L'édition fait encore parler d'elle. Tempête dans un verre d'eau à Landerneau.
Le Figaro :
http://www.lefigaro.fr/medias/20070130.FIG000000102_polemique_surles_ventes_reelles_de_livres.htmlPolémique sur les ventes de livres
MOHAMMED AÏSSAOUI et MARIE-LAETITIA BONAVITA.
Publié le 30 janvier 2007
Actualisé le 30 janvier 2007 : 10h05
Quinze grandes maisons accusent l'institut d'études Ipsos et le magazine "Livres Hebdo" de minorer les diffusions.
Archambault/Le Figaro.
Quinze grandes maisons accusent l'institut d'études Ipsos et le magazine « Livres Hebdo » de minorer les diffusions. LES ÉDITEURS ne sont pas contents. Alors que le marché traverse une grave crise, les grandes maisons d'édition (Actes Sud, Albin Michel, Flammarion, Gallimard, Grasset, Robert-Laffont, Fayard, XO...) contestent avec force les chiffres de vente des romans, documents et essais établis par Livres Hebdo et Ipsos. Ils considèrent que l'institut de sondage abaisse de 30 % la réalité des ventes. Une lettre exprimant leur courroux a donc été expédiée à l'hebdomadaire professionnel qui devrait en publier des extraits vendredi prochain. Les signataires, avec à leur tête Bernard Fixot, PDG des Éditions XO, accusent le magazine et Ipsos de « noircir de manière inexacte le tableau » et « d'une méconnaissance du marché ». Selon eux, les quinze meilleures ventes sont sous-évaluées d'un million d'exemplaires par Ipsos.
« Les chiffres font partie de la communication des éditeurs. À partir du moment où l'on en publie d'autres moins flatteurs, cela pose un problème, explique Christine Ferrand, rédactrice en chef de Livres Hebdo. Nous, par le biais d'Ipsos, nous donnons les ventes réelles aux consommateurs - les « sorties de caisse » -, tandis que les éditeurs parlent, eux, des ventes facturées aux libraires. Or il y a un fossé entre les deux informations. Il faut rappeler qu'en cette période difficile, les retours (livres non vendus) sont très importants, de l'ordre de 30 % pour la littérature générale. »
Le secteur attend encore son autorité indépendante
Ipsos, GFK et Tite Live travaillent sur des extrapolations à partir de panel de librairies. Pour Sophie Martin, directrice générale d'Ipsos Culture, la querelle s'explique aussi par une différence de périmètre : les chiffres à la disposition des éditeurs, via leurs distributeurs, totalisent les ventes en France métropolitaine et à l'export, les ventes aux grossistes et aux collectivités, ainsi que les ventes à distance (clubs, Internet...) et le courtage. « Les bases de calcul ne sont pas strictement identiques, souligne Sophie Martin. Il est possible que les estimations statistiques d'Ipsos se situent dans la fourchette basse. »
Cette affaire pointe le manque d'organisme interprofessionnel comme il y en a dans le cinéma ou dans la presse. « Il est nécessaire de se doter d'une autorité indépendante », insiste Serge Eyrolles, président du Syndicat national de l'édition. En France, seuls 250 points de vente sur 12 500 sont reliés à un serveur qui comptabilise les ventes en caisses. « Outre-Manche, pratiquement toutes les librairies (93 % des ventes) sont connectées. Ce suivi en temps réel a aussi l'avantage de limiter les retours des livres dont la gestion pour les éditeurs est onéreuse », indique Denis Mollat, le président du Cercle de la librairie. Le SNE a caressé un temps l'idée à se doter d'un tel système. Le Cercle de la librairie, dont la filiale Electre gère les données bibliographiques destinées aux professionnels et publie Livres Hebdo, se verrait bien dans ce rôle de référent. Mais c'est justement lui que les éditeurs ont dans leur ligne de mire.