Bons plans TV de novembre

Fulmi a déja repéré ceci :

Citation :

Ce qui passera à la télé, faute de Kubrick, c'est la Bataille d'Alger, de Gillo Pontecorvo, qui narre comment l'armée française a nettoyée la casbah d'Alger au début de la guerre d'Algérie. Le film, que j'ai vu à sa sortie en Algérie, alors que j'étais adolescent, est très impressionant, avec les scènes de tortures et les bombes dans les cafés algérois.
Je ne saurais en dire plus, cela date, mais comme il a été interdit en France jusqu'en 1971 et qu'il aurait, paraît-il, servi de document éducatif sur la guerrilla urbaine au Pentagone avant la seconde guerre d'Irak, on peut croire qu'il est important, au moins pour ce qu'il narre. Pour la forme, cela restera à découvrir.

C'est sur Arte, comme d'hab, jeudi 4 à 20 h 40..

Mercredi 10 novembre, Arte, 22h 45: "Johnny s'en va-t-en guerre" en VO de Dalton Trumbo (1971 USA)

Incontournable: Joe Bonham, jeune appelé pendant la Première guerre, se retrouve grièvement blessé, amputé des quatre membres, sourd, aveugle. Entres rêves, délires, cauchemars et réalité des plus sinistres sur un lit d'hôpital. Pamphlet déchirant contre la guerre.


Un site dédié au film:http://perso.club-internet.fr/pserve/Johnny.html



Un extrait dialogué"Je veux sortir pour que les gens voient ce que je suis. Mettez-moi dans un spectacle de carnaval où les gens pourront me voir. Laissez-moi sortir…"
Bien sûr, la réponse est négative. Joe demande alors:
_"Si vous ne laissez pas les gens me voir, alors… tuez-moi."
L'officier supérieur, mal à l'aise, remarque:
_"Il n'est pas bien, c'est compréhensible…"
On demande à Johnny son nom tandis que l'officier exige que désormais les volets restent fermés. Johnny, aux question posées, ne répond que: "Tuez-moi… tuez-moi…"
Le secret est imposé à l'équipe médicale qui quitte la pièce, laissant Johnny seul avec l'infirmière. Celle-ci se décide à accéder au désir de Johnny. Après une courte prière, elle bloque avec des ciseaux le tuyau d'arrivée d'air de Joe. Celui-ci comprend et la remercie pour son geste…. Mais l'officier surgit, écarte l'infirmière, ôte les ciseaux, ramenant Johnny à la vie avant de chasser l'infirmière…
_"Ils ferment les volets, ils la renvoient. Pourquoi ?… Ils ne me laisseront pas parler. Je suis un secret, un cas ? Je pensais qu'ils seraient heureux que je sache leur parler. Mais non. La seule chose que je puisse faire, ils n'en veulent pas. [Zoom avant sur Joe] Tout ce qu'ils veulent, c'est me pousser dans les ténèbres. Pour ne plus me voir… Je vais vieillir. Je leur échapperai en mourant… C'est dur. Au fond de moi je crie et je hurle. Je gémis comme une bête blessée. Personne ne fait attention. [Travelling arrière]Si j'avais des bras, je me tuerais. Des jambes, je fuirais. Une voix, je me parlerais et me tiendrais compagnie. Je hurlerais à l'aide mais personne ne viendrait. Même pas Dieu car il n'y a pas de Dieu. C'est impossible ici. Et…et pourtant… je dois faire quelque chose… Parce que… je… je ne vois pas comment je peux continuer comme ça… plus longtemps…"


Je ne m'en souviens pas assez pour l'évoquer davantage mais je conseille de le voir.

"Johnny got his gun" : un film qui n'a rien de "gore" et qui, pourtant, est insoutenable.

Autre style : "La Poursuite Infernale" de Samuel Fuller, sur FR.3, dimanche prochain, au Ciné-Club. Il y a Redford, (Jane) Fonda et surtout Brando, dans ce qui reste comme l'un des ses meilleurs rôles.

Ce soir, tout à l'heure, à 20h40, sur Arte, as usual, Fahrenheit 451 de François Truffaut, d'après Ray Bradbury. Dans ce film un rien daté, très rétro en fait, on brûle les livres et des comédiens les apprennent par cœur.

C'est surtout l'occasion de voir Oskar Werner, un acteur autrichien rare.

Re-Arte, re-ce soir.

À vos cassettes, deuxième film littéraire à 0h30 : À l'ouest, rien de nouveau, film de Lewis Milestones (1930), sur la guere de 14, d'après le roman d'Erich Maria Remarque, un des plus connus et justement célèbres romans sur la guerre de 14, vue du côté allemand, œuf corse.

Fulmi a écrit:

Ce soir, tout à l'heure, à 20h40, sur Arte, as usual, Fahrenheit 451 de François Truffaut, d'après Ray Bradbury. Dans ce film un rien daté, très rétro en fait, on brûle les livres et des comédiens les apprennent par cœur.

C'est surtout l'occasion de voir Oskar Werner, un acteur autrichien rare.

Superbe!
C'est l'occasion pour moi de remettre aussi un vieux truc du Monde, signé Bradbury au sujet de Fahrenheit...


https://vocabulis.forumactif.com/viewtopic.forum?p=3266#3266

Ma foi, il passe encore très bien le Farenheit 451 signé Truffaut. Un vrai bonheur: ambiance SF, peste d'un régime totalitaire, pompiers déguisés en sbires de la censure, autodafés en tout genre, dénonciation du non-droit à la pensée, chimère de l'égalité pour tous, des hommes-livres, en exil, qui ont appris par coeur un livre pour le faire perdurer dans un monde où il n'existe plus (ah! trop drôle! :" Bonjour, je m'appelle "La Vie de Henri Brulard" de Stendhal; je vous présente: "Madame Bovary" de Flaubert)...et un acteur étrangement charismatique.
Super scénario M. Bradbury

Le bon plan-TV de ce soir c'est sans doute le film "Hiroshima mon amour" à 22h05 sur Arte.
Bien sûr, tout le monde connait...Le réalisateur: Alan Resnais...Les dialogues de Marguerite Duras...Le visage , la voix et le jeu sublimes d'Emmanuelle Riva...

coline a écrit:

Le bon plan-TV de ce soir c'est sans doute le film "Hiroshima mon amour" à 22h05 sur Arte.
Bien sûr, tout le monde connait...Le réalisateur: Alan Resnais...Les dialogues de Marguerite Duras...Le visage , la voix et le jeu sublimes d'Emmanuelle Riva...

Je le prends. Adjugé! Merci Coline.

Dona a écrit:

Je le prends. Adjugé! Merci Coline.

Avant Hiroshima, il y a La Traviata, de Verdi, en direct de Venise. Il paraît que la mise en scène est tirée par les cheveux, ce qui est assez banal, aujourd'hui.

C'est à 19 heures.

Fulmi a écrit:

Avant Hiroshima, il y a La Traviata, de Verdi, en direct de Venise. Il paraît que la mise en scène est tirée par les cheveux, ce qui est assez banal, aujourd'hui.

C'est à 19 heures.

Rhha! Ce qui est tiré par les cheveux c'est qu'une enfant de quatre ans fasse cuire les spaghettis toute seule, les égoutte, les beurre, les serve et les mange...Pis, se charge de la vaisselle.
Ahh...c'que la vie est dure aux vieux...

Et on n'aurait pas droit, de la part de notre amateur d'opéra, de quelque chose sur la Traviata?

Pourquoi tirée par les cheveux? Cela veut-il dire qu'il s'agit d'une mise en scène moderne qui revisite le livret d'origine?

Et, que penses-tu de la Traviata en général?

Dona a écrit:

Et on n'aurait pas droit, de la part de notre amateur d'opéra, de quelque chose sur la Traviata?

Pourquoi tirée par les cheveux? Cela veut-il dire qu'il s'agit d'une mise en scène moderne qui revisite le livret d'origine?

Et, que penses-tu de la Traviata en général?

Bon, je ferai ça ce soir.

C'est l'un des plus réussis de Verdi, d'après la Dame aux camélias. C'est ausi l'un des opéras le splus connus toutes catégories confondues et il le mérite bien.

Demain soir, 20h 50, Fr3, prêchant pour ma chapelle...Thalassa, en direct de Nantes. C'est par chez moi... :lol:

Nantes est une très ville...(sic le magasine TV) peuplée de 500 000 habitants. Et d'un maire-député, socialiste élégant...

Un peu plus sur la côte, après le pont prestigieux du même nom, St-Nazaire, dans l'estuaire, bastion des Chantiers de L'Atlantique...dont on connaît les aléas de production.

Voilà.

Dona a écrit:

Et, que penses-tu de la Traviata en général?

Ce n'est pas mon genre de musique préféré, mais c'est un opéra mythique : les sopranos les plus célèbres veulent toutes mourir phtisiques un jour ou l'autre. pour cela elles doivent affronter deux difficultés majeures :
- le rôle qui est très difficile, et demande de savoir vocaliser avec adresse au premier acte, où Violetta, la traviata (= la femme perdue) est une cocotte légère qui, soudain, au beau milieu de son grand air, celui où chaque spectateur attend le couac, prend conscience qu'ele aime. On est en plein romantisme et prendre conscience qu'on aime, c'est nouer le drame et enclencher ce qui sera le moteur menant à la catastrophe finale.
En plus, ce premier acte est très brillant, très enlevé, se déroulant au cours d'une fête, avec le ténor qui porte un toast, et les interventions des chœurs. L'air de la Traviata clôt l'acte, c'est dire s'il faut y être épostouflante !

Au troisème acte, la traviata meurt de la phtisie, qui est en fait la tuberculose. C'est évidemment hyper romantique, à tous les sens du terme. Plus de vocalises, là, mais il faut savoir chanter à mi-voix, tousser, agonir, chanter encore...

- Le deuxième écueil est que la Traviata fut le rôle par excellence de Maria Callas, dont il reste assez de témoignages sonores pour foutre un trac en béton banché à n'importe quelle cantatrice qui s'y risque.

Les deux comparses de la belle sont son amant, Alfredo, ténor, personnage fade, et Giorgio Germont, son père, baryton.

Ce sont de beaux rôles, chacun sans son genre (un ténor amoreux et un baryton vilain). Ils sont bien mis en valeur dans l'acte deux, qui se passe à la campagne, et où le père Germont vient informer violetta qu'elle ne pourra en aucun cas épouser Alfredo puisqu'elle est demi-mondaine (putain, dirait-on aujourd'hui) et... que cela nuirait à la réputation de la sœur d'Alfredo qui deviendrait immariable, du coup.
Le motif qui provoque le sujet de désespoir est un véritable marqueur temporel. C'est le problème de la Traviata qui est diffusée ce soir, cette question de l'honneur de la sœurette ne se transpose pas facilement à une autre époque que le milieu du XIXe siècle. Alors l'époque contemporaine comme c'est le cas ce soir, on n'y croit pas trop.

La deuxième scène de l'acte II montre une fête à Paris où Violetta est honteusement bafouée.

Le troisème acte la voit agonir, et Giorgio Germont vient lui présenter ses excuses pour avoir ruiné sa vie. la belle afffaire ! Elle retrouve Alfredo juste le temps de mourir.

La chanteuse de ce soir est l'excellente Patriza Ciofi, qui n'est pas la meilleure dans le premier acte, mais devient presque parfaite à partir du second. Mais quelle idée de l'avoir présentée en sous-vêtements contemporains à l'acte I. Ça n'a pas de sens.

J'aime bien, sans plus, le ténor Roberto Saccà, et beaucoup le baryton Dimitri Hvorostovski que je trouve toujours excellent et qui possède l'un des plus beaux timbres de voix d'aujourd'hui.

Patrizia Ciofi, Roberto Saccà, Dimitri Hvorostovski, ce soir, au cours du deuxième acte.

Ce soir, vendredi, à 0h20, sur Arte, as usual, une belle occasion de faire tourner les cassettes.

Un film russe, de 1931, censuré à l'époque pour « manque d'optimisme », sauvé miraculeusement de la destruction. La photo reproduite ce matin dans Libé est d'une beauté bergmanienne à couper le souffle.

Seule. De Grigori Kozintsef et Leonid Traunberg. Muet. 90 mn.

Fulmi a écrit:

Au troisème acte, la traviata meurt de la phtisie, qui est en fait la tuberculose. C'est évidemment hyper romantique, à tous les sens du terme. Plus de vocalises, là, mais il faut savoir chanter à mi-voix, tousser, agonir, chanter encore..

Dans ce cas, j'ai déjà vu une adaptation sur Arte mais ce n'était pas celle-ci. Je me souviens très bien de ce passage maintenant que tu as évoqué toute la pièce...Les tressautements de l'agonie et le chant, de plus en plus diaphane, à mesure que le temps passe. C'était très...évocateur d'une plastique romantique comme tu l'as démontré mais aussi très touchant, bonnement touchant, "tripal" même. (de tripes, fr. et non trip, engl...)

Dona a écrit:

Dans ce cas, j'ai déjà vu une adaptation sur Arte mais ce n'était pas celle-ci. Je me souviens très bien de ce passage maintenant que tu as évoqué toute la pièce...Les tressautements de l'agonie et le chant, de plus en plus diaphane, à mesure que le temps passe.

Il s'agit peut-être de la version engistrée à Londres, en 1994. Elle a été publiée en dvd en 1995 et est très bellement mise en scène. les chanteurs sont très bien, notament la Traviata, Angela Georghiu, qui n'était pas encore célèbre à l'époque, Franck Lopardo, un peu pâle, mais son rôle n'est pas glorieux, et Leo Nucci, en père, parfait. Le chef était le préstigieux, excellent et aujourd'hui regretté Georg Solti.


En fait, elle a été rééditée dans une collection pas très chère vendue chez les marchands de journaux, l'an dernier. Si elle ressort cette année, je le signalerai. Elle vaut vaiment la peine à 15 euros.

Il semble que le jeudi soit le jour des grands films, sur Arte. Jeudi prochain, Providence, d'Alain Resnais, qui est un sacré morceau, joué par des acteurs anglais extraordinaires, en anglais, œuf corse. Au cours d'une nuit blanche passée sur la cuvette des wc et arrosée au vin blanc, un vieil écrivain improvise son prochain roman, prenant comme personnages ses trois enfants qui lui rendront visite le lendemain. On voit, comme dans Amadeus de Forman, la création en train de se faire avec, en plus pour nous vocabuliens, qu'il s'agit de l'élaboration d'un roman et que c'est tout le thème du film. Resnais passe en revue des tas de questions de l'époque, sur la dictature, la justice, l'esprit bourgeois, dont on trouve, dans la bouche de son fils « bourgeois », une excellente définition.

J'ai vu jadis plusisurs fois Providence au cinéma, j'en ai été toujours fasciné et j'attends cette diffusion avec impatience !

Ah, je viens de retrouver la citation qui m'a tant frappé de Providence :
Claud : « Non, père. Un bourgeois c'est celui pour qui les idéologies nouvelles signifient la mort de ses valeurs. Je suis de cette race-là. J'ignore si mes valeurs sont vraies ou fausses mais mais elles sont l'assise morale indispensable à ma vie. »

Quelle clé pour comprendre le monde !

Mardi 23 novembre, France2, 20h 55, "Le goût des autres", comédie dramatique à la sauce, bien connue maintenant, Bacri-Jaoui. Oui mais celui-ci je l'aime bien aussi (tout comme le jouissif "Un air de famille" mais filmé par Klapish). Cui-ci est encore bon: à la tête d'une petite entreprise, Castella (Bacri), marsuptial bourru et peu lettré tombe amoureux de son professeur d'anglais, une femme un peu snob, un peu fanée, comédienne de métier.
Un chemin vers l'art littéraire tout autant que vers l'amour, beaucoup de charme et de l'humour. Par exemple, la femme de Castella le traîne un jour dans un théâtre pour aller voir la racinienne tragédie: "Andromaque". Lui, ignare, sait à peine ce que c'est et lorsque le rideau se lève sur la veuve éplorée, il a ces mots-là: "Oh putain! c'est en vers en plus!" :lol:
Eh oui! tout en alexandrins...

Oui...bien sûr...on peut retenir cela...mais c'est aussi un film qui montre comment l'Amour peut faire tomber les préjugés et les barrières culturelles ou de société...
C'est un bon film en tout cas.