Ca arrive…
En général, je choisis les films que je vais voir en connaissance de cause…Je m’informe vraiment et puis je décide d’y aller ou pas…Autant j’aime le cinéma, autant je déteste la sensation d’être déçue en sortant d’une projection…C’est un peu comme si je voulais que tout corresponde toujours à mon attente, que le cinéma soit toujours à la hauteur de ce que j’en espère…
Hier soir, motivée par tout ce que j’avais pu lire ou entendre à son propos, j’attendais donc avec impatience l’heure d’aller voir « Eternal sunshine of the spotless mind », le film de Michel Gondry.
Trois ans après un premier film très remarqué parce que réussi et pertinent « Human Nature », le réalisateur est revenu sur les écrans avec un second long-métrage tout aussi décalé. Il a retrouvé pour l’occasion le scénariste Charlie Kaufman ( « Dans la peau de John Malkovitch »)
Déjà, un titre pareil avait de quoi me séduire: « Eternal sunshine of the spotless mind », emprunté au poème « Eloisa to Abelard » d’Alexander Pope (XVIIIème), et qui signifie donc "Le soleil éternel de l’esprit immaculé" !…(Je peux choisir un livre pour son titre :c’est idiot ,penserez-vous, mais c’est comme ça …pour l’amour des mots tout simplement….et cela me crée parfois de bonnes surprises !)…. Agir ainsi pour le choix d’un film, c’est plus rare…Pour ce titre-là, je crois que j’aurais pu le faire !
Ensuite le sujet …il m’avait semblé plutôt original :
L’amour est mort entre Clémentine (Kate Winslet) et Joël (Jim Carrey). Clémentine est une fille déjantée et pleine de vie, passablement caractérielle tout de même. Joël est un peu coincé, un peu triste, perdu, perdant, mais tellement « craquant ». Alors,plutôt que de souffrir et prolonger une relation inutilement, Clémentine décide de faire appel aux bons soins du docteur Howard Mierzwiak (Tom Wilkinson), pour effacer de sa mémoire la totalité des souvenirs de cet amour... pour effacer totalement Joël de sa mémoire.
Joël est désespéré. Impossible pour lui de le supporter, même si leurs moments d’amour n'ont pas tous brillé par leur joie ou leur harmonie. La mort dans l’âme, il se voit réduit à envisager la seule solution qui lui parait possible :effectuer le même « nettoyage »…Seulement voilà, pendant le processus, il commence à regretter...Une partie de lui se rebelle et il tente, par divers moyens et ruses, de sauvegarder quelques fragments de souvenirs.
La vérité des sentiments humains est merveilleusement déclinée par le couple Jim Carrey et Kate Winslet , tous deux utilisés à contre-emploi :
Habitué au registre comique, Jim Carrey évolue ici vers un jeu à dimension dramatique. Il est émouvant en amoureux au regard perdu et révèle un immense talent d'acteur en sortant enfin de ses personnages de nouveau Jerry Lewis. Ici, mal dans sa peau, rarement rasé et coiffé, il se permet malgré tout avec justesse des incursions dans le comique Mais Jim Carrey abandonne son extraversion explosive naturelle pour une intériorisation, une sensibilité frémissante, une émouvante sobriété (qualités que l'on avait déjà perçues dans l'excellent "Truman Show"). Et cette métamorphose en un loser taciturne, timide et maladroit lui va, ma foi, fort bien
Kate Winslet, quant à elle, joue la fille chaotique qui grimace et gesticule. Une délurée qui se teint les cheveux en fonction de son humeur. Elle est magnifique dans son rôle de Hippie moderne déjantée et caractérielle
Tous deux offrent au film offrent une forte puissance émotionnelle.
Alors pourquoi ?...Pourquoi n’ai-je pas aimé totalement cette comédie romantique contenant tous les ingrédients pour me séduire et me fendre le cœur ?
Parce que l'on assiste à un cafouillage visuel intense. La chronologie, la logique, l'objectivité volent en éclats. Une séquence vitale peut être visualisée, pétrie, malaxée, de cent façons différentes et cette répétition, cette accumulation exubérante donne naissance à un foutoir quelque peu lassant. Le tout filmé par une caméra vraiment dingue.
Le découpage scénaristique n'apparaît pas forcement obligatoire dans la narration et ce procédé peut dérouter
Il m’a déroutée…dans ce chassé croisé amoureux. entre réalité et virtualité.
Chassé-croisé amoureux dont le producteur, Anthony Bergman a dit: "Racontée à la perfection, avec tendresse et émotion l’histoire d’amour débute à ce stade critique où un homme et une femme ne peuvent plus se supporter l'un l'autre, puis elle remonte à la source de leur amour, au premier regard, au premier élan... et repart en sens inverse, permettant ainsi à Joel et Clementine de revivre leur idylle avec, désormais, la claire conscience de ce qui les menace. C'est la première fois que je trouvais cela dans un scénario."