Relire

Aimez-vous relire vos livres? Oui, non, éventuellement pourquoi? Y a-t-il certains livres que vous avez relus plutôt que d'autres?


Pour ma part j'avoue adorer relire les livres, ce qui m'a valu souvent des remarques ironiques ("mais, une fois que tu connais la fin d'un bouquin, tu n'as plus besoin de le relire!") D'ailleurs il m'arrive souvent de n'acheter un livre qu'après l'avoir lu et aimé. J'adore relire certains beaux passages lorsque l'envie me prend, j'y savoure la même joie que d'autres à écouter un morceau de musique aimé ou à revoir tel passage culte d'un bon film. Indépendamment de ma joie de lectrice, je crois aussi qu'on ne "possède" jamais un bon livre à la première lecture; un chef-d'oeuvre ne livre jamais tous ses secrets du premier coup, même à un oeil attentif. Enfin, ce n'est que mon opinion.


Que pensez-vous du fait de relire?

Hématite a écrit:

Aimez-vous relire vos livres? Oui, non, éventuellement pourquoi? Y a-t-il certains livres que vous avez relus plutôt que d'autres?

Pour moi, 2005 sera une grande année de relecture. Je relirai au moins Gracq, Céline, Flaubert. Au moins.

oui ,bien sur , je relis ceux que j'ai particulièrement aimés , et avec toujours autant de plaisir , parce que ce dont je me souviens en général , c'est justement le plaisir que j'ai eu ou non à lire ces livres (Hum! on me comprend , là ?)
Il m'arrive aussi de relire quelque chose que je n'ai pas aimé mais là , je m'en rends vite compte , quand même !
Cela m'ammène à vous confier que je ne souviens jamais de la fin d'un livre , ou d'un film , d'ailleurs .Mon inconscient travaillerait -il justement en faveur de la re-lecture ? .

Ah, tiens, il m'est arrivé une aventure assez marrante, à propos de relecture. Il y a deux-trois ans, j'achète Le dernier espion, de Leif Davidsen. Un roman d'espionnage qui se passe en Biélorussie. Et plus je lis, plus j'ai l'impression de déjà vu. Je me dis : mais c'est pompé sur un SAS (la série de Gérard de Villiers). Je cherche. Je n'en ai aucun chez moi, alors je zone en librairie, trouver un SAS qui se passe en Biélorussie, ce n'est pas difficile : presque tous, depuis l'effondrement du communisme se passent au Proche-Orient. J'trouve pas. Pourtant l'impression est forte de déjà vu ; et persistante.

Eh bien, j'ai trouvé... dans ma cave... un autre exemplaire du Dernier espion, acheté et lu trois quatre ans auparavant !

À part ça c'est très bien, le Dernier espion, et s'il y a parfois des ressemblances dans l'intrigue avec un SAS, c'est quinze niveaux au dessus, en qualité de lecture. Et les deux autres romans de cette trilogie « russe » de Davidsen aussi sont très bien.


P.S. à propos du sondage, j'ai voté "2", mais j'aurais préféré voter : parfois (et non rarement) parce que c'est un bon livre que j'ai lu il y a longtemps et que j'ai pas mal oublié.

Charlotte Brontoë, Zola, Balzac me procurent toujours un vif plaisir à la lecture, la phraséologie, le vocabulaire. Je les relis "en boucle" tous les cinq ans environ. Par contre, lorsqu'il sagit de romans ou intrigues plus modernes je ne les lis qu'une fois. Je suis dotée d'une bonne mémoire, aussi quelques mots, un début de phrase et soudain c'est toute la page qui me revient et là cela ne m'interesse plus.

Croustine a écrit:

"mes" chefs d'oeuvre serait sa capacité à se laisser relire.

Hé...c'était la citation du 24 au 31 décembre: ""Un bon livre est celui qu'on retrouve toujours plein après l'avoir vidé. Jacques Deval"

On fait un Ca se discute version Voca?

Je sais pas comment répondre au sondage....En fait, je relis régulièrement Miller...Tout un bouquin ou par bouts au hasard...Et également d'autres bouquins...C'est instructif de relire un truc qu'on a lu des années auparavant...Surprises....des fois on se demande comment on a pu aimer ça...D'autres le contraire...(sauf pour Proust qui n'a jamais réussit à me procurer autre chose qu'un ennui complet....Il faut dire que quand mes yeux arrivent à la fin d'une de ses phrases, je ne sais même plus de quoi il parlait à son début )

J'en relis très peu, omnubilée par le temps que j'ai pour aborder tous ceux que je n'ai pas eu le temps d'entamer.
Il m'arrive de relire deux, trois ouvrages: Mme Bovay, Un Balcon en forêt et L'Etranger sans me lasser bien que connaissant, je crois, assez bien. Mais j'y trouve à chaque fois une résonance, quelque chose qui me touche profondément et qui a toujours du sens et de la valeur. Emma Bovary parce qu'elle est ratée et si commune; le personnage du Balcon parce qu'il est profondément homme avant d'être militaire; le meurtrier de L'Etranger parce qu'il n'est même pas défendable et qu'ils ont l'air, tous trois, d'être humains bien avant d'être personnages.

Croustine a écrit:

Dona a écrit:

On fait un Ca se discute version Voca?

C'est à dire ?

C'est-à-dire qu'on croise les opinions mais sans le présentateur à lunettes. Et sans ses petites fiches.

Il m'arrive fréquemment de relire les livres qui m'ont marquée, mais rarement des romans...
Je peux même relire deux fois de suite, immédiatement...Je viens de faire cela avec "Une grandeur impossible" de Paul Gadenne. Parce que c'est un livre de réflexion...
Il y a aussi une autre version de la relecture chez moi: ce sont les livres que je ne range jamais et vers lesquels je me tourne dès que j'ai quelques minutes à consacrer à la lecture. Ceux dont je suis certaine qu'il vont faire de ces quelques minutes un bonheur.Il s'agit plutôt dans ce cas-là de poésie...Ainsi j'ai les poèmes de Pessoa ,et son "Livre de l'Intranquillité" (présenté comme un journal) toujours à portée de main...

Dona a écrit:

C'est-à-dire qu'on croise les opinions mais sans le présentateur à lunettes. Et sans ses petites fiches.

Ça c'est facile : tu ouvres un fil sur le sujet de ton choix et les autres l'alimentent s'ils en ont l'envie.

Citation :

.Ainsi j'ai les poèmes de Pessoa ,et son "Livre de l'Intranquillité" (présenté comme un journal) toujours à portée de main...

Quel bonheur !

Citation :

un chef-d'oeuvre ne livre jamais tous ses secrets du premier coup, même à un oeil attentif. Enfin, ce n'est que mon opinion.

En relisant ce fil j'ai repensé à cette phrase d'Hématite. C'est à mon avis un point crucial et qui différencie la littérature des bouquins !
Pardonnez-moi, j'aime bien faire cette différenciation ( l'expression est de Julien Gracq)
Cette différentiation, à mon avis, dépend d'un choix qui est contradictoire avec notre société de la vitesse et de la quantité :
la patience !
Les oeuvres requièrent de la patience et une lecture ralentie plutôt qu'accélérée. Plus elle sont généreuses, plus nous devons l'être en retour en lui accordant notre temps. Ce monde ne le permet pas toujours ( pour ne pas dire presque pas !)

Coldfingers a écrit:

Les oeuvres requièrent de la patience et une lecture ralentie plutôt qu'accélérée. Plus elle sont généreuses, plus nous devons l'être en retour en lui accordant notre temps. Ce monde ne le permet pas toujours ( pour ne pas dire presque pas !)

Cela me rappelle un texte (que j'ai peut-être déjà posté...)
ELOGE DE LA LENTEUR

"Oui, il faut un autre temps pour le livre : un temps pour l’écrivain face à son œuvre, pour l’artisan face aux papiers, aux encres, un temps aussi pour le bibliothécaire en ses choix, le libraire en son commerce, comme pour le lecteur en son plaisir.

Le temps, sans doute, que mûrissent les rencontres, que s’accomplissent les imprévisibles métamorphoses. Le temps du lent émerveillement. Celui de l’urgence d’aimer. "
JEAN FRANCOIS MANIER
(Cheyne editeur)

Coldfingers a écrit:

En relisant ce fil j'ai repensé à cette phrase d'Hématite. C'est à mon avis un point crucial et qui différencie la littérature des bouquins !
Pardonnez-moi, j'aime bien faire cette différenciation ( l'expression est de Julien Gracq)
Cette différentiation, à mon avis, dépend d'un choix qui est contradictoire avec notre société de la vitesse et de la quantité :
la patience !
Les oeuvres requièrent de la patience et une lecture ralentie plutôt qu'accélérée. Plus elle sont généreuses, plus nous devons l'être en retour en lui accordant notre temps.* Ce monde ne le permet pas toujours ( pour ne pas dire presque pas !)

Elle est là la citation de Gracq?*