Pourquoi les martiens sont partis

Je vous présente un autre petit texte de ma composition. Il ne me satisfait pas encore pleinement, il peut être considéré comme un premier jet à peine fignolé. J'espère cependant qu'il vous plaira au moins un peu, voire qu'il vous fera sourire. Si vous le trouvez nul ou que quelque chose vous y gêne, pour quelque raison que ce soit, bref, si vous avez envie de faire des commentaires, ne vous gênez pas.

Pourquoi les martiens sont partis.

Vous vous souvenez sûrement du mois de mars 1964, celui où ces odieux et détestables martiens sont venus semer la zizanie sur notre bonne vieille Terre ? Oui ? Mais ce que vous ne savez certainement pas, c’est pourquoi ils se sont volatilisés subitement, alors même que la crise devenait une véritable dépression.

Pour ceux qui sont trop jeunes pour avoir connu ces événements, nous allons résumer les faits, mais avant, sachez que nous savons pourquoi ils sont repartis, ces satanés martiens. Nous allons tout vous révéler. Contrairement aux rumeurs qui circulaient à l’époque, ce ne fût pas le suicide du secrétaire général des Nations Unies, Yato Malblanshi, ni l’incroyable machine anti-martiens du professeur Oberdorffer, ni même le juju de la tribu Moparobi qui renvoya les petits hommes verts sur leur grosse planète rouge. Non. Nous connaissons la vérité sur leur départ et nous allons vous la raconter. Mais sachez dores et déjà que cette histoire nous en apprend davantage sur nous-mêmes, habitants de la planète bleue, que sur les envahisseurs yodamorphes.

Le 26 mars 1964, des petits hommes verts apparaissent subitement devant les yeux ébahis de la population du monde entier. Nous disons apparaissent, et non « se matérialisent », car il fut impossible de savoir s’ils avaient des corps matériels comme les nôtres, il était impossible de les toucher ou de les saisir, on passait au travers comme s’il avaient été des hologrammes ou des spectres de revenants.

D’où ils venaient, comment ils avaient fait pour venir, comment ils pouvaient se rendre impalpables, toutes ces questions ne se posèrent pas avec autant d’à propos que celle concernant le moyen de les faire retourner chez eux. Car les martiens étaient horriblement casse-pieds. C’étaient de vrais diables qui nous rendaient la vie insupportable. Ils nous espionnaient en train de faire l’amour, se moquaient du fait que nous possédions un anus, divulguaient tous nos secrets à ceux qui devaient les ignorer, et nous appelaient tous « Toto ». Voici un extrait de dialogue entre un martien et un journaliste qui passa à la radio à cette époque, vous vous rendrez mieux compte ainsi de la perfidie de ces extraterrestres :

Journaliste : Bonjour, cher visiteur d’une autre planète, tout d’abord, comment vous appelez-vous ?

Martien : C’est pas tes oignons Toto !

Journaliste : Vous voulez dire que vous n’avez pas de nom, dans votre culture, les individus n’ont pas besoin d’avoir un mot qui les distingue les uns des autres, c’est fascinant.

Martien : J’te dirais pas mon nom Toto. C’qu’est fascinant, c’est qu’t’éprouve toujours le besoin à quarante deux ans de mentir à ta maman à propos de ton homosexualité !

Journaliste : Glll.. Hein ? Heu… Ha ha ha… Comme c’est drôle, ne t’en fais pas maman, si tu m’écoutes, c’est une blague.

Martien : Ma nan c’est pas une blague ,Toto. Par contre elle va pas rigoler Claudine quand elle va savoir que tu la trompes avec ton soi-disant pote Rémi.

Journaliste : Houlàlà… Ca suffit maintenant, Monsieur le visiteur d’un autre univers, l’amitié qui me lie à Rémi est parfaitement virile et platonique.

Martien : Tu veux dire que c’est lui qu’est vachement viril et qu’il te nique sur les plateaux.

Journaliste : Cher Monsieur venu d’ailleurs, votre humour est d’un goût très douteux, je voudrais que vous vous excusiez auprès des téléspectateurs heeeuuu des auditeurs…

Martien : Des clous Toto, demande plutôt à ta femme de s’excuser de t’avoir menti quand elle t’a dit que sa mère lui a payé son manteau de vison, en fait elle sifflé ton épargne logement.

Journaliste : glglrllgrrr… Excusez-moi chers auditeurs mais nous devons interrompre là l’émission, je dois m’absenter… Je rends l’antenne… J’en ai rien à foutre Robert, fous-moi la paix j’te dis…

Biiiiiiiiiiip.

Ça se passait à peu près comme ça partout sur la planète. Les martiens avaient la faculté d’apparaître et de disparaître dans n’importe quel endroit du monde à volonté, ils connaissaient tous nos secrets, nous n’avions plus aucune intimité. Mais un seul homme au monde fût épargné par l’agacement et le trouble qu’ils cherchaient manifestement à provoquer. C’était quelque part au Tibet, dans un monastère. Sanjayomadha Rimpotché était tranquillement en train de méditer une soutra, quand il vit apparaître un martien assis sur le rebord d’une fenêtre, en train du fumer une cigarette.

- Salut Toto ! Tu veux une bouffée ?

Le martien parlait bien sûr en tibétain.

- Non, merci, vénérable homme à la peau verte.

- Tu préfères peut-être le cannabis, trouduc ?

- Je ne fume pas les feuilles, vénérable homme à la peau verte, je les mange.

- Et sinon, ça te manque pas de pas pouvoir peloter les paysannes Toto ?

- Le plaisir des sens est éphémère, vénérable homme à la peau verte, et le désir est cause de souffrance.

- T’as qu’à les assouvir tes désirs, Toto ! J’ai remarqué que la petite marchande de fromage te regardait souvent avec des yeux pleins d’envie, elle est pas vilaine hein ?

- La marchande de fromage va bientôt se marier, c’est une heureuse nouvelle, mais en ce qui me concerne j’ai renoncé aux biens de ce monde, sortir de l’impermanence pour atteindre au nirvana est mon seul désir, vénérable homme à la peau verte.

- …

- Désires-tu du fromage vénérable homme à la peau verte ?

- J’veux pas de ton fromage qui pue, Toto. Sinon ton Bouddha là, c’est vrai que c’était un homosexuel et un lâche ?

- Non voyons, le vénérable Bouddha a été marié avant de devenir un renonçant, et il a affronté les démons des tentations avec le plus grand courage.

- Mais qu’est-ce que t’en sais qu’ça existe le nirvana ? Tu l’as déjà vu toi ? Si ça s’trouve c’est des conneries inventés par des types qui voulaient contrôler le peuple. Et d’abord, qu’est-ce que t’en sais que tu vas y arriver ? Même si c’était vrai ? Tu vas peut-être te réincarner finalement, tu te souviendras de rien et t’auras pas profité de ta vie.

- Cela est possible en effet, vénérable homme à la peau verte, mais plus incertain encore est l’avenir de celui qui cède à la tentation de se laisser emporter par ses désirs et ses craintes.

- … Ca t’emmerde pas que ta mère soit morte Toto ?

- Pourquoi ? Puisqu’elle a toujours été une bonne épouse et une bonne mère, son karma est si pur qu’elle deviendra sûrement un moine dans sa prochaine incarnation. C’est très gentil de vous soucier de ma mère, vénérable homme à la …

- C’est bon, c’est bon, ta gueule Toto ! Je reviendrais.

Et l’image du petit bonhomme vert s’évanouit. Il revint visiter le moine à deux reprises pour tenter de le déstabiliser, sans succès. Alors un jour, le martien revint avec une dizaine de ses semblables en renfort, mais le moine répondait toujours avec courtoisie aux provocations toujours plus élaborées des extraterrestres. Au bout d’un mois, des centaines de martiens se retrouvèrent dans le monastère, essayant avec opiniâtreté de rendre chèvre le pauvre moine, sans bien sûr y parvenir.

Tous les martiens étaient venus tester le lama, certains se suicidèrent, d’autres repartirent sur Mars excédés, et d’autres restèrent sur Terre. Ils étaient douze, et faisaient partie des disciples de nôtre maître, le vénérable Sanjayomadha Rimpotché.

début un peu lourd, fin un peu courte. Et j'préfère pas imaginer c'que t'as voulu dire par là

Capitaine Caverne a écrit:

Les martiens avaient la faculté d’apparaître et de disparaître dans n’importe quel endroit du monde à volonté, ils connaissaient tous nos secrets.

Tu veux dire qu'ils étaient omniscients et qu'ils avaient le don d'ubiquité ?

Anti, branleuse.

Merci à vous deux.

En fait, ce que j'ai voulu dire par là : pas grand chose. Je veux dire que c'est pas sérieux. Le suicide de Malblanshi, la machine anti-martiens du professeur Machin, le juju de la tribu Moparobi, le laissent entendre. Donc, quand j'écris que l'histoire nous apprend des choses sur les humains, faut pas le prendre au pied de la lettre. Mais quand même, si tous les humains étaient des moines tibétains, on serait moins dans la merde, je trouve.

Je n'ai pas voulu dire qu'ils étaient omniscients. Donc, il faut que je modifie ce passage (ils connaissaient tous nos secrets). Mais bon, qu'ils avaient la faculté d'apparaître là où ils voulaient n'implique pas qu'ils avaient le don d'ubiquité. En tous cas il faut que je revoie ça. Merci.

J'ai l'impression qu'Ours n'est pas branchée par le bouddhisme.

Citation :

Anti, branleuse.

T'es fâchée avec Fulmi ou quoi ? Il est puni ?

Capitaine Caverne a écrit:

Citation :

Anti, branleuse.

T'es fâchée avec Fulmi ou quoi ? Il est puni ?

Non, c'est juste qu'il y a des jours où je me prends pour Corinne...

Anti

Ah, oui, je comprends. Moi même il y a des jours où je me prends pour un martien.

Capitaine Caverne a écrit:

Ah, oui, je comprends. Moi même il y a des jours où je me prends pour un martien.

Tu deales ?

Capitaine Caverne a écrit:

Merci à vous deux.

c'est un vrai plaisir captaine de faire ses grossiers commentaires, sur un texte marrant, dès l'aurore, en sachant qu'on s'fera pas lyncher à la sortie

Citation :

Mais quand même, si tous les humains étaient des moines tibétains, on serait moins dans la merde, je trouve.

certes, mais comme on s'emmerderait au moment de trousser Jeannette...

Citation :

J'ai l'impression qu'Ours n'est pas branchée par le bouddhisme.

on a bien essayé, mais je suis inviolable

Mô a écrit:

Capitaine Caverne a écrit:

Ah, oui, je comprends. Moi même il y a des jours où je me prends pour un martien.

Tu deales ?

Non, mais j'fais chier l'monde.

Capitaine Caverne a écrit:

Non, mais j'fais chier l'monde.

Ouais, ben moi je veux bien vivre dans un monde où les chieurs sont comme toi !

Mô a écrit:

Capitaine Caverne a écrit:

Non, mais j'fais chier l'monde.

Ouais, ben moi je veux bien vivre dans un monde où les chieurs sont comme toi !

J'suis flatté. Merci.

J'vais faire lire ça à mon ex, ça va la faire chier

Sur Les martiens.

Lu cet après-midi.

J'aime : l'histoire, la chute, les interviews comiques.

J'aime pas : l'intro, qui dévoile la fin inutilement (et deux fois).

Ça demande à eêtre travaillé, l'ensemble. D'abord, on pourrait avoir un mini-suspens, avec d'autres interviews marrants et absurdes.


Il y a des sources : les martiens qui arrivent on ne sait pas comment : c'est la guerre des Mondes, de H.G.Wells, roman, et film (de Spielberg).

Pour les aliens casse-pieds, je n'ai pas trouvé de précédent (les gremlins ?) , mais l'idée est excellente. Quand même, il y avait dans ma jeunesse un martien obsédé sexuel, dans Lui, je crois.

En revanche, l'alien qui sait tout sur tout le monde, c'est un roman célèbre, au XVIIIe siècle : Le diable boîteux, d'Alain René Lesage. Un roman qui fut plus qu'ujn best-seller à l'époque. Il a suscité des dizaines de contrefaçons, souvent médiocres. Une pièce de Sacha Guitry en est tirée, et un opéra, de Jean Françaix.
http://www.uottawa.ca/academic/arts/lfa/activites/textes/diable_boiteux/V1-NOTES.html
(hélas en français non modernisé)

La chute : c'est très bon, très fin des années soixante, quand tout les people se trouvaient des gourous hindous ou assimilés.

Évite de mentionner Yoda : il m'a fallu un moment pour comprendre. J'suis con, certes, mais j'suis pas le seul, et ça nuit au ressort comique.

En 1964, le secrétaire des nations-Unies était U-Thant, et il ne s'est pas suicidé du tout, il s'est sérieusement impliqué dans la question de la guerre du Viet-Nam. Il a été très célèbre, bien plus que l'actuel. Vas-y franco et fait se suicider un président américain plutôt. Même si on sait que ce n'est pas vrai, c'est marrant. Ils n'aiment pas qu'on rende public leurs histoires de bite et de cul…

Pis tu peux alimenter les interviews… c'est excellent !

Un grand merci pour ce commentaire fourni et très instructif

Source d'inspiration exclusive: Martiens go home ! De Frédéric Brown (mal traduit, ou tout simplement mal écrit, allez savoir, mais tout de même bien marrant).

Pour les dialogues entre martiens et terriens, je vais en rajouter, et même modifier ceux qui sont déjà écrits, promis, j'ai déjà des idées.

Pour l'allusion à Yoda, c'est pas que vous êtes con, c'est que vous êtes pas trentenaire, c'est tout (je sais, vous allez me dire qu'il faut pas mépriser les lecteurs âgés, mais que voulez-vous, j'ai du mal à me mettre à leur place).

OK pour le président américain qui se flingue suite à des révélations martiennes sur sa vie sexuelle, je trouve que c'est une bonne idée.

Pour l'allusion à Yoda, mon père (60 ans) a tout de suite compris (faut dire qu'il a fils cheulou). Mais bon, quand même, j'hésite, c'est vrai que c'est pas accessible à la majorité des lecteurs de Lire magazine.

Je crois en avoir appris suffisemment, pour le moment. Je poste le résultat dès qu'il est prêt.

Encore merci à tous, vous êtes bien aimables

Je me suis inspiré de ça :



Fredric BROWN
Martiens, go home!
Gallimard/Collection Folio SF
Traduction de Alain Dorémieux
Titre original : Martians, go home !
Année de publication : in Astounding Science-Fiction septembre, 1954. En volume, 1955

"Salut Toto ! C'est bien la terre ici ?" Non ! Vous ne rêvez pas ! Les Martiens ont bien débarqué ! Ils sont bien petits et tout verts, comme se doit d'être un martien qui se respecte. Mais ils ne sont pas venus nous exterminer, ce serait trop facile !… Ils sont juste là pour nous empoisonner la vie, et pire que tout rendre le mensonge impossible, divulguant secrets militaires comme vie privée de monsieur tout le monde…
Un chef d'œuvre d'humour qui a traversé le temps (et l'espace ?) sans prendre une ride ("Martiens, go home" fut publié en 1955). Un roman que l'on doit au maître de la parodie science-fictionnesque, également connu (et reconnu) comme auteur de roman policier… et qui a la particularité de posséder le prénom le plus massacré de toute l'histoire de la littérature !

Je m'étais dis, comme ça, ce soir, que ton histoire pourrait être racontée par un type à un ami (Alfred à Joseph, par exemple, ou à Fatou, pour son magazine) : il aurait sous la main des copies des interviews d'époque, et ce serait lui qui raconterait cette histoire abracadabrante à son ami(e). Ça permettrait de faire passer des approximations plus facilement et ça donnerait un air bon enfant à toute la nouvelle.

Fulmi a écrit:

Je m'étais dis, comme ça, ce soir, que ton histoire pourrait être racontée par un type à un ami (Alfred à Joseph, par exemple, ou à Fatou, pour son magazine) : il aurait sous la main des copies des interviews d'époque, et ce serait lui qui raconterait cette histoire abracadabrante à son ami(e). Ça permettrait de faire passer des approximations plus facilement et ça donnerait un air bon enfant à toute la nouvelle.

Ouais. Pourquoi pas. Faut que j'y réfléchisse. Merci en tout cas pour la suggestion.