Danny the dog
De Louis Leterrier avec Jet Li, Morgan Freeman, Bob Hoskins, Kerry Condon.
Scénario et production Luc Besson
Musique Massive Attack
Grande Bretagne de nos jours. Bart (Hoskins) et son équipe font métier de racketteurs, Bart, par ailleurs, est l’heureux propriétaire d’un homme, Danny (Jet Li) dressé comme un chien, pour tuer. Lors d’un relèvement de compteurs, dans un entrepôt, Danny rencontre Sam (Morgan Freeman), un accordeur de piano aveugle. L’équipe de Bart subit un attentat, Danny s’échappe pour retrouver Sam et sa fille adoptive (Kerry Condon). La musique saura-t-elle le sauver ? demande l’affiche.
Il y a un petit coté Nikita dans ce film, une des rares histoires de Besson dont on est à peu près sûr qu’elle est de lui et non pillé auprès de scénaristes inconnus ou ailleurs. Les films réalisés par Besson ont pour eux une grande intelligence de mise en scène, très efficace (bien que vite démodée), des choix de comédiens judicieux qui ont souvent trouvé là le rôle de leur carrière, et la musique (que seraient le Grand Bleu ou Nikita sans Eric Serra ?). Ils ont contre eux la médiocrité des scénarios de Besson. Besson semble au fil des ans délaisser de plus en plus la mise en scène pour se consacrer à la production et, bizarrement, vu son peu de talent en la matière, l’écriture des scénarios. Il parvient néanmoins à insuffler ses conceptions de mise en scène à ses réalisateurs, y compris par un final cut, pratique pourtant peu habituelle en France, impitoyable. Y compris auprès des réalisateurs aussi prestigieux que Bertrand Blier. Tout ça pour dire qu’un film que Besson produit est un film de Besson, même s’il ne le réalise pas.
Alors, qu’est-ce que ça donne, le dernier film de Besson ?
Ca donne une mise en place efficace, Jet Li parvient à rendre crédible ce drôle de personnage, parfaitement inoffensif tant qu’il a son collier autour du cou mais qui devient une machine à tuer du moment qu’on le lui enlève et qu’il s’entend dire « Attaque », « Tue ». Comme lors de Nikita, il nous est présenté un personnage invraisemblable (là, une sauvageonne particulièrement trash récupérée par les services secrets pour exécuter des basses besognes, ici, un humain avec un statut de pitt-bull) et pourtant on entre dedans, on est prêts à le suivre. Comme dans Nikita, Besson nous prend d’entrée à la gorge avec une chorégraphie de la castagne impressionnante.
Et une fois les pions mis en place ? C’est là que ça se gâte, et que l’attente crée chez le spectateur est rapidement frustrée. Des grosses ficelles, de la psychologie à trois sous et du bon sentiment vont caractériser le ré-apprentissage à la vie de Danny.
Grosses ficelles au point que tout y est tristement prévisible. Psychologie à trois sous alors que l’on sait depuis Tarantino que l’on peut faire de très bons films rien qu’avec de la chorégraphie de la castagne (Kill Bill) sans avoir recours à de la psychologie vaseuse si l’on a rien à dire sur ce plan. Danny the Dog s’acquitte de la tâche comme d’un point du cahier des charges fastidieux. Dégoulinant de bons sentiments où la gentillesse et la compréhension de Sam et de sa fille adoptive sont telles qu’on croirait qu’ils reçoivent tous les jours chez eux des hommes élevés comme des pitt-bulls.
Jet Li reste assez excellent tout du long, Hoskins et Freeman se dépatouillent avec des répliques lourdingues du genre « ce garçon m’inquiète, on dirait qu’on lui a appris à retenir ses sentiments » ou « je t’ai tout donné, j’ai tout fait pour toi » que seuls leur professionnalisme parvient à sauver du ridicule. Kerry Condon, en revanche, y sombre sans que rien ne puisse la récupérer.
Le spectateur en est réduit à attendre que ça castagne à nouveau, qui sont les seuls moments où spectateurs, auteurs et comédiens ont l’occasion de s’amuser, et où il est fait preuve de créativité. Par exemple, cette curieuse séquence où Danny se retrouve à se battre avec le méchant le plus fort dans un cabinet de toilettes, sur une surface de un mètre carré et demi. C’est à ce genre de situations que l’on reconnaît Besson.
Pour finir, on est également étonné de, vu ce que doit la cinématographie de Besson à la musique, vu qu’il a été fait appel à Massive Attack, vu qu’on parle beaucoup de piano et qu’il est même question de Mozart, qu’on entende si peu de musique.
En résumé. Ce film se laisse voir mais sans plus.