Et ceux que vous n'arrivez pas à lire ?

Vous est-il arrivé de ne pas pouvoir terminer un livre ? D'essayer à nouveau, puis encore ... (je mets de côté les allergies : pour ma part P. Coehlo et P. Auster).

J'en ai deux ainsi que je recommence tous les 2 ou 3 ans, avec un petit bonus d'une vingtaine de pages à chaque fois.
- L'île du jour d'avant d'Umbeto Eco
- Le rhinocéros du pape de Lawrence Norfolk.

Question très intéressante!

J'ai énormément de mal avec les essais en général. J'aime les récits, la poésie, le théâtre. J'aime certains livres instructifs comme les livres traitant d'histoire, de peinture... mais j'ai un mal fou et assez incompréhensible avec pas mal de bouquins de critiques littéraires et de philo. Ce n'est pas systématique, j'ai lu sans problème certains textes de philo comme "Discours de la servitude volontaire" par exemple. Mais en ce qui concerne les critiques littéraires... la plupart me saoulent. J'ai dû en lire et en décortiquer pour décrocher mes diplômes. Mais je me suis monstrueusement ennuyée et ai eu de plus la sensation de faire une lecture atrocement inutile la plupart du temps.
C'était assez surprenant: j'ai une vitesse de lecture plus que respectable pour la plupart des romans, pièces... etc, mais devant un de ces livres, ou même devant un malheureux article critique de 20 pages, je butais. Je lisais, m'apercevais que j'avais lu sans lire, re-lisais, n'arrivais toujours pas à "entrer", même en y forçant mes neurones. J'avais l'impression de lire du creux. Je pense qu'on s'enrichit bien plus en lisant un poème DE Baudelaire qu'en ingurgitant cent pages SUR Baudelaire, c'est mon humble avis.
Je ne mettrais pas tout ce que j'ai lu dans le même sac: je suis tombée sur quelques travaux remarquables sur Zola et sur Huysmans. Mais, pour un type qui effectue de temps à autre un travail critique honnête et intéressant en mettant avec passion toute son intelligence au service d'une oeuvre qui en vaut la peine, combien d'autres qui ne sont que des intellectuels sans consistance et mettent le texte au service d'un étalage de LEUR intelligence ou de ce qu'ils font passer pour telle, enrobant des idées sans épaisseur dans un charabia distingué. Certains de ces gens croiraient déchoir en s'exprimant d'une façon autre qu'alambiquée, contournée, précieuse, on dirait - ça me faisait souvent penser à des produits sans valeur camouflés par un emballage somptueux. Il ne leur faut pas seulement "critiquer" mais parader, aussi. Enfin, tous les textes critiques et leurs auteurs ne sont pas ainsi, mais j'en ai croisés beaucoup qui m'ont donné cette impression déprimante.

Hématite a écrit:

Mais, pour un type qui effectue de temps à autre un travail critique honnête et intéressant en mettant avec passion toute son intelligence au service d'une oeuvre qui en vaut la peine, combien d'autres qui ne sont que des intellectuels sans consistance et mettent le texte au service d'un étalage de LEUR intelligence ou de ce qu'ils font passer pour telle, enrobant des idées sans épaisseur dans un charabia distingué. Certains de ces gens croiraient déchoir en s'exprimant d'une façon autre qu'alambiquée, contournée, précieuse, on dirait - ça me faisait souvent penser à des produits sans valeur camouflés par un emballage somptueux. Il ne leur faut pas seulement "critiquer" mais parader, aussi. Enfin, tous les textes critiques et leurs auteurs ne sont pas ainsi, mais j'en ai croisés beaucoup qui m'ont donné cette impression déprimante.

Une parfaite analyse de pseudo-analyseurs nombrilistes Hématite !

Je n'ai jamais réussi à lire plus de quelques pages de Ulysse de Joyce, à ma doublement grande honte piusque c'est parait-il LE roman du XXè sicle d'une part, et le prénom de mon fils aîné d'autre part... Un jour peut-être ?

Sinon, Proust m'endort.... Mais j'aime y retourner quand même !

Pimprenelle a écrit:

Vous est-il arrivé de ne pas pouvoir terminer un livre ? D'essayer à nouveau, puis encore ... (je mets de côté les allergies : pour ma part P. Coehlo et P. Auster).

J'ai voulu, en 2004, lire des best-sellers. Ç'a été tellement pénible que j'ai renoncé à ne lire que cela.

Mais j'ai abandonné en cours de route :
- Kif kif demain, de Faïza Guène, vers la moitié. C'est, de loin, ce que j'ai lu de plus inintéressant et bâclé depuis des années.
- La garçonne, de Victor Margueritte, un best seller à scandale des années 30.

En fait, je me souviens de ces deux-ci, pour des raisons extra-littéraires : le Guène parce qu'on en parle partout, et tout le temps ; la Garçonne parce que le roman est intéressant et intriguant, mais bavard et papillonnant au-delà du supportable. mais trois ou autre autres best-sellers que j'ai abandonnés, je ne me souviens même pas du titre. Ah ! Si : Les fourmis, après quarante pages. Pénible et laborieux.

Les meilleurs best-sellers que j'ai lu cette année firent Le rivage des Syrtes, et Les Lettres de mon moulin !

Je suis très honteux mais je n'ai encore jamais ( et ce n'est pas faute d'avoir essayé) à lire plus de 40 pages de Proust....Il y en a quelques autres dont j'ai refermé les livres sans les finir...Mais comme ils (ou elles, ne soyons pas sexiste) considérés comme des génies, c'est moins agaçant....Promis je ré-essait un coup pour mes 60 ans

[quote="Fulmi"]

Pimprenelle a écrit:

Les meilleurs best-sellers que j'ai lu cette année firent Le rivage des Syrtes, et Les Lettres de mon moulin !

Fulmi nous sommes exactement sur la même longueur d'onde !
Bientôt je vous invite pour une polenta et du figatello au feu de bois !

Pauvre de moi ! j'ai hyper honte !! allez..., plus nul tu meurs ! :
je n'ai jamais pu terminer les oeuvres complètes de Marx en édition La Pléiade ! : trop triste !
Pardonnez moi ! BOUH BOUH !

Comme on le sait déjà pour moi c'est aussi James Joyce, l'Ulysse.

Huysmans... y m'énerve ce "Des Esseintes"!

sapotille a écrit:

Huysmans... y m'énerve ce "Des Esseintes"!

Même le passage de la mort qui tue sur Gustave Moreau fleurette?

sapotille a écrit:

Huysmans... y m'énerve ce "Des Esseintes"!

Alors là vous devriez faire un effort !
commencez par le Drageoir aux Epices. Quel livre !
Si vous arrivez à lire La Cathédrale qui est vraiment le livre de l'ennui par excellence vous n'aurez pas perdu votre temps ! Ou oui vous l'aurez perdu sans regret !

C'est surtout "L'art moderne" qui tue tout...

si tu peux lire "L'art Moderne" fleurette... en plus vu ton activité...


Idem pour "Certains", ça vaut le détour.


(trouvables chez Gallica, normalement. )

Hématite a écrit:

C'est surtout "L'art moderne" qui tue tout...

si tu peux lire "L'art Moderne" fleurette... en plus vu ton activité...


Idem pour "Certains", ça vaut le détour.


(trouvables chez Gallica, normalement. )

Comme c'est l'auteur de mon adolescence avec contradictoirement le père Dosto, donc tout lu et relecture sauf pour Dosto qu'il vaut mieux (à mon sens) lire lorsque l'on est malade : c'est une expérience unique ! :lol:
Déjà une chose qui nous rapproche avec hématite après tout ce qui nous a séparé. Comme quoi il faut faire confiance à la littérature pour rapprocher les humains.

La cathédrale à mon avis n'aurait pas dû être publiée pour le grand public, c'est plutôt un ouvrage d'érudition destiné aux spécialistes d'histoire de l'art, on s'y endort ou on saute des pages. Pour parvenir à suivre ce que raconte Huysmans il faudrait par moment avoir des shémas et parfois même un lexique. A vrai dire la forme romanesque de ce bouquin me paraît artificielle.

Tout comme me paraît également artificiel le " des Esseintes " d' A rebours. Huysmans a souvent tendance à essayer de faire vivre ses personnages de l'intérieur. Or ceux-ci sont des personnages qui me semblent dépourvus de sensibilité, ce sont des cérébraux, ils ne " vivent " pas les choses, ils les intellectualisent, d'où cette impression que quelque chose sonne faux.

Trop rien à redire par contre sur Là-bas et même sur En route.

Alors là vous devriez faire un effort ! s'exclame Coldfingers

je réponds:Pourquoi?

Coldfingers: commencez par le Drageoir aux Epices. Quel livre !J
Je peux continuer par le drageoir aux épices, oui, c'est une bonne idée de plus.

[i]Si vous arrivez à lire La Cathédrale qui est vraiment le livre de l'ennui par excellence vous n'aurez pas perdu votre temps ! Ou oui vous l'aurez perdu sans regret !

En fait je n'ai pas été assez précise, comme souvent!
Je ne suis jamais parvenue à finir de lire "à rebours" parceque " Des Esseintes" m'énerve au plus haut point. (je répondais en cela au fil lancé...) ...et que j'ai eu le tort, sans doute, de vouloir le lire comme un roman, c'est à dire une page après l'autre avec un début un milieu et une fin.
Par contre, j'ai abordé "La cathédrale" d'une toute autre manière. Trouvée dans une brocante il y a quelques mois de cela, expérience j'ai tout de suite pensé aux "livres" dont vous êtes le héros" (censés aider les réfractaires à lire... ) et au lieu de tirer les dés, je lis une page ou deux au pif, au hazard, au bonheur la chance, je lis par exemple que le vert est ceci ou cela, que la question de l'oblature est à éclaircir, que ce tableau est..., que gnagnathe, etc.
et je me pose des questions: objectivement, historiquement, le vert?, l'oblature, le tableau?? et moi j'en suis où du vert, de l'oblature, du tableau, de gnagnathe??? Je surfe sur cette mine d'informations superbement rédigées. Ecrites. Peut-être qu'ensuite, j'arriverai à le "lire vraiment", enfin...
Tiens, d'ailleurs, au pif:
"--Oui, imitant la pharmacopée homéopathique qui se sert encore de substances infâmes, de jus de cloporte, de venin de serpent, de suc de hanneton, de sécrétion de putois et de pus de variole, le tout enrobé dans du sucre de lait pour en céler la saveur et l'aspect, le monde des lettres triture, lui aussi, dans le but de les faire absorber sans hauts de coeur, les plus dégoûtantes des matières; c'est une incessante manipulation de jalousie de quartier et de potins de loges, le tout, globulé dans une perfidie de bon ton, pour en masquer l'odeur et le goût.
Ingérés à des doses voulues, ces grains d'ordures agissent, tels que des détersifs sur l'âme qu'ils débarrassent presque aussitôt de toute confiance; j'avais assez de ce traitement qui ne me réussissait que trop et j'ai jugé utile de m'y soustraire".

Comment pourrait-on s'ennuyer en lisant çà?
:lol:

à Constantin: Oui ! Tu exprimes bien mieux que je ne saurais le faire mon irritation au contact des Des Esseintes.

Croustine a écrit:

[color=red]Je n'ai jamais réussi à lire plus de quelques pages de Ulysse de Joyce, à ma doublement grande honte piusque c'est parait-il LE roman du XXè sicle ... Un jour peut-être ?

CONSTANTIN TARTAUXPOMMES a écrit:

Comme on le sait déjà pour moi c'est aussi James Joyce, l'Ulysse.

Moi pareil, je me sens moins seul ...

Hello !

Et bien moi, le livre qui me pose problème depuis des lustres, c'est Fictions de Borges

Honte sur moi, car j'ai pourtant passé en revue son profil, enfin plutôt son "Profil" : le compendium scolaire vade-mecum lol, vade retro Borges imbroglio !

Je croyais qu'il était hermétique, faut croire que c'est moi qui ai un cerveau K-way, imperméable à la subtilité

@sapotille :
impec sur toute la ligne !

Lasthénie a écrit:

Hello !

Et bien moi, le livre qui me pose problème depuis des lustres, c'est Fictions de Borges

Honte sur moi, car j'ai pourtant passé en revue son profil, enfin plutôt son "Profil" : le compendium scolaire vade-mecum lol, vade retro Borges imbroglio !

Je croyais qu'il était hermétique, faut croire que c'est moi qui ai un cerveau K-way, imperméable à la subtilité

Borges il faut lire et relire... peut-être faut-il que tu lises un peu ses essais pour mieux comprendre ses idées...