Croustine Vocabulivore émerite
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| Sujet: Persepolis - Marjane Satrapi Lun 18 Oct - 12:31 | |
| Iranienne née à la fin des années 60, Marjane Satrapi nous livre un récit autobiographique en 4 tomes. D'un trait stylisé, efficace et plein d'humour, elle forge la première BD iranienne dans laquelle elle raconte son enfance et son adolescence dans un pays bouleversé.
Marjane Satrapi n’est pas une jeune femme banale: c’est une vraie princesse. Son grand père maternel était le fils de Nasreddine Chah, le dernier empereur de la dynastie Qadjar qui a régné en Iran avant les Pahlavi. Et c’est une princesse “rouge”, élevée dans une famille très progressiste, dont de nombreux membres et amis furent envoyés en prison pour communisme; en guise de contes de fée, son père lui donnait à lire des BD sur l’histoire du marxisme. Ses parents, des intellectuels très engagés, décidèrent de se séparer de leur fille unique et de l’envoyer en Europe à l’âge de 14 ans pour lui épargner l’oppression d’un régime islamique alors à son comble. Fuyant les préjugés des moullahs iraniens, la jeune Marjane fut confrontée aux préjugés des Européens sur l’Iran et l’Islam... Après un retour en Iran, elle vint vivre en France où elle rencontra le media BD Tome 1 : Marjane est née dans une famille iranienne riche mais ouverte aux idées de gauche. Mais toute petite, elle était certaine d'être la dernière des prophètes et entretenait avec Dieu de longues discussions. Et son panthéon personnel mélange ainsi allègrement Dieu, Marx et Descartes. Autour d'elle gronde la révolution à laquelle ses parents prennent une part active en participant aux manifestations réclamant la fin du régime du Shah... Mais une fois cet objectif atteint, la petite fille voit les proches de ses parents - et leurs enfants, ses copains à elle - fuir ce nouveau régime qu'ils avaient pourtant contribué à instaurer... Tome 2 : La vie devient de plus en plus difficile pour les Iraniens en général et pour la famille Satrapi en particulier : les universités sont fermées, les manifestations d’opposition sont durement réprimées et les femmes ne peuvent plus sortir voilées sans risquer les pires ennuis. Et l’ambassade des Etats-Unis est occupée par les étudiants islamistes condamnant tout espoir d’obtenir un visa pour le nouveau monde. Et le pire est atteint quand l’Irak entre en guerre, provoquant le départ à la guerre de tous les jeunes hommes, la pénurie et l’obligation de se réfugier dans les sous-sols des immeubles lors des attaques aériennes. Il faut se méfier de tout le monde, se cacher des voisins pour boire, jouer aux cartes ou simplement faire la fête. Marjane, du haut de ses douze ans, vit intensément les événements, à la fois très patriotique et révoltée par ses nouvelles conditions de vie. Et elle a du mal à tenir sa langue. Tome 3 : Les parents de Marjane ont jugé préférable d’envoyer leur fille chérie en Autriche afin qu’elle étudie dans un lycée français sous la tutelle d’amis iraniens exilés. Mais bien vite, l’adolescente se retrouve placée en pension chez des bonnes sœurs… Un choc culturel dur à encaisser à un âge où il est déjà difficile d’assumer sa propre transformation physique et morale. Marjane peine donc à trouver sa place dans ce nouvel environnement et en vient à nier son identité d’Iranienne… Pas évident de traverser l’adolescence, les premiers amours quand on est en exil, loin de ses parents. Tome 4 : La petite « Marji » a bien grandi depuis le premier tome de Persépolis qui racontait son enfance. La voici de retour en Iran, après avoir découvert la liberté occidentale en Autriche. Ce tome 4 apparaît encore plus sombre que les premiers : on y ressent les difficultés d’une jeune fille à forger sa propre identité, difficultés d’autant plus fortes qu’elle se sent « européenne en Iran et iranienne en Europe ». Marjane cherche sa voie : tour à tour professeur d’aérobic, enseignante de Français puis étudiante aux Beaux-arts, un parcours qui ne manque pas d’originalité. Dans ce quatrième et dernier volume, on comprend plus précisément ce que représentent la répression et la censure, en particulier pour une étudiante en Art, ce que signifie entrave à la « liberté d’expression », et comment un régime peut, contre toute volonté de résistance, influencer les comportements les plus quotidiens. | |
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