Les salons littéraires

Les salons littéraires ce n'est pas mal du tout, ce sont en gros des sortes de librairies, éphémères certes, mais dont l'atmosphère n'est pas trop confinée.

Il est vrai cependant que deux dangers principaux guettent le visiteur : Le premier, ce sont les auteurs, les " écrivains ", aisément reconnaissables à leur façon sournoise de se déplacer et à la mauvaise foi avec laquelle ils semblent manifester un intérêt à leurs propres livres. Le second ce sont les conférences, toujours " très intéressantes ", fort heureusement nul n'est tenu d'y assister, une aubaine pour moi qui déteste m'assoupir l'après-midi. :sleep:

Dans " salon littéraire " il y a " littéraire " comme dans " forum littéraire ". Je me permets par conséquent de supposer qu'il n'est pas totalement impossible que je ne sois pas le seul ici à fréquenter ces " manifestations culturelles " à l'occasion, oui à l'occasion seulement, il ne faut pas exagérer ! :bounce:

Bref, ce fil a vocation à recevoir les anecdotes croustillantes concernant les salons littéraires. Bon j'attends un peu et je poste une anecdote, celle dite du " faux Louis Guilloux en semi-ébriété ". :scratch:



PS : Je sais bien qu'on dit " en état de semi-ébriété " et non " en semi-ébriété " mais je dis quand même " en semi-ébriété ", c'est une manière d'approcher la chose jusque dans sa présentation. Peut-être même s'agit-il là d'une figure de style ( les antonomases et autres ), hypothèse dans laquelle, je reconnais immédiatement mon ignorance quant à son appellation. Bah, ce n'est pas grave, je suis sauvé par le dicton " Chuis pas prof, chuis pas tenu ".

Eh bien c'est idiot mais en plus d'être un peu timide, j'apprécie mal ce genre de choses. J'ai vu une fois Annie Ernaux lors d'une conférence dans le cadre des Femmes dans la société et une autre fois Daniel Picouly, hilare et prodigue en tout pour faire lire son livre.
En fait personne n'ose vraiment émettre une critique (ouche les regards biaiseux qui se tournent vers vous si vous l'osez...Y'a même les vigiles qui vous matent...) et puis tout se termine en petits gâteaux et petits gobelets de vin doux: autant de sucreries que des sourires sirupeux...

Sinon, avez-vous acheté des livres que vous avez fait dédicacer? Lesquels? Par qui? Pour Clair Obscur on sait déjà... :lol:

"Une mémoire de santal" par Olympia Alberti (c'était ma prof de français en DEUG LEA, c'est elle qui m'a fait découvrir Gibran et Rilke... j'ai beaucoup appris grâce à elle et pas seulement en culture littéraire...)

"Viande" et "Le Crépuscule de Barbe-bleue" de Claire Legendre, mon ex-camarade de fac. Pour être honnête j'avais acheté ces livres en me disant que je n'allais plus remettre les pieds à la fac l'année suivante et que ça me ferait un souvenir de Claire, pour qui j'avais beaucoup de sympathie et d'estime; mais je ne pensais pas forcément à leur qualité littéraire. J'ai été très agréablement surprise. Le premier a été descendu en flèche par des critiques qui - on s'en rend compte très facilement si on a lu l'intégralité du roman - n'ont PAS LU le livre pour la plupart. Le début est trash mais le roman est construit en dyptique, sur deux histoires entrecroisées; si on s'arrête au bout de dix pages parce qu'on se sent écoeuré, on ne "possède" pas le bouquin. Il gagne à être lu, en entier bien sûr.

"Les Thanatonautes" par Werber... eh oui! à l'époque je n'avais lu que "Les Fourmis" et j'aimais bien... Comme quoi les détracteurs de Werber ne sont pas seulement des gens qui ne l'ont jamais lu ni rencontré...

"Agathes et calots" de Joseph Joffo.

"Le livre de saphir" de Gilbert Sinoué. Pour moi ça reste ma rencontre la plus émouvante avec un écrivain, même si elle fut brève. Gilbert Sinoué est l'un de ces auteurs que non seulement j'ai lus avec plaisir, mais dont je relis souvent des pages avec toujours la même émotion renouvelée; c'était celui que j'étais le plus impatiente de rencontrer. De ceux que je ne connaissais pas, c'est celui avec lequel j'ai le plus eu l'impression d'un vrai échange. Un homme très agréable par la simplicité de ses manières.

"La demi-pensionnaire" de Didier Van Cauwelaert. Je garde de ce dernier le souvenir très bref d'un jeune homme sympathique et accueillant, avec une petite lueur de gaieté très chouette dans les yeux.

"Retour à l'aube" et "est-ce que j'aboie, moi?" de Colette Faure, une dame avec qui j'avais discuté au Festival du Livre (puisque c'est là-bas que je l'y ai rencontrée, comme d'ailleurs tous les autres). Elle était fort sympathique, du coup j'ai eu envie de faire connaissance avec ses livres, qui sont, ma foi, sympathiques aussi. "Retour à l'aube" surtout m'a bien plu. Il s'agit d'une histoire d'amour vécue par un homme et une femme qui se rencontrent sur la soixantaine. C'est simple et sincère et les personnages sont plutôt attachants.

C'est tout ce dont je me souviens, pour l'instant.

Moi j'adore le salon "étonnants voyageurs" de Saint -Malo. On se loue une chambre à l'hotel des ambassadeurs et on plonge... j'y ai rencontré Werber qui m'a paru stéréotypé, mais aussi Alain Bombard pour qui j'ai une admiration folle, et N. Scott Momaday qui m'a dédicacé son "L"homme fait de mots" , très honorée, sapo. Parcequ'un Momaday ne peut être uniquement "commercial".
J'ai aussi une dédicace sur l'affiche de Druillet. Il se la pète mais j'ai joué tout aussi snob et ptasse pour l'avoir, alors...

Dona a écrit:

Sinon, avez-vous acheté des livres que vous avez fait dédicacer? Lesquels? Par qui? Pour Clair Obscur on sait déjà... :lol:

J'évite au maximum de me faire dédicacer un livre pour la simple et bonne raison que je ne vois pas pourquoi quelqu'un que je ne connais pas m'écrirait un petit mot passe-partout. Même si par " quasi impossible " je rencontrais Julien Gracq je ne demanderais pas d'autographe, tant pis pour la valeur marchande que pourrait alors prendre le bouquin, de toute façon je ne revends pas mes bouquins.

Sapotille, celui-là c'est pour toi, tu en as mis un hier à la fin d'un de tes messages, il était tellement insolite qu'à la troisième lecture je me bidonnais toujours comme un bossu. Si si.

Et puis, ça fait peut-être un peu ours, mais je n'aime pas dire comment je m'appelle, surtout quand on me le demande. :albino:

"Monsieur" Eric Tabarly m'a offert une dédicace un jour, sans que je la lui demande.
Ce n'était pas pour un bouquin, une simple feuille de papier.
Ce n'était pas dans un salon littéraire mais chez moi.
Et sans doute pour se faire pardonner le côté rustre de sa personne.

Oui, c'est hors sujet. Très bien... sauf que ceci fait penser à cela...

Pour autant, je lui ai fait remarquer que la notoriété ne donnait pas libre accès à tous les débordements.

Constantin. J'ai toujours voulu être clown.
Mais pour être honnête, j'ai jamais essayé...

Tu aurais dû essayer Sapotille, tu aurais dû !!!

Mais tu peux te rattraper sur Vocabulis, je ne demande pas mieux ! :bounce:

Un jour que Richard Borhinger dédicaçait dans le coin son livre "C'est beau une ville la nuit" et que je travaillais, j'ai délégué mon adjoint-conjoint à se rendre au lieu de dédicace. Avant de partir, je lui ai glissé: "Tu le fais signer pis tu lui dis qu'on l'invite à manger ce soir! je m'arrangerai!" Après tout on ne sait jamais.
Le message est passé, paraît qu'il a eu du mal à expliquer pourquoi il ne pouvait pas mais qu'il en a bien ri et de toute manière il n'est pas venu dîner...Par contre, on a eu droit à une dédicace très chaleureuse et particulièrement personnalisée. Le livre n'était pas spécialement très bon dans mon souvenir mais c'était l'époque de "Ubac", "La Soule" et même "Diva"...excellents.

CONSTANTIN TARTAUXPOMMES a écrit:

Même si par " quasi impossible " je rencontrais Julien Gracq je ne demanderais pas d'autographe, tant pis pour la valeur marchande que pourrait alors prendre le bouquin

Pourquoi?

J'ai celle de Madame Paul Fort (Monsieur étant décédé), avec laquelle j'ai passé une soirée il y a bien longtemps.

Je possède aussi, dans le coin sacré de ma bibliothèque, des documents concernant Gérard Philippe, Mère Térésa, Daniel Gélin, le Comte de Paris et autres personnalités toutes plus différentes les unes que les autres...

Nous avons bien ici une "Fête du Livre" qui fleurit chaque printemps. Je n'y ai pas fait dédicacer des livres pour moi mais pour mon petit-fils qui adore m'y accompagner (on en revient forcément avec une ou deux trouvailles!)
...Les illustrateurs de littérature enfantine accompagnent parfois, et sans qu'on leur demande quoi que ce soit (si on les aborde aux moments les plus calmes) leur dédicace d'un charmant dessin personnalisé. C'est ainsi que mon bout-de-chou est tout fier et ému chaque fois qu'il redécouvre en ouvrant ses livres les petites oeuvres que les illustrateurs ont réalisé pour lui après lui avoir fait quelques minutes de conversation...Eric Battut ("Léon de la Nuit") a été le premier, puis d'autres années il y eut Eric Puybaret ("Cache-lune"), Frédéric Mansot ("Le petit chaperon rouge")..Mais le summum, ce fut la rencontre avec Nathalie Novi.!..Il en est tombé raide amoureux et nous collectionnons depuis tous ses livres (même s'ils ont plutôt "des couleurs pour les filles"!)...Que voulez-vous, quand une très ravissante jeune dame, vêtue avec autant de fantaisie que les personnages de ses illustrations, dédicace "La belle au bois dormant" ..."pour le Prince Lucas"...comment ne pas fondre?...
Avant Noël, nous devons rencontrer Josef Wilkon ("Le poisson et l'oiseau") à l'occasion d'une exposition de ses planches originales....Ca promet!

Les livres que j'ai fait dédicacer pour moi l'ont toujours été à l'occasion de vraies rencontres avec leurs auteurs. Je veux dire après avoir passé un peu de temps avec eux...souvent à l'occasion de lectures publiques (de leur livre ou d'autres)...J'ai des petits mots qui me touchent, qui ne sont pas seulement polis mais vraiment personnalisés: de Michel Quint ("Et mon mal est délicieux"), Anne Wiazemsky ("Sept garçons"), Catherine Carmet (la femme de Jean, au moment de la sortie de "Je suis le badaud de moi-même"), Didier Goupil ("Femme du monde"), Patrice Pluyette ("Les béquilles") et aussi des auteurs plus locaux que je connais vraiment (dont un Monsieur Jacques Paris, pour lequel j'ai une grande tendresse, et qui m'a écrit sur un recueil de ses poèmes intitulé "Vent Couleur": "pour C. , ces mots de Poucet semés comme cailloux sur le chemin de vie"...Ca me plaît...

Ma plus inoubliable rencontre fut celle de Mohamed Al Saadi, traducteur des textes du livre d'Inaam Kachachi "Paroles d'Irakiennes"...Vingt-quatre heures partagées avec un Irakien de Bagdad la veille (le jour d'avant...on est bien d'accord?) du début de la guerre en Irak...Inutile de vous dire la force de ces heures...et celle de la dédicace que je peux relire sur mon livre...

Dona a écrit:

CONSTANTIN TARTAUXPOMMES a écrit:

Même si par " quasi impossible " je rencontrais Julien Gracq je ne demanderais pas d'autographe, tant pis pour la valeur marchande que pourrait alors prendre le bouquin

Pourquoi?

Parce que l'autographe en question ne me serait pas adressé à titre individuel. Par contre dans le cas cité par Coline, pas de problème, cela me ferait même plutôt plaisir.

Coline a écrit:

Les livres que j'ai fait dédicacer pour moi l'ont toujours été à l'occasion de vraies rencontres avec leurs auteurs. Je veux dire après avoir passé un peu de temps avec eux...

Hématite a écrit:

"Les Thanatonautes" par Werber... eh oui! à l'époque je n'avais lu que "Les Fourmis" et j'aimais bien... Comme quoi les détracteurs de Werber ne sont pas seulement des gens qui ne l'ont jamais lu ni rencontré...

Hématite tu n'aurais pas une anecdote " Le vrai Bernard Werber en semi indigestion de Bigs Macs " ? :drunken:

Aïe! non pas du tout... et je ne pense pas que ça puisse arriver, avec l'argent qu'il doit gagner, ce brave Werber (bon c'est un auteur pas une rockstar... mais il doit gagner sa vie plus que correctement quand même) ne doit guère avoir besoin d'aller au McDo :lol:


De près l'homme a même une certaine allure avec le sérieux que lui donnent son crâne précocement dégarni, ses lunettes, son air froid et son costume impeccable (bon c'était au Festival du Livre, il n'est peut-être pas aussi guindé tous les jours).

Il y a quelques mois je me suis rendu à un salon du livre qui se tenait dans un bâtiment historique moyen-âgeux avec une seule et ferme intention, me procurer la dernière édition - la grande, celle où il y a ses lettres etc - du bouquin de Déguignet. A vrai dire j'étais déjà venu la veille acheter des livres mais par souci d'éviter une visite au pas de course je n'avais pas fait tout le tour du salon. Comme j'avais un plan avec les emplacements des différents exposants j'avais opéré une sélection et savais par conséquent à l'avance exactement où j'irais. J'avais bien remarqué que les éditions An Here étaient là mais ayant déjà le bouquin de l'éminent polyglotte je n'avais pas l'intention d'aller les voir, même simplement pour voir leurs têtes. :tongue:

Le soir même du jour de ma visite je devais apprendre par hasard qu'il existait une une nouvelle édition du bouquin du grand homme, une encore mieux que l'ancienne, et qu'on la trouvait au salon. 8)

Bref l'anecdote dite du " faux Louis Guilloux en semi ébriété " se déroule le lendemain du jour de ma première visite. Ce jour-là je retournais donc au salon littéraire avec comme je l'ai déjà dit plus haut une seule et ferme intention, me procurer etc. :compress:

Bon j'ai planté le décor, suspense ... Affaire à suivre ...