Même les masques ont un double visage.
Côté pile, masque blanc au regard sans fond. Il donne à voir son visage lunaire, silence d’entre les silences. Côté pile, côté lisse, le masque banc au regard sans fond se tait.
Côté face, masque noir dans l’ombre du dedans, au regard blessé par le faisceau d’ailleurs. Il ne donne rien à voir. Il cache sa misère contre la peau de l’infortune. Il pleure son inutilité en avalant ses larmes et ses cris étouffés se cognent vainement à l’entre-deux frontières.
Les masques ne font pas de bruit quand ils tombent. Ni plainte, ni fracas, ils tombent simplement, côté pile, côté face, blanc ou noir, ils tombent comme on s’envole.
C’est en dessous que tout se passe.
C’est en dessous que tout meurt ou que tout refleurit.
On l’appelle cœur, centre, âme, parce qu’on ne connaît pas d’autre nom. Il faudrait un nom unique et essentiel pour chaque en dessous en-dedans.
Là, s’entremêlent les soupirs, les grincements, les tremblements, l’espérance, les regrets et les heures longues. Là, se côtoient les blessures et les hommages, comme autant de cicatrices ineffaçables ou autant de brasiers qui ne s’éteignent pas. Là, s’étendent les déserts, se soulèvent les océans, se mesure la misère et se révèle la solitude.
En dessous, vit l’univers incomparable et unique de chaque être.
Qu’il est difficile d’atteindre ce que l’on est !
Les masques ne font pas de bruit, quand ils tombent. Ils s’échappent comme on s’envole. Rejoignent-ils, au pays des masques, ceux qui leur ressemblent, côté pile, côté face ?
L’en-dedans, tout nu dans la lumière, effarouché par sa liberté toute neuve, doit apprendre à vivre.
Qu’il est difficile d’être !
Clair Obscur - un jour de nuit.