut pas craindre cela.
Pas craindre de vivre la terreur.
C'est en voulant l'ignorer qu'on la cultive.

Puis je réfléchis encore.
Intensément.
Sans concession.
Sans concession sur moi je veux dire.

Et lentement,
très,
infiniment lentement,
me vient des tréfonds la sensation de me confondre à l'universel.

Incommensurable, insondable et incontournable.
Avec ses mystères.

Et de ma solitude
je fais un tout qui se mêle à vous tous, à eux, à ils, à nous.

Et cela me rassure.
Enfin !!!

j'mets hello dolly à fond les écouteurs, et je braille à tue-tête

les chansons, la poésie, ou l'ciné, mais c'est plus coûteux, me soignent de presque tout

après j'atterris, mais y a déjà bien plus de lumières qui clignotent
... ou alors je cours me cuiter avec un pote

Dona a écrit:

Quand vous êtes plutôt déprimé, à moins que ça ne vous arrive jamais, que faites-vous pour y remédier?

Je fais suer le burnous.

Dans ces cas là je ma précipite dès que possible chez "Paul" enseigne bien connue. On y propose des macarons pistaches-amandes que je vous recommande vivement si vous ne les connaissez pas. Un seul suffit, ils sont conséquents. Je le déguste dans ma voiture sur le parking. Idem avec des Pyrénnéens.

L''envers du décor : si je les aime, eux aussi !

Ben tiens c'est marrant que tu dises ça Dona... il n'y a pas si longtemps j'ai eu une belle grosse crise de loose...

Chacun a ses remèdes personnels...pour moi il y a Led Zep (quand je vais mal, aucune autre musique ne me comprend aussi bien), le clavier (un bon ptit Metallica au piano, ça défoule) l'écriture (quand je suis en forme, parce que ces temps-ci c'était un peu la mémerde) la lecture, mes amis (ils sont les frères et soeurs que le hasard m'a refusés).

En général, j'aime me servir de la déprime (qui se traduit généralement chez moi par un sentiment d'être la personne la plus minable que la terre ait jamais porté) pour m'autofoutre des coups de pieds au cul en me disant "tout ce que tu n'aimes pas chez toi, tout ce qui ne va pas, change le". Des fois, ça marche un peu et c'est toujours utile.

Il y a deux très beaux textes de Rilke et Gibran sur la douleur, j'essaierai de te mettre l'un des deux ou les deux (sauf si je fais une crise de flemmingite aiguë).

Poutous.

Hématite a écrit:

un sentiment d'être la personne la plus minable que la terre ait jamais porté

En, quoi tu te trompes. La plus minable des créatures, c'est moi. Toi, t'es trop jeune pour ça. Et puis moi, je ne peux même pas dire que c'est la faute à Dieu.

Dona a écrit:

Quand vous êtes plutôt déprimé, à moins que ça ne vous arrive jamais, que faites-vous pour y remédier?

Bonsoir Dona,

La déprime, c'est comme une force d'inertie qui vous garde là...

J'ai remarqué que relire de belles choses me faisaient du bien. Ou, la nécessité aidant, je constate le même bienfait à changer d'air et à bouger...

Letendre

Hématite a écrit:

un sentiment d'être la personne la plus minable que la terre ait jamais porté

Oui. Un sentiment si puissant, qu'on ne peut pas oublier que l'on existe... jusque dans ce puits.

Oui, la force d'inertie est vraiment la plus handicapante dans ces moments-là parce qu'elle empêche d'agir et personnellement je ne crée ou me dépasse que dans l'action; l'aspect méditatif ou contemplatif peut être positif à condition que ça nous mène vers une issue réellement réflexive alors que, dans ce genre d'état, elle laisse plutôt "macérer" tout ce qui ne va pas. Il faut être vraiment recomposé pour réfléchir activement sur soi.
Je suis comme Croustine (Fulmi je ne sais pas...Faire suer le burnous?...): point 1) dormir, point 2) ranger: tout sortir, tout trier, faire de la place, ordonner les choses et jeter tout ce qui encombre! Ca ça me guérit! :lol:
Par contre lire, je ne peux pas quel que soit le texte: s'il est anodin, ça m'ennuie; s'il est fort, ça me tue. Je suis trop sensible pour faire en sorte que la littérature m'aide dans ces moments-là.

à Fulmi: en fait, personne n'est LE plus minable. Au fond, je sais très bien et sans vouloir m'auto-envoyer des tulipes, que je ne suis pas SI nulle que ça. Mais certains jours (pas souvent dieu merci), il m'arrive d'avoir le sentiment d'être le pire déchet de la terre. J'accentue même ça en ayant l'impression qu'un panneau symbolique est braqué sur ma gueule que personne ne peut louper: "la personne la plus nulle de la terre, c'est par là!!!!" (ce qui est débile: les gens ont autre chose à faire que de s'occuper de votre petit nombril).

A Croustine et Dona: tiens c'est marrant, le ménage aussi c'est un de mes tics quand ça va pas bien. Peut-être parce qu'on a un peu l'impression de renouveler l'air de cette façon?

id pour le ménage, en cas de stress violent uniqu'ment

Dona a écrit:

tout trier, faire de la place, ordonner les choses et jeter tout ce qui encombre! Ca ça me guérit! :lol:
.

Les macarons n'étant qu'une satisfaction immédiate, je pratique aussi beaucoup le remplissage de sacs poubelle. Cela me donne l'impression de recommencer à zéro, sans encombres. Mais j'ai tellement pratiqué ce "travers" depuis des années que j'ai essayé de l'imposer à mon entourage. Et là, je me suis dit stop. Ce n'est pas simplement du ménage. Aussi je remplis mes sacs poubelle quand je suis seule à la maison et seulement dans mes placards. Mais je reconnais maintenant que mon horreur d'entasser à certainement une raison beaucoup plus profonde.

J'ai aussi mes moments canapés/musique. En cas de sinistrose, pas de classique ou d'opéras. De la musique qui bouge :
Joe Cocker, James Brown, John Lee Hoocker, l'album Ray of Lignt de Madonna ou la voix bien enveloppante et les mélopées de Luz Casal le casque sur les oreilles.
(tout cela en récompense après le ménage complet bien sûr) !

Et je reste chez moi. Marcher dans la nature ou faire de shopping ne m'apporte rien. Cocooning.

Hématite a écrit:

le ménage aussi c'est un de mes tics quand ça va pas bien.

Ouh là !! Un peu ça va, beaucoup, bonjour les dégâts...
C'est qu'il sagit pas de se tuer sur les taches non plus...
Le blues, oui, passe encore... la mort, le plus tard possible !! :lol:

Je fais exactement pareil que Clair Obscur, et je pense à ce sujet tout pareil qu'elle. Encore faut pouvoir, sans doute.. Mais j'ai la chance de pouvoir. Après je fais comme Fulmi selon les besoins du moment.
Et puis je rajoute une dose de "sucre" partout, genre Mary Poppins.

sapotille a écrit:

Je fais exactement pareil que Clair Obscur, et je pense à ce sujet tout pareil qu'elle. Encore faut pouvoir, sans doute.. Mais j'ai la chance de pouvoir. Après je fais comme Fulmi selon les besoins du moment.
Et puis je rajoute une dose de "sucre" partout, genre Mary Poppins.

Sapotille, ça mérite
Histoire de savoir qu'on est au moins deux à descendre !
J'y penserai, la prochaine fois.
Et si ça me fait remonter plus vite, je te dirai.

Clair Obscur!