La ville d'Ys

Cette légende de la ville d'Ys est, comme la plupart des légendes bretonnes, une invention des prêtres. Ces prêtres, ayant fabriqué des saints particuliers aux bretons, des fables et des légendes s'adaptant à ces saints et aux idées mesquines des pauvres Bretons, voulurent compléter leur genèse bretonne par un cataclysme comme on en voit dans les genèses de tous les peuples, et ils ne trouvèrent rien de mieux que de copier l'article XIX de la genèse hébraïque. Car la fable de la ville d'Ys est une copie exacte de la fable de Sodome et Gomorrhe.

Ces deux villes furent englouties à cause de la débauche de leurs habitants, la ville d'Ys le fut de même. Là-bas le vieux Loth fut averti et sauvé par un ange ; ici le vieux Gralon fut averti et sauvé aussi par un envoyé de Dieu, par saint-Guénolé. Là-bas Edith, femme de Loth fut changée en statue de sel, ici Ahès, fille de Gralon, fut changée en sirène. Là-bas Loth alla demeurer dans une caverne avec ses deux filles, ici le vieux Gralon alla demeurer aussi dans une caverne avec le jeune Karouentin, où ils se nourrissaient de poissons qui venaient d'eux-mêmes se mettre à la broche ou dans la poêle.

Déguignet ( 1834-1905 )

C'est de Déguignet? L'auteur de "Mémoires d'un paysan bas-breton"? Je n'ai pas suivi du tout sa production ultérieure. L'as-tu lue Constantin cette ville d'Ys?

C'est bien de ta vieille connaissance Dona, dans ses mémoires qui en fait s'appellent " Histoire de ma vie ", vers le début dans " Enfance ".

CONSTANTIN TARTAUXPOMMES a écrit:

Cette légende de la ville d'Ys est, ...

...le sujet d'un des plus beaux opéras français, le Roi d'Ys, d'Édouard Lalo. C'est une œuvre d'inspiration wagnérienne, dont l'ouverture reprend des thèmes du Parsifal. Les airs du ténor sont très connus.

Bien qu'il soit de plus en plus dificile de trouver des cds d'opéra, on en trouve un très beau avec Andrea Guiot, Jane Rhodes, Alain Vanzo et Robert Massard. Très bien. la version avec Janine Micheau, Rita Gorr, Henri Legay, est aussi excellente.

J'ai eu connaissance de la ville d'Ys dans "La Légende de la mort" de Lebraz où il en est quelquefois question.

La ville construite contre la mer
Gradlon adorait sa fille et accepta. Plusieurs milliers d'ouvriers furent mis au travail et construisirent une ville qui semblait sortir de la mer. Pour la defendre des hautes vagues et des tempetes, il fut construit une tres haute digue encerclant la ville, avec une unique porte de bronze qui y donnait acces. Le Roi Gradlon seul en possedait la cle. On l'appela ville d'Ys. (source: google)

Je crois qu'elle se situe dans la baie de Douarnenez si mes souvenirs sont bons.

C'est bien ça.

" Il y près de Douarnenez un village qui porte encore le nom de la princesse, Poul Dahut, car les légendes donnent à cette fille de Gralon le nom d'Ahès, Dahès et Dahut. C'est près de ce village bâti sur le dernier recoin de la baie de Douarnenez que, selon la légende, la princesse fut précipitée à la mer, et aussitôt cette mer, qui suivait le chevel du roi sur lequel sa fille était en croupe s'arrêta net. Et alors le cheval débarassé de son fardeau diabolique, d'un bond, vint tomber à Quimper, comme la jument de Mahomet sauta de la Mecque à Jérusalem. Il bâtit un palais à l'endroit même où son cheval tomba. Et comme il avait été bien reçu par l'ermite Chorentin, Kaour ou Kaourentin, il lui fit cadeau plus tard de ce palais pour en faire une église, et c'est sur l'emplacement de ce palais qu'a été bâtie la grande cathédrale de Saint-Corentin, et au sommet de laquelle entre les deux tours se voit toujours le roi Gralon à cheval, les yeux fixés sur la mer comme s'il entendait voir sortir sa ville d'Ys du fonds des flots. " ( du même auteur )

Fulmi a écrit:

...le sujet d'un des plus beaux opéras français, le Roi d'Ys, d'Édouard Lalo.

Alors c'est à Quimper qu'il faut jouer cet opéra. La cathédrale Saint-Corentin à Quimper, sur une bonne centaine de fois où j'ai pu passer sur l'espèce de place où elle se dresse, pas une seule fois l'idée d'y entrer ne m'a effleuré !!!

Une autre légende situe à Rumengol, dont le pélerinage annuel est assez connu et couru le rocher sur lequel le cheval du roi alla tomber. " Ces deux légendes auraient dû embarrasser quelque peu les fabricateurs de saints bretons, si les charlatans noirs eussent été gens à se soucier un tant soit peu, je ne dirais pas de la vérité, ils n'en ont cure, mais d'un peu de bon sens. "

( Déguignet, dont on reconnaît ici avec plaisir le style caractéristique, comme dans l'extrait de tout en haut d'ailleurs )

Vous me faites rêver tous les deux!...Encore!!

Continuons donc !

Ane Bâté a écrit:

N'importe, l'esprit animiste est demeuré présent dans notre pays, mon cher Constantin. Il suffit d'entrer dans la forêt de Huelgoat pour y entendre les korrigans et comprendre que Merlin reviendra un jour.

La forêt d'Huelgoat a en effet un caractère magique et chaleureux, peut-être cette impression est-elle dûe au spectacle assez surréaliste du chaos de rochers par lequel on y accède en venant d'Huelgoat et au milieu duquel se trouve une grotte dans laquelle on peut descendre le long d'une échelle. A Huelgoat maintenant on fabrique un produit excellent, une sorte de pâte à tartiner qui ressemble un peu à du salidou, miam miam !!!

Pas très loin de là se trouve le réservoir saint-Michel appelé aussi youdig, c'est une sorte de lac entouré d'une tourbière marécageuse, c'est entre le mont saint-Michel de Braspart et Roc Tredudon. Dans ce lac on y mettait les âmes errantes des conjurés.

Déguignet en parle car son père pratiquait ce genre de conjuration. Il était " conducteur de chien noir ", pas à temps plein mais de temps en temps. En gros il fallait attraper l'âme du conjuré, la mettre dans un chien noir puis se rendre au marais en question avec le chien noir qui durant le voyage était habité de deux âmes, ce qui terrifiait tout le monde sur le passage du conducteur de chien noir. Arrivé sur place on déchargeait l'âme du conjuré du chien et on revenait, le tout prenait pas mal de temps, le chien n'était pas tué, qu'on se rassure, d'ailleurs il resservait souvent.

Les prêtres, ne voulant pas être en reste se livraient également à ce genre d'activité : Il y avait entre Quimper et le château de Lanniron une âme qui toutes les nuits empêchait les habitants du quartier de Locmaria de dormir. L' " âme damnée " était celle d'un évêque, l'ancien propriétaire du château. Bref, un propriétaire du coin décida après des années de dérangements de payer les frais d'une conjuration et fit appel à deux prêtres qui, armés de lassos ( tant qu'à faire ) se cachèrent une nuit dans un chemin creux. Apercevant une grosse bête noire le vicaire lança son lasso tandis que le recteur barrait le passage à l'autre bout du chemin. Finalement la bête en question était un poulain appartenant à celui qui payait la conjuration. Le poulain étant plus fort que celui qui tenait la corde parvînt à s'échapper et à regagner son écurie. Le propriétaire paya tout de même la conjuration et quelle chance, cessa dès le lendemain d'être embêté par l'âme de l'évêque damné.

Déguignet évidemment n'a aucune complaisance pour ces pratiques, cela va de soi !!! Il raconte aussi l'histoire d'un imbécile qui avait enfermé son chat noir dans un sac et qui ensuite à force de taper dessus l'avait tué par erreur dans le cadre du dressage des chats noirs " découvreurs de trésors ". :cry: