La folle.
Je suis ta vieille amie la folle
Et sur l’esquisse de tes rêves
J’estompe de pensées frivoles
Tes phrases bleues que la nuit lève.
Quand tu dors seul dans le jardin
Après les chaleurs du jour
Je te regarde vieil Arlequin
L’air attendri, passe-velours…
C’est assez, tu te dis, cesse tes balivernes
Et tu penses arrêter tes écrits, tes ballades
Mais je vais rechercher les mots dans ta giberne
Pour que tes chants soleils retournent en escapade.
Tu t’irrites souvent de mes allures fantasques
Es-tu certain pourtant de vouloir me quitter ?
Pour tromper la raison, je redouble mes frasques
J’entretiens pour ton cœur, ami, le feu follet.
Pourras-tu te résoudre à faire le raisonnable ?
Veux-tu donc pour toujours piétiner dans le gris ?
Tu l’aimes bien, au fond, ta copine incurable
Qui souvent te secoue pour que ta plume vit.
Elle est ta vieille amie la folle
Elle te regarde écrire, vieil Arlequin
Tu la caresses, distrait, et tu la frôles
Ta vieille amie, la poésie…